>EON 30-91 ■ saison 90 . 91 N D E S 5 octobre • 1 8 novembre PIECE SANS TITRE 13 octobre » 17 octobre COMEDIA SIN TITULO en langue espagnole 21 novembre • 1er décembre RICHARD 111 i"u"R5VË KING LEAR en langue anglaise, sur-titré en français 7 février *28 mars MESURE POUR MESURE 12 avril « 2 juin LE BALCON 11 juin • 30 juin KURT WEILL REVUE en langues allemande, française et anglaise 19 #30 septembre io 10 octobre • 4 novembre ROUNDJA, LA JEUNE FILLE PLUS BELLE QUE LUNE ET QUE ROSE 9 novembre • 1 5 novembre LOS CAMINOS DE FEDERICO 20 novembre • 2 décembre QUINZAINE DU NATIONAL THEATRE STUDIO 4 décembre #9 décembre ACADEMIE EXPERIMENTALE DES THEATRES 1 6 d é c e m b r e • 2 1 décembre LA ROUMANIE, UN AN APRES... 8 janvier «3 février LA CHUTE DE L'ANGE REBELLE 1 0 février • 23 février QUINZAINE DES AUTEURS CONTEMPORAINS 5 mars «28 mars MADEMOISELLE MARIE 4 avril «28 avril HISTOIRE D'UN IDIOT 7 mai *26 mai QUATRE HEURES A CHATILA 1er juin» 16 juin TRANSFIGURATION Avec le soutien de l'Association Françoise d'Action Artistique pour les spectacles en langue étrangère. Théâtre de l'Europe : ce sceau que Giorgio Strehler apposa sur le Théâtre de l'Odéon ne désignait jusqu'ici que la moitié de ses activités. A partir de la saison 1990-91, l'Odéon vouera tout son temps à la mission définie par ces mots. Des mots qui engagent toute notre responsabilité, mais en appellent aussi à notre prudence. Tandis que les Etats s'efforcent de construire "l'Europe", ses hommes de théâtre tentent de reconnaître son visage, multipliant les échanges - d'artistes, de textes, d'idées - et les voyages, en solitaire ou en troupe. Les camions et les expériences traversent un continent où chacun part à la rencontre d'une langue théâtrale commune, tout en se souvenant que la richesse de l'Europe, et celle aussi de son théâtre, c'est sa diversité - qui n'a pas de plus belle expression que la multiplicité des langues. Mais, au moment où la production s'intensifie, l'inquiétude chez les gens de théâtre semble toujours plus grande. "Quelque chose finira bien par arriver, un jour" disait, il y a peu, Peter Stein. Il nous faut chercher l'inconnu de la seule manière que nous connaissions : en faisant du théâtre et en donnant à voir le théâtre des autres. Connaître les acteurs d'un pays étranger, n'est-ce pas connaître un peu plus ses habitants? Car le jeu de l'acteur est la quintessence d'une façon d'être au monde. A cette "maison commune du théâtre européen", l'Etat français a voulu offrir un lieu exemplaire de l'histoire théâtrale de ce pays : le Théâtre de l'Odéon. Ce que sera cette maison commune, nous ne le savons pas encore; nous avons la chance de pouvoir l'inventer et la bâtir ensemble, créateurs et spectateurs. Imaginons un grand laboratoire où les créateurs pourraient répondre artistiquement c'est-à-dire par une éthique et une esthétique - à quelques-uns de leurs doutes, de leurs rêves... Un lieu où le théâtre ne craigne pas le sceau de l'éphémère, où il n'ait pas honte de cette fragilité qui l'accompagne chaque jour davantage. Mais le mot laboratoire, accolé à celui de théâtre, fait songer à un espace clos, à un milieu fermé; nous pensons au contraire que notre chemin ne se fera que dans la confrontation avec les spectateurs : c'est la société qui nourrit nos interrogations, c'est à elle que nous devons réponse. Après la chute en Europe d'une utopie que les hommes n'ont pas su faire aboutir, le mot "démocratie" résonne avec un espoir mêlé de scepticisme. C'est aujourd'hui le temps de l'incertitude, et ce temps enfante aussi, tel un mécanisme inéluctable et sinistre, une involution; régressifs, négatifs, les vieux démons subis par une génération encore vivante, ressurgissent : racisme, antisémitisme, terrorisme, et surtout insensibilité, indifférence, vide idéologique. Comment le théâtre réflètera-t-il ce paysage ? En sera-t-il capable ? Ou laisserons-nous au contraire durcir obstinément cet épiderme "artistico-cuItureI" qui nous conserve intacts, bien à l'abri de la réalité qui nous entoure? Il est de règle de présenter la saison . Il me semble toujours qu'à vouloir expliquer un