r¥l DE LT1 IheatreLurope direction Giorgio Strehler 1986 QUATRIEME SAISON 1987

r¥l
DE
LT1
IheatreLurope
direction
Giorgio
Strehler
1986
QUATRIEME
SAISON
1987
ODEON
1986-87
I
obÉoM
~r~
Cette
quatrième
saison
du
Théâtre
de
l'Europe
réunira
dans
la
grande
salle
du
Théâtre
National
de
l'Odéon,
à
partir
de
décembre,
des
compagnies
européennes
venant
du
Portugal,
d'Italie
et
de
Russie.
Le
Théâtre
National
de
Lisbonne
présentera
le
Dom
Juan
de
Molière
mis
en
scène
par
un
Français,
Jean-Marie
Villégier,
spectacle
qui
a
marqué
la
création
de
cette
pièce
en
portugais;
mon
Piccolo
Teatro/Teatro
d'Europa
apportera
La
Grande
Magia
de
Eduardo
de
Filippo,
l'un
des
auteurs
dramatiques
italiens
les
plus
napolitains
et
aussi
l'un
des
plus
internationaux.
La
venue
de
la
Taganka
de
Moscou
marque
notre
désir
d'affirmer
l'apport
de
l'art
théâtral
soviétique
à
notre
culture
européenne;
ainsi
sera
présenté
pour
la
première
fois
en
France
le
travail
du
metteur
en
scène
Anatoli
Efros,
avec
deux
classiques
russes
dans
leur
langue
originale,
La
Cerisaie,
Les
Bas-Fonds,
et
une
création
contemporaine,
La
Guerre
n'a
pas
un
visage
de
femme.
Pour
commencer
cette
saison,
et
en
raison
des
travaux
dans
notre
Théâtre
de
l'Odéon,
nous
ne
pouvons
que
nous
réjouir
de
la
coproduction,
pour
ma
mise
en
scène
de
L'Opéra
de
Quat'sous
de
Brecht/Weill,
d'un
théâtre
national,
le
nôtre,
et
d'un
théâtre
municipal,
le
TMP-Châtelet,
seront
données
les
représentations
de
novembre
à
février.
Fidèle
à
mon
rêve
d'une
troupe
européenne,
nous
retrouverons
jouant
et
chantant
en
français
des
comédiens
français,
italiens,
allemands,
autrichiens.
Au
cours
de
cette
saison,
nous
avons
voulu,
en
collaboration
avec
l'Institut
Goethe,
confier
la
charge
d'une
soirée
à
un
certain
nombre
de
grands
comédiens
allemands.
C'est
un
premier
essai
et
nous
aimerions,
dans
l'avenir,
réaliser
cette
même
série
de
cartes
blanches
avec
des
comédiens
d'autres
nationalités.
Enfin
le
Petit
Odéon
continue
avec
ses
créations;
d'abord
celle
de
la
pièce
d'Albert
Cohen,
Ezechiel,
en
coproduction
avec
le
Théâtre
Quotidien
de
Montpellier;
puis
vous
pourrez
entendre
les
voix
d'auteurs
français
que
nous
aimons,
Jacques-Pierre
Amette,
Danièle
Sallenave,
avant
de
terminer
par
celle
du
grand
poète
turc
Nazim
Hikmet.
Cette
saison
se
déroule,
comme
les
précédentes
années,
d'octobre
à
mars.
Et
si
nous
regrettons
que
l'organisation
de
la
saison
1987-1988
nous
prive
de
contacts
directs
avec
vous
jusqu'en
mars
1988,
nous
avons
préféré
cette
période,
mars
à
juillet,
plus
propice
aux
échanges
théâtraux
européens,
qui
sera
celle
du
Théâtre
de
l'Europe
à
partir
de
1988.
Notre
revue
Théâtre
en
Europe
maintiendra
ces
liens
d'échanges
amicaux
que
nous
avons
toujours
voulu
entretenir
avec
vous.
