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UE 8 – De l’agent infectieux à l’hôte
Dr Randrianjohany
Date : 22/02/16
Promo : P2 2015-2016
Ronéistes : GRUSON Kadoline
CHUN HUNG KEE Jade
Plage horaire : 14h-15h
Enseignant : Dr. Randrianjohany
Le monde des bactéries intracellulaires
I. Mycoplasmes
1. Mycoplasma pneumoniae
2. Mycoplasmes urogénitaux : Mycoplasma hominis ou genitalum,
Ureaplasma urealyticum
3. Le diagnostic
II. Chlamydiae
1. Chlamydia trachomatis
2. Chlamydophila pneumoniae
3. Chlamydophila psittaci
III. Rickettsies
1.
2.
3.
4.
5.
Les fièvres boutonneuses
Le typhus
Le typhus des broussailles : groupe Orientia
Le diagnostic
Le traitement
IV. Fièvre Q
1.
2.
3.
4.
5.
La bactérie
La maladie
Le diagnostic
Le traitement
La prophylaxie
1
Ce sont des microbes peu connus, très fréquents et recherchés lors de fièvres inexpliquées. On a du mal à
les trouver mais il faut y penser… On les retrouve dans la sphère urogénitale.
I. Les mycoplasmes
Classification bactériologique :
- Bactéries de la classe des mollicutes (« molli-» : mou ; « -cute » : peau/paroi) : cette bactérie a
pour spécificité de ne pas avoir une paroi telle qu’on l’entend, c’est-à-dire que sa paroi n’est pas
constituée de peptidoglycanes tels qu’on les rencontre chez le Staphylocoque, le Streptocoque etc.
Attention elles ont une paroi mais elle est « molle »,
- 2 Genres : Mycoplasma et Ureaplasma
- Bactéries sans paroi pouvant proliférer et survivre en milieu acellulaire ce qui est une de leur
spécificité bien qu'elles soient intracellulaires strictes.
- Trois d’entre eux sont pathogènes pour l’Homme : Mycoplasma pneumoniae, Mycoplasma
hominis ou genitalum et Ureaplasma urealyticum
- Ils sont aussi spécifiques de par le fait qu’ils sont totalement à part sur le plan génétique : ils n’ont
pas d’homologie génétique avec les autres bactéries.
Bien que sans paroi cellulaire, ils possèdent quand même une membrane composée de stérols d’où le fait
qu’elle soit « molle » (composée de lipide = membrane lipidique).
Cela aura un effet sur l’activité des ATB, par exemple les bêta-lactamines dont la cible est le
peptidoglycane, qui est absent, ici.
Les mycoplasmes sont donc une espèce très à part par rapport aux autres bactéries, qui elles ont une paroi
cellulaire, constituée de glycopeptides (exemple : streptocoques, staphylocoques).
Une paroi composée de glycopeptides est plus élaborée (et donc récente) qu’une membrane seule avec des
stérols. On peut donc supposer que les mycoplasmes sont des bactéries très anciennes.
Elles présentent une tête effilée leur permettant d’adhérer aux épithéliums et ainsi d’être à l’origine de IST.
Il faut aussi savoir que ces microbes ont un tropisme particulier, en effet étant sans paroi, ils ont besoin
d’un milieu assez riche pour proliférer. Ils résident donc dans les mucus des tractus respiratoires ou
urogénitaux. Il est aussi présent dans le tractus digestif (cependant les mycoplasmes digestifs ne sont pas
décrits comme étant une pathologie humaine).
1. Mycoplasma pneumoniae
C’est une bactérie à tropisme respiratoire, infectant l’enfant et l’adulte. Elle a une transmission
interhumaine, par les crachats.
Elle est responsable de tableaux pseudo-viraux de rhinopharyngites ou de bronchites. Cependant le
fait de ne pas faire de test pour le diagnostic amène parfois à dire de façon abusive qu’il s’agit de
rhinopharyngites d’origine virale, or c’est bactérien. Le traitement est différent de la pneumopathie à
pneumocoque.
Un lien statistique a démontré que le mycoplasme est souvent associé à la première crise d’asthme
(50% des premières crises), ou à une exacerbation de la BPCO. On le recherche ainsi de façon
systématique dans les expectorations par PCR.
