Analyse qualitative du MPA attribué pour l’année scolaire 2011-2012

publicité
28 juin 2012
Affaire suivie par :
Anne MALLURET
IEN Lyon ASH 3
Hélène TERRAT
CPC Lyon ASH 3
Analyse qualitative du MPA attribué pour l’année scolaire 2011-2012
Cette analyse s’appuie sur les résultats issus du questionnaire envoyé aux écoles, collèges et lycées
du département du Rhône au printemps 2012.
1) La population d’élèves équipés
Nous avons reçu 215 réponses, mais seulement 188 concernaient de l’équipement en Matériel
Pédagogique Adapté (MPA) attribué par la Direction des services départementaux de l’Education
nationale du Rhône. Le reste concernait du matériel adapté mis en place par les communes, les
écoles, les familles ou les services de soin (ou assimilés).
56% du matériel a été attribué à des élèves du second degré et 46% à des élèves de l’école primaire.
Cette différence, cohérente avec les chiffres nationaux, peut être corrélée au fait que les plus jeunes
élèves bénéficient davantage d’un accompagnement humain (39% d’accompagnement individuel
(AVSi/EVSi) que les élèves du second degré (17% d’accompagnement humain), qui privilégient les
aides techniques.
Parmi ces réponses, des élèves étaient équipés depuis plus d’un an mais aucune indication de durée
n’est précisée.
Nature des troubles des élèves équipés (en %)
7
Troubles de la fonction visuelle
14
Troubles de la fonction auditive
23
22
Troubles des fonctions motrices
Dont dyspraxie
16
Troubles spécifiques du langage
et de la parole
38
Autres : TFC, TED dont l’autisme
Plusieurs cases pouvaient être cochées pour tenir compte des handicaps associés de certains élèves.
Les résultats comptabilisent donc un taux supérieur à 100.
Le trouble compensé le plus fréquent est la dyspraxie, ce qui semble correspondre au nombre
important de ces élèves scolarisés en milieu ordinaire ainsi qu’avec la nécessité de compenser un
trouble lié au geste graphique (l’écriture est fortement impactée). En cumulant les troubles des élèves
présentant un trouble spécifique du langage et de la parole (dyslexie, dysphasie) avec les élèves
dyspraxiques, nous avons la moitié des élèves équipés qui présentent des troubles des
apprentissages.
1
ème
Le 3
trouble compensé concerne les fonctions auditives.
Ces nombres correspondent aux données de la Division de l’Organisation Scolaire (dépenses par
type de handicap), sauf pour les troubles des fonctions auditives qui sont ici plus représentés que les
troubles des fonctions motrices.
1
Au niveau national , un élève déficient visuel sur deux est équipé, les résultats de l’enquête montrent
un pourcentage beaucoup plus faible. Il s’agit peut-être d’élèves qui ont été équipés antérieurement.
La présence d’un EREA pour déficients visuels qui draine un grand nombre d’élèves qui n’ont pas à
2
être équipés par le biais de ce dispositif explique aussi ce faible taux. Les chiffres nationaux ne
prennent pas en compte la dyspraxie (ou elle est intégrée à un autre trouble), alors qu’il s’agit dans
notre enquête du score le plus important.
Troubles ciblés
Troubles de la fonction
visuelle
Troubles de la fonction auditive
Troubles des fonctions motrices
Dont dyspraxie
Troubles spécifiques du langage et de la parole
Autres (TFC, TES dont l’autisme…)
er
Nombre en %
par rapport au
nombre de dossiers
reçus
Moyenne 1 et 2d
degré des élèves
équipés (données
nationales)
14
54,1
22
16
38
23
7
27,5
34,5
Non renseigné
Non renseigné
Non renseigné
2) Les domaines compensés
Domaines compensés par le MPA
35
30
25
20
15
10
5
0
ca
m
lcu
ém
l
n/
o
r
re
is
at
pé
a
tio
te
ra
nt
n
ge
io
n/
sp
co
at
nc
ia
l
en
tr a
tio
n
le
nt
eu
r
fa
tig
ue
at
io
or
ga
ni
s
le
ct
ur
e
éc
rit
or
ur
th
e
o
ex
g
ra
pr
ph
es
e
sio
n
or
al
pe
e
rc
ep
vis
tio
io
n
n
au
di
tiv
e
tra
ça
ge
Nombre en %
Les domaines compensés sont essentiellement ceux liés à l’écriture (l’ordinateur est alors utilisé
comme suppléance au geste graphique) mais les domaines associés comme le repérage spatial, le
traçage, la lecture et l’orthographe sont aussi repérés. La lenteur est également très souvent citée,
l’ordinateur permettant alors d’augmenter les performances à l’écriture et d’optimiser l’apprentissage.
Les domaines très spécifiques liés aux troubles auditifs et visuels ici indiqués sont relatifs à des
équipements spécifiques.
