>EON 30-91 ■

publicité
>EON
30-91
■
saison 90 . 91
N
D
E
S
5 octobre • 1 8 novembre
PIECE SANS TITRE
13 octobre » 17 octobre
COMEDIA SIN TITULO
en langue espagnole
21 novembre • 1er décembre
RICHARD 111
i"u"R5VË
KING LEAR
en langue anglaise, sur-titré en français
7 février *28 mars
MESURE POUR MESURE
12 avril « 2 juin
LE BALCON
11 juin • 30 juin
KURT WEILL REVUE
en langues allemande, française et anglaise
19 #30 septembre
io
10 octobre • 4 novembre
ROUNDJA, LA JEUNE FILLE PLUS BELLE
QUE LUNE ET QUE ROSE
9 novembre • 1 5 novembre
LOS CAMINOS DE FEDERICO
20 novembre • 2 décembre
QUINZAINE DU NATIONAL THEATRE STUDIO
4 décembre #9 décembre
ACADEMIE EXPERIMENTALE DES THEATRES
1 6 d é c e m b r e • 2 1 décembre
LA ROUMANIE, UN AN APRES...
8 janvier «3 février
LA CHUTE DE L'ANGE REBELLE
1 0 février • 23 février
QUINZAINE DES AUTEURS CONTEMPORAINS
5 mars «28 mars
MADEMOISELLE MARIE
4 avril «28 avril
HISTOIRE D'UN IDIOT
7 mai *26 mai
QUATRE HEURES A CHATILA
1er juin» 16 juin
TRANSFIGURATION
Avec le soutien de l'Association Françoise d'Action Artistique pour les spectacles en langue étrangère.
Théâtre de l'Europe : ce sceau que Giorgio Strehler apposa sur le Théâtre de l'Odéon ne désignait jusqu'ici que la
moitié de ses activités. A partir de la saison 1990-91, l'Odéon vouera tout son temps à la mission définie par ces mots. Des mots
qui engagent toute notre responsabilité, mais en appellent aussi à notre prudence.
Tandis que les Etats s'efforcent de construire "l'Europe", ses hommes de théâtre tentent de reconnaître son visage, multipliant les
échanges - d'artistes, de textes, d'idées - et les voyages, en solitaire ou en troupe. Les camions et les expériences traversent
un continent où chacun part à la rencontre d'une langue théâtrale commune, tout en se souvenant que la richesse de l'Europe, et
celle aussi de son théâtre, c'est sa diversité - qui n'a pas de plus belle expression que la multiplicité des langues. Mais, au moment où la
production s'intensifie, l'inquiétude chez les gens de théâtre semble toujours plus grande. "Quelque chose finira bien par arriver, un jour"
disait, il y a peu, Peter Stein.
Il nous faut chercher l'inconnu de la seule manière que nous connaissions : en faisant du théâtre et en donnant à voir le théâtre des autres.
Connaître les acteurs d'un pays étranger, n'est-ce pas connaître un peu plus ses habitants? Car le jeu de l'acteur est la quintessence
d'une façon d'être au monde.
A cette "maison commune du théâtre européen", l'Etat français a voulu offrir un lieu exemplaire de l'histoire théâtrale de ce pays :
le Théâtre de l'Odéon. Ce que sera cette maison commune, nous ne le savons pas encore; nous avons la chance de pouvoir l'inventer
et la bâtir ensemble, créateurs et spectateurs. Imaginons un grand laboratoire où les créateurs pourraient répondre artistiquement c'est-à-dire par une éthique et une esthétique - à quelques-uns de leurs doutes, de leurs rêves... Un lieu où le théâtre ne craigne pas
le sceau de l'éphémère, où il n'ait pas honte de cette fragilité qui l'accompagne chaque jour davantage. Mais le mot laboratoire,
accolé à celui de théâtre, fait songer à un espace clos, à un milieu fermé; nous pensons au contraire que notre chemin ne se fera que
dans la confrontation avec les spectateurs : c'est la société qui nourrit nos interrogations, c'est à elle que nous devons réponse.
Après la chute en Europe d'une utopie que les hommes n'ont pas su faire aboutir, le mot "démocratie" résonne avec un espoir mêlé de
scepticisme. C'est aujourd'hui le temps de l'incertitude, et ce temps enfante aussi, tel un mécanisme inéluctable et sinistre, une involution;
régressifs, négatifs, les vieux démons subis par une génération encore vivante, ressurgissent : racisme, antisémitisme, terrorisme, et surtout
insensibilité, indifférence, vide idéologique. Comment le théâtre réflètera-t-il ce paysage ? En sera-t-il capable ? Ou laisserons-nous au
contraire durcir obstinément cet épiderme "artistico-cuItureI" qui nous conserve intacts, bien à l'abri de la réalité qui nous entoure?
Il est de règle de présenter la saison . Il me semble toujours qu'à vouloir expliquer un spectacle on risque malgré soi de mentir. Je voudrais
pourtant dire comment les trois productions de la grande salle rencontrent quelques-unes de ces questions inquiétantes qui nous taraudent.
