référence ont la particularité d’articuler autour d’un même
lieu l’évaluation, la prise en charge et la recherche sur les
pathologies psychiatriques émergentes. Coordonnés au sys-
tème de soin, ils permettent de répondre aux besoins
d’évaluation ne des situations qu’observent les profes-
sionnels au contact avec des adolescents et des jeunes
adultes : médecins généralistes ou spécialistes, en libéral
ou en institution, médecins et inrmières scolaires. Ils sont
également des recours pour les familles confrontées aux
difcultés psychologiques rencontrées par leur enfant.
Distinguer les premiers signes d’un risque de trouble
psychiatrique suppose de faire la part entre ce qui relève
de difcultés psychologiques réelles de ce qui témoigne du
processus parfois troublé, mais normal, de l’adolescence.
Les soignants de ces centres s’appuient pour cela sur des
outils d’évaluation conçus par des équipes de recherche qui
travaillent avec eux pour construire des bilans psychologi-
ques de plus en plus ns.
L’identication d’un risque n’est pas pour autant une
prédiction absolue de l’apparition future d’un trouble psy-
chiatrique. Un suivi est donc nécessaire pour accompagner
le jeune patient, en observant l’évolution de ses difcultés
et si nécessaire, en prescrivant un traitement médicamen-
teux. L’introduction d’un traitement médicamenteux est
presque toujours nécessaire lors du premier épisode.
L’accompagnement permet également de prendre en
charge les facteurs connexes qui peuvent précipiter l’en-
trée dans la maladie, ou en aggraver les conséquences,
comme l’usage problématique d’alcool ou de drogues.
Ces centres spécialisés sont aussi des lieux où s’élaborent
et s’évaluent de nouvelles stratégies thérapeutiques, qu’elles
soient médicamenteuses ou psychothérapeutiques. La remé-
diation cognitive, les groupes de psycho-éducation, les théra-
pies familiales, les thérapies cognitives et comportementales,
l’entretien motivationnel sont utilisés pour aider les jeunes
patients à retrouver des capacités qui ont été amoindries par
l’éclosion des troubles psychiques. Une aide dont l’objectif
est de les accompagner dans la mise en place d’un projet de
vie épanouissant et qui leur ressemble.
Des situations cliniques variées
Les situations cliniques rencontrées lors des premiers épi-
sodes sont très variées ; de l’apparition brutale d’un trou-
ble psychique chez un jeune sans histoire à l’évolution d’un
tableau de difcultés de développement ou de majoration
de troubles de conduites ou du comportement. Chacune de
ces situations demande une prise en charge adaptée et sou-
vent multidisciplinaire.
Les troubles des conduites mènent souvent un recours
en urgence après une mise en danger, une situation d’er-
rance ou une altercation. Pour violente voire agressive que
soit la présentation, c’est toujours la souffrance du jeune
qui prédomine. La prise en charge se conçoit en équipe, et
en réseau où chaque partenaire prend sa place, dans le
contexte environnemental et social du sujet.
L’apparition brutale d’un trouble psychotique nécessite
d’évaluer l’existence ou non de troubles de l’humeur asso-
ciés. Presque toujours présents a minima, il s’agit d’appré-
cier leur importance, car ils peuvent témoigner d’une
dimension affective nécessitant une stratégie thérapeuti-
que adaptée. Près d’un tiers des sujets présentant un
tableau classique de bouffée délirante (ou premier épisode
psychotique) évoluera vers un trouble bipolaire. L’évaluation
des antécédents personnels ou familiaux peut aider au dia-
gnostic mais la question est rarement résolue dans les pre-
mières semaines et c’est souvent l’évolution qui permet de
trancher, soulignant la nécessité d’un suivi au quotidien,
cohérent et dans la continuité.
Une situation singulière est celle des sujets présentant
un trouble envahissant du développement, qui évolue au
moment de l’adolescence, avec parfois l’émergence de
troubles psychotiques. La reconnaissance de cette évolution
n’est pas toujours aisée chez ces sujets s’exprimant parfois
difcilement. La prise en charge est délicate car ces sujets
ne relèvent pas des mêmes stratégies, mais les techniques
utilisées chez le jeune enfant ne sont pas toujours transpo-
sables chez l’adolescent d’autant, qu’au gré de la matura-
tion cérébrale, la symptomatologie et le fonctionnement
cognitif évoluent. Si un traitement antipsychotique est jus-
tié, il nécessitera une surveillance toute particulière du
fait d’une tolérance souvent mauvaise chez ces jeunes
enfants dont le développement cérébral a été perturbé.
Apport de l’imagerie
Le développement de l’imagerie par résonance magnétique
(IRM) et des méthodes informatisées d’analyse permet
aujourd’hui de mesurer de manière objective et quantiée
les modications de l’anatomie du cerveau lors de son
développement. À l’adolescence, les processus de matura-
tion cérébrale se traduisent par une réduction de la matière
grise corticale, réduction qui va se poursuivre tout au long
de la vie. Chez les patients souffrant de schizophrénie, il
existe une perte plus importante et plus précoce de matière
grise corticale comme si la trajectoire normale du dévelop-
pement cérébral était exagérée. Mais beaucoup d’incon-
nues persistent sur ce qui se passe exactement lorsque les
premiers symptômes apparaissent et avant que la maladie
ne soit vraiment installée. À l’avenir, il sera important de
comprendre les mécanismes et les facteurs de risque, mais
aussi les facteurs de protection, inuençant la transition
psychotique et les modications cérébrales qui l’accompa-
gnent. Ainsi, au sein l’hôpital Sainte-Anne et en collabora-
tion avec de nombreux services cliniques et de recherche
en France et à l’étranger, plusieurs projets de recherche
associant l’imagerie cérébrale, la génétique moléculaire et
la recherche clinique ont été mis en place pour étudier
l’effet du stress et de la consommation de cannabis à l’ado-
lescence sur le développement cérébral et l’entrée dans la
maladie schizophrénique.
Des approches thérapeutiques innovantes
La remédiation cognitive est une technique de stimulation
intellectuelle qui vise à améliorer la réadaptation et la
réinsertion de jeunes patients ayant présenté des difcul-