Giorgio
Strehler
rri
de
l'iti
IheatreLurope
direction
Giorgio
Strehler
ODEON
THEATRE
NATIONAL
1986
-
1987
31
octobre
-
8
février
Exceptionnellement
au
TMP
Châtelet
L'OPERA
DE
QUAT'SOUS
Brecht/Weill
mise
en
scène
:
Giorgio
Strehler
direction
musicale
:
Peter
Fischer
décors
:
Ezio
Frigerio
costumes
:
Franca
Squarciapino
COPRODUCTION
THEATRE
DE
L'EUROPE
/
THEATRE
MUSICAL
DE
PARIS
/
TOP
N"
1
spectacle
en
langue
française
9
décembre
-
14
décembre
D.
JOÀO
DOM
JUAN
Molière
TEATRO
NACIONAL
D.
MARIA
II
DE
LISBONNE
mise
en
scène
:
Jean-Marie
Villégier
décors
et
costumes
:
Patrice
Cauchetier
COPRODUCTION
TEATRO
NACIONAL
DE
LISBONNE
/
L'ILLUSTRE
THEATRE
/
ASSOCIATION
FRANÇAISE
D'ACTION
ARTISTIQUE
Spectacle
en
langue
portugaise
6
janvier
18
janvier
LA
GRANDE
MAGIA
LA
GRANDE
MAGIE
de
Filippo
PICCOLO
TEATRO
DE
MILAN
mise
en
scène
:
Giorgio
Strehler
décors
:
Ezio
Frigerio
costumes
:
Luisa
Spinatelli
spectacle
en
langue
italienne
|
4
février
-
15
février
BHIHHEBblH
<A|
LA
CERISAIE
Tchékhov
THEATRE
DE
LA
TAGANKA
DE
MOSCOU
mise
en
scène
:
Anatoli
Efros
décors
:
Valeri
Levental
HA
/{HE
LES
BAS-FONDS
Gorki
mise
en
scène
:
Anatoli
Efros
décors
:
Youri
Vasiliev
y
BOHHbl
HE
/KI
lK
KOi:
.111IIO
LA
GUERRE
N'A
PAS
UN
VISAGE
DE
FEMME
Alexïevitch
mise
en
scène
:
Anatoli
Efros
/
Boris
Glagoline
décors
:
D.
Krimov
Spectacles
en
langue
russe
Au
cours
de
la
saison,
en
collaboration
avec
le
Goethe
Institut,
soirées
"Carte
blanche
aux
comédiens
allemands".
31
octobre
-
8
février
L'OPERA
DE
QUAT'SOUS
livret
de
Bertolt
Brecht
Musique
de
Kurt
Weill
mise
en
scène
:
Giorgio
Strehler
direction
musicale
:
Peter
Fischer
décors
:
Ezio
Frigerio
costumes
:
Franca
Squarciapino
avec
Bruno
Balp,
Jean
Benguigui,
Jacques
Bouanich,
Elise
Caron,
Annick
Cisaruk,
Michel
Creton,
Juliette
Degenne,
Lucette
Filiu,
Alain
Flick,
Denise
Gence,
Gérard
Grobman,
Guy
Grosso,
Michael
Heltau,
Isis,
Katie
Kriegel,
Milva,
Philippe
Paimblanc,
Denise
Péron,
Jean-François
Perrier,
Fred
Personne,
Yves
Robert,
Barbara
Sukowa
et
Anita
Alvarez,
Maurice
Antony,
Carina
Barone,
Michel
Bony,
Laurent
Claret,
Andréa
Cohen,
Laurence
Darpy,
Luc
Jamati,
Philippe
Pastor,
André
Penvern,
Lucette
Raillat,
Jacques
Tessier,
Christophe
Thiry,
Jean
Tolzac,
Robert
Yacar.
COPRODUCTION
THEATRE
DE
L'EUROPE
/
THEATRE
MUSICAL
DE
PARIS-CHATELET
/
TOP
1
avec
la
collaboration
de
l'Ensemble
Musique
Vivante
spectacle
en
langue
française
Je
crois
que
L'Opéra
de
Quat'sous
est
le
texte
d'approche
de
Brecht
le
plus
"opportun"
pour
nous
tous,
acteurs,
techniciens
et
public.
Malgré
ses
imperfections
idéologiques
et
esthétiques,
malgré
le
fatras
de
faux
concepts
critiques
liés
à
l'œuvre,
la
mythification
bourgeoise
de
sa
signification,
l'exemple
négatif
du
film
de
Pabst,
L'Opéra
de
Quat'sous
nous
semble
extrêmement
utile
pour
attaquer
la
problématique
brechtienne.