Théâtre/vie pour Comédie sans titre de Lorca. Sens de la justice, une des plus belles paroles qu'on ait jamais fait entendre, avec Mesure
pour Mesure, conté par Peter Zadek, qui mettra en scène pour la première fois en langue française. Ou ce grand auto-sacramental laïc de
Jean Genet : le monde, notre monde, est un bordel. Je voudrais aussi parler de l'invitation lancée, en cette saison inaugurale, à l'une des plus
importantes de nos communautés théâtrales, la plus méconnue peut-être : l'Angleterre. Je voudrais enfin évoquer les activités de
notre seconde salle, le Petit Odéon, consacrées en grande partie à la création de textes contemporains; j'aimerais, pour ma part, lui donner
aussi le nom de Forum, pour que s'y croisent comme à l'impromptu les préoccupations de notre vie artistique et civique; pour que
la scène y retrouve ce droit de réponse dont le théâtre, comme la tribune, doit toujours user. Pour ces raisons, les "histoires" qui verront
le jour dans ce petit espace seront très liées à l'envie et au besoin des artistes de raconter et de se raconter d'une façon intime.
Mais surtout, j'en appellerai à la solidarité et au temps. Puisse la solidarité accompagner nos premiers pas, puisse le temps consolider notre
projet, et nos concitoyens diront s'il nous faut ou non persévérer. Pour nous, c'est l'heure d'entreprendre.
Lluis Pasqual
s
m b r e
9 0
13
octobre
•
17octobre
90
S
Du 1 3 au 1 / octobre, chaque représentation de Pièce sans titre
sera suivie dans la même soirée d'une représentation de
la pièce en langue espagnole (durée de chaque spectacle : une
heure) dans le même décor et dans la mise en scène de Llufs
Pasqual, telle qu'il l'a créée à Madrid en 1989.
PIÈCE
SANS
TITRE
FED
I
C
O
G
A
R
LORCA
COMEDIA SIN
TITULO
CREATION
mise en scene :
LLUIS PASQUAL
traduction :
C L A U D
D E M A R I G N Y et
avec: Anne Alvaro,
Maurice Antoni,
Pierre Baillot,
Jérôme
Chappatte,
LLUIS PASQUAL
Corinne Coderey,
Daniel W. Fillion,
mise en scene :
LLUIS P A S Q U A L Georges Mavros,
Redjep Mitrovitsa,
décor et costumes :
Bernard Nissille,
F A B I À
Grégoire Oestermann,
PUIGSERVER
Philippe Pastor,
Bernard Saint Omer,
musique :
Philippe Sazerat,
R I A
JOSE P
Emiliano Suarez,
L
A
G
A
Z
A
A R R I
Mehmet Ulusoy,
Richard Vachoux,
Production O D É O N • THEATRE D E l'EUÎOF
Christine
Vezinet,
en coproduction avec L A COMÉDIE D E GENÈVE
En tournée: à la Comédie de Genève du 23 novembre au 12 décembre 1990
Bruno Wacrenier
décor et costumes :
F A B I À PUIGSERVER
musique :
JOSEP MARIA
ARRIZABALAGA
Pièce sans titre : est paru dans le
tome 4 du "Théâtre de Federico
Garcia Lorca" aux Editions
Gallimard.
Avec :
Alfonso del Real, Pedro del Rio, Chema de Miguel Bilbao,
José Antonio Correa, Cesàreo Estébanez, Juan Polanco,
Marisa Paredes, Imanol Arias, Joaquin Molina, Carmen
Rossi, Jesùs Castejon, Juan José Otegui, Walter Vidarte,
Flora Maria Alvaro, Juan Echanove, Miguel Zùniga, César
Sànchez
"Il y a aujourd'hui seize ans, la
révolution de juillet éclatait. Ce
soir-là, les théâtres reçurent l'ordre
de ne point fermer quoiqu'on se
battît déjà sur les boulevards.
A la Porte Saint-Martin on donnait
je ne sais quel mélodrame... On
entendait du dehors la rumeur, les
cris, et les coups de fusil... Les
acteurs jouaient avec accablement
et sans savoir ce qu'ils disaient.
Tout à coup, au milieu d'un acte,
un groupe effaré entre dans la
salle avec des sabres nus et le
drapeau tricolore, portant un jeune
homme sanglant qui venait d'être
tué par la fusillade à la porte
même du théâtre et criant: «Misérables I pendant qu'on égorge vos
.frères, vous jouez la comédie!»
Cela fit tomber la toile. "
Victor Hugo, "Choses vues",
™ro
WÊÊÈÊÊBm
5
■■1
_ ■
Ife
octobre
•
18
n o v e
b r e
ï fi
:,
LNS TITRE
:S;.S3
tliffiSïi
< 5^1Sïr^ïxï'ft>w
Hl,
®ï
■HHBHHI
(
1
• -^ÎSbS
BiiipMin^pi
3®SStS
pÉMH^pÉ
buSiAiiipHb
américain, creee après
l'assassinat du poète, La maison
de Bernarda Alba. Mais un autre
chemin court en parallèle dans
sa production, celui d'une
écriture qui révolutionne les
formes du théâtre: le poète s'y
offre au public comme matière
même du drame, officiant d'une
aventure douloureuse et
surprenante. Deux oeuvres en
naissent, complémentaires et
opposées comme les deux faces
d'une même médaille: Le Public
et Pièce sans titre. Avec
Le Public, Lorca entreprend un
voyage initiatique intérieur, une
descente aux enfers qui met à
vif ses passions : l'amour sous
toutes ses formes, le théâtre
comme art sublime du
mensonge, menacé pourtant de
sclérose et de stérilité, tenté par
la fabrication de vérités artificielles.
Revenu de ce voyage intérieur,
remonté à la surface, le Lorca
"civique" écrit Pièce sans titre,
réaction violente et passionnée
contre le confort d'un théâtre
culturel. Implacablement,
viscéralement, il force le théâtre
à se nourrir de la vie, à se
remplir d'"hommes et de femmes
de chair... et celui qui ne voudra
pas entendre n'aura qu'à se
boucher les oreilles".
