TOPOLOGIE ALG´
EBRIQUE : INTRODUCTION
MY ISMAIL MAMOUNI
R´
esum´
e. Le but de ce premier article dans une s´erie de trois articles, est de
donner les outils n´ecessaires, ceux de la topologie alg´ebrique, pour faciliter la
lecture du 3`eme article, o`u il sera question d’´enoncer et d´emontrer l’un des
travaux de recherches de l’auteur.
Dans tout cet article, Qest le corps de bases de tous les espaces vectoriels
consid´er´es.
1. Introduction
La topologie alg´ebrique, anciennement appel´ee topologie combinatoire, est une
branche des math´ematiques appliquant les outils de l’alg`ebre dans l’´etude des es-
paces topologiques. Plus exactement, elle cherche `a associer de mani`ere naturelle
des invariants alg´ebriques aux structures topologiques associ´ees.
L’id´ee fondamentale est de pouvoir associer `a tout espace topologique des ob-
jets alg´ebriques (nombre, groupe, espace vectoriel, ....), de sorte qu’`a deux espaces
hom´eomorphes sont associ´ees deux structures isomorphes. De tels objets sont ap-
pel´es des invariants alg´ebriques. Comme exemple simple d’invariant topologique,
π0(X) : le nombre de composantes connexes d’un espace topologique X. L’une des
applications el`ebres de la topologie alg´ebrique est le fameux th´eor`eme du point
fixe de Brouwer : toute application continue du disque unit´e de Rndans lui-mˆeme
admet un point fixe.
2. Un peu d’histoire
Initialement appel´ee topologie combinatoire car elle prend sa source avec le
probl`eme des ponts de onigsberg, la topologie alg´ebrique (terme u `a Listing,
tir´e du grec logos = ´etude, raisonnement et topos = lieu, site), fond´ee par Henri
Poincar´e, initi´ee par Emmy Noether et evelopp´ee par Hopf, est une branche r´ecente
et tr`es complexe de la topologie.
3. Cohomologie
Un complexe de cochaines est une suite d’espaces vectoriels (Cn)nNet d’ap-
plications lin´eaires dn:CnCn+1 tels que dn+1 dn= 0. Autrement dit
Imdnker dn+1. On pose alors C=M
nN
Cnet dn=d|Cn, et le couple (C, d)
esignera dans la suite un complexe de cochaines. Les ´el´ements de ker ds’appellent
des cocycles, ceux de Imddes cobords. C’est Emmy Noether qui fˆut la premi`ere `a
efinir le groupe ab´elien qui mesure l’obstruction pour un cocycle d’ˆetre un cobord :
Hn(C, d) = ker dn+1/Imdn(p`eme groupe de cohomologie)
1
2 MY ISMAIL MAMOUNI
La cohomologie du complexe (C, d) est d´efinit par la relation :
H(C, d) = M
nN
Hn(C, d)
Ainsi, tout cocycle xd´efinit un ´el´ement [x] dans H(C, d), appel´ee sa classe de
cohomologie. Un cocycle est un cobord si et seulement si sa classe de cohomologie
est nulle.
Un morphisme de complexes de cochaines φ: (C, d)(D, d) est une application
lin´eaire telle que φn=φ|Cn:CnDnavec
φd=dφ.
Autrement dit tel que le diagramme suivant commute
C0d
C1d
... d
Cnd
Cn+1 ...
φ0φ1φnφn+1
D0d
D1d
... d
Dnd
Dn+1 ...
On peut efinir d’une fa¸con naturelle la compos´ee de deux morphismes de cochaines,
ainsi que le morphisme identit´e. Ainsi un morphisme de complexes de cochaines
ϕ:CDenvoie cocycles sur cocycles et cobords sur cobords en chaque ´etage
de la cohomologie et induit un morphisme de groupes ab´eliens sur les groupes de
cohomologie en posant
H(ϕ) : H(C)H(D)
[x]7−[ϕ(x)]
Il est facile de erifier que :
H(gf) = H(f)H(g) et que H(idC) = idH(C)
4. Homologie
Un complexe de chaines est une suite d’espaces vectoriels (Cn)nNet d’applica-
tions lin´eaires dn:CnCn1tels que dn1dn= 0. On pose alors C=M
nN
Cn
et dn=d|Cn, et le couple (C, d) esignera dans la suite un complexe de chaines.