1
2
Repères et références statistiques – éditions 2011/Les élèves du 1er degré et Les élèves du 2d degré
Repères et références statistiques – éditions 2011/Les élèves du 1er degré et Les élèves du 2d degré
2
3) Les dotations
a - En matériels :
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
79%
Matériels
12%
5%
Pour tout
public
Spécifique
TFM
4%
Spécifique
TFA
Spécifique
TFV
L’ordinateur et ses périphériques sont le plus fréquemment demandés (ordinateur + souris + clé) :
ceux-ci sont depuis cette année attribués sous forme de « pack ordinateur »). Une imprimante
(simple ou multifonction – scanner) est souvent associée (dans un quart des cas). Pouvoir imprimer et
rendre le travail de l’élève en temps réel dans la classe comme les autres élèves est en effet
indispensable. Quand l’imprimante n’est pas demandée, c’est que la classe est peut-être déjà
équipée. Cependant cette demande n’est parfois pas faite mais son absence est signalée comme un
manque et une insuffisance (cf le taux de satisfaction). L’ensemble « pack ordinateur » répond aux
besoins de tout public en équipement informatique et va donc concerner la majorité des élèves. Le
matériel très spécifique aux troubles des fonctions motrices ou aux troubles de la fonction visuelle est
associé à l’ordinateur. A la marge quelques matériels pédagogiques autres qu’informatique sont
attribués.
Les systèmes micro HF sont ensuite les équipements spécifiques les plus représentés (résultats
corrélés avec un taux important d’élèves sourds dotés).
Liste des matériels en fonction des publics
Tout public
Spécifique TFM
Spécifique TFV
Spécifique TFA
Ordinateur, souris, clé, imprimante, scanner
Souris adaptée ou sans fil, joystick, contacteur, clavier
adapté, casque/micro, autre matériel pédagogique adapté
(non lié à l’informatique)
Télé-agrandisseur, embosseuse, télé-transcripteur, Blocnotes braille, lecteur audio Daisy, dictionnaire Gros
Caractères.
Système micro HF, boucle magnétique
3
b- En logiciels :
Types de logiciels attribués
9%
Logiciels généralistes
15%
Logiciels d’apprentissage du
clavier
2%
Logiciels spécifiques pour la
maîtrise de la langue
74%
Logiciels spécifiques pour les
mathématiques
Aux ordinateurs est presque toujours associée une suite bureautique payante ou libre. En effet depuis
cette année, nous avons choisi d’installer systématiquement sur tout ordinateur demandé une suite
office après des retours de terrain où les familles ou les enseignants se plaignaient d’avoir un
ordinateur « vide ». (Cette remarque fait encore partie des insatisfactions ou motif de non utilisation de
l’ordinateur, mais avec un taux très faible).
A côté de ces logiciels généralistes (suite bureautique), viennent des logiciels permettant
l’accessibilité de l’élève aux apprentissages (synthèse vocale, logiciel de reconnaissance vocale,
clavier virtuel ou interface support de travail), des logiciels d’apprentissage du clavier, des logiciels
spécifiques pour la maitrise de la langue ou les mathématiques (dans une moindre mesure), et surtout
la géométrie, et enfin des logiciels d’entrainement (tutoriels).
4) Utilisation des équipements
a- Formation de l’élève
36% des élèves ne bénéficient d’aucune formation à l’outil alors que les difficultés et les nonutilisations rapportées sont effectivement liées à la non-maîtrise de l’outil.
Sur les 64% des élèves formés, seulement 26% des élèves anticipent l’usage de l’outil afin d’être
efficaces dès le début de l’équipement. C’est encore trop peu. La formation est donnée par un
thérapeute (à 56%), par un enseignant (27%), souvent spécialisé et parfois par d’autres personnes
17% (parents, AVS, associations).
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Autre
Par un thérapeute
Par un enseignant
Formation anticipée
Formation après la
dotation
4
b- Les conditions d’utilisation
Lieu d’utilisation du matériel
60
50
40
30
20
10
0
En classe
Au domicile
Les deux
50% des élèves utilisent leur équipement en classe et à la maison. 42% d’entre eux ne l’utilisent qu’en
classe (parmi ceux-là, il faut prendre en compte les systèmes de micro HF, assez nombreux, et qui
sont de fait des systèmes inutiles pour les devoirs à la maison). 6% d’élèves n’apportent pas leur
matériel en classe, ce qui est plutôt gênant pour un équipement financé par l’Education nationale. Les
raisons invoquées sont souvent le manque de maîtrise de l’outil par l’élève et/ou par l’adulte
(enseignant ou AVS), des problèmes de transport, le refus de l’élève de se différencier des autres,
mais aussi la négligence (voire même, certains enseignants prétendent que l’outil reste dans la famille
pour un usage non pédagogique).