spectacle on risque malgré soi de mentir. Je voudrais pourtant dire comment les trois productions de la grande salle rencontrent quelques-unes de ces questions inquiétantes qui nous taraudent. Théâtre/vie pour Comédie sans titre de Lorca. Sens de la justice, une des plus belles paroles qu'on ait jamais fait entendre, avec Mesure pour Mesure, conté par Peter Zadek, qui mettra en scène pour la première fois en langue française. Ou ce grand auto-sacramental laïc de Jean Genet : le monde, notre monde, est un bordel. Je voudrais aussi parler de l'invitation lancée, en cette saison inaugurale, à l'une des plus importantes de nos communautés théâtrales, la plus méconnue peut-être : l'Angleterre. Je voudrais enfin évoquer les activités de notre seconde salle, le Petit Odéon, consacrées en grande partie à la création de textes contemporains; j'aimerais, pour ma part, lui donner aussi le nom de Forum, pour que s'y croisent comme à l'impromptu les préoccupations de notre vie artistique et civique; pour que la scène y retrouve ce droit de réponse dont le théâtre, comme la tribune, doit toujours user. Pour ces raisons, les "histoires" qui verront le jour dans ce petit espace seront très liées à l'envie et au besoin des artistes de raconter et de se raconter d'une façon intime. Mais surtout, j'en appellerai à la solidarité et au temps. Puisse la solidarité accompagner nos premiers pas, puisse le temps consolider notre projet, et nos concitoyens diront s'il nous faut ou non persévérer. Pour nous, c'est l'heure d'entreprendre. Lluis Pasqual s m b r e 9 0 13 octobre • 17octobre 90 S Du 1 3 au 1 / octobre, chaque représentation de Pièce sans titre sera suivie dans la même soirée d'une représentation de la pièce en langue espagnole (durée de chaque spectacle : une heure) dans le même décor et dans la mise en scène de Llufs Pasqual, telle qu'il l'a créée à Madrid en 1989. PIÈCE SANS TITRE FED I C O G A R LORCA COMEDIA SIN TITULO CREATION mise en scene : LLUIS PASQUAL traduction : C L A U D D E M A R I G N Y et avec: Anne Alvaro, Maurice Antoni, Pierre Baillot, Jérôme Chappatte, LLUIS PASQUAL Corinne Coderey, Daniel W. Fillion, mise en scene : LLUIS P A S Q U A L Georges Mavros, Redjep Mitrovitsa, décor et costumes : Bernard Nissille, F A B I À Grégoire Oestermann, PUIGSERVER Philippe Pastor, Bernard Saint Omer, musique : Philippe Sazerat, R I A JOSE P Emiliano Suarez, L A G A Z A A R R I Mehmet Ulusoy, Richard Vachoux, Production O D É O N • THEATRE D E l'EUÎOF Christine Vezinet, en coproduction avec L A COMÉDIE D E GENÈVE En tournée: à la Comédie de Genève du 23 novembre au 12 décembre 1990 Bruno Wacrenier décor et costumes : F A B I À PUIGSERVER musique : JOSEP MARIA ARRIZABALAGA Pièce sans titre : est paru dans le tome 4 du "Théâtre de Federico Garcia Lorca" aux Editions Gallimard. Avec : Alfonso del Real, Pedro del Rio, Chema de Miguel Bilbao, José Antonio Correa, Cesàreo Estébanez, Juan Polanco, Marisa Paredes, Imanol Arias, Joaquin Molina, Carmen Rossi, Jesùs Castejon, Juan José Otegui, Walter Vidarte, Flora Maria Alvaro, Juan Echanove, Miguel Zùniga, César Sànchez "Il y a aujourd'hui seize ans, la révolution de juillet éclatait. Ce soir-là, les théâtres reçurent l'ordre de ne point fermer quoiqu'on se battît déjà sur les boulevards. A la Porte Saint-Martin on donnait je ne sais quel mélodrame... On entendait du dehors la rumeur, les cris, et les coups de fusil... Les acteurs jouaient avec accablement et sans savoir ce qu'ils disaient. Tout à coup, au milieu d'un acte, un groupe effaré entre dans la salle avec des sabres nus et le drapeau tricolore, portant un jeune homme sanglant qui venait d'être tué par la fusillade à la porte même du théâtre et criant: «Misérables I pendant qu'on égorge vos .frères, vous jouez la comédie!» Cela fit tomber la toile. " Victor Hugo, "Choses vues", ™ro WÊÊÈÊÊBm 5 ■■1 _ ■ Ife octobre • 18 n o v e b r e ï fi :, LNS TITRE :S;.S3 tliffiSïi < 5^1Sïr^ïxï'ft>w Hl, ®ï ■HHBHHI ( 1 • -^ÎSbS BiiipMin^pi 3®SStS pÉMH^pÉ buSiAiiipHb américain, creee après l'assassinat du poète, La maison de Bernarda Alba. Mais un autre chemin court en