Après Le Public, que nous avons
présenté ici-même en 1988, voici
Pièce sans titre. Une même
exigence nous tient: demeurer à
la hauteur des sentiments et de
l'intégrité éthique de Lorca. Que
sa poésie nous y aide.
Lluis Pasqual
9 0
sept
sept.
IO
psalmodie en grec ancien d'après Prométhée enchaîné
ESCHYLE
Approcher Eschyle à travers
le grec ancien, à travers la
métrique, la scansion, le rythme adaptation
du vers pour mieux révéler la DIDO LYKOUDI
force et la beauté de la langue,
la richesse de la musicalité
spectacle concu par
illustrative du tragique grec.
DIDO LYKOUDIS
Narrer par là le destin de io,
fille du dieu-fleuve Inachos,
mise en scène
désirée par Zeus, bannie par NICO PAPATAKIS
son père pour ne pas attirer
musique
la colère des Dieux,
OLIVIER DEJOURS
transformée en génisse par
Zeus pour mieux abuser
d'elle, harcelée sans cesse par percussions
CLAIRE TALIBART
un taon, vengeance d'Héra,
épouse légitime de Zeus.
lumières
Chanter le périple à travers
DENIS ARLOT
les terres, les mers et les
océans de cette femme
victime de la violence
persécutrice des Dieux.
Dido Lykoudis
Production
ODE ON o THEATRE DE
L'EUROPE,
LE PERIPLE DE DIDON
FESTIVAL D'AVIGNON
Dans les temps les plus
anciens, un sultan possédant
puissance et richesse, désirait
la seule chose en ce monde
qui lui était refusée : un enfant.
Lors d'un pèlerinage au lieu
saint, un ange lui apparaît,
éblouissant de lumière, lui
remet une pomme et lui
ordonne d'en donner les
épluchures à sa jument et le
coeur à la sultane ; il lui
annonce qu'un garçon naîtra...
Ce conte traditionnel kabyle
appartient à un recueil de
contes et légendes berbères :
Le grain magique. Les textes,
filtrés par les siècles et arrivés
de bouche en bouche jusqu'à
Fadhma Aïth Mansour
Amrouche, ma grand'mère,
dernier maillon d'une chaîne
d'aèdes, ont été légués à sa
fille Taos qui les a "fixés" en
cette langue française
"presque aussi chère et
familière", disait-elle, que sa
langue maternelle : le
berbère.
Je ferai, moi, sa fille, acte de
piété filiale en perpétuant,
dans ce monde qui est le
mien, cette lignée, cette
tradition orale que certains
disent millénaire.
Laurence Bourdil
Le grain magique est paru aux
Editions La Découverte.
ROUNDJA
LA JEUNE
FILLE PLUS
eu"r5pje
Ia. 8|
[iiïïi ■
BELLE
QUE LUNE ET
»3']VT7i
QUE ROSE
TAOS
AMROUCHE
projet concu et interprété par
LAURENCE BOURDIL
réalisé avec la participation de
DERRY BERKANY
costumes
MIRÙNA BORÙZESCÙ
musique
SAÏD AKHELFI
lumière
KIMON D I M I T R 1A D I S
BERNARD CHARRON
Production
ODÉON-THÉÂTRE
DE L'EUROPE
COMPAGNIE LE
GRAIN MAGIQUE
LOS CAMINOS DE
FEDERICO
TEXTES DE FEDERICO
en langue espagnole
J'ai toujours éprouvé un sentiment de rejet, de dégoût
même, pour la poésie "jouée" sur un plateau. Mais on sait
aussi qu'au théâtre, on ne peut faire d'affirmations trop
catégoriques. Lorca écrivait des poèmes et avait besoin
de les dire à haute voix, à un auditoire, ou plutôt de les
"sentir" en présence des autres, de les faire passer par leur
présence, la présence de leur émotion. C'est après un an
d'un intense travail avec Alfredo Alcon, un "grand" et un
"maître" du jeu, après une promenade dans les sentiers
les plus secrets de Federico, de El Publico, que nous avons
décidé d'entreprendre ce parcours émotionnel à travers
son oeuvre, ses poèmes, ses conférences, ses textes de
théâtre, imaginant ses états d'âme, ses jubilations et sa
douleur. Nous sommes arrivés, je crois, à dire son parfum.
Alfredo est le seul des acteurs que je connais qui puisse le
faire. Il n'est pas Lorca, il est peut-être bien plus : il est son
sentiment.
Lluîs Pasqual
mis en scene par
LLUÎS PAS Q U A L
interprétés par
ALFREDO
Production
CDN E«
Generc
d
"Maudite soit la paix", s'écrie
Richard à l'ouverture de la pièce.
La guerre est son métier, la terre
son champ de bataille, les armes
son seul blason. Et voilà que la
paix l'oblige à déposer les armes,
lui le dernier-né de la dernière
guerre, petit frère inachevé de
deux grands princes, lui l'avorton
violent d'une époque de violence.
national
Rejeté par sa mère dès la naissance, exclu du cercle d'affections
familiales, inutile de chercher loin
les clés de sa rage de conquête et
l'emprise de sa séduction.
Le personnage dévore la scène et
attire depuis toujours les plus
grands interprètes, pour mieux les
prendre au piège du one-manshow. Richard III est un portrait
célèbre, mais c'est un tableau
complexe, à la fois figure fascinante d'un tyran et peinture d'une
société minée par la tyrannie. La
surprise aujourd'hui, c'est de redécouvrir cette Angleterre médiévale, au-delà de son envahissant
premier rôle, et d'éprouver sa
souffrance dans les plaintes de ses
femmes.