En effet, il était admis que l’asthme est un phénomène d’atopie (allergique), or les statistiques prouvent
que cela n’est pas exclusif dans la mesure où ici c’est un microbe qui a rendu inflammatoire le tractus
respiratoire et de ce fait, l’a rendu sensible aux allergènes de l’environnement. Le lien entre asthme et
microbe est ainsi prouvé.
L’inflammation liée à l’infection provoque une réaction immunitaire et donc une hypersensibilité de la
paroi de la muqueuse bronchique et fait le lit de la crise d’asthme.
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Mycoplasma pneumoniae est le premier exemple de microbe inflammatoire qui provoque d’autres maladies
(BPCO, les pneumopathies communautaires).
Cette bactérie serait responsable de 10 à 20 % des pneumopathies communautaires ; elle est plus
fréquente sur les hémoglobinopathies (exemple : thalassémie ou drépanocytose) ou sur les sujets jeunes de
moins de 45 ans, sans comorbidités.
A l’époque on considérait qu’il s’agissait de pneumopathies atypiques, c’est-à-dire qu’au contraire de la
pneumopathie typique (la pneumopathie franche lobaire aigue rencontrée avec le pneumocoque) elles
étaient plutôt diffuses et bilatérales. Or plus les recherches avancent plus on se rend compte que les
pneumopathies à mycoplasmes peuvent prendre toutes les formes y compris celle d’une pneumopathie
lobaire aigue.
Remarque : On surestime souvent les épisodes viraux parce qu’on ne connaît pas la place de cette bactérie
particulière qu’est Mycoplasme.
Le tableau radiologique est totalement aspécifique, mais un fait évocateur, sans être pathognomonique,
est que la PNP (pneumopathie) est bilatérale, contrairement au pneumocoque où un seul poumon est
concerné. Il y a donc une atteinte radiologique, contrairement aux PNP virales.
Il s’y associe souvent des signes cliniques : signes ORL initiaux, des myalgies, des céphalées : un
tableau grippal, ce sont les fameuses pneumopathies grippales.
A la biologie, on constate une anémie hémolytique à agglutinine froide (hémolyse auto-immune, due à
une analogie structurale avec la paroi des érythrocytes) et une augmentation des transaminases,
traduisant une cytolyse hépatique (qui reste néanmoins légère).
Conclusion, s’il y a association entre des signes pulmonaires et hépatiques, il faut évoquer cette bactérie.
Étant donné que c’est une bactérie sans paroi, tous les antibiotiques (ATB) qui visent la paroi (les ß
lactamines) seront inefficaces.
Il faut utiliser les ATB à visée intracellulaire, qui attaquent l’ADN ou les ribosomes tels que les
macrolides (visent les ribosomes), les cyclines, les fluoroquinolones (visent l'ADN via l’ADN gyrase),
la Clindamycine (visent l'ADN).
Habituellement, on ne cherche pas ce microbe : sa gravité potentielle est faible. On a rarement des chocs
septiques à mycoplasmes, les chocs respiratoires sont rarissimes. L’intérêt clinique de faire un dépistage
de cette bactérie est donc faible.
En revanche, si on souhaite réellement faire un diagnostic, on réalise une sérologie à J0 et à J15, pour voir
l’ascension des anticorps, ou, une PCR sur les expectorations.
2. Mycoplasmes urogénitaux : Mycoplasma hominis ou genitalium,
Ureaplasma urealyticum
C’est un microbe à tropisme urogénital, rencontré dans les IST, seul (rarement) ou en association avec un
gonocoque (ou Chlamydia, ou le pneumocoque).
Le plus souvent, c’est la triple infection « gonocoque, U. urealyticum, VIH ». Un des microbes facilite
l’installation de l’autre, comme le mode de contamination est le même « primo-infection, pullulation
bactérienne et retransmission dans les moins de 6 mois (c’est là où la transmission est la plus rapide, en
début d’infection).
Il est responsable de pelvi-péritonites, cervicites, ou encore de salpingites. Il a également un rôle dans la
stérilité tubaire et dans la formation de lithiases rénales.