Les ´el´ements de ker ds’appellent des cycles, ceux de Imddes bords. L’homologie du
complexe (C, d) est d´efinit par les relations :
Hn(C, d) = ker dn+1/Imdn(p`eme groupe d’homologie)
H(C, d) = M
nN
Hn(C, d)
Un morphisme de complexes de chaines φ: (C, d)(D, d) est une application
lin´eaire telle que φn=φ|Cn:CnDnavec
φd=dφ.
Autrement dit tel que le diagramme suivant commute
C0
d
C1
d
... d
Cn
d
Cn+1 ...
φ0φ1φnφn+1
D0
d
D1
d
... d
Dn
d
Dn+1 ...
TOPOLOGIE ALG´
EBRIQUE 3
On peut d´efinir d’une fa¸con naturelle un morphisme de groupes ab´eliens sur les
groupes d’homologie en posant
H(ϕ) : H(C)H(D)
[x]7−[ϕ(x)]
Il est facile de erifier que :
H(gf) = H(g)H(g) et que H(idC) = idH(C)
5. Dualit´
e homologie-cohomologie
Elle existe un dualit´e naturelle entre les notions d’homologie, plus pr´ecis´ement
la donn´ee d’un complexe de chaine permet de construire un complexe de cochaines
et inversement, et donc la donn´ee de l’une (homologie ou cohomologie) permet de
construire l’autre. Consid´erons par exemple la donn´ee complexe de chaines (C, d),
on efinit complexe de cochaˆınes dual (C, d) par les relations suivantes :
-Cn= (Cn), espace dual de Cn,
-dn= (dn+1), application lin´eaire transpos´ee de dn+1,
Rappelons qu’en en´eral si f:XYest une application lin´eaire et Zun
Q-espace vectoriel quelconque, on pose
f:L(Y, Z)L(X, Z)
g7−gf
6. Suites exactes
Une suite exacte courte de complexes de chaines est la donn´ee de complexes de
cochaines (C, D, E) et de morphismes de complexes de cochaines f:CD, g :
DEtels que pour tout nla suite de morphismes de modules 0 En
fn
Fn
gn
Gn0 soit exacte, c’est `a dire : fninjective, gnsurjective avec Imfn= ker gn.
Th´eor`eme : Lemme des serpents ou des zigzags.
Soit 0Ef
Fg
G0une suite exacte courte de complexes de chaines,
alors il existe une suite exacte longue
δ
Hn(C)H(f)
Hn(D)H(g)
Hn(E)
δ
Hn1(C)H(f)
Hn1(D)H(g)
Hn1(E)
δ
δs’appelle le connectant de la suite exacte.
Preuve. Construisons tout d’abord le morphisme δ:Hn(E)Hn1(C).
Soit zun n-cycle de E, on d´esire lui associer un n-cycle xde Cet un seul modulo
un bord. Comme gnest surjective il existe yDntel que gn(y) = z, d’autre part
dy Dn1et gn(dy) = dgn(y) = dz = 0, donc, par exactitude dy ker gn=
Imfn1, il existe donc xCn1tel que fn1(x) = dy. On pose alors δ[z] = [x].
V´erifions maintenant que δest bien d´efini.
Tout d’abord xest bien un cycle car fn2(dx) = dfn1(x) = ddy = 0, or fnest
injective par exactitude, d’o`u dx = 0.
D’autre part [x] ne d´epend pas des choix de zdans [z] ni des ´el´ements y, x qui
interviennent dans la construction ci dessus.
4 MY ISMAIL MAMOUNI
En effet soit z, y, xun autre choix, alors [z] = [z], g(y) = z, f(x) = y, on te
les indices sans crainte de perdre la en´eralit´e. donc zEtel que zz=dz” et
soit yDtel que z” = g(y”), il existe grˆace `a la surjection de gde l’exactitude.
Donc g(yydy”) = zzg(dy) = zzdg(y”) = zzdz = 0”, en utilisant
l’exactitude encore une fois au niveau de D, soit xCtel que yydy” = f(x”),
alors f(xxdx”) = dy dydf (x”) = ddy = 0, or fest injective, d’o
xxdx” = 0, et donc [x] = [x].
V´erifions maintenant l’exactitude de la suite au niveau de Hn(D), c’est `a dire
ImH(f) = ker H(g).
On sait que H(gf) = H(g)H(f), et gf= 0 d’o`u H(g)H(f) = 0 et
donc ImH(f)ker H(g).