Si l’utilisation est massive en cours, elle est moins fréquente en évaluation (un quart en moins), ce qui
peut être dû aux difficultés d’usage de l’outil dans ce contexte (tiers temps à respecter, manipulation
matérielle plus lourde que la pratique d’un secrétaire (c’est alors souvent l’AVS qui note les réponses),
« problème d’équité » avec les autres). Il serait pourtant très utile que les élèves continuent à travailler
sur leur ordinateur lors des évaluations afin d’être mieux préparés pour les examens. Un effort doit
être apporté dans ce domaine.
Le pourcentage d’utilisation pour les devoirs est plus faible (14%) : prise en compte du matériel
réservé à la classe (comme le système HF, les équipements encombrants des élèves déficients
visuels) et le fait que certains élèves en primaire (et/ou en ASH) n’ont pas de devoir.
c- Les difficultés
Les difficultés matérielles rencontrées comme frein à l’utilisation sont liées au transport pour 54% des
réponses (poids et encombrement, oubli) et à l’installation pour 46% (pannes, problèmes de batterie,
de branchement électrique).
Un autre frein à une utilisation efficace concerne la formation à l’outil. En effet, parmi les difficultés
rapportées, 59% font état d’élèves qui sont encore en cours d’apprentissage (donc non encore
performants), 28% présentent de réelles difficultés pour une utilisation en autonomie et 13% mettent
en avant une méconnaissance de l’outil de la part de l’adulte qui travaille avec l’élève, (enseignant
et/ou AVS) et de fait ne permet pas un utilisation intégrée à la pratique de classe efficace, ce qui peut
même être à l’origine d’une mise à l’écart de l’outil.
13%
28%
Méconnaissance de
l’outil par l’adulte qui
accompagne (PE/AVS)
En cours
d’apprentissage
Utilisation autonome
difficile
59%
5
5) Les bénéfices constatés
Le matériel apporte à la fois efficience et autonomie. L’efficience se traduit par des progrès scolaires
attribués à la présence de ce matériel pour 37% dans les réponses reçues et 52% pour l’autonomie.
28% d’autres bénéfices sont constatés : la possibilité de rendre un travail lisible (donc plus facilement
relu par l’élève et corrigé par l’enseignant), un travail qui a gagné en rapidité, une attention améliorée,
la fatigue atténuée et une meilleure confiance en soi. Les retours de l’enquête montrent généralement
une satisfaction quant à l’équipement reçu.
69% des enseignants ayant répondu trouvent que le matériel est adapté aux besoins identifiés lors de
la demande, la moitié d’entre eux le note malgré tout comme insuffisant, soit du fait des difficultés déjà
rapportées (transport, installation) mais aussi du matériel devenu obsolète, ou non conforme au
matériel envisagé, soit qu’il soit à compléter (les personnes font état du besoin d’autres matériels
comme une imprimante, un scanner ou surtout d’autres logiciels adaptés et notamment des logiciels
pour les mathématiques). C’est ce qui explique que paradoxalement, on retrouve un taux de
satisfaction exprimé important en même temps que la mention « insuffisamment adapté » aux besoins
de l’élève.
Echelle de satisfaction (de 1à 6) :
35
30
25
20
Taux de satisafaction en
%
15
10
5
0
1
2
3
Très insuffisant
4
5
6
Très satisfaisant
Les réponses montrent qu’une très large part des élèves équipés est satisfaite ou très satisfaite du
matériel pédagogique adapté reçu. Très peu de réponses expriment une insatisfaction. Elles
correspondent aux ordinateurs qui ne sont pas ou trop peu utilisés du fait d’un refus de l’élève ou de la
non-maîtrise de l’outil par celui-ci et/ou par l’enseignant ou l’AVS.
Conclusion
Un grand nombre d’équipements a été attribué, qui donne globalement satisfaction et qui permet à
l’élève de compenser le trouble pour lequel il a été demandé. La population des élèves avec dyspraxie
ou des troubles spécifiques du langage et de la parole est très largement représentée (elle est aussi
majoritairement scolarisée en milieu ordinaire). Les bénéfices retirés sont une plus grande autonomie
de l’élève, une meilleure efficience se traduisant par des progrès sur le plan scolaire, mais aussi un
travail dans de meilleures conditions psychologiques réduisant fortement la fatigue et conduisant à
favoriser l’attention et la confiance en soi.
La formation des élèves et des adultes reste encore trop faible, ce qui n’optimise pas l’utilisation de ce
matériel. Un effort est nettement à faire dans ce domaine.
Le faible nombre de logiciels demandés et les besoins non couverts montrent également une
méconnaissance des possibilités existantes (logiciels spécifiques, mais aussi adaptation pédagogique
de certains logiciels généralistes), ce qu’on peut mettre en corrélation avec le manque de formation et
d’accompagnement des enseignants et AVS. L’appui du guide de préconisation lors de la constitution
du dossier de demande de MPA permettra de corriger, en partie seulement, ce problème.
6
Téléchargement