Les
contradictions
de
la
pièce
peuvent
devenir
l'élément
le
plus
positif
pour
établir
le
contact
entre
Brecht
et
le
public.
L'Opéra
de
Quat'sous
est
"unique"
en
son
genre
:
unique
dans
l'histoire
du
théâtre
contemporain
et
dans
le
théâtre
de
Brecht.
Il
est,
formellement,
un
cas
limite
que
son
auteur
n'a
jamais
renouvelé.
Mélodrame,
cinéma,
cabaret.
En
affrontant
la
révision
de
L'Opéra
de
Quat'sous,
nous
nous
sentions
le
devoir
de
procéder
à
une
recherche
rigoureuse
des
"sources"
avant
d'aborder
la
"dramaturgie-spectacle".
Je
parlerai
sûrement
de
café-concert,
d'avanspettacolo,
de
"chanteuses
de
variétés",
je
citerai
les
grands
comiques
du
cinéma
muet,
Mack
Sennett,
Chariot;
je
forcerai
l'analogie
avec
le
mélodrame,
pour
faciliter
au
départ
le
travail
de
l'acteur.
C'est
un
processus
par
association
d'images,
de
moyens
et
de
solutions.
L'Opéra
de
Quat'Sous
n'est
ni
un
théorème
ni
une
pièce
"didactique",
son
expression
est
esthétique.
Libre
comme
la
poésie.
Susceptible
de
digressions
autonomes,
voire
opposées
au
reste.
Dialectiques.
Car
celles-ci
constituent
la
dialectique
en
acte
dans
l'œuvre
d'art,
le
ton
essentiel
et
décisif
qui
permettront
le
Giorgio
Strehler,
Barbara
Sukowa,
Michael
Heltau
en
répétition
jugement
esthétique
et
idéologique.
résident
la
richesse
et
le
danger
de
L'Opéra
de
Quat'sous.
La
grande
œuvre
d'art
peut
apparaître
souvent
équivoque
parce
qu'elle
est
polyvalente
et
universelle
et
elle
pourra
toujours
être
acceptée
en
raison
d'un
seul
de
ses
nombreux
aspects.
Nous
tâcherons
de
représenter
cette
pièce
le
plus
objectivement
possible.
Ce
qui
est
important
dans
l'œuvre
d'art,
c'est
la
permanence
secrète,
intérieure,
de
son
message,
la
provocation
à
la
connaissance
qu'elle
suscite,
dans
le
temps,
chez
ceux
qui
l'écoutent.
La
trace
qu'elle
laisse
chez
les
hommes,
sa
capacité
à
animer
des
forces
intérieures,
à
soulever
des
questions,
sont
le
signe
de
sa
valeur.
A
cet
égard,
on
a
raison
aujourd'hui
de
mettre
en
scène
L'opéra
de
Quat'sous.
Giorgio
Strehler
9
décembre
-
14
décembre
D.
JOÀO
DOM
JUAN
de
Molière
mise
en
scène
:
Jean-Marie
Viiiégier
assistant
:
Carlos
Pimenta
décors
et
costumes
:
Patrice
Cauchetier
assistante
aux
costumes
:
Nathalie
Prats
lumières
:
Philippe
Arlaud
avec
Antonio
Banha,
Joào
de
Carvalho,
Ruy
de
Carvalho,
Manuel
Coelho,
Carlos
Daniel,
Sào
José
Lapa,
Lûcia
Maria,
Ruy
de
Matos,
Henriqueta
Maya,
Mârio
Pereira,
Luis
Pinhâo,
Antonio
Rama,
Igor
Sampaio
COPRODUCTION
TEATRO
NACIONAL
D.
MARIA
II
DE
LISBONNE
/
L'ILLUSTRE
THEATRE
/
ASSOCIATION
FRANÇAISE
DACTION
ARTISTIQUE
spectacle
en
langue
portugaise
"Je
croy
que
deux
&
deux
sont
quatre,
Sganarelle,
&
que
quatre
et
quatre
sont
huit"
(III,
1).
"Va,
va,
je
te
le
donne
pour
l'amour
de
l'humanité"
(III,
2).
