avec la 1re grossesse quel qu'en soit 1'âge, et lors de chacune des grossesses
ultérieures. Cette observation pourrait, elle, évoquer un effet “ promoteur ” du climat
hormonal de la grossesse sur des cellules déjà “ transformées ”, en cas de cancer
familial.
D'autres auteurs (Parazzini et coll., 1992; Andrieu et coll., 1993) n'ont pas non plus
observé d'effet exercé par l'âge de la ménarche, l'âge de la ménopause, mais toutefois
une augmentation du risque avec les interruptions précoces de grossesse, et pour
chacune de ces interruptions (Andrieu et coll., 1995). L'hypothèse est que l'avortement
est un facteur catalytique qui exacerbe un risque familial de cancer du sein. Les trois
premiers mois de grossesse sont une période où les cellules indifférenciées se
multiplient dans le tissu mammaire. Si, à cause de l'avortement, le ler trimestre n'est pas
suivi par la différenciation des cellules mammaires qui a lieu pendant les 2e et 3e
trimestres, il y a augmentation des cellules “ vulnérables ” aux agents carcinogènes
génotoxiques ou aux mutations spontanées.
Ceci suggère une synergie possible entre l'altération génétique héritée et les facteurs
hormonaux, parmi lesquels, principalement, les œstrogènes sont considérés comme
pouvant jouer un rôle “ promoteur ” (Henderson et coll., 1988a).
Des études ultérieures, notamment sur les sujets porteurs de mutations BRCA1 et leurs
familles, avec des informations sur 1'ensemble des facteurs de reproduction et
hormonaux, devraient permettre de mieux comprendre ces phénomènes.
Mastopathies bénignes et facteurs familiaux
L'existence de lésions prolifératives mammaires bénignes, caractérisées par une
prolifération excessive, mais non encore malignes au niveau de la portion terminale
des galactophores (Lillienheld,1963; Gallager et Martin, 1969) est importante à
considérer. Ces lésions sont généralement considérées comme précancéreuses sur un
ensemble d'arguments:
- c'est dans la même zone de jonction terminale ductulo-alvéolaire (Terminal
Ducto-Lobular Unit: TDLU des Anglo-saxons) que se développe le plus souvent le
cancer;
- ces proliférations montrent un éventail de lésions, de la morphologie bénigne aux
atypies plus sévères, y compris des zones cancéreuses; - des foyers de telles lésions
prolifératives sont fréquemment trouvés dans les pièces opératoires de mastectomie
pour cancer (Wellings et lensen, 1973). Plusieurs études de cohorte ont montré que les
femmes avec des lésions prolifératives avaient 2 à 5 fois plus de risque de développer
un cancer du sein que les femmes sans lésions prolifératives (Black et coll., 1972;
Vorherr et Messer, 1978; Dupont et Page, 1985; Carter et coll., 1988).
Une histoire familiale de cancer du sein associée à un antécédent personnel de “ lésion
proliférative ” constitue un facteur supplémentaire d'accroissement du risque de cancer
du sein (Dupont et Page, 1985). Skolnick et coll. (1990) ont observé la présence de
lésions hyperplasiques mammaires, modérées ou sévères, chez 35 % des femmes
présentant une histoire familiale de cancer du sein (p < 0,02) par rapport aux témoins.
Plusieurs groupes ont souligné l'importance d'un déséquilibre hormonal avec
hyperestrogénie et/ou insuffisance en progestérone dans la survenue de mastopathies
bénignes (Ozello et Speer, 1958; Sitruk-Ware et coll., 1979; Kuttenn et coll., 1981;
VorÉerr, 1986; Mauvais-Jarvis et Kurtenn, 1994), profil hormonal qui—à long
terme—s'inscrit parmi les facteurs de risque hormonaux de cancer du sein. Il est donc
important d'identifier un tel déséquilibre hormonal en cas de mastopathies bénignes.
Habitudes de vie pouvant modifier le risque de cancer du sein par des mécanismes
hormonaux
L'obésité L'obésité augmente le risque de cancer du sein chez les femmes
ménopausées. Elle est censée opérer à travers des mécanismes hormonaux en
augmentant, par aromatisation de l'androgène I }∆4-androstènedione en estrone dans le