Correspondances en Onco-urologie - Vol. I - n° 1 - avril-mai-juin 2010
33
dossier thématique
Dépistage
dans le cancer de la prostate
* Inserm U955, unité de
recherche translationnelle
sur les tumeurs uro-
génitales, GHU Mondor-
Chenevier, Créteil.
Biomarqueurs urinaires du cancer
de la prostate : le point en 2010
Urinary biomarkers in prostate cancer: whats new in 2010
X. Durand*, A. de la Taille*
Points forts
Highlights
»
Les carences diagnostiques du PSA sérique rendent urgent le
développement de nouveaux marqueurs de détection du cancer
de la prostate.
»Les biomarqueurs urinaires sont particulièrement attractifs, car
peu invasifs, disponibles et adaptés à un dépistage à grande échelle.
»
Le PCA3 a prouvé une pertinence clinique dans la prédiction
de la positivité des nouvelles biopsies prostatiques.
»
Les technologies à haut débit permettant l’exploration du
transcriptome et du protéome au sein d’analyses multiplex
représentent une voie d’avenir.
»
Les combinaisons de marqueurs issus de cette approche
permettront d’améliorer la détection et la discrimination des cancers
agressifs afin déclairer les choix de traitement.
Mots-clés : Cancer de la prostateDépistage – Biomarqueurs – PCA3.
The deficiences of serum PSA lead to urgently develop new
biomarkers for prostate cancer detection.
Urinary biomarkers seem particularly attractive: minimally
invasive, available and suitable for large scale screening.
PCA3 urine test has proven its clinical relevance by predictive
abilities of biopsy outcome.
New research methods are also emerging, and high-
throughput technologies will facilitate high-dimensional
biomarker discovery.
Future approaches will probably integrate proteomic,
transcriptomic and multiplex approaches to identify
combinations of multiple biomarkers to optimize the
detection of prostate cancer.
Keywords: Prostate cancer – Screening – Biomarkers – PCA3.
Tableau. Principaux biomarqueurs urinaires en cours d’investigation.
Marqueurs d’ADN Hyperméthylation
GSTP1
Panel de gènes (RARB2, RASSF, APC)
Marqueurs d’ARN PCA3
Gènes de fusion
AMACR
GOLM1
Activité télomérase
Marqueurs
protéiques PSA urinaire
Annexine A3
Métalloprotéines
Sarcosine
L
e cancer de la prostate (CaP) est le cancer le plus
fréquemment diagnostiqué chez les hommes
occidentaux, avec 670 000nouveaux cas par
an(1). Les limites des outils de dépistage, notamment
l’antigène spécique de prostate sérique (PSA), contri-
buent à alimenter le débat quant à la pertinence d’un
dépistage de masse du cancer de la prostate : si une
diminution de la mortalité spécique de 20 % a été
prouvée, le risque de surdiagnostic et de traitement par
excès a également été souligné(2). La valeur prédictive
négative du PSA est de 85 % seulement. L’utilisation
de la vélocité, de la densité du PSA, du PSA complexé
et du PSA libre n’a apporté que des améliorations dia-
gnostiques marginales.
Le développement de nouveaux marqueurs du CaP
est aujourd’hui une nécessité urgente. Délaissant
l’ approche invasive de l’exploration tissulaire et biop-
sique, un fort intérêt s’est manifesté ces 10dernières
années pour les marqueurs issus de fluides biolo-
giques, et en particulier les urines. Ces uides sont un
reet plus juste de la nature polyclonale des tumeurs
prostatiques que ne peut l’être un échantillonnage
tissulaire aléatoire. Ils contiennent à la fois des pro-
duits de dégradation des cellules bénignes et malignes
et la sécrétion protéique des cellules. Enn, le recueil
d’urines, disponible et peu invasif, place ces marqueurs
en situation de candidats idéaux à un dépistage de
masse. Ainsi, 3groupes de marqueurs urinaires peuvent
être distingués : marqueurs d’ADN, marqueurs d’ARN
et marqueurs protéiques (tableau).
Correspondances en Onco-urologie - Vol. I - n° 1 - avril-mai-juin 2010
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dossier thématique
Dépistage
dans le cancer de la prostate
Marqueurs d’ADN
Méthylation aberrante de l’ADN
La liaison d’un radical méthyl (CH3) à une cytosine en5’,
dans des régions promotrices appelées îlots CpG, est
un important mécanisme d’inactivation de gènes sup-
presseurs de tumeurs.