parallèle dans sa production, celui d'une écriture qui révolutionne les formes du théâtre: le poète s'y offre au public comme matière même du drame, officiant d'une aventure douloureuse et surprenante. Deux oeuvres en naissent, complémentaires et opposées comme les deux faces d'une même médaille: Le Public et Pièce sans titre. Avec Le Public, Lorca entreprend un voyage initiatique intérieur, une descente aux enfers qui met à vif ses passions : l'amour sous toutes ses formes, le théâtre comme art sublime du mensonge, menacé pourtant de sclérose et de stérilité, tenté par la fabrication de vérités artificielles. Revenu de ce voyage intérieur, remonté à la surface, le Lorca "civique" écrit Pièce sans titre, réaction violente et passionnée contre le confort d'un théâtre culturel. Implacablement, viscéralement, il force le théâtre à se nourrir de la vie, à se remplir d'"hommes et de femmes de chair... et celui qui ne voudra pas entendre n'aura qu'à se boucher les oreilles". Après Le Public, que nous avons présenté ici-même en 1988, voici Pièce sans titre. Une même exigence nous tient: demeurer à la hauteur des sentiments et de l'intégrité éthique de Lorca. Que sa poésie nous y aide. Lluis Pasqual 9 0 sept sept. IO psalmodie en grec ancien d'après Prométhée enchaîné ESCHYLE Approcher Eschyle à travers le grec ancien, à travers la métrique, la scansion, le rythme adaptation du vers pour mieux révéler la DIDO LYKOUDI force et la beauté de la langue, la richesse de la musicalité spectacle concu par illustrative du tragique grec. DIDO LYKOUDIS Narrer par là le destin de io, fille du dieu-fleuve Inachos, mise en scène désirée par Zeus, bannie par NICO PAPATAKIS son père pour ne pas attirer musique la colère des Dieux, OLIVIER DEJOURS transformée en génisse par Zeus pour mieux abuser d'elle, harcelée sans cesse par percussions CLAIRE TALIBART un taon, vengeance d'Héra, épouse légitime de Zeus. lumières Chanter le périple à travers DENIS ARLOT les terres, les mers et les océans de cette femme victime de la violence persécutrice des Dieux. Dido Lykoudis Production ODE ON o THEATRE DE L'EUROPE, LE PERIPLE DE DIDON FESTIVAL D'AVIGNON Dans les temps les plus anciens, un sultan possédant puissance et richesse, désirait la seule chose en ce monde qui lui était refusée : un enfant. Lors d'un pèlerinage au lieu saint, un ange lui apparaît, éblouissant de lumière, lui remet une pomme et lui ordonne d'en donner les épluchures à sa jument et le coeur à la sultane ; il lui annonce qu'un garçon naîtra... Ce conte traditionnel kabyle appartient à un recueil de contes et légendes berbères : Le grain magique. Les textes, filtrés par les siècles et arrivés de bouche en bouche jusqu'à Fadhma Aïth Mansour Amrouche, ma grand'mère, dernier maillon d'une chaîne d'aèdes, ont été légués à sa fille Taos qui les a "fixés" en cette langue française "presque aussi chère et familière", disait-elle, que sa langue maternelle : le berbère. Je ferai, moi, sa fille, acte de piété filiale en perpétuant, dans ce monde qui est le mien, cette lignée, cette tradition orale que certains disent millénaire. Laurence Bourdil Le grain magique est paru aux Editions La Découverte. ROUNDJA LA JEUNE FILLE PLUS eu"r5pje Ia. 8| [iiïïi ■ BELLE QUE LUNE ET »3']VT7i QUE ROSE TAOS AMROUCHE projet concu et interprété par LAURENCE BOURDIL réalisé avec la participation de DERRY BERKANY costumes MIRÙNA BORÙZESCÙ musique SAÏD AKHELFI lumière KIMON D I M I T R 1A D I S BERNARD CHARRON Production ODÉON-THÉÂTRE DE L'EUROPE COMPAGNIE LE GRAIN MAGIQUE LOS CAMINOS DE FEDERICO TEXTES DE FEDERICO en langue espagnole J'ai toujours éprouvé un sentiment de rejet, de dégoût même, pour la poésie "jouée" sur un plateau. Mais on sait aussi qu'au théâtre, on ne peut faire d'affirmations trop catégoriques. Lorca écrivait des poèmes et avait besoin de les dire à haute voix, à un auditoire, ou plutôt de les "sentir" en présence des autres, de les faire passer par leur présence, la présence de leur émotion. C'est après un an d'un intense travail avec Alfredo Alcon, un "grand" et un "maître" du jeu, après une promenade dans les sentiers les