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Le deuxième temps est celui de l’évaluation standardi-
sée complémentaire à l’aide de deux sortes d’outils :
1) La CAARMS (Comprehensive Assessment of At a Risk of
Mental States de Mc Gorry et Yung). Il s’agit d’un entretien
semi structuré permettant d’évaluer les types de symptô-
mes (positifs, négatifs, désoraganisation, thymiques), leur
chronologie ainsi que leur intensité et leur fréquence.
2) Une batterie de tests neuropsychologiques spécifi -
ques.
La CAARMS est utilisée dans de nombreux pays et a été
récemment validée par l’équipe de recherche du Professeur
M.O. Krebs dans le service. La batterie neuropsychologique
est similaire à celle utilisée en Australie, à Londres et à
Montréal.
La CAARMS évalue la séméiologie prodromique selon
certaines dimensions : les symptômes positifs, le change-
ment cognitif, la perturbation émotionnelle, les symptômes
négatifs, la modifi cation du comportement, les change-
ments physiques et la psychopathologie générale. Selon les
scores obtenus aux différentes dimensions, on peut défi nir
différents seuils psychopathologiques.
Le patient dit « A Risque de Psychose » se défi nit comme
présentant soit une vulnérabilité associée à un déclin du
fonctionnement général, soit des symptômes psychotiques
atténués, soit des symptômes psychotiques intermittents
spontanément résolutifs brefs (brief limited intermitent
psychosis symptoms) (blips).
Le patient peut sinon présenter un seuil de « Psychose
avérée » ou de « sujets non à risque de Psychose ».
Le bilan neuropsychologique consiste en la passation
de la Wais3-R qui permet l’évaluation du fonctionnement
intellectuel, de la TMT (Trail Making Test), du test de la
fl uence verbale, de l’épreuve des mots couplés, des simi-
litudes, du WSCST (Wisconsin) et de la fi gure de Rey pour
l’évaluation des fonctions attentionnelles et exécutives.
À la suite de la passation, un compte rendu est remis au
médecin évaluateur.
Le troisième temps du parcours est celui de la resti-
tution.
Après une réunion de concertation pluri-professionnelle
entre les différents acteurs de soins un projet de soin est
défi ni en accord avec le patient et sa famille. Cette réunion
permet la mise la place d’une prise en charge spécifi que au
centre d’évaluation. Une synthèse est transmise aux diffé-
rents correspondants.
Le projet de soin s’appuie sur un partenariat solide
entre le réseau de santé Prepsy, la fondation des étudiants
de France représentée par la Clinique Georges Euyer et la
Clinique Dupré, les CMP et les psychiatres libéraux.
Le quatrième temps du parcours de soin du jeune
adulte est le temps de la réévaluation. Cette réévaluation
a lieu à six et à douze mois. Il comprend un bilan clinique
spécialisé avec le patient et sa famille, une évaluation de
la satisfaction de la prise en charge en cours et plus spécifi -
quement la question d’une transition psychotique chez les
patients initialement jugés à haut risque de psychose.
Ainsi, pour résumer, plusieurs cas de fi gures peuvent se
présenter après ce temps d’évaluation.
1) Si le patient est estimé non à risque, il sera alors
orienté sur une prise en charge spécialisée, sur le CMP, vers
un psychiatre libéral, ou le cas échéant vers le médecin
généraliste si le patient se montre ambivalent vis-à-vis
d’une prise en charge psychiatrique spécialisée. Quoi qu’il
en soit, le patient sera réévalué dans le service à six et à
douze mois.
2) Si le patient est à risque de développer une symp-
tomatologie psychotique, il est alors suivi spécialement
au centre d’évaluation par le médecin évaluateur. Une
nouvelle évaluation est réalisée à six et à douze mois. En
parallèle plusieurs formes d’accompagnement peuvent être
proposées au patient : un projet de soins avec la Fondation
des Étudiants de France, une prise en charge spécifi que
reposant sur l’entretien motivationnel, ou encore une inté-
gration dans un groupe psycho-éducation. Il peut aussi être
proposé une hospitalisation pour compléter le bilan ou ini-
tier un traitement.
3) Si le patient présente une psychose avérée, son
traitement peut alors être adapté. Il est, dans un second
temps, orienté vers son CMP ou son psychiatre en libéral, le
projet de soin se construisant avec ces équipes.
Prises en charge spécifi ques
L’originalité du centre d’évaluation pour jeunes adultes,
outre cette évaluation en quatre temps, est de proposer des
prises en charge thérapeutiques spécifi ques basées sur :
des entretiens motivationnels (alliance thérapeutique,
usage de substances, projet de vie) ;
des groupes de psycho-éducation pour les patients ;
des groupes de psycho-éducation à destination de la
famille et de l’entourage ;
un groupe de remédiation cognitive inspirée de la techni-
que IPT et prochainement du programme RECOS.
L’entretien motivationnel a pour objectif de favoriser
le développement d’une motivation intrinsèque au change-
ment par l’exploration et la résolution de l’ambivalence du
sujet. Il a pour objectif de faire émerger un discours tourné
vers le changement. C’est une méthode effi cace auprès
des patients « non motivés » non observants, anosognosi-
ques ou ayant une conscience partielle de leurs troubles.
L’entretien motivationnel a montré de bons résultats chez
des patients consommateurs d’alcool ou de drogues et inté-
ressants dans la prise en charge des psychoses débutantes
ou des patients à risque.
L’objectif de l’entretien motivationnel pour ces jeunes
adultes évalués au centre, est de favoriser leur participa-
tion au projet de soin en développant et en renforçant l’al-
liance thérapeutique afi n qu’ils deviennent acteurs de leur
prise en charge. De plus, l’entretien motivationnel peut les
accompagner dans une modifi cation de leur consommation
de substances psycho-actives. L’intérêt de ce type d’en-
tretien est d’aider le sujet à remanier son projet de vie,
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