Les temps modernes connaissent
trop bien ces régimes pour qu'il
soit nécessaire de souligner les
continuités. Ces échos, ces résonances, nous les avons vécus de
près en Roumanie. En fait d'exemples, nous souffrons plutôt d'un
embarras de richesses. Le spectacle n'impose pas d'équation facile
entre le passé et le présent, il veut
relier sans les confondre le
Moyen-Age au monde contemporain, faire entendre à neuf cette
grande pièce politique dans toute
sa subitilité, son actualité terrifiantes.
theatre
Richard III et King Lear, deux spectacles interprétés par les mêmes comédiens et
présentés en alternance dans la grande salle, en langue anglaise, sur-titrés
en français; avec :
David Bradley,
Brian Cox,
Susan Engel,
Clare Higgins,
Derek Hutchinson,
Peter Jeffrey,
lan McKellen,
Joyce Redman.
mise en scène
RICHARD
Productions NATIONAL THEATRE
présentées en tournée avec le soutien de Guiness
RICHARD
Richard Eyre prend en 1988
E Y R E la succession de Peter Hall à la
direction artistique du National
Theatre dont il ouvre tout grand
décor
les portes à la nouvelle généraBOB CROWLEY tion; parmi les jeunes metteurs en
scène qu'il s'adjoint, Declan Donnellan, Deborah Warner et Nicholumière
las Hytner comptent parmi les trois
JEAN K A L M A N plus brillants grands espoirs
de la scène britannique.
musique
D O M I N I C
MULDOWNEY
Richard Eyre
Propos recueillis par
Dominique Goy-Blanquet
III
lan McKellen, qui interprète ici
le rôle de Richard III, fonde avec
quelques autres au début des
années 70 une Compagnie
d'Acteurs . Bien qu'il se mette rapidement à jouer des rôles importants à la Royal Shakespeare
Company, ses tendances à l'appellation non contrôlée l'incitent
sans cesse à fonder des sortes de *
noyaux alternatifs tant à l'intérieur
de la Royal Shakespeare qu'au
sein même du National Theatre.
C'est avec Tune d'elles, la McKel- »
len-Petherbridge Company qu'il
nous a déjà rendu visite en 1986 |
avec The Real Inspector Hound
de Stoppard et The Critic de
Sheridan, suite à son extraordinaire succès dans Acting Shakespeare, en 1983, au Petit Odéon. |j
"u'RS'I
gag
■ •M™
national
Monter une pièce de Shakespeare, c'est un travail de détective. Le texte contient toutes les
clés - au metteur en scène de
repérer les indices, de suivre les
pistes fléchées, de découvrir sa
cohérence - pour qu'apparaisse
la trame, indéfiniment modulée
par les partitions des acteurs.
Lear joue les vieillards pour attendrir son monde, mais sa puissance
theatre
Deborah Warner, aujourd'hui tout admirable depuis celle qu'en a faite Brian Cox est un acteur écossais
Peter Brook.
qui très tôt dans sa carrière s'est
juste âgée de 3 I ans, fonde dès
spécialisé dans les grands rôles
1980 sa propre compagnie, le
d'Ibsen et a opté pour le réalisme
Kick Theatre, sans subvention d'auprolifique du Royal Court.
cune sorte,- elle instaure d'emblée un
Il a joué au sein de la Royal Shakesstyle de mise en scène simple et étonpeare Company, comme du Nationamment fort. Pour la Royal Shakesnal Theatre un grand nombre de
peare, elle a dirigé Brian Cox dans
rôles de premier plan.
Titus Andronicus - invité la saison
Son immense succès dans Titus
dernière aux Bouffes du Nord - mise
Andronicus, mis en scène par
en scène considérée comme la plus
Deborah Warner, il y a deux ans,
lui a ouvert la voie vers le rôle de
Lear. Il est, par ailleurs, une figure
prépondérante dans l'enseignement
dramatique en Grande Bretagne.
2 1
n
est intacte et il garde ses filles en
tutelle - l'aînée l'a presque rattrapé en âge à force d'attendre
sa majorité. Le partage du
royaume n'est pas une scène
publique - l'absence des dignitaires de la Cour est un indice - c'est
une affaire de famille, une fête
pour les fiançailles de Cordelia.
L'atmosphère est joyeuse, un peu
turbulente, et Lear fait l'enfant
gâté, il exige que tout le monde
joue. Ses filles doivent donner la
bonne réponse au jeu des questions pour recevoir leur dot longtemps différée. Le jeu au fond est
très sérieux, mais il n'est d'abord
que cela, un jeu de société. Ce qui
fait la richesse de cette pièce est
paradoxal. Sa dimension épique,
ses tensions politiques s'éprouvent par le biais du familial, du
familier. C'est par son aspect
domestique que nous l'abordons,
au plus près de l'expérience commune ; c'est en explorant ses ressources comiques que nous espérons toucher au vif la tragédie.
Lear parcourt tout l'itinéraire de
la souffrance humaine jusqu'à
ce que son cœur se brise. Lear
peut nous briser le cœur s'il a
commencé par nous faire rire.
d é c
b r e
9 0
KING
LEAR
WILLIAM
SHAKESPEARE
mise en scène : D E B O R A H
WARNER
décor: HILDEGARD
lumière: JEAN
KALMAN
musique : D O M I N I C
MULDOWNEY
Deborah Warner
Propos recueillis par
Dominique Goy-Blanquet
BECHTLER
3 fév. 90
Que la lente et grotesque
métamorphose de l'Ange
Rebelle fasse de lui un mutant
de science-fiction ou de film
d'horreur, ou qu'elle le fasse
évoluer vers un avatar de
maître de l'Enfer, ou du Ciel,
ou quoi que ce soit d'autre...,
le fait est que pour le sujet qui
nous préoccupe, il est
recommandé de procéder
avec prudence, de n'avancer
que d'un fait établi vers un
autre, d'un petit caillou blanc
vers un autre petit caillou
blanc, jusqu'à ce que notre
chemin de petit poucet nous ait
conduit à quelques centimètres
de notre destination.