Gène GSTP1
La perte d’expression du gène Glutathion-S-
TransféraseP1 (GSTP1), consécutive à l’hyperméthy-
lation de son promoteur, est l’altération moléculaire
la plus fréquemment rapportée dans le CaP. Le gène
GSTP1 a un rôle de détoxication et de protection de
l’ADN vis-à-vis des radicaux libres. La spécicité de ce
test pour la détection du CaP varie entre 93 % et 100 %
et sa sensibilité va de 21,4 % à 38,9 %, améliorée à 75 %
par la standardisation du prélèvement d’urines après
massage prostatique(3). La méthode de traitement des
acides nucléiques semble inuer sur la sensibilide la
détection, puisque C.Jeronimo et al. retrouvent seu-
lement 18,8 % en appliquant une PCR quantitative en
temps réel(4). De plus, la méthylation GSTP1 a été plus
fréquemment mise en évidence dans l’urine d’hommes
atteints d’un cancer de haut stade, ouvrant la voie à
un intérêt pronostique de ce marqueur d’agressivité.
Panels de gènes d’intérêt
Isolément, GSTP1 ore les meilleures performances dia-
gnostiques, mais des combinaisons de gènes d’intét
méthylés ont été explorées. L’association de p16, ARF
(P14), MGMT et GSTP1 positifs a une sensibilité de 87 %
et une spécicité de 100 %. Pour M. Rouprêt, la combi-
naison GSTP1, RASSF1a, RARB et APC semble constituer
le meilleur panel discriminant, avec une sensibilité de
86 % et une spécicité de 89 %(5). Enn, une étude pros-
pective et multicentrique a tes, dans 337échantillons
d’urine, la combinaison de nes GSTP1, RARB et APC et a
mont un gain dans le processus de cision de la réa-
lisation d’une biopsie. Laire sous la courbe (ASC) du test
de détection de cancer était de 0,72, supérieure à l’ASC
du PSA sérique seul (en utilisant un seuil de 4,0 ng/ ml).
La valeur prédictive négative était de 87 %(6).
Autres marqueurs d’ADN
La 8-hydroxy-désoxyguanosine, marqueur de l’oxy-
dation cellulaire de stress assocà de nombreuses
tumeurs malignes, a été retrouvé à des concentrations
supérieures dans l’urine de patients atteints de CaP par
rapport à un groupe témoin. Certains caractères d’aneu-
somie, tels que la perte d’hétérozygotie (LOH), ont été
identiés comme pouvant témoigner de la présence
d’un CaP. Deux études d’eectifs limités ont approché
la sensibilité de LOH pour la détection du CaP, qui est
comprise entre73 % et 86,7 %, et une spécicité située
entre 44 % et 67 %(7).
Marqueurs d’ARN
Gène PCA3
Le ne PCA3, ou dierential display code3 (DD3), localisé
en 9q21-22, a une surexpression quasi constante et très
spécique dans le CaP. Il produit des ARNm non codants,
objets d’un dosage dans les urines, selon une technique
de recueil standardisée après massage prostatique.
Les études initiales menées chez des patients non
sélectionnés ayant subi des biopsies prostatiques en
raison d’une élévation du PSA (seuil de 2,5 à 4 ng/ ml)
et/ ou d’une anomalie au toucher rectal ont attesté de
la supériorité du scorePCA3 sur le dosage du PSA (total
et/ ou libre) en termes de valeur prédictive (positive ou
négative) et de spécicité, au prix d’une sensibilité un
peu inférieure(8). La valeur seuil de 35ng/ml semble
être la plus discriminante. Deux études prospectives et
multicentriques ont conrmé un gain diagnostique du
test PCA3 chez des patients ayant eu1 ou 2séries de
biopsies prostatiques négatives, notamment grâce à
une meilleure valeur prédictive négative comparée au
dosage du PSA et du PSA libre. Plus ce score était élevé,
plus le risque de cancer l’était, indépendamment du
dosage du PSA total, de l’âge, du volume prostatique et
du nombre de biopsies précédentes(9). En cas de faible
score, PCA3 permet d’éviter aux patients de nouvelles
biopsies. Le testPCA3 améliore la prédiction de la posi-
tivité des biopsies également en situation de biopsie
initiale. LASC ROC du test est supérieure à celle du PSA
total, du PSA libre et du PSA densité (gure1).
