1.4. EXEMPLES D’ESPACES PROBABILISÉS
1.4.3 Mesures de probabilité à densité
Considérons le cas de l’espace mesurable (Ω,A)=(R,B(R)).
Proposition 1.4.10. Soit f:R→Rune fonction intégrable (au sens de Lebesgue) par
rapport à la mesure de Lebesgue λsur R, telle que
(i) fest positive sur R,
(ii) RRf dλ = 1.
Alors l’application P:B(R)→Rdéfinie par P(A) = RAfdλ =RRf1Adλ est une mesure de
probabilité sur (R,B(R)).
La probabilité Painsi définie est appelée probabilité à densité (par rapport à la mesure
de Lebesgue) sur Ret la fonction fest appelée densité de probabilité (par rapport à la
mesure de Lebesgue). On écrit dP=fdλ.
Démonstration. Pest positive par (i) et on a P(R)=1par (ii). La σ-additivité vient du
découpage de l’intégrale sur des supports disjoints.
Exemple 1.4.11. Sur (R,B(R)), la fonction 1[0,1] vérifie (i) et (ii) de la proposition précé-
dente et donc définit une mesure de probabilité sur R. On parle de probabilité uniforme sur
[0,1]. On a P([0,1]) = 1 et P(R\[0,1]) = 0. De plus pour tout a<b∈[0,1],
P([a, b]) = P(]a, b]) = P([a, b]) = P(]a, b[) = b−a.
On a ainsi retrouvé l’exemple 1.3.5.
Exercice 1.4.12. Pour quelle valeur de Cla fonction f(x) = Ce−2x1[0,+∞[est-elle une
densité de probabilité sur R? Soit Pla probabilité de densité f. Calculer P([0,1
2]).
Remarque 1.4.13.
1. Si la probabilité Pest à densité, alors elle est absolument continue par rapport à la
mesure de Lebesgue. C’est-à-dire que pour tout A∈ B(R),λ(A)=0implique P(A)=0.
En particulier, pour tout x∈R,P({x}) = 0.
2. La réciproque est vraie. Si Pest absolument continue par rapport à la mesure de
Lebesgue alors il existe une densité de probabilité ftelle que Psoit la mesure de
densité f. (Ce résultat est admis ici, mais l’étudiant curieux pourra voir le Théorème
de Radon-Nikodym par exemple dans [Rudin]).
3. Si fet gsont deux densités de probabilité égales λ-presque partout, alors les proba-
bilités de densités respectives fet gsont égales.
4. Si Pest la probabilité de densité f. On a, pour tout a<b∈R,
P([a, b]) = P(]a, b]) = P([a, b]) = P(]a, b[) = Z[a,b]
fdλ.
Lorsque fest Riemann intégrable (ce qui sera quand même souvent le cas !), on
pourra écrire P([a, b]) = Rb
af(t)dt.
Tout ceci se généralise sur un espace abstrait Ω. Il faut alors spécifier une mesure de
référence µsur (Ω,A). Une densité de probabilité par rapport à µest alors une fonction
µ-intégrable de Ω→R+telle que RΩfdµ = 1. La mesure Pdéfinie par P(A) = RAfdµ est
une probabilité sur Ω.
Remarque 1.4.14. On peut aussi mélanger mesures de probabilité discrètes et à densité.
Par exemple, si µest la mesure de probabilité de densité f(x)=2x1[0,1](x), la mesure
P=1
3δ0+1
3µ+1
3δ1est une probabilité sur ([0,1],B([0,1]).