plus secrets de Federico, de El Publico, que nous avons décidé d'entreprendre ce parcours émotionnel à travers son oeuvre, ses poèmes, ses conférences, ses textes de théâtre, imaginant ses états d'âme, ses jubilations et sa douleur. Nous sommes arrivés, je crois, à dire son parfum. Alfredo est le seul des acteurs que je connais qui puisse le faire. Il n'est pas Lorca, il est peut-être bien plus : il est son sentiment. Lluîs Pasqual mis en scene par LLUÎS PAS Q U A L interprétés par ALFREDO Production CDN E« Generc d "Maudite soit la paix", s'écrie Richard à l'ouverture de la pièce. La guerre est son métier, la terre son champ de bataille, les armes son seul blason. Et voilà que la paix l'oblige à déposer les armes, lui le dernier-né de la dernière guerre, petit frère inachevé de deux grands princes, lui l'avorton violent d'une époque de violence. national Rejeté par sa mère dès la naissance, exclu du cercle d'affections familiales, inutile de chercher loin les clés de sa rage de conquête et l'emprise de sa séduction. Le personnage dévore la scène et attire depuis toujours les plus grands interprètes, pour mieux les prendre au piège du one-manshow. Richard III est un portrait célèbre, mais c'est un tableau complexe, à la fois figure fascinante d'un tyran et peinture d'une société minée par la tyrannie. La surprise aujourd'hui, c'est de redécouvrir cette Angleterre médiévale, au-delà de son envahissant premier rôle, et d'éprouver sa souffrance dans les plaintes de ses femmes. Les temps modernes connaissent trop bien ces régimes pour qu'il soit nécessaire de souligner les continuités. Ces échos, ces résonances, nous les avons vécus de près en Roumanie. En fait d'exemples, nous souffrons plutôt d'un embarras de richesses. Le spectacle n'impose pas d'équation facile entre le passé et le présent, il veut relier sans les confondre le Moyen-Age au monde contemporain, faire entendre à neuf cette grande pièce politique dans toute sa subitilité, son actualité terrifiantes. theatre Richard III et King Lear, deux spectacles interprétés par les mêmes comédiens et présentés en alternance dans la grande salle, en langue anglaise, sur-titrés en français; avec : David Bradley, Brian Cox, Susan Engel, Clare Higgins, Derek Hutchinson, Peter Jeffrey, lan McKellen, Joyce Redman. mise en scène RICHARD Productions NATIONAL THEATRE présentées en tournée avec le soutien de Guiness RICHARD Richard Eyre prend en 1988 E Y R E la succession de Peter Hall à la direction artistique du National Theatre dont il ouvre tout grand décor les portes à la nouvelle généraBOB CROWLEY tion; parmi les jeunes metteurs en scène qu'il s'adjoint, Declan Donnellan, Deborah Warner et Nicholumière las Hytner comptent parmi les trois JEAN K A L M A N plus brillants grands espoirs de la scène britannique. musique D O M I N I C MULDOWNEY Richard Eyre Propos recueillis par Dominique Goy-Blanquet III lan McKellen, qui interprète ici le rôle de Richard III, fonde avec quelques autres au début des années 70 une Compagnie d'Acteurs . Bien qu'il se mette rapidement à jouer des rôles importants à la Royal Shakespeare Company, ses tendances à l'appellation non contrôlée l'incitent sans cesse à fonder des sortes de * noyaux alternatifs tant à l'intérieur de la Royal Shakespeare qu'au sein même du National Theatre. C'est avec Tune d'elles, la McKel- » len-Petherbridge Company qu'il nous a déjà rendu visite en 1986 | avec The Real Inspector Hound de Stoppard et The Critic de Sheridan, suite à son extraordinaire succès dans Acting Shakespeare, en 1983, au Petit Odéon. |j "u'RS'I gag ■ •M™ national Monter une pièce de Shakespeare, c'est un travail de détective. Le texte contient toutes les clés - au metteur en scène de repérer les indices, de suivre les pistes fléchées, de découvrir sa cohérence - pour qu'apparaisse la trame, indéfiniment modulée par les partitions des acteurs. Lear joue les vieillards pour attendrir son monde, mais sa puissance theatre Deborah Warner, aujourd'hui tout admirable depuis celle qu'en a faite Brian Cox est un acteur écossais Peter Brook. qui très tôt dans sa carrière s'est juste âgée