O D E O N
20 nov. • 2 déc. 90'
LA CHUTE
QUINZAINE DU
DE
NATIONAL THEATRE STUDIO
LANGE REBELLE
R O L A N
avec
VALÉRIE DRÉVILLE
mise en scène :
CLAUDIA STAVISKY
lumières
CARLOS STAVISKY
conception sonore
SERGE CHAMBON
Production
ODÉON-THÉÂTRE DE
L'EUROPE,
COMÉDIE FRANÇAISE
Le texte de la pièce est à paraître aux
Editions Théâtrales.
Roland Fic/ief travaille en Bretagne, à Saint-Brieuc. Il anime une
Compagnie professionnelle : le Théâtre de folle pensée.. Ses dernières pièces ont été jouées en France, en Allemagne et en Tunisie.
Il a écrit La chute de l'ange rebelle au retour d'une résidence
d'auteurs dramatiques à la Chartreuse de Villeneuve-Lez-Avignon.
L'accueil du National Theatre avec deux Shakespeare dans
la grande salle sera l'occasion de découvrir d'autres aspects
du théâtre britannique.
Le NATIONAL THEATRE STUDIO, antenne de la grande
maison, est destiné à la recherche de nouveaux auteurs et
regroupe de jeunes acteurs et metteurs en scène professionnels, sous la direction de Peter Gill.
Il viendra "occuper" le Petit Odéon deux Semaines durant:
lectures en français, spectacles en anglais de pièces créées au
National Theatre Studio, rencontres autour de la mise en
scène aujourd'hui en Grande-Bretagne.
d'après le journal de M A R I E
MADEMOISELLE MARIE
Le journal de Marie Bashkirtseff témoigne des contradictions et
des conflits qu'a pu vivre une femme ayant fait le choix d'une
carrière artistique. Il accompagne sa longue marche vers sa
libération, sa renaissance comme femme-peintre qui comprend
qu'on l'a trompée, qu'il est temps d'être elle-même.
Ce cri sera étouffé par la maladie et par la mort. La phtisie l'a
tuée certes, dans une société qui, non contente de l'avoir
mystifiée pendant sa vie, la mutilera après sa mort.
Colette Cosnier Marie Bashkirtseff.
Un portrait sans retouches
programme précisé
ultérieurement
F F
B A
ia rs • 2 8
i a r s 91
mise en scène ERIC TARAUD
adaptation ISABELLE
et interprétation H A B I A G U E
costumes BARBARA
RYCHLOWSKA
musique LEOS JANACEK
Production
ODÉONTHÉÂTRE DE L'EUROPE
Mademoiselle Marie a été créé dans le cadre du Festival de Poésie du Haut-Ailier, en septembre 1989.
â:
m
2 8
9 1
/ienne est aux mains des soueneurs, matrones et patronnes,
dans une atmosphère de liesse
Dopulacière, de dépérissement
Production
de l'Etat, d'affaiblissement des
ODÉON • THÉÂTRE DE L'EUROPE,
/aleurs. Crise de régime: le
THÉÂTRE DE VIDY - LAUSANNE,
MAISON DE LA CULTURE DU HAVRI
3uc, Vincentio, doit céder le
avec le soutien de la Ville de Clermont-Ferrand
mouvoir à Angelo, le bienîommé, chargé de rétablir l'orA T
WILLIAM
SHAKESPEAR
dre moral. Mais qui veut faire
'ange... La tentation est là qui
guette, narquoise : Angelo désire
MESURE POUR MESURE
:
ollement une jeune novice du
Mesure pour mesure dans la traduction
traduction de JEAN-MICHEL DÉPRATS
:ouvent de Saint-Clare! Et tous
de Jean-Michel Deprats est à paraître
es moyens lui seront bons! A
aux Editions Acte Sud / Papiers.
mise en scène PETER ZADEK
sortir de là, la pièce se mue en
nécanisme de dévoilement,
décor et costumes JOHANNES GRÛTZKE
conduit à la fois par le Duc
déguisé en moine et par Luciolumières ANDRÉ DIOT
ia-gouaille: double jeu, compronissions souvent criminelles, lois
En fournée d'avril à juin 91 : Clermont-Ferrand, Lausanne, Villeurbanne, Chambéry, Le Havre.
détournées de leur finalité sont
dénoncées. Mais la comédie
Peter ladek, berlinois de
Enzenberger, Dorst... C'est à
santes: Othello en 1976; Les
avec
sérieuse fait bon ménage avec
naissance, émigré dès l'âge de
Shakespeare cependant qu'il
Noces de Figaro, sa première
la farce-déguisement, substisept ans à Londres avec ses
reviendra le plus souvent Mesure mise en scène d'opéra, en 1983 ; le Roland Amstutz,
parents qui fuient le nazisme. Il y pour Mesure, qu'il met en scène "musical" Ghetto de Joshua
tutions, malentendus, etc. A traPascal Bongard,
montera ses premiers spectacles, pour la troisième fois, est sa
Sobol, en 1984; Lulu de
Ariel Garcia Valdès, vers cette dénonciation, tous
dont la création mondiale en
dix-septième confrontation avec Wedekind, en 1988, accueilli l'an
les partis-pris, voire toutes les
Isabelle Huppert,
1947 du Balcon de Jean Genet. l'auteur. Par deux fois, il a dirigé dernier par le Festival d'Automne
.idéologies sont dénoncés: le
Jean
Claude
le
Guay,
C'est à 32 ans qu'il retourne en de grands théâtres allemands :
à Paris.
