ANALYSE SEMANTIQUE DU CONCEPT DEVELOPPEMENT DURABLE, DE 1980 à 2010 Par

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ANALYSE SEMANTIQUE DU CONCEPT
DEVELOPPEMENT DURABLE, DE 1980 à 2010
Par LELO di MAKUNGU
Assistant à la Faculté de Droit
0. INTRODUCTION
La Révolution industrielle du XIXe siècle a introduit des critères de
croissance essentiellement économiques, principal critère quantitatif
essentiellement mesurable : ainsi le produit intérieur brut dont l'origine
remonte aux années 1930 est souvent vu comme l'indicateur de la
richesse d'un pays. Des corrections ont été apportées dans la deuxième
moitié du XIXème siècle sur le plan social, avec d'importantes avancées
sociales très significatives. L'expression « économique et sociale » fait
depuis partie du vocabulaire courant.
Mais les pays équipés ont pris conscience depuis les chocs
pétroliers de 1973 et 1979 que leur prospérité matérielle était basée sur
l'utilisation intensive de ressources naturelles finies, et que par
conséquent, outre l'économique et le social, un troisième aspect avait été
largement ignoré mais aussi négligé : l'environnement. Pour certains
analystes (Recueil des témoignages des membres du Comité au retour du
Sommet, Comité français pour le Sommet mondial du développement
durable, Octobre 2002, pp. 85 -92.), le modèle de développement
industriel n'est pas viable ou soutenable sur le plan environnemental, car
il ne permet pas un "développement" qui puisse se pérenniser.
Les points cruciaux en faveur de cette affirmation sont
l'épuisement des ressources naturelles (matières premières, énergies
fossiles pour les humains)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Développement_durable - cite_note-11, la
destruction des écosystèmes, ainsi que la diminution de la biodiversité
qui diminuent la résilience de la planète ou encore le changement
climatique dû aux émissions de gaz à effet de serre et la pollution due aux
activités humaines. La multiplication des catastrophes naturelles
(inondations, tempêtes, canicules) et l'élévation du niveau des océans sont
des manifestations du changement climatique. Les catastrophes
industrielles de ces trente dernières années (Seveso (1976), Bhopal
(1984), Tchernobyl (1986), Exxon Valdez (1989), etc.) ont interpelé la
conscience de l’humanité et surtout l'opinion publique et les associations
telles que le WWF, les Amis de la Terre ou encore Greenpeace.
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Au problème de viabilité, s’ajoute une pensée humaine à adapter.
Ce qui ramené au problème d'équité : les pauvres subissent le plus la crise
écologique et climatique (Par exemple, on estime que l'empreinte
écologique mondiale a dépassé la capacité bio - écologique de la Terre à
se reconstituer vers le milieu des années 1970 (Source : Rapport 2006
"Planète Vivante" du WWF), c'est-à-dire que l'homme consomme chaque
année plus de ressources naturelles qu'il ne s'en régénère. www.google.fr,
consulté à Kisangani, le 10 Janvier 2009), et il est à craindre que le
souhait de croissance des pays sous-développés (souvent appelés pays du
Sud) vers un état de prospérité similaire, édifié sur des principes
équivalents, n'implique une dégradation encore plus importante et
accélérée de l'habitat humain et possiblement de la biosphère. Ainsi, si
tous les États de la planète adoptaient l'American Way Of Life (qui
consomme près de 25% des ressources de la Terre pour 7% de la
population) il faudrait 5 ou 6 planètes pour subvenir aux besoins de tous
selon l'association écologiste WWF dans son calcul d’empreinte
écologique.
Le développement actuel étant consommateur de ressources non
renouvelables est considéré par ses critiques comme inéquitable, une
réflexion a été menée autour d'un nouveau mode de développement,
appelé « développement durable ». Notre préoccupation majeure
s’articule autour des questions suivantes :
- Le concept développement durable fait il l’objet de l’unanimité dans
la littérature ?
- Quelle est la part contributive du concept du développement durable
dans la restauration de l’équilibre entre l’homme et la nature ?