de 3 I ans, fonde dès spécialisé dans les grands rôles 1980 sa propre compagnie, le d'Ibsen et a opté pour le réalisme Kick Theatre, sans subvention d'auprolifique du Royal Court. cune sorte,- elle instaure d'emblée un Il a joué au sein de la Royal Shakesstyle de mise en scène simple et étonpeare Company, comme du Nationamment fort. Pour la Royal Shakesnal Theatre un grand nombre de peare, elle a dirigé Brian Cox dans rôles de premier plan. Titus Andronicus - invité la saison Son immense succès dans Titus dernière aux Bouffes du Nord - mise Andronicus, mis en scène par en scène considérée comme la plus Deborah Warner, il y a deux ans, lui a ouvert la voie vers le rôle de Lear. Il est, par ailleurs, une figure prépondérante dans l'enseignement dramatique en Grande Bretagne. 2 1 n est intacte et il garde ses filles en tutelle - l'aînée l'a presque rattrapé en âge à force d'attendre sa majorité. Le partage du royaume n'est pas une scène publique - l'absence des dignitaires de la Cour est un indice - c'est une affaire de famille, une fête pour les fiançailles de Cordelia. L'atmosphère est joyeuse, un peu turbulente, et Lear fait l'enfant gâté, il exige que tout le monde joue. Ses filles doivent donner la bonne réponse au jeu des questions pour recevoir leur dot longtemps différée. Le jeu au fond est très sérieux, mais il n'est d'abord que cela, un jeu de société. Ce qui fait la richesse de cette pièce est paradoxal. Sa dimension épique, ses tensions politiques s'éprouvent par le biais du familial, du familier. C'est par son aspect domestique que nous l'abordons, au plus près de l'expérience commune ; c'est en explorant ses ressources comiques que nous espérons toucher au vif la tragédie. Lear parcourt tout l'itinéraire de la souffrance humaine jusqu'à ce que son cœur se brise. Lear peut nous briser le cœur s'il a commencé par nous faire rire. d é c b r e 9 0 KING LEAR WILLIAM SHAKESPEARE mise en scène : D E B O R A H WARNER décor: HILDEGARD lumière: JEAN KALMAN musique : D O M I N I C MULDOWNEY Deborah Warner Propos recueillis par Dominique Goy-Blanquet BECHTLER 3 fév. 90 Que la lente et grotesque métamorphose de l'Ange Rebelle fasse de lui un mutant de science-fiction ou de film d'horreur, ou qu'elle le fasse évoluer vers un avatar de maître de l'Enfer, ou du Ciel, ou quoi que ce soit d'autre..., le fait est que pour le sujet qui nous préoccupe, il est recommandé de procéder avec prudence, de n'avancer que d'un fait établi vers un autre, d'un petit caillou blanc vers un autre petit caillou blanc, jusqu'à ce que notre chemin de petit poucet nous ait conduit à quelques centimètres de notre destination. O D E O N 20 nov. • 2 déc. 90' LA CHUTE QUINZAINE DU DE NATIONAL THEATRE STUDIO LANGE REBELLE R O L A N avec VALÉRIE DRÉVILLE mise en scène : CLAUDIA STAVISKY lumières CARLOS STAVISKY conception sonore SERGE CHAMBON Production ODÉON-THÉÂTRE DE L'EUROPE, COMÉDIE FRANÇAISE Le texte de la pièce est à paraître aux Editions Théâtrales. Roland Fic/ief travaille en Bretagne, à Saint-Brieuc. Il anime une Compagnie professionnelle : le Théâtre de folle pensée.. Ses dernières pièces ont été jouées en France, en Allemagne et en Tunisie. Il a écrit La chute de l'ange rebelle au retour d'une résidence d'auteurs dramatiques à la Chartreuse de Villeneuve-Lez-Avignon. L'accueil du National Theatre avec deux Shakespeare dans la grande salle sera l'occasion de découvrir d'autres aspects du théâtre britannique. Le NATIONAL THEATRE STUDIO, antenne de la grande maison, est destiné à la recherche de nouveaux auteurs et regroupe de jeunes acteurs et metteurs en scène professionnels, sous la direction de Peter Gill. Il viendra "occuper" le Petit Odéon deux Semaines durant: lectures en français, spectacles en anglais de pièces créées au National Theatre Studio, rencontres autour de la mise en scène aujourd'hui en Grande-Bretagne. d'après le journal de M A R I E MADEMOISELLE MARIE Le journal de Marie Bashkirtseff témoigne des contradictions et des conflits qu'a pu vivre une femme ayant fait le choix d'une carrière artistique. Il accompagne sa longue marche vers sa libération, sa