François Marthouret, désir intempérant de l'idéoloAllemagne.il ne cessera alors de de 1972 à 1975, le Théâtre de
Mesure pour Mesure est sa
gue, la tyrannie de qui veut
sillonner le pays, mettant en scène Bochum; de 1985 à tout
première mise en scène en langue Christine Pignet,
tout ordonner, tout autant que
Molière, Camus, Ionesco, Wilde, récemment, le Deutsches Schaus- française.
Anuschka Renzi,
O'Casey, Osborne, Bond,
pielhaus de Hambourg. Parmi ses
les excès de l'ascétisme, ou une
Béatrice Romand,
Ayckbourn, Schiller, Wedekind, mises en scène les plus retentischasteté qui relève de l'angéHeinz Schubert...
lisme. Mais Shakespeare n'est
pas homme à se satisfaire de
mécanismes : la fragilité intime
du moi, la conviction qu'elle
améliore même les meilleurs,
nous ramènent àj'homme, à
tout l'homme, "riên qu'un
homme". Mais il faut situer
celui-ci à l'intérieur de ce qui
fait sa culture et son huma-
nisme; et;pour illustrer l'échec
du manichéisme simpliste d'Angelo, un style inimitable nous
propose quelques débats sur la
justice et sur la charité, sur
l'amour et sur la loi, dans ce
qui est la mise en scène d'un
mot du Sermon sur la Montagne : "Mesure pour Mesure".
Armand Himy
4 avr.
DE
N
2 8 a v r. 9 1
HISTOIRE
FÉLIX
Le héros de Histoire d'un idiot
nous entraîne avec un enthousiasme féroce vers les sommets
en haut desquels la civilisation
contemporaine a planté les
petits drapeaux du bonheur:
l'enfance, l'amour, le sexe, le
militantisme politique, la religion,
l'argent, la spéculation spirituelle, l'art, pour nous en faire
dégringoler d'une terrible pichenette.
mise en scène et interprétation :
CHRISTIAN PLEZENT
traduction :
ÉRIC BEAUMATIN
adaptation :
MICHELINE BOURGOIN
scénographie, lumières :
GÉRALD LAFOSSE
production
ODÉON • THÉÂTRE
DE L'EUROPE,
COMPAGNIE
CHRISTIAN PLEZENT
Félix de Azua est né à Barcelone. Professeur d'esthétique et
de philosophie, puis lecteur
à l'Université d'Oxford, c'est
actuellement l'un des créateurs
les plus inventifs dans les domaines de la poésie et du roman.
Lecteur assidu de Cervantès,
bien sûr, mais aussi de Hegel,
Hôlderlin, Dante, il porte sur
l'Espagne d'aujourd'hui un
regard d'une lucidité diabolique.
Parmi ses romans, Histoire d'un
idiot racontée par lui-même,
paru en 1987 aux éditions Sylvie
Messinger, a connu un très vif
succès.
D'UN
U A
IDIOT
QUATRE HEURES A CHATILA
J'avais passé quatre heures à Chatila. Il restait dans ma mémoire environ quarante
cadavres. Tous - je dis bien tous - avaient été torturés, probablement dans l'ivresse, dans
les chants, les rires, l'odeur de la poudre et déjà de la charogne.
Sans doute j'étais seul, je veux dire seul Européen (avec quelques vieilles femmes
palestiniennes s'accrochant encore à un chiffon blanc déchiré; avec quelques jeunes
feddayin sans armes) mais si ces cinq ou six êtres humains n'avaient pas été là et que j'aie
découvert cette ville abattue, les Palestiniens horizontaux, noirs et gonflés, je serais devenu
fou. Ou l'ai-je été ? Cette ville en miettes et par terre, que j'ai vue ou cru voir, parcourue,
soulevée, portée par la puissante odeur de la mort, tout cela avait-il eu lieu ?
Il regarda mon passeport. Il dit, en français :
- Vous venez de là-bas? (Son doigt montrait Chatila)
- Oui.
- Et vous l'avez vu ?
- Oui.
- Vous allez l'écrire?
- Oui.
Jean Genet
production :MAISON DE LA CULTURE DU HAVRE • ODÉON
THÉÂTRE DE L'EUROPE • Conseil Régional de Haute Normandie
TRANSFIGURATION
d'après la nouvelle de SIBILLA
ALERAMO
Sibilla Aleramo a été la muse de l'Italie du début du siècle. Cet auteur à la vie tumultueuse est né en 1876, s'est marié à 16 ans, a rencontré tous les grands et les futurs
grands de la littérature italienne. Elle les a écoutés, elle les a aimés, elle les a conseillés.
En 1960, avec sa mort, c'est l'équivalent d'une Lou Andréa Salomé ou d'une Simone de
Beauvoir qui disparaît.
Transfiguration est ia parole méprisante, haineuse et compatissante que Sibilla adresse à
l'épouse de son amant. Il s'agit d'un grand pas dans l'identité de la femme européenne.
C'est Assumpta Sema, la révélation du film Matadore et de la pièce l'Ange de l'information de Moravia, qui incarnera cette femme de feu.
Jacques Bâillon
7 mai • 26 mai 91
jean
genet
mise en scene :
ALAIN MILIANTI
Quatre heure s à Chatila est paru dans la
Revue d'Études Palestiniennes n° 6, hiver
83.