La problématique de cette étude consiste à faire un état de lieu de
la compréhension du concept développement durable à travers la
littérature consacrant le droit de l’environnement afin de décrypter
l’évolution de ce concept à travers le temps et évaluer sa conception
téléologique, le rapport entre l’homme et la nature.
La méthode exégétique, qui consiste à critiquer le texte en les
interprétant, sous l’angle téléologique nous permettra certes de
comprendre l’esprit et la lettre du texte, mais aussi le ratio legis , des
travaux préparatoires, de l’évolution sociale, scientifique et technique
La technique documentaire nous permettra de consulter les différents
textes légaux, ouvrages, revues et articles et tous documents en rapport
avec notre étude.
Outre l’introduction et la conclusion, la présente étude s’articule en
deux parties. La première partie traite du concept développement durable
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comme révision d’un modèle économique, nous permettra de présenter le
concept développement durable comme une nouvelle démarche, en plus
nous analyserons de manière transversale les trois piliers du
développement durable , avant de dresser un schéma explicatif dudit
concept , d’explorer l’originalité du concept par rapport à la question des
générations futures et les approches opposées avant d’atterrir à la
question de la gouvernance pour boucler cette première partie.
La seconde partie s’intéressera de décrypter les limites et dérives
du concept développement durable et les critiques afin de vérifier son
contenu avec le temps.
I. De la révision du modèle économique
Ce qui est en cause, c'est le rôle du progrès technique dans le
développement économique par rapport aux problèmes
environnementaux (mais aussi sociaux), comme le soulignait le
philosophe Hans Jonas dès 1979 dans Le Principe Responsabilité. Le
modèle du capitalisme productiviste dans lequel les pays occidentaux se
sont lancés au cours du XXe siècle est en crise. Les chocs pétroliers de
1973 et 1979, ainsi que la succession des crises économiques et le
tassement de la croissance économique observés depuis les années 1970
peuvent être considérés comme une évidence de la nécessité de la
révision de modèle économique qui gouverne le monde.
Les modèles qui décrivaient l'accroissement de la productivité des
facteurs de production atteignent leurs limites. Alors que les physiocrates
considéraient la terre comme le principal facteur créateur de valeur,
l'école classique et l'école néoclassique n'ont retenu que les deux facteurs
de production, capital et travail. Le facteur terre (l'environnement) semble
avoir été négligé dans les approches classique et néoclassique. Certes,
dans certains courants néoclassiques, comme le modèle de Solow, la
productivité globale des facteurs correspond à une augmentation de la
productivité qui n'est pas due aux facteurs de production capital et travail,
mais au progrès technique. Encore faut-il que celui-ci respecte les
contraintes environnementales.
Il semble donc que les problèmes environnementaux que nous
rencontrons soient dus au fait que le facteur de production terre n'a pas
été pris en compte correctement dans les approches économiques
classique et néoclassique (www.secours-catholique.asso.fr. Consulté à
Kisangani, le 20 Janvier 2009).
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Nous sommes actuellement dans une époque l'on cherche un
modèle de développement qui permet de concilier progrès technique,
productivité, et respect de l'environnement.
A. Une nouvelle démarche : « agir local, penser global »
La Terre vue de la Lune : une des premières visions de la Terre
comme un ensemble fini et fragile. Les aspects essentiels du
développement durable, sur les capacités de la planète et les inégalités
d'accès aux ressources posent des questions philosophiques et éthiques.
Hans Jonas avança l'idée selon laquelle le modèle économique de
l'Occident pourrait ne pas être viable sur le long terme s'il ne devenait pas
plus respectueux de l'environnement. En effet Jonas posa l'idée d'un
devoir vis-à-vis des êtres à venir, des vies potentielles et « vulnérables »
que nous menaçons et il donne de l'homme une responsabilité (Le
principe Responsabilité, Erreur ! Référence de lien hypertexte non
valide.. Consulté à Kisangani, le 25 Janvier 2009)http:
//fr.wikipedia.org/wiki/Développement_durable- cite_note-14.