renaissance comme femme-peintre qui comprend qu'on l'a trompée, qu'il est temps d'être elle-même. Ce cri sera étouffé par la maladie et par la mort. La phtisie l'a tuée certes, dans une société qui, non contente de l'avoir mystifiée pendant sa vie, la mutilera après sa mort. Colette Cosnier Marie Bashkirtseff. Un portrait sans retouches programme précisé ultérieurement F F B A ia rs • 2 8 i a r s 91 mise en scène ERIC TARAUD adaptation ISABELLE et interprétation H A B I A G U E costumes BARBARA RYCHLOWSKA musique LEOS JANACEK Production ODÉONTHÉÂTRE DE L'EUROPE Mademoiselle Marie a été créé dans le cadre du Festival de Poésie du Haut-Ailier, en septembre 1989. â: m 2 8 9 1 /ienne est aux mains des soueneurs, matrones et patronnes, dans une atmosphère de liesse Dopulacière, de dépérissement Production de l'Etat, d'affaiblissement des ODÉON • THÉÂTRE DE L'EUROPE, /aleurs. Crise de régime: le THÉÂTRE DE VIDY - LAUSANNE, MAISON DE LA CULTURE DU HAVRI 3uc, Vincentio, doit céder le avec le soutien de la Ville de Clermont-Ferrand mouvoir à Angelo, le bienîommé, chargé de rétablir l'orA T WILLIAM SHAKESPEAR dre moral. Mais qui veut faire 'ange... La tentation est là qui guette, narquoise : Angelo désire MESURE POUR MESURE : ollement une jeune novice du Mesure pour mesure dans la traduction traduction de JEAN-MICHEL DÉPRATS :ouvent de Saint-Clare! Et tous de Jean-Michel Deprats est à paraître es moyens lui seront bons! A aux Editions Acte Sud / Papiers. mise en scène PETER ZADEK sortir de là, la pièce se mue en nécanisme de dévoilement, décor et costumes JOHANNES GRÛTZKE conduit à la fois par le Duc déguisé en moine et par Luciolumières ANDRÉ DIOT ia-gouaille: double jeu, compronissions souvent criminelles, lois En fournée d'avril à juin 91 : Clermont-Ferrand, Lausanne, Villeurbanne, Chambéry, Le Havre. détournées de leur finalité sont dénoncées. Mais la comédie Peter ladek, berlinois de Enzenberger, Dorst... C'est à santes: Othello en 1976; Les avec sérieuse fait bon ménage avec naissance, émigré dès l'âge de Shakespeare cependant qu'il Noces de Figaro, sa première la farce-déguisement, substisept ans à Londres avec ses reviendra le plus souvent Mesure mise en scène d'opéra, en 1983 ; le Roland Amstutz, parents qui fuient le nazisme. Il y pour Mesure, qu'il met en scène "musical" Ghetto de Joshua tutions, malentendus, etc. A traPascal Bongard, montera ses premiers spectacles, pour la troisième fois, est sa Sobol, en 1984; Lulu de Ariel Garcia Valdès, vers cette dénonciation, tous dont la création mondiale en dix-septième confrontation avec Wedekind, en 1988, accueilli l'an les partis-pris, voire toutes les Isabelle Huppert, 1947 du Balcon de Jean Genet. l'auteur. Par deux fois, il a dirigé dernier par le Festival d'Automne .idéologies sont dénoncés: le Jean Claude le Guay, C'est à 32 ans qu'il retourne en de grands théâtres allemands : à Paris. François Marthouret, désir intempérant de l'idéoloAllemagne.il ne cessera alors de de 1972 à 1975, le Théâtre de Mesure pour Mesure est sa gue, la tyrannie de qui veut sillonner le pays, mettant en scène Bochum; de 1985 à tout première mise en scène en langue Christine Pignet, tout ordonner, tout autant que Molière, Camus, Ionesco, Wilde, récemment, le Deutsches Schaus- française. Anuschka Renzi, O'Casey, Osborne, Bond, pielhaus de Hambourg. Parmi ses les excès de l'ascétisme, ou une Béatrice Romand, Ayckbourn, Schiller, Wedekind, mises en scène les plus retentischasteté qui relève de l'angéHeinz Schubert... lisme. Mais Shakespeare n'est pas homme à se satisfaire de mécanismes : la fragilité intime du moi, la conviction qu'elle améliore même les meilleurs, nous ramènent àj'homme, à tout l'homme, "riên qu'un homme". Mais il faut situer celui-ci à l'intérieur de ce qui fait sa culture et son huma- nisme; et;pour illustrer l'échec du manichéisme simpliste d'Angelo, un style inimitable nous propose quelques débats sur la justice et sur la charité, sur l'amour et sur la loi, dans ce qui est la mise en scène d'un mot du Sermon sur la Montagne : "Mesure pour Mesure". Armand Himy 4 avr. DE N 2 8 a v r. 9 1 HISTOIRE FÉLIX