ODEON
1er juin • 16 juin 1991
traduction et adaptation :
RENÉ DE CECCATTY
mise en scene :
JACQUES BAILLON
avec :
ASSUMPTA SERNA
producti
THÉÂTRE
ODEON •
L'EUROPE
Je l'ai connu à Paris. Ce jourlà, je me suis promené avec
lui, nous avons mangé ensemble, nous sommes allés au
théâtre voir l'Opéra de Pékin.
Je lui ai montré un livre sur le
Barcelone des années 50, époque où il vivait près du port,
là où se passe le Journal d'un
voleur. Je ne me souviens
jamais des dates mais nous
avions vu ensemble les funérailles du maréchal Tito à la
télévision. Par la suite, nous
nous sommes rencontrés plusieurs fois. Dans un aéroport,
une gare... des endroits qu'il
aimait. Il me fascinait et j'avais
en même temps très peur de le
rencontrer: en une phrase il
était capable de détruire toutes les idées que j'avais dans
ma tête de militant antifranquiste. Nous passions des heures en silence. Il aimait ça. Puis
il me dictait des questions que
je devais, moi, lui poser, et
il me répondait calmement.
Il était comme le grandpère poète rêvé.
Je voulais monter Le Balcon à
l'époque. J'essayais de le
faire parler des "secrets" de la
pièce. Il me disait, "vous me
parlez d'une pièce qui ne
m'appartient pas. Je l'ai déli-
vrée il y a longtemps et je l'ai
oubliée". Le jour où je suis allé le
chercher à l'hôtel Chamartin, à
côté de la gare du même nom, à
Madrid, il a demandé l'adresse
d'un bon restaurant au portier
de l'hôtel et pour le remercier lui a
donné un pourboire qui devait
presque correspondre à l'époque
à son'salaire hebdomadaire.
Personne ne savait où j'étais.
J'avais seulement dit au Théâtre,
à Barcelone, que j'allais le voir et
dans quel hôtel il logeait. Plus
tard au restaurant j'ai entendu
crier mon nom par un garçon:
on m'appelait au téléphone.
Comme cela me semblait impossible, j'ai imaginé qu'un autre client
s'appelait comme moi. Après
plusieurs essais, le garçon a précisé nom et prénom. On m'appelait de la part de Placido Domingo.
A l'époque je devais monter
mon premier opéra et Domingo
devait chanter. Par un circuit
compliqué et avec une belle ténacité, une fille qui travaillait au
théâtre de la Zarzuela, à Madrid,
avait réussi à me joindre
(Madrid-Barcelone-Madrid-Hôtel
Chamartin, portier content et
reconnaissant, etc.).
Revenu à table, je lui ai expliqué
l'affaire. Lui, mi-moqueur,
mi-sérieux m'a répondu : "Plus
tard, dans quelques jours, vous
allez apprendre que cet opéra
n'existe pas et Monsieur
Domingo non plus. Il s'agit tout
simplement de vérifier la compétence des services de police :
savoir s'ils peuvent trouver un
citoyen n'importe où et à n'importe quelle heure. Cela pourrait
LE
1 2
A
T
O
N
BALCON
I
u
n
9 1
être une scène du Balcon. Le
Balcon c'est aussi une façon de
raconter l'histoire, celle de l'Espagne par exemple, c'est-à-dire
celle de l'humanité". Pour cela
peut-être et pour mille autres raisons que je ne peux expliquer, je
veux me plonger dans cette
énorme pièce, dans cette langue
magnifique. Peut-être pour lui,
le plus grand chercheur et surtout
le plus grand possesseur de
vérité que j'aie connu. Nous
avons besoin d'entendre ses mots,
cette métaphore, espèce de .
grand auto-sacramental laïc et ®'
impitoyable: pour Calderon,
la vie est un songe, pour Shakespeare, le monde est un théâtre,
pour Jean Genet le monde
est un bordel.
Lluis Pasqual
JEAN
GENET
mise en scène
LLUIS PASQUAL
décor et costumes
F A B I À PUIGSERVER
lumière
PASCAL
MERAT
avec : Myriam Boyer,
Jean Dautremay, Daniel Emilfork,
Lisette Malidor, Geneviève Page.
Distribution en cours
Production
ODÉONTHÉÂTRE DE L'EUROPE
1 1
I u
KURT WEILL REVUE
9
1
I "
BILBAO, YOUKALI, ALABAMA
mise en scène et chorégraphie:
Montage scénique avec des Lieder, des Chansons et des
HELMUT BAUMANN et
JÛRG BURTH
Songs de Kurt Weill, piano et orchestre
3 0
décor :
M A N F R E D
direction musicale :
DR. PETER
D I T T R I C H
K E U F C H N I G
Kurt Weill, auteur des plus célèbres chansons de Brecht, s'est exilé en 1933, est resté quelques mois à Paris, puis en 1934, est
parti pour New York où il a rejoint Brecht, Max Reinhardt et les autres. Il y est resté jusqu'à sa mort, est devenu un bon
compositeur de Broadway, et ses musiques bien carrées ont perdu leur agressivité, leur dérision vénéneuse.
La Revue offre, dans l'ordre chronologique, un patchwork des trois périodes, qui s'organisent autour de trois femmes. Angelika
Mistler, d'abord, plantureuse blonde platinée, un peu comme le rêve ringard d'une Amérique de vieille carte postale pour
immigrés. C'est le caractère même de Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny et de Happy end dont sont tirées
presque toutes les chansons. Naturellement, on ne peut pas parler de Kurt Weill et de l'Allemagne sans nommer l'Opéra de
quat'sous. Helmut Baumann et Jurg Burth l'ont traité en ballet.