• Ureaplasma urealyticum (U. u.)
Spécificité : de part sa présence dans l’urine, elle a la capacité de métaboliser l’urée, qui participe à la
formation des calculs urétéraux et urologiques.
Diagnostic : Elle nécessite un milieu de cultures très précis, enrichis.
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De ce fait pour faire le diagnostic on utilise :
- La sérologie concerne les IgM. Elle recherche une élévation du titre à 15 jours d’intervalle.
Comme elle nécessite une dizaine de jours, elle ne présente pas d’intérêt lors de symptômes aigus. Elle
sera plutôt utile lors de veille sanitaire.
- La PCR, qui marche tout le temps, est utilisée pour toutes les IST. La PCR est utilisée dans le
diagnostic de stérilité, de cervicite ou encore de péritonite. Les résultats de PCR arrivent au bout de 48h,
mais il y a déjà une orientation de l’antibiothérapie qui sera faite.
- Chez la femme : la PCR se fait au mieux par prélèvement cervical (écouvillon) ou au moins bien, par une
PCR sur les urines.
- Chez l’homme : sur les urines.
Quand on est certain de la présence de ces microbes (même si les urines sont négatives), on peut faire des
grattages de l’urètre (pour voir l’urothélium).
Remarque : le fait d’avoir une infection génitale chronique chez une femme peut favoriser l’apparition d’un
rhumatisme inflammatoire : la spondylarthrite réactionnelle. Il peut donc y avoir, rarement, des atteintes
articulaires directes ou indirectes.
Syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter : est lié à une réaction immunitaire due au mycoplasme, qui
donne, entre autres, une atteinte articulaire réactionnelle indirecte (il n'en parle pas cette année mais en
parle l'année dernière).
Ces mycoplasmes urogénitaux sont très peu symptomatiques. Dans le pire des cas ils donnent un
cervicite, une urétrite (en particulier chez l’homme).
Des problèmes plus graves surviennent lorsque l’infection remonte dans les voies urogénitales. On peut
avoir une salpingite avec une pelvipéritonite, une stérilité lors d’une atteinte des trompes.
Pour Ureaplasma urealyticum, c'est un facteur favorisant la formation de lithiase rénale. En effet, comme
son nom l'indique, ce mycoplasme contient de l'urée transformée en acide urique qui se cristallisera.
Le traitement est le même que les M. pneumoniae, c’est-à-dire des ATB intracellulaires cités plus haut
(car c’est la même famille de microbes : les mycoplasmes).
Cette microscopie d’un mycoplasme, montre que la bactérie a
une tête effilée. Cette spécificité morphologique lui donne la
capacité de s’accrocher aux muqueuses et ainsi d’être à l’origine
d’IST.
En dehors des personnes immunodéprimées, l'infection à mycoplasme n'est pas une infection grave.
II. Les chlamydiae
Bactéries de la famille des Chlamydiaceae, de l’ordre des Chlamydiales, il en existe 2 genres bactériens
différents : Chlamydia et Chlamydophila.
Il existe trois espèces différentes
à pathogénicité humaine : Chlamydia trachomatis,
Chlamydophila pneumoniae et Chlamydophila psittaci.
Moyen mnémotechnique :
Trachomatis pour le trachome qui est une atteinte oculaire.
Pneumoniae pour le poumon.
Psittaci, du grec « Psittacos » pour perroquet, elle est donc une anthropozoonose.
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Les Chlamydia (trachomatis) ont un tropisme urogénital et oculaire, alors que le genre Chlamydophila
(pneumoniae et psittaci) a plutôt un tropisme respiratoire.
Pour Chlamydia trachomatis, très connu car transmis lors de la naissance (a été la 1ère cause de cécité
en Afrique).
Il existe deux biovars (variants biologiques) pour :
- Biovar trachoma (Chlamydia trachomatis trachoma), possède les sérovars A, B, C responsables
d’infections oculaires et les sérovars D, E, F, G, H responsables des infections urogénitales.
- Biovar LGV à l’origine de la Lymphogranulomatose Vénérienne.