R´eciproquement soit yun cycle tel que [y]ker H(g), d’o`u [g(y)] = H(g)(y) =
0 et donc g(y) est bord, soit zEtel que g(y) = dz et soit yCtel que z=g(y),
il existe puisque gest surjective, donc g(ydy) = 0, car gcommute avec d, d’apr`es
l’exactitude ydyImf, soit donc xCtel que ydy=f(x), donc [y] = [f(x)].
D’autre part f(dx) = df(x) = dy ddy= 0 car ycycle, et comme fest injective
alors xest un cycle et donc H[x] = [f(x)] = [y], d’o`u [y]ImH(f).
V´erifions ensuite l’exactitude au niveau de Hn(E), c’est `a dire montrons que
ImH(g) = ker δ. Si yest un cycle de D, posons z=g(y) et xEtel que [x] = δ[z],
donc par construction de δon a f(x) = yComme y est un cycle et finjective, d’o`u
x= 0 et donc δHg([y]) = δ[g(y)] = δ[z] = [x] = 0, d’o`u δH(g) = 0 et donc
ImH(g)ker δ.
R´eciproquement montrons que ker δImH(g). Soit zun cycle de Etel que
δ[z] = 0, x C, y Dconstruits comme pr´ec´edemment tels que z=g(y) et
f(x) = dy donc [x] = δ[z] = 0, d’o`u xest un bord, soit xCtel que x=dxet
y=yf(x), donc g(y) = y=zcar gf= 0 en raison de l’exactitude de la suite
courte, en plus dy=dy df(x) = df(x)f(dx) = 0, donc yest un cycle de D,
donc H(g)[y] = [g(y)] = [z], d’o`u [z]ImH(g).
Et de mˆeme on v´erifie l’exactitude au niveau de Hn(E), c’est `a dire montrer que
Imδ= ker H(f). En effet, avec les notations pr´ec´edentes H(f)(δ[z]) = H(f)[x] =
[f(x)] = [dy] = 0.
7. Homologie singuli`
ere
On se propose dans la suite de construire pour tout espace topologique X, une
homologie particuli`ere, H(X;Q) dite homologie singuli`ere de X`a coefficients dans
Q.
Soit pN, on appelle p-simplexe standard, l’ensemble
p={(t0,...,tp)Rp+1 tel que 0 ti1,
p
X
i=0
ti= 1},
autrement dit l’enveloppe convexe de la base canonique de Rp+1. On appelle p-
simplexe singulier de X, toute application continue σp: ∆pX. On note par
Cp(X) le Q-espace vectoriel engendr´e des p-simplexes singuliers, ses ´el´ements sont
de la forme σ=X
fini
nασα,p (o`u nαQ) et sont appel´es des p-chaˆınes singuli`eres.
TOPOLOGIE ALG´
EBRIQUE 5
Le morphisme de bord d:Cp(X)Cp1(X) est d´efini par les relations
diσα,p(t0,...,tp1) = σα,p(t0,...,ti1,0, ti,...,tp1)
=
p
X
i=0
(1)idiσ
On erifie (laiss´e au lecteur acharn´e) que d2=dd= 0. On obtient ainsi le com-
plexe de chaˆınes (C, d), dont l’homologie associ´ee H(C, d) est appel´ee homologie
singuli`ere de Xet not´ee H(X, Q)
H(X, Q) := H(C, d)
Cas particulier X={x}: Le seul p-simplexe possible est l’application constante
σp: ∆p→ {x}, ainsi Cp(X) = Qet diσp=σp1et
= p
X
i=0
(1)i!σp1=(0 si ppair
σp1sinon
Le complexe de chaˆınes singuli`eres est alors
Q0
Qid
Q0
Q···
et l’homologie singuli`ere est alors
Hn({x}, d) = (Qsi n= 0
0 sinon
Remerciements : Okacha Diyer, professeur ageg´e en math´ematiques, enseignant
aux CPGE Omar Ibn Abdelaziz, Oujda, pour la deuxi`eme lecture.
R´
ef´
erences
[1] Allen Hatcher, Algebraic Topology, Cambridge University Press (2002), 281-283
[2] H. Poincar´e, Oeuvres compl`etes, Graduate Texts in Math. Vol. 6(1953), Gauthier-Villars,
Paris.
Agr´
eg´
e-Docteur, CPGE My Youssef, Rabat, Maroc
E-mail address:mamouni.myismail@gmail.com
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