Puis entre une femme en manteau, Hana Hegerova. D'une voix grave, elle détaille Le Grand Lustucru. C'est le début de la
période française. Pendant son séjour en France, Kurt Weill a écrit de magnifiques chansons cruelles, comme cette Complainte
de la Seine, sur des paroles de Maurice Magre.
Enfin, avec une troupe bien rodée qui, autour d'une formidable clownesse australienne, Gaye MacFarlane, s'amuse et fait
partager son bonheur, Helmut Baumann réussit un pastiche impitoyablement drôle du rêve nunuche américain.
avec
Angelika Milster
Hana Hegerova
Gaye MacFarlane
Pascale Camele, F. Dion Davis,
Eric Lee Johnson, Jeffry Judson,
Cush Jung, Martin Pichler,
Monica Solem, Sylvia Wintergrun
Zimba Athaualpa, Anastasia F. bain,
Michelle Becker, Barbara Biedermann,
Friedrich Bùhrer, Janet Calvert,
Theresa Crumb, John Daley,
Ulf Dietrich, Goetz Hellriegel,
Archie Kent, Joël Kirby,
Oliver Konrad, Julia Timmons,
Martin Williams, Guido Zimmermann
Colette Godard
Le Monde 15/7/89
LA ROUMANIE
UN AN APRÈS...
L'ACADÉMIE
et OUSSi...
EXPÉRIMENTALE
DES THÉÂTRES
Culture roumaine: de la résistance à la renaissance?
La Roumanie sort difficilement de son trop long hiver. Durant
cette épreuve épuisante, la culture, bien que bâillonnée,
menacée, mutilée, a servi de principal levier de résistance.
Mais cette culture, prise dans un combat que l'on croyait sans
QUINZAINE DES
fin avec la dictature, resta enfermée, inconnue. Aujourd'hui il
temps de la découvrir et de lui donner ainsi une chance
AUTEURS CONTEMPORAINS est
nouvelle de reprendre son souffle. Après la résistance, la
renaissance peut-être. Toute une semaine de spectacles
10.23 février 91
roumains, de concerts, d'expositions va permettre de faire le
tour de cette culture jadis assiégée mais qui malgré cela a pu
engendrer des oeuvres d'un très haut niveau. Cette culture et
Quand le texte prend la parole
ses représentants les plus éminents entendent rester toujours
Aider l'écriture à prendre la parole et le faire dans un climat de
les surveillants vigilants du pouvoir... Il ne faut jamais assimiler
réflexion et de complicité, tel est l'un des buts de ce forum
les artistes aux politiques d'un pays et la Roumanie actuelle
qu'est le Petit Odéon.
invite, une fois encore, à ne pas oublier ce principe.
C'est à ce travail qu'il est nécessaire de faire participer des
Georges Banu
spectateurs attentifs : à cette étape de la lecture où la parole
sort du tête-à-tête pour toucher une écoute diverse, une
* détail du programme communiqué ultérieurement
audience, afin de lui faire entendre la possibilité et la nécessité
du théâtre.
Convaincue de ce que la Semaine des Auteurs concourt à
rendre présentes, à travers les textes qu'elle promeut, les paroles qui sont à naître comme celles des oeuvres neuves, ou celles
qui restent en dehors de notre provincialisme, comme, par
exemple, celles de la francographie, l'équipe de l'Odéon-Théâtre de l'Europe a décidé de mettre en place une Quinzaine des
Auteurs.
Jacques Bâillon
L'Odéon - Théâtre de l'Europe, partenaire de l'Académie Expérimentale des Théâtres, ouvrira ses portes une semaine durant
au Concert des acteurs, quatrième volet des activités de l'Académie après le Colloque Art et Liberté autour de Tadeuz Kantor
à Cracovie, Les leçons d'Avignon de Tadeuz Kantor en mai 90
et le colloque Est-Ouest: Théâtres sans rideau de fer au
prochain Festival d'Avignon 1990.
Du 9 au 16 décembre, un groupe de jeunes metteurs en scène
va rencontrer et travailler avec des acteurs de grande expérience venus de divers pays d'Europe.
Que disent-ils de leur art? L'expérience théâtrale peut-elle
s'échanger ? Y-a-t-il des secrets à transmettre ? Ce savoir peut-il
s'acquérir, ou tout, à chaque fois, doit-il être recommencé ?
Les soirées de cette semaine consacrée à l'Académie seront
l'occasion pour chacun de ces grands acteurs, de présenter au
public un spectacle - monologue de son choix.
COÉDITION
L'Odéon - Théâtre de l'Europe a
débuté son activité éditoriale par
la coédition avec la revue Alternatives Théâtrales d'un numéro
consacré à Bernard-Marie Koltès.
Ce dossier, coordonné par AnneFrançoise Benhamou, sera disponible en librairie à partir de la fin
juin 90.
SÉMINAIRE DE FORMATION
L'Odéon - Théâtre de l'Europe, l'Université Paris-Dauphine et
l'Association Française d'Action Artistique se sont associés pour
organiser un séminaire sur le Théâtre dans les grands pays
européens.
Ces journées d'étude porteront sur l'organisation du théâtre,
le fonctionnement des institutions dramatiques, les méthodes de
production et le statut des artistes dans les grands pays de
la Communauté Européenne.
Le séminaire de formation se tiendra les 21 et 22 mars 1991,
et s'adressera aux professionnels du spectacle, aux journalistes,
aux étudiants ou à toutes autres personnes intéressées.
Téléchargement