
La Lettre du Gynécologue • N° 408 - mai-juin 2017 | 29
CONGRÈS
RÉUNION
en population sur les verrues génitales et les lésions
cervicales de haut grade est d’autant plus important
que l’âge de la vaccination est précoce et que la
couverture vaccinale est élevée. Cette méta-analyse
confirme par ailleurs l’existence d’une protection
de groupe en cas de forte couverture vaccinale des
jeunes filles. Parmi les possibles risques discutés
lors de la mise à disposition des vaccins prophy-
lactiques, le potentiel retentissement écologique de
la vaccination HPV (remplacement des génotypes
oncogènes vaccinaux par des génotypes oncogènes
non vaccinaux) avait été évoqué. Cette question
a été explorée dans une étude menée par J. Kahn
et al. (6), entre 2007 et 2014, chez des jeunes
femmes américaines, âgées de 13 à 26 ans. Cette
étude n’a pas retrouvé d’augmentation significa-
tive des génotypes non vaccinaux chez les femmes
vaccinées, mais au contraire une diminution de
36,1 % des génotypes non vaccinaux apparentés
au HPV 16 (HPV 31, 33, 35, 52, 58 et 67), mettant
ainsi en lumière l’existence d’une vraisemblable
protection croisée.
Enfin, pour la première fois, à la suite de l’intro-
duction du vaste programme de vaccination austra-
lien (vaccin quadrivalent), J. Brotherton et al. (7) ont
décrit une diminution de l’incidence des papilloma-
toses laryngées juvéniles récurrentes (PLJR) chez les
enfants. Le taux de nouveaux cas de PLJR est passé
de 0,3 pour 100 000 en 2012 à 0,04 pour 100 000
en 2016. Aucune des mères des 15 nouveaux cas
observés n’avait été vaccinée avant la grossesse.
Cette maladie rare est liée aux HPV 6 et 11, et
l’hypo thèse étiologique d’une transmission verti-
cale pendant la grossesse est généralement admise.
Bien que non maligne, elle met en jeu le pronostic
fonctionnel vocal et le pronostic vital respiratoire.
Son évolutivité est imprévisible et sa prise en charge,
particulièrement lourde, nécessite des exérèses
chirurgicales répétées sous anesthésie générale. Ces
résultats suggèrent que la vaccination quadrivalente
des futures mères pourrait prévenir la survenue de
PLJR chez leurs enfants. De nouvelles études sont
nécessaires pour confirmer cette observation.
Évolution de la prévention
secondaire du cancer
du col de l’utérus
Éducation, vaccination et dépistage restent les
outils complémentaires de prévention du cancer
du col de l’utérus, et l’évolution des modalités du
dépistage a fait l’objet de très nombreuses commu-
nications. Cette question demeure centrale, et les
études présentées par différents pays restent
sujettes à débat. La comparaison cytologie versus
test HPV en test primaire a été, dans la plupart
des études, en faveur d’un passage au test HPV.
D’après un modèle australien développé par M. Hall
et al. (8), ce passage pourrait s’accompagner d’une
élévation transitoire de l’incidence des lésions de
haut grade et des cancers cervicaux (+ 32 % et
+ 15 %, respectivement), essentiellement liée au
gain de sensibilité de la méthode de dépistage.
En revanche, selon ce modèle, des réductions
de 39 et 51 % respectivement seraient atten-
dues à plus long terme et la mortalité par cancer
du col pourrait diminuer de 45 % d’ici 2035. Le
concept HPV-FASTER (9) a lui aussi été largement
présenté et discuté. Il vise à “accélérer” la réduc-
tion de l’incidence des cancers du col de l’utérus
en utilisant une approche combinée associant
vaccination des femmes adultes (de 25 à 45 ans)
et dépistage par un test HPV à partir de 30 ans.
Les femmes adultes ayant eu un test HPV négatif
bénéficieraient, après vaccination, d’une protec-
tion optimale, comme cela a été démontré dans
les populations perprotocole des essais cliniques
de vaccins. Elles auraient ensuite un risque très
faible de développer ultérieurement un cancer du
col, et leur suivi ne comprendrait qu’un nombre
limité de tests HPV. Les femmes ayant un test HPV
positif bénéficieraient, elles, d’un triage spécifique
et de procédures diagnostiques et thérapeutiques
adaptées. L’acceptabilité de cette approche inté-
grée est en cours d’étude.
HPV et pathologies ORL
Certains cancers ORL, notamment ceux de l’oro-
pharynx, sont clairement liés au HPV, particuliè-
rement à HPV 16. Il s’agit avant tout de cancers
touchant une population masculine (environ
80 % des cas selon les données européennes de
S. Hartwig et al. [2]). Contrairement aux cancers
ORL “classiques” HPV négatif, liés à l’alcool et au
tabac, les cancers ORL HPV induits voient leur inci-
dence augmenter régulièrement depuis quelques
décennies. Alors qu’aucun précurseur histologique
de ces cancers n’a à ce jour été identifié, 2 études
récentes, menées par K. Lang Kuhs et al. (10) aux
États-Unis et par D. Holzinger et al. (11) en Alle-
magne, confirment que la détection sérologique
d’anticorps anti-E6 de HPV 16 pourrait avoir un
intérêt dans le diagnostic précoce des cancers de