Le héros de Histoire d'un idiot nous entraîne avec un enthousiasme féroce vers les sommets en haut desquels la civilisation contemporaine a planté les petits drapeaux du bonheur: l'enfance, l'amour, le sexe, le militantisme politique, la religion, l'argent, la spéculation spirituelle, l'art, pour nous en faire dégringoler d'une terrible pichenette. mise en scène et interprétation : CHRISTIAN PLEZENT traduction : ÉRIC BEAUMATIN adaptation : MICHELINE BOURGOIN scénographie, lumières : GÉRALD LAFOSSE production ODÉON • THÉÂTRE DE L'EUROPE, COMPAGNIE CHRISTIAN PLEZENT Félix de Azua est né à Barcelone. Professeur d'esthétique et de philosophie, puis lecteur à l'Université d'Oxford, c'est actuellement l'un des créateurs les plus inventifs dans les domaines de la poésie et du roman. Lecteur assidu de Cervantès, bien sûr, mais aussi de Hegel, Hôlderlin, Dante, il porte sur l'Espagne d'aujourd'hui un regard d'une lucidité diabolique. Parmi ses romans, Histoire d'un idiot racontée par lui-même, paru en 1987 aux éditions Sylvie Messinger, a connu un très vif succès. D'UN U A IDIOT QUATRE HEURES A CHATILA J'avais passé quatre heures à Chatila. Il restait dans ma mémoire environ quarante cadavres. Tous - je dis bien tous - avaient été torturés, probablement dans l'ivresse, dans les chants, les rires, l'odeur de la poudre et déjà de la charogne. Sans doute j'étais seul, je veux dire seul Européen (avec quelques vieilles femmes palestiniennes s'accrochant encore à un chiffon blanc déchiré; avec quelques jeunes feddayin sans armes) mais si ces cinq ou six êtres humains n'avaient pas été là et que j'aie découvert cette ville abattue, les Palestiniens horizontaux, noirs et gonflés, je serais devenu fou. Ou l'ai-je été ? Cette ville en miettes et par terre, que j'ai vue ou cru voir, parcourue, soulevée, portée par la puissante odeur de la mort, tout cela avait-il eu lieu ? Il regarda mon passeport. Il dit, en français : - Vous venez de là-bas? (Son doigt montrait Chatila) - Oui. - Et vous l'avez vu ? - Oui. - Vous allez l'écrire? - Oui. Jean Genet production :MAISON DE LA CULTURE DU HAVRE • ODÉON THÉÂTRE DE L'EUROPE • Conseil Régional de Haute Normandie TRANSFIGURATION d'après la nouvelle de SIBILLA ALERAMO Sibilla Aleramo a été la muse de l'Italie du début du siècle. Cet auteur à la vie tumultueuse est né en 1876, s'est marié à 16 ans, a rencontré tous les grands et les futurs grands de la littérature italienne. Elle les a écoutés, elle les a aimés, elle les a conseillés. En 1960, avec sa mort, c'est l'équivalent d'une Lou Andréa Salomé ou d'une Simone de Beauvoir qui disparaît. Transfiguration est ia parole méprisante, haineuse et compatissante que Sibilla adresse à l'épouse de son amant. Il s'agit d'un grand pas dans l'identité de la femme européenne. C'est Assumpta Sema, la révélation du film Matadore et de la pièce l'Ange de l'information de Moravia, qui incarnera cette femme de feu. Jacques Bâillon 7 mai • 26 mai 91 jean genet mise en scene : ALAIN MILIANTI Quatre heure s à Chatila est paru dans la Revue d'Études Palestiniennes n° 6, hiver 83. ODEON 1er juin • 16 juin 1991 traduction et adaptation : RENÉ DE CECCATTY mise en scene : JACQUES BAILLON avec : ASSUMPTA SERNA producti THÉÂTRE ODEON • L'EUROPE Je l'ai connu à Paris. Ce jourlà, je me suis promené avec lui, nous avons mangé ensemble, nous sommes allés au théâtre voir l'Opéra de Pékin. Je lui ai montré un livre sur le Barcelone des années 50, époque où il vivait près du port, là où se passe le Journal d'un voleur. Je ne me souviens jamais des dates mais nous avions vu ensemble les funérailles du maréchal Tito à la télévision. Par la suite, nous nous sommes rencontrés plusieurs fois. Dans un aéroport, une gare... des endroits qu'il aimait. Il me fascinait et j'avais en même temps très peur de le rencontrer: en une phrase il était capable de détruire toutes les idées que j'avais dans ma tête de militant antifranquiste. Nous passions des heures en silence. Il aimait ça. Puis il me dictait des questions que je devais, moi, lui poser, et il me répondait calmement. Il était comme le grandpère poète rêvé. Je