Depuis, l'un des thèmes de la philosophie qui s’interpelle le plus
nos contemporains est celui de la philosophie de la nature, qui interroge
sur la place de l'homme dans la nature. Ainsi, en 1987, Michel Serres
décrit l'homme comme signataire d'un contrat avec la nature (Le contrat
naturel, www.wikpedia.org. Consulle 25 Janvier 2009), reconnaissant
les devoirs de l'humanité envers celle-ci. À l'inverse, le philosophe Luc
Ferry souligne, dans Le Nouvel Ordre écologique, que l'homme ne peut
pas passer de contrat avec la nature et estime que cette vision qui consiste
à donner des droits à la nature participe d'une opposition radicale à
l'Occident, de nature révolutionnaire et non réformiste, doublée d'un
antihumanisme prononcé.
Jean Bastaire voit l'origine de la crise écologique chez Descartes
selon qui l'homme devait se « rendre maître et possesseur de la nature »
(Discours de la méthode, sixième partie, www.wikpedia.fr, consulté à
Kisangani, le 18 Janvier 2009). Au contraire, la géographe Sylvie Brunel
critique le développement durable car elle y voit une conception de
l'homme comme un parasite, et la nature comme un idéal. Or, pour elle,
l'homme est souvent celui qui protège la biodiversité, là où la nature est le
règne de la loi du plus fort, dans lequel « tout milieu naturel livré à lui-
même est colonisé par des espèces invasives ».
Nous pensons que Sylvie Brunel se révulse face à une évidence,
car la destruction de la nature ou de l’environnement entraînera aussi la
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fin de la vie de l’homme, d’autant plus que l’environnement constitue
un espace vital pour la survie de l’homme qui doit agir avec précaution
pour sauvegarder son existence sur la terre. Il ne s’agit pas d’une
approche de banalisation ou de minimisation de l’homme par la
revalorisation de la nature, mais plutôt d’une protection de la vie de
l’homme qui a comme soubassement la nature.
Sans en aborder tous les aspects philosophiques, le développement
durable comporte également des enjeux très importants en matière
d'éthique des affaires. André Comte - Sponville entre autres aborde les
questions d'éthique dans Le capitalisme est-il moral ? Paul Ricœur et
Emmanuel Lévinas le firent aussi sous l'angle de l'altérité et Patrick
Viveret et Jean-Baptiste de Foucauld sur celui de la justice sociale. (Les
trois cultures du développement humain, www.wikpedia.fr, consulté le 22
Février 2009) Le philosophe français Michel Foucault aborde ces
questions sur le plan épistémologique. Il parle de changements de
conception du monde, qui se produisent à différentes époques de
l'Histoire. Il appelle ces conceptions du monde, avec les représentations
qui les accompagnent, des épistémès. Nous pourrions sans doute affirmer
que le développement durable, et son corollaire la mondialisation,
correspondent au concept d'épistémè, qui, appliqué à notre époque, est
appelé hyper modernité par Michel Foucault.
La formule « agir local, penser global » (Ellul, J., Ellul par lui-
même. Entretiens avec Willem H. Vanderburg (1979)., La Table Ronde,
coll. « la petite vermillon », 2008, p. 52. Voir note 16 p. 172 sur la
paternité de cette expression.), employée par René Dubos au sommet sur
l'environnement de 1972, est souvent invoquée dans les problématiques
de développement durable. Elle montre que la prise en compte des enjeux
environnementaux et sociaux nécessite de nouvelles heuristiques, qui
intègrent le caractère global du développement durable. Elle fait penser à
la philosophie de Pascal (« Je ne peux pas comprendre le tout si je ne
connais pas les parties, et je ne peux pas comprendre les parties si je ne
connais pas le tout », www.wikpedia.fr, consulté à Kisangani, le 25 Juin
2009 ), plutôt qu'à celle de Descartes, celle-ci étant davantage analytique.
En pratique, elle devrait se traduire par des approches systémiques
(Exemple d'étude systémique sur le développement durable dans le cas du
développement urbain, www.developementdurable.revues.
org/document261.html consulté à Kisangani, le 25 Juin
2009)http://fr.wikipedia.org/wiki/Développement_durable-cite note-
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