"Quoy
qu'il
en
soit,
laissons
cela,
c'est
une
bagatelle,
&
nous
pouvons
avoir
esté
trompez
par
un
faux
jour,
ou
surpris
de
quelque
vapeur
qui
nous
ait
troublé
la
veuë
(IV,
1).
"Spectre,
Fantosme,
ou
Diable,
je
veux
voir
ce
que
c'est
(V,
5).
Scepticisme,
répugnance
au
surnaturel,
explication
rationnelle
des
miracles,
possibilité
de
la
vertu
chez
les
athées.
En
quelques
brèves
répliques,
lâchées
dans
le
secret
de
la
forêt
ou
rugies
au
cœur
du
danger,
Dom
Juan
déclare
qui
il
est
:
l'un
de
ces
libertins
des
années
1630,
curieux
de
toutes
expériences,
avide
de
toute
pensée.
Cet
ultime
rejeton
de
la
Renaissance,
brillant
encore
de
tous
ses
feux,
Molière
le
lance
au
grand
galop
sur
le
chemin
du
temps.
Et
le
voici,
au
cinquième
acte,
toujours
irrésistible,
mais
contemporain
de
son
premier
public
:
1655.
Ses
manières,
ses
propos
ont
pris
un
coup
de
vieux
de
trente
ou
quarante
ans
:
il
a
"rencontré
le
Commandeur".
L'heure
est
à
l'hypocrisie
:
"intus
ut
libet,
foris
ut
moris
est"
(pense
comme
tu
veux,
mais
porte
le
masque
de
l'ordre
moral).
Dom
Juan,
athée,
fait
mine
de
se
convertir.
Cette
conversion
rageuse,
suicidaire,
donne
le
signal
de
sa
perte.
Molière
choisit
ce
moment
pour
offrir
son
héros
au
jugement
des
hommes
et
au
tribunal
du
"Ciel".
Le
tonnerre
gronde,
la
trappe
s'ouvre.
Qui
est
puni?
Sans
doute
le
faux
dévôt
que
Dom
Juan
est
devenu
pour
enfin
mériter
notre
haine.
Peut-être
aussi
Molière
lui-même
qui
s'est,
in
extremis,
emparé
du
personnage
pour
lui
faire
tenir,
au
bord
du
gouffre
et
à
la
face
du
monde,
un
sermon
vengeur
et
joyeux.
Antonio
Rama,
Carlos
Daniel
Libertin,
Dom
Juan
l'est
encore
dans
l'échec
de
sa
relation
à
Sganarelle.
Le
libertinage
érudit
du
XVII
e
siècle
s'accompagne
du
mépris
pour
les
superstitions
populaires,
et
pour
"le
populaire"
lui-même.
Ces
lettrés,
ces
savants
se
refusent,
de
tout
leur
courage,
à
la
tyrannie
de
l'opinion
commune.
Ironie
du
sort
:
dans
sa
fuite
en
avant,
Dom
Juan
n'a
d'autre
compagnon
que
Sganarelle.
C'est
mieux
que
rien,
et
beaucoup
plus
encombrant.
D'autant
que
l'esclave
est
amoureux
du
maître
qu'il
croit
détester.
De
toutes
ses
forces,
il
lutte,
sans
bien
savoir
pourquoi
:
peut-être
pour
le
ramener
au
droit
chemin,
peut-être
poar
partager
ses
pensées
au
risque
de
se
convertir
lui-même
dans
le
mauvais
sens.
Dom
Juan
est
aussi
l'histoire
de
cette
rencontre
impossible,
de
cet
échange
interrompu.
La
première
du
spectacle
que
le
Portugal
présente
au
Théâtre
de
l'Europe
a
été
donnée
à
Lisbonne
le
15
février
1986.
Avouons-le
:
les
comédiens,
toute
l'équipe
du
Teatro
Nacional
D.
Maria
II,
mes
collaborateurs
français
et
moi-même
ne
sommes
pas
peu
fiers
d'avoir,
ce
soir-là,
dans
la
traduction
d'Antonio
Coimbra
Martins,
assuré
la
création
du
Dom
Juan
de
Molière,
intégral
et
non
censuré,
sur
la
scène
portugaise.
Jean-Marie
Viiiégier
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