Le score PCA3 préopératoire a été signicativement
corrélé à certains facteurs histopathologiques d’agres-
sivité des pièces de prostatectomies, dont le score de
Gleason (absence de grades4 et5). En analyse multi-
variée, le score PCA3 apparaît comme un facteur pré-
dictif indépendant du volume tumoral (discrimination
des cancers indolents <0,5ml). Une diérence signi-
cative en termes d’eraction capsulaire a également
été retrouvée(10).
Gènes de fusion
L’activation d’ERG (codant pour des facteurs de trans-
cription intervenant dans les voies de signalisation qui
régulent la croissance, la diérenciation cellulaire et la
cancérogenèse) par la fusion avec TMPRSS2 (codant
pour la sérine protéase transmembranaire) serait res-
Correspondances en Onco-urologie - Vol. I - n° 1 - avril-mai-juin 2010
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Figure 1. PCA3 versus PSA dans la détection du CaP en situation de biopsies initiales. Courbes ROC PCA3
(ASC = 0,787), PSA (ASC = 0,564), pourcentage de PSA libre (ASC = 0,594) et PSA densité (ASC = 0,684).
LASC du PCA3 est signicativement supérieure aux autres paramètres.
(Image originale : de La Taille A et al. Improved prediction of biopsy outcome using prostate cancer gene3
[PCA3] in men undergoing an initial biopsy. Présenau 24th Annual European Association of Urology Congress,
Stockholm, Suède.)
Score PCA3 (n=237)
PSA total (n=236)
PSA densité (n=200)
PSA libre (%) [n=146]
1,0
0,6
0,8
0,4
0,2
0,2 0,60 0,4 0,8 1,0
0
Sensibilité
Spécificité
Biomarqueurs urinaires du cancer de la prostate : le point en 2010
ponsable, sous l’inuence d’une stimulation andro-
nique, de la surexpression de facteurs de transcription
qui pourrait conduire à une reprogrammation épigéné-
tique et à une dysrégulation des voies de l’apoptose. Les
diérentes isoformes des gènes de fusion et leur niveau
d’expression pourraient également aecter la progres-
sion tumorale(11). La fusion TMPRSS2-ERG semble avoir
un impact sur la survie spécique de patients porteurs
d'un CaP localisé en surveillance. La présence de ces
gènes de fusion semble être corrélée à certains critères
d’agressivité tumorale : stade (pT3), marges positives,
métastase ganglionnaire et score de Gleason élevé.
Comme l’a montré B. Laxman, il est possible, à partir
des urines de patients atteints d'un CaP localisé, de
mettre en évidence la présence de trancripts de fusion
par RT-PCR. Dans cette étude, 42 % des 19patients
porteurs d’un CaP étaient positifs, la présence de ce
gène de fusion a été contrôlée par un test tissulaire
d’immunouorescence. La sensibilité et la spécicité
de ce test ont été de 37 % et de 93 % respectivement.
La présence de TMPRSS2-ETS n’a pas été corrélée au
score de Gleason biopsique. La combinaison PCA3 et
TMPRSS2-ETS a conduit à une sensibilité de 73 % pour
la détection du CaP(12).
AMACR
La surexpression dAMACR (isomérase impliquée dans
la bêta-oxydation des chaînes ramiées des acides gras
et dérivés) dans le tissu prostatique tumoral est un
facteur épidémiologique important, puisque la prin-
cipale source d’acides gras se trouve dans le bœuf et
les produits laitiers, dont la consommation excessive
est corrélée au risque de CaP. Le taux de transcrip-
tion d’ARNm AMACR rapporté à celui d’ARNm PSA
semble avoir une valeur prédictive signicative de
CaP. L’association PCA3 et AMACR sur une cohorte de
92patients a montré des performances de détection
intéressantes. Le score AMACR a été aecté d’une sen-
sibilité de 70 % et d'une spécicité de 71 %. Ces chires
atteignent 81 % et 84 % si l’on considère la combinaison
des 2marqueurs(13).
GOLM1
La surexpression tissulaire des transcrits GOLM1 (Golgi
Membrane Protein1, protéine impliquée dans les trans-
ferts moléculaires du réticulum endoplasmique) semble
être signicativement prédictive du CaP. Létude des
transcrits urinaires de GOLM1 a dépassé les perfor-
mances diagnostiques de tection du PSA (ASC= 0,622
versus 0,495) dans une étude où sensibilité, spécicité
et valeurs prédictives positive et négative étaient res-
pectivement de 59 %, 71 %, 73 % et 49 %(14).