Dans les années 70, on observait au Burkina Faso des aveugles aux yeux blancs : 2 causes étaient possibles
: le chlamydia trachomatis ou l’onchocercose.
Chlamydia trachomatis est un germe que l’on retrouve dans la filière urogénitale, mais il peut aussi
s’intégrer dans la muqueuse conjonctivale. Il infecte les yeux et peut provoquer une cataracte et une atteinte
de la cornée : une kératite, causant la cécité. Aujourd’hui, les campagnes de dépistage de C. Trachomatis
chez la femme enceinte et de l’onchocercose, ont permis de quasiment éliminer les cécités.
Question 2016 : si on traite la bactérie, la vue peut-elle revenir ?
 Si on intervient au stade de la conjonctivite : guérison possible. Le meilleur des traitements demeure
celui des yeux de l’enfant à la naissance (évite les infections oculaires néonatales par le tractus génital des
femmes contaminé par C. Trachomatis).
Les Chlamydias sont des eubactéries à développement intracellulaire obligatoire (tout comme le
mycoplasme). Elles n’ont pas d’équipement cellulaire propre et ont besoin de l’équipement de la cellule
qu’elles envahissent. Elles existent sous deux formes :
- le corps élémentaire : forme extracellulaire qui transmet l’infection, mais ne permet pas de multiplication
du génome.
- le corps réticulé : forme intracellulaire (qui est la forme de survie de la bactérie), se multiplie et n’est pas
infectieux (ne se transmet pas). Cette forme est externalisée sous forme élémentaire.
La photo prise en M.O montre :
- En bleu le corps élémentaire en surface.
- En rouge le corps réticulé.
1. Chlamydia trachomatis
Chlamydia trachomatis peut être responsable :
 de conjonctivites aigues ou chroniques, à l’origine du trachome ou d’une cécité.
 d’IST à l’origine d’urétrites (inflammation de l’urètre), cervicites et favorise la stérilité tubaire (il en
est la cause principale).
 d’une LymphoGranulomatose Vénérienne (LVG) ou Maladie de Nicolas et Favre à l’origine
d’adénopathie isolée inguinale très douloureuse. Cette adénopathie peut se creuser et donner une
ulcération génitale. Le diagnostic différentiel de l’adénopathie isolée inguinale est la syphilis.
Le diagnostic se fait par cytoponction de la lésion de l’adénopathie et on réalise alors une
immunofluorescence directe (IFD) ou une PCR sur le liquide. La PCR étant le mode de diagnostic le plus
utilisé.
Pendant très longtemps, il s’agissait avec l’onchocercose de la première cause de cécité en Afrique. Des
dépistages automatiques chez les femmes ont permis la quasi disparition de cette pathologie. Lorsqu’5un
patient présente un œil « blanc », il s’agit d’un trachome. On a au départ une conjonctivite qui se complique
d’une kératinite puis d’un épaississement de la cornée se concluant par une cécité. Cette maladie se
transmettant sexuellement il faut traiter non seulement la patiente atteinte mais également son ou ses
partenaires, d’où l’importance des campagnes de prévention.
2. Chlamydophila pneumoniae
Possède le biovar TWAR (vient sûrement de Taïwan) spécifiquement humain.
Il fait partie des pathogènes provoquant des pneumopathies communautaires et atypiques et est en cause
dans 10% des pneumopathies bactériennes communautaires.
Des études ont cherché un lien épidémiologique entre les maladies cardiovasculaires et Chlamydophila
pneumoniae. (Odds Ratio = 2,29). Dans les suites d’une pneumopathie à Chlamydophila, on observe
régulièrement des infarctus ou des AVC. Lorsqu’on réalise une PCR des plaques d’athéromes, celle-ci est
positive. C. pneumoniae est un des agents causaux de l’infarctus, qui est multifactoriel.
C'est un microbe très immunogène créant des inflammations notamment au niveau de la paroi artérielle. De
plus, il a été retrouvé lors d’infarctus ou d’AVC. Ainsi on émit que lors d’une infection cela entrainait une
inflammation réactionnelle à l’origine du thrombus.
