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N° 85
REALISATION DE LA RENTE ET
GENERALISATION DU SURPLUS DANS LE SYSTEME DE WALRAS
Elie SADIGH
Février 1986
I - INTRODUCTION
Pour David Ricardo la rente est un effet de prix, en ce sens que sur la
terre non marginale, le prix du marché des produits agricoles est dI u s
élevé que le coût de production. Il précise en outre que le prix courant
varie en fonction de l offre et de la demande. (Principes p. 89 - Ed.
Calmann^Lévy.). Aussi la raison de l apparition et de 1 augmentation de la
rente est-elle laccroissement de la demande des produits agricoles. En
effet, l augmentation de la demande est la cause de la mise en culture des
terres de moins en moins fertiles. Moyennant l emploi d un même capital,
sur des terres de fertilités différentes, le produit net est nul pour la
terre marginale alors quil est positif pour les autres terres. On peut
dire aussi que la production de la même quantité de produit agricole exige
davantage de travail et de capital sur la terre marginale que sur les
autres terres. Etant donné que dans le système de Ricardo, le prix des
produits se fixe (du fait de la demande) au niveau du coût de production
établi sur la terre marginale, apparaît ainsi une différence positive entre
le prix du marché des produits agricoles et le coût de production des
produits des terres non marginales, ce qui constitue la rente différentielle.
Peut-on étendre ce résultat obtenu dans le secteur de l agriculture et
l appliquer à l industrie manufacturée ?
Ricardo distingue le secteur de la manufacture de celui de lagriculture.
nC est ainsi que du drap quon peut donner à 40s. laune en prélevant les
profits ordinaires sur le capital, pourrait hausser jusquà 60 ou 80s., en
raison des exigences de la mode, ou par suite de quelque autre cause, qui
tout à coup, et sans quon s y attendît, en augmenterait la demande ou en
diminuerait l approvisionnement. Les fabricants de draps feront, pendant
quelque temps, des profits extraordinaires ; mais les capitaux afflueront
vers ce genre de fabrique jusquà ce que l offre soit au niveau de la demande,
et alors le prix du drap baissera de nouveau à 40s., qui est son prix naturel
est absolu. (Ricardo - Principes - p. 89-90. ouv. cité).
L augmentation de la demande dans une industrie manufacturière entraine
une augmentation des profits dans ce secteur, faisant ainsi apparaître un
surprofit, dont il résulte un accroissement des investissements permettant
d augmenter la production et amenant l offre au niveau de la demande, la
conséquence en étant le rétablissement du niveau du profit au niveau d Tun
taux de profit uniforme dans le système. Ainsi l augmentation de la demande
peut-elle avoir comme effet laugmentation du taux de profit pour certaines
industries. Le surprofit est une réalité dans le secteur de l industrie, même
si la tendance est d arriver à un taux de profit uniforme, qui n est jamais
réalisé dans les*faits. D une façon générale, le profit gravite autour du
profit moyen (1), de même que les capitaux engagés sur la terre obtiennent
une rémunération égale au taux de profit moyen en vigueur dans le système.
Mais, comme nous l avons vu, du fait de l accroissement de la demande des
produits agricoles, le prix de ces produits dépasse le coût de productions,
les avances. Or, le système ricardien n admet pas plusieurs taux de profit
sur les capitaux engagés, aussi Ricardo est-il amené à définir la rente dif
férentielle en tant que différence entre le surprofit et le profit moyen.
Notre problème est d expliquer la réalisation de la rente ou du surprofit
dans une économie monétaire, en partant de l idée de Ricardo selon laquelle
la rente est un effet de prix. Nous supposons, pour simplifier, que le taux
moyen de profit se confond avec le taux de l intérêt, lui-même déterminé
d une façon exogène (2). Par conséquent, le coût monétaire de production sera
égal à la somme des salaires et des intérêts versés. Il reste à expliquer le
paiement de la rente par les fermiers aux propriétaires.
Autrement dit, étant donné que dans le système de Ricardo le revenu
monétaire est établi à la production, par la rémunération des salariés et le
paiement de l intérêt, il faut déterminer comment est réalisée la rente.
En effet, distinguons le ct monétaire de production et le prix du marché.
Le coût monétaire de production de chaque entreprise à chaque période donne
lieu à un flux de revenu qui est composé des salaires (ou des salaires et des
intérêts). En revanche le prix du marché est égal à la somme du coût monétaire
de production et de l amortissement ; s y ajoute éventuellement la rente ou le
surprofit. Ainsi dans ce cas l amortissement et la rente ou le surprofit sont
à réaliser sur le marché des produits. Si l intérêt ou le profit n est pas un
composant du coût monétaire de production, il doit être aussi réalisé sur le
marché des produits.
- 2 -
(1) Celui établi sur le marché monétaire.
(2) P. Vidonne détermine le taux de l intérêt ou du profit sur la terre
marginale.
cf. Une présentation critique de la rente ricardLenne Revue économique
1977 n° 2 p. 233.
- 3 -
En outre, nous savons que lanalyse classique est fondée sur la loi
d échanges entre équivalents. Mais les Classiques voulaient appliquer cette
loi aux échanges individuels, ce qui rendait problématique l explication
monétaire du surprofit ou rente. Or il apparaît judicieux d appliquer cette
loi au niveau global. En effet, il faut expliquer comment la dépense du
revenu national formé à la production a non seulement le pouvoir d écouler
la totalité du produit national mais aussi la possibilité de faire apparaître
le montant de la rente sur le marché des produits. Un autre problème est
de savoir si ce surprofit, qui est la cause de la rente, est compatible
avec léquilibre monétaire.
II - Explication monétaire de la rente foncière.
Dans un système simplifié, le coût de production est égal à la somme
des salaires et des intérêts versés sur le capital engagé, soit :
Coût monétaire de production = Somme des Salaires + Somme des intérêts
CP = lw + ik
où CP = coût de production
w = taux de salaire
1 = nombre de salariés
i = taux d intérêt
k = montant du capital engagé
P=lw+(l+i)k+p
P étant le prix sur le marché des produits et P le montant de la rente
payée par les fermiers. Pour simplifier le raisonnement nous ne tenons pas
compte de l amortissement qui doit être réalisé (3).
Le problème est de savoir d où vient le montant (p) qui permet le paiement
de la rente, ou de démontrer comment ce montant est capté. Autrement dit,
il faut expliquer comment une partie du revenu formé à la production est
captée par les fermiers afin de payer les propriétaires. Comme nous l avons
vu, Ricardo, pour expliquer la rente, affirme que le prix du marché des pro
duits agricoles est plus élevé que le coût de production.
(3) SADIGH E*- 1985 "La formation du capital et le financement de l amortis
sement chez Walras et Keynes Document de Travail I.M.E
N° 73.
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