Analyse multiplex ARNm
Il incombe aux analyses multiplex la tâche d’augmenter
la sensibilité de détection de la maladie sans sacrier la
spécicité du test. Dans ce contexte, B.Laxman a mené
une étude fondée sur l’amplication par PCR quanti-
tative de l’ensemble du transcriptome urinaire chez
152hommes atteints de CaP et 105sujets témoins(15).
Lexpression des transcrits de GOLM1, SPINK1, PCA3 et
TMPRSS2-ETS a été signicativement prédictifs de la
détection du CaP (gure2, p.36). LASC ROC du panel
multiplex était signicativement plus importante que
celle du test PCA3 seul (0,758 versus 0,662). La sensibilité
et la spécicité de la combinaison de ces 4 marqueurs
étaient respectivement de 65,9 % et 76,0 %. Lanalyse
de lexpression diérentielle des ARNm de patients
sains confrontée à celle de patients porteurs d’un CaP
semble devenir un outil majeur du développement de
nouveaux biomarqueurs.
Exosomes urinaires
Plusieurs études ont montré une augmentation de la
sécrétion d’exosomes (vésicules sécrétées contenant
Correspondances en Onco-urologie - Vol. I - n° 1 - avril-mai-juin 2010
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dossier thématique
Dépistage
dans le cancer de la prostate
Figure 2. Courbes ROC de diérents marqueurs d’ARN : GOLM1 (ASC = 0,664), PCA3 (ASC = 0,661), SPINK1
(ASC = 0,642), supérieure à PSA (ASC = 0,508) [Laxman B et al. Cancer Res 2008;68:645-9].
Sérum PSA
GOLM1
SPINK1
PCA3
1,0
0,6
0,8
0,4
0,2
0,2 0,60 0,4 0,8 1,0
0
Sensibilité
Spécificité
des protéines et ARN fonctionnels) chez des hommes
atteints d'un CaP comparativement à des sujets sains.
L’analyse du transcriptome dans les exosomes sécrétés
a montré, à partir d’échantillons d’urine de patients
atteints de CaP, l’expression de 2marqueurs d’ARN
connus : PCA3 et TMPRSS2-ERG.
Marqueurs protéiques
PSA urinaire
La psence de PSA dans les urines après prostatectomie
radicale a éreliée dès 1993 à la récurrence du CaP. Une
étude prospective et multicentrique a montré que l’ASC
du ratio PSA urinaire/ PSA sérique (0,63) était supérieure
à celle du PSA sérique (0,55) et à celle du PSA libre
(0,60). Plus récemment, le même type détude, réalisée
chez 170patients, a permis de xer une valeur de PSA
urinaire supérieure à150 ng/ ml pour une sensibilité de
95 % dans la détection du cancer(16). Notons qu’une
publication contradictoire récente inrme la supériorité
du PSA urinaire sur le PSA sérique.
Activité télomérase
TERT encode pour une télomérase transcriptase inverse
qui joue un rôle majeur dans le maintien de l’intégrité
des extrémités chromosomiques. Son hyperactivité
est rapportée dans 90 % des CaP. La sensibilité de TERT
en détection du CaP varie entre36 % et 100 % et la
spécicité entre 66 % et 100 %, selon des études de
faibles eectifs.
Annexine A3
L’annexine A3 (ANXA3) appartient à un groupe de pro-
téines de transport calcique dont le rôle est l’échange
transmembranaire, la migration lymphocytaire et la
stimulation de la réponse immunitaire spécique. Son
expression tissulaire a été (inversement) corrélée à la
présence et à l’agressivité (pT et score de Gleason)
du CaP. L’association PSA et ANXA3 a récemment
montré des performances diagnostiques synergiques
(ASC=0,81)[17].
Métalloprotéines
Les métalloprotéines (MMP) de la matrice extracellulaire
ont un le présumé dans la croissance, l’invasion tumo-
rale et le pouvoir métastatique de nombreux cancers.
La présence de MMP a une sensibilité de 82 % et une
spécicité de 82 % pour la détection des CaP et semble
constituer (pour MMP9), en analyse multivariée, un
facteur prédictif indépendant.