On a donc traité les patients atteints de telles pathologies par des ATB anti-chlamydophila mais aucune
amélioration n’a été observée. L’idée a donc été abandonnée, car il a été montré que ce n’est pas toujours
la bactérie qui est en cause mais le phénomène d’inflammation : par exemple, l’inflammation ou le stress
peut causer un AVC.
Elle peut aussi être à l’origine d’arthrite réactionnelle (tout comme les Ureaplasma urealyticum) de part
une hyperstimulation du système immunitaire par production d’anticorps qui peuvent être dirigés contre
le soi.
Question 2016 : qu’est-ce qu’un biovar ? (explication du prof, complétée de google)
 C’est une variante biologie de la bactérie qui diffère du point de vue physiologique et/ou biochimique
(expression enzymatique) par rapport à d'autres souches dans une espèce particulière.
3. Chlamydophila psittaci
Cette bactérie entraîne la psittacose. C’est un diagnostic à évoquer lorsque le patient est éleveur d’oiseau.
Evoqué initialement des éleveurs de colombes.
NB : Psittaci est le perroquet qui parle et qui tousse, perd ses plumes avant de mourir.
La psittacose est une pneumopathie qui ressemble beaucoup à mycoplasme pneumoniae, très sévère qui
peut tuer due à la réaction hyperactive du système immunitaire de la personne face à la charge antigénique
de chlamydophila psittaci. En fait cela provoque des SDR (syndrome de détresse respiratoire) aussi une
atteinte musculaire par rhabdomyolyse.
Le diagnostic des pneumopathies n’est pas utile dans la mesure où leur découverte est toujours trop
tardive. Ainsi le traitement doit être mis en place avant la mise en évidence de la bactérie (car les résultats
de la sérologie qu’au bout de 3 semaines et pas le temps pour une PCR), pour cela on se base sur
l’anamnèse et les signes cliniques. Elle se caractérise par un tableau beaucoup plus bruyant que la
pneumopathie simple, avec une atteinte hépatique sévère, une atteinte articulaire et cutanée à type
d’éruption.
On prescrira les mêmes ATB intracellulaires vu précédemment comme pour mycoplasme : les cyclines,
les macrolides et les fluoroquinolones.
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Les chlamydiae n’ayant pas de paroi, elles sont résistantes aux ß lactamines et aussi aux glycopeptides.
Le chlamydia étant une IST, la prévention est le préservatif et si traitement il faut traiter les 2 partenaires.
Il existe un traitement minute des IST : l’azithromycine en monodose, c’est un macrolide qui simplifie le
traitement. Elle est efficace dans 90% des cas.
Question élève : Comment prend-on en charge le bébé d’une femme contaminée par Chlamydia
Trcahomatis ?
Réponse : Lors de l’accouchement on donne de façon systématique des « gouttes », si l’enfant présente des
symptômes il est traité comme la mère, cependant les fluroquinilones sont contre-indiqués.
III. Les Rickettsia
Ce sont des maladies transmises par les tiques.
Ici représenté la même à jeun quand elle vient tout juste de se coller à la peau (à gauche) moment où il faut
l’enlever et après (à droite) son repas de sang, quasiment trop tard car elle a transmis sa bactérie. Elle passe
de 5mm à 10mm.
La tique est ubiquitaire sur la planète et il existe une espèce de tique par région du monde.
Elle peut être rencontrée dans la savane, lors de safari en Afrique, dans la forêt des Vosges, dans des parcs
en Amérique… Donc chaque pays a une fièvre typique bizarroïde : une rickettsiose Elles ont une grande
affinité pour les chiens, qui n’ont pas la capacité de les tuer.
NB : La tique peut posséder une autre bactérie : la borrelia burgdorferi qui donne la maladie borreliose de
Lyme surtout en pays tempéré (herbes hautes des buissons des forêts).
Leur population varie en fonction des températures et de l’hygrométrie.
Elles aiment les températures élevées, rarement si la température est inférieure à 15 degrés.
Elles attaquent au niveau de la face postérieure des jambes, des bras, en bas du dos à la limite du short…
Ainsi il est préconisé dans certaines régions de faire des inspections de la face dorsale des personnes car
sinon on ne les perçoit pas.
Chaque tique possède un type de bactérie appelé Rickettsia (découverte par Mr. Ricketts) qu’elle transmet.
C’est une bactérie Gram négatif strictement intracellulaire qui donne trois types de maladies :
- les fièvres boutonneuses
- le typhus
- le typhus des broussailles
Chaque maladie correspond à un biovar, à un type génétique de rickettsia.
Question élève 2016 : Que signifie bactérie intracellulaire ?
Réponse : La bactérie ne peut pas vivre sans le matériel enzymatique de la cellule qu’elle infecte. Dans un
milieu extracellulaire, elle sera sous forme infectieuse de contamination mais elle n’aura pas d’activité
propre enzymatique.
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1. Les fièvres boutonneuses
Il en existe trois différentes :
- Rickettsia conorii : donne la fièvre boutonneuse méditerranéenne, se rencontre dans le sud de la France
(Marseille surtout).
Elle évoque d’abord une urticaire non prurigineuse : éruption maculo-papuleuse plutôt sur la face antérieure
du thorax et sur tout l’abdomen, mais l’installation de la fièvre amène à penser à une infection.
Elle se transmet par la tique du chien : le Rhipicephalus sanguineus. Elle est prépondérante lors des pics
estivaux.
Cette atteinte peut aller jusqu’à une endocardite, donc voire la mort. Le diagnostic peut se faire par le
chancre d’inoculation.
La tique se trouve au niveau des herbes jusqu’à hauteur du genou.
- Rickettsia africae : transmise par la tique du bétail (Amblyomma hebraeum) pour toute l’Afrique qui
donne la fièvre de retour des Safari, A. vanegatum pour la Réunion qui donne des boutons et de la fièvre.
- R. rickettsi : en Amérique surtout, donne la fièvre pourprée des montagnes, transmise par les tiques
Dermacentor, Amblyomma et Rhipicephalus.
Elles sont toutes responsables de la même symptomatologie : fièvre pourpre c’est-à-dire une fièvre avec
éruption. Il faut donc chercher cette éruption ainsi que le chancre d’inoculation.
Question élève 2016 : Est-ce que la tique a forcément pathogène ?
Réponse : Probablement oui sauf qu’il y a toujours la possibilité qu’elle n’ait pas eu le temps de manger :
ce n’est pas qu’elle n’avait pas de microbe mais plutôt qu’elle ne l’a pas transmise. Quand on fait une
recherche en PCR sur les tiques ≈ 90% qui sont porteuses de Rickettsia.
NB : Chaque tique a son animal de compagnie (entretien la survie de l’espèce) et son rickettsia de
compagnie.
Les trois tiques présentées ci-dessus peuvent se rencontrer tous les jours. Par contre dans le cadre de
l’humanitaire, la suivante est la plus fréquente.
2. Le typhus
- Typhus épidémique : R. porzaweckii ; transmis par le pou du corps (qui se nourrit des squames de la
peau), provoque des épidémies, avec de la fièvre sévère prolongée, des éruptions cutanées, des pertes de
poids importantes, une hépatite et une splénomégalie. C’est une maladie mortelle transmise par les poux
du corps. Cette pathologie est liée à une mauvaise hygiène de vie.
Historiquement, la plus grande épidémie de typhus eut lieu en 1855 pendant la guerre de Crimée. Elle
opposait les Russes et les Français (entre autres). Sur les 95000 français morts durant le siège de
Sébastopol, 75000 sont dus à des maladies (choléra, scorbut, typhus, etc). Aujourd’hui on rencontrerait le
pou du corps plutôt dans les camps de réfugiés (Calais), chez les SDF donc présent à la Réunion.
Le microbe se trouve dans les poussières et pénètrent les lésions de grattage.
Pour le diagnostic, il faut regarder s'il y a ou non la présence de poux dans les poils du pubis. Signes :
fièvre, transpiration, lésion de grattage, pas de toux.
- Typhus murin: R. typhi, transmis par la puce du rat Xenopsylla cheopsis.
Très rares à la Réunion mais peut être fréquente à Madagascar. Donne asthénie, fièvre, parfois éruption,
myalgie, arthralgie, prurit.
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3. Le typhus des broussailles : groupe Orientia
Se rencontre dans les steppes d’Asie.