Analyses protéomiques
Les plateformes protéomiques permettent d’analyser
rapidement des centaines de peptides et de carac-
tériser leur signature métabolique, et conduisent à
l’identication de nouveaux marqueurs moléculaires
du cancer. Cette approche ore l’avantage d’identi-
er les altérations post-transcriptionnelles et le niveau
global dexpression protéique, qui n’est pas accessible
aux techniques de biologie moléculaire fondées sur
la détection de l’ADN ou de l’ARN. Alors que l’analyse
d’acides nucléiques nécessite lexfoliation épithéliale,
la sécrétion de protéines peut être détectée proba-
blement plus tôt dans le processus de cancérogenèse.
Enn, l’urine nest pas un milieu de protéolyse intense,
contrairement au sérum ou au plasma sanguin.
La plus importante étude de prolage métabolique
dans le CaP a été conduite par A. Sreekumar et al. à
partir de l’analyse de 262prélèvements biologiques
(tissus, urines et plasma) de patients cancéreux et de
patients sains, en spectrographie de masse et chro-
matographie(18). Cette étude a permis de séparer
1 126métabolites et d’en identifier la composition
atomique, avec 6substances présentant un profil
métabolique suspect, et en particulier la sarcosine. Le
niveau de sarcosine s’est révélé plus élevé en situation
de CaP métastatique dans 79 % des cas, et dans 49 %
des cas en situation de CaP localisé, comparativement
Correspondances en Onco-urologie - Vol. I - n° 1 - avril-mai-juin 2010
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Biomarqueurs urinaires du cancer de la prostate : le point en 2010
aux sujets témoins dépourvus de sarcosine urinaire.
Néanmoins, ces données ont été remises en cause
très récemment par l’analyse similaire des échantillons
d’urine de 103patients atteints de CaP et de 33sujets
témoins. La sarcosine n’a pas amélioré le pouvoir pré-
dictif de détection du cancer du PSA total et a fait moins
bien que le PSA libre(19).
Autres marqueurs protéiques
La delta caténine, pour un seuil dimmunoscore de45,
a montré une sensibilité et une spécicité de détection
de 87,5 % et de 83,3 % respectivement. C-Met est un
récepteur à tyrosine kinase dont la mutation ou plus
généralement la surexpression ont été associées aux
CaP agressifs. C-Met a été identié comme très surex-
primé dans un groupe métastatique comparativement
à des CaP localisés. La thymosineB15, théoriquement
absente du tissu sain, est réputée surexprimée dans
plusieurs néoplasies. Un groupe de recherche a montré
que, couplé au PSA sérique, le dosage urinaire de la
thymosineB15 améliorait de 15 % la spécicité et la sen-
sibilité du test de détection du CaP comparativement
au PSA seul(20). La possible valeur diagnostique de la
5α-réductase de type2, du peptide prostatic inhibin-like,
du bradeion et de la mini-chromosome maintenance5
a été évaluée sur de très faibles effectifs. La valeur
diagnostique de la transferrine urinaire est sujette à
controverse et a été récemment déclassée en deçà des
performances diagnostiques du PSA.
Conclusion
Les données de la littérature parcourues dans cette
mise au point légitiment la stratégie d’utilisation des
bio marqueurs urinaires dans le dépistage du CaP.
Néanmoins, ces études peinent à inclure de larges
eectifs. Un biais de sélection pèse sur les résultats : le
diagnostic de CaP est déjà établi à l’inclusion, ce qui
augmente articiellement la sensibilité de ces tests
par rapport à des conditions réelles de dépistage. La
comparaison entre les études est dicile compte tenu
de diérences entre les cohortes ; les méthodes de pré-
lèvement, de conservation et d’analyse des échantillons
urinaires sont trop peu souvent décrites.
Malgces limites, le développement de ces marqueurs
est un dé passionnant pour les années à venir, aux
enjeux scientiques lourds. Plusieurs biomarqueurs ont
déjà surpassé par certains aspects les performances du
PSA sérique. Le PCA3 a prouvé sa pertinence clinique
dans la prédiction de la positivité des nouvelles biop-
sies prostatiques. De nouvelles voies de recherche
émergent, utilisant les technologies à haut débit, qui
faciliteront la découverte de nouveaux biomarqueurs
utilisables à grande échelle. Le champ de lanalyse
protéomique pourrait conduire à lidentication de
nouveaux marqueurs moléculaires. Les progrès futurs
dans ce domaine viseront probablement à intégrer
analyses protéomique, transcriptomique et approches
multiplex an d’identier des combinaisons de bio-
marqueurs et d’optimiser la détection et la caractéri-
sation du CaP.
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