Orientia tsutsugamushi (découverte par le japonais du même nom) transmis par les piqûres de larves de
thrombibidés (sont des vers à soie).
Provoque des atteintes extra-cutanées graves, tels que des encéphalites et des atteintes cardiaques pouvant
être fatales ou laissant des séquelles.
Le diagnostic se fait facilement par la sérologie (par Immunofluorescence indirecte) et par PCR sur
prélèvement sanguins.
Le traitement comprend en première intention : des cyclines (doxycycline, minocycline), secondairement
macrolides et fluoroquinolones qui fonctionnent moins bien.
NB : quand infection intracellulaire penser à ces 3 ATB (cyclines, macrolides, FQ)
Lors de cas plus critiques avec endocardites chroniques on utilise une bithérapie contenant plaquenil
contenant de l’Hydroxychloroquine.
IV. La Fièvre Q
Q parce que vient surement du la province australienne du Queensland.
1. La bactérie
Est provoquée par Coxiella burnettii (moyen mnémotechnique -ettii).
C’est un bacille Gram négatif intracellulaire stricte.
C’est une maladie rare mais il faut y penser. Ainsi poser la question lorsque les patients arrivent avec de la
fièvre. Chez les animaux elles se transmettent par les tiques et chez l’Homme elles se transmettent par la
poussière infectée par les produits issus du placenta des bêtes.
Cette bactérie a la capacité de survivre pendant des mois dans l’environnement.
Le réservoir bactérien est animal, ovins (cabris) à la Réunion. Elle fait partie des maladies professionnelles,
plutôt de milieu rural (surtout dans l’Est à la Réunion), il faut donc l’évoquer chez les vétérinaires, les
éleveurs, mais aussi penser à ceux qui élèvent deux ou trois cabris dans le fond de la cour.
La transmission est ou aérienne ou cutanée par dépôt des germes dans des lésions.
2. La maladie
Elle se manifeste sous formes aigue ou chronique.
- Les formes aigues avec myalgies, arthralgies, cytolyse hépatique peuvent être mortelles, donc il faut la
trouver et la traiter.
- Les formes chroniques avec fièvre prolongée et endocardite ou ostéite. Elle est difficilement curable.
Il peut y avoir contamination de l’enfant par la mère par le lait maternel, pas en buvant mais par contact de
la peau.
Il y a environ 10 cas par an.
Ce sont des pathologies passant souvent inaperçues, en se résumant à des fièvres et des éruptions cutanées.
Il n’existe pas de transmission interhumaine, par contre dans un élevage s’il y a contamination d’un des
employés tous les autres peuvent être touchés. Il faut donc traitrer les animaux.
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3. Le diagnostic
Est donc fait sur le sang ou sur des biopsies par IFD (immunofluorescence directe) ou PCR (pour les deux
formes).
- Le diagnostic direct peut se faire sur des prélèvements « intéressées » : sur le LCR lors de méningite, le
sang, les biopsies si atteintes osseuses...
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- La PCR
- La sérologie se fait par IF indirecte tardivement. On voit sur ce graphique l’évolution des anticorps.
Le diagnostic est
donc difficile.
4. Le traitement
Pour les formes aigues : Doxycycline 15 jours (rarement l’occasion d’avoir le diagnostic).
Pour les formes chroniques, le traitement est très long.
Il consiste en une trithérapie : Doxycycline + Fluoroquinolone + Hydroxychloroquine, pendant 18
mois à 3 ans.
Hydroxychloroquine est utilisé car cette maladie étant intracellulaire, il va modifier l’immunité du
patient et cette molécule, étant un immuno-modulateur, il sera efficace car la forme chronique est
générée par une tolérance immunologique provoquée par le microbe lui-même qui va infecter les
lymphocytes qui vont ignorer la bactérie. En mettant l’hydroxychloroquine, on réveille l’immunité
spécifique du patient pour sa guérison.
5. La prophylaxie
La bactérie ne résistant pas à la chaleur, la pasteurisation est un moyen de prévention.
Le traitement ATB et la vaccination des troupeaux.
Il existe des études en cours pour traiter cette maladie par vaccination.
Annale 2014/2015
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