voulais monter Le Balcon à l'époque. J'essayais de le faire parler des "secrets" de la pièce. Il me disait, "vous me parlez d'une pièce qui ne m'appartient pas. Je l'ai déli- vrée il y a longtemps et je l'ai oubliée". Le jour où je suis allé le chercher à l'hôtel Chamartin, à côté de la gare du même nom, à Madrid, il a demandé l'adresse d'un bon restaurant au portier de l'hôtel et pour le remercier lui a donné un pourboire qui devait presque correspondre à l'époque à son'salaire hebdomadaire. Personne ne savait où j'étais. J'avais seulement dit au Théâtre, à Barcelone, que j'allais le voir et dans quel hôtel il logeait. Plus tard au restaurant j'ai entendu crier mon nom par un garçon: on m'appelait au téléphone. Comme cela me semblait impossible, j'ai imaginé qu'un autre client s'appelait comme moi. Après plusieurs essais, le garçon a précisé nom et prénom. On m'appelait de la part de Placido Domingo. A l'époque je devais monter mon premier opéra et Domingo devait chanter. Par un circuit compliqué et avec une belle ténacité, une fille qui travaillait au théâtre de la Zarzuela, à Madrid, avait réussi à me joindre (Madrid-Barcelone-Madrid-Hôtel Chamartin, portier content et reconnaissant, etc.). Revenu à table, je lui ai expliqué l'affaire. Lui, mi-moqueur, mi-sérieux m'a répondu : "Plus tard, dans quelques jours, vous allez apprendre que cet opéra n'existe pas et Monsieur Domingo non plus. Il s'agit tout simplement de vérifier la compétence des services de police : savoir s'ils peuvent trouver un citoyen n'importe où et à n'importe quelle heure. Cela pourrait LE 1 2 A T O N BALCON I u n 9 1 être une scène du Balcon. Le Balcon c'est aussi une façon de raconter l'histoire, celle de l'Espagne par exemple, c'est-à-dire celle de l'humanité". Pour cela peut-être et pour mille autres raisons que je ne peux expliquer, je veux me plonger dans cette énorme pièce, dans cette langue magnifique. Peut-être pour lui, le plus grand chercheur et surtout le plus grand possesseur de vérité que j'aie connu. Nous avons besoin d'entendre ses mots, cette métaphore, espèce de . grand auto-sacramental laïc et ®' impitoyable: pour Calderon, la vie est un songe, pour Shakespeare, le monde est un théâtre, pour Jean Genet le monde est un bordel. Lluis Pasqual JEAN GENET mise en scène LLUIS PASQUAL décor et costumes F A B I À PUIGSERVER lumière PASCAL MERAT avec : Myriam Boyer, Jean Dautremay, Daniel Emilfork, Lisette Malidor, Geneviève Page. Distribution en cours Production ODÉONTHÉÂTRE DE L'EUROPE 1 1 I u KURT WEILL REVUE 9 1 I " BILBAO, YOUKALI, ALABAMA mise en scène et chorégraphie: Montage scénique avec des Lieder, des Chansons et des HELMUT BAUMANN et JÛRG BURTH Songs de Kurt Weill, piano et orchestre 3 0 décor : M A N F R E D direction musicale : DR. PETER D I T T R I C H K E U F C H N I G Kurt Weill, auteur des plus célèbres chansons de Brecht, s'est exilé en 1933, est resté quelques mois à Paris, puis en 1934, est parti pour New York où il a rejoint Brecht, Max Reinhardt et les autres. Il y est resté jusqu'à sa mort, est devenu un bon compositeur de Broadway, et ses musiques bien carrées ont perdu leur agressivité, leur dérision vénéneuse. La Revue offre, dans l'ordre chronologique, un patchwork des trois périodes, qui s'organisent autour de trois femmes. Angelika Mistler, d'abord, plantureuse blonde platinée, un peu comme le rêve ringard d'une Amérique de vieille carte postale pour immigrés. C'est le caractère même de Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny et de Happy end dont sont tirées presque toutes les chansons. Naturellement, on ne peut pas parler de Kurt Weill et de l'Allemagne sans nommer l'Opéra de quat'sous. Helmut Baumann et Jurg Burth l'ont traité en ballet. Puis entre une femme en manteau, Hana Hegerova. D'une voix grave, elle détaille Le Grand Lustucru. C'est le début de la période française. Pendant son séjour en France, Kurt Weill a écrit de magnifiques chansons cruelles, comme cette Complainte de la Seine, sur des paroles de Maurice Magre. Enfin, avec une troupe bien rodée qui, autour d'une formidable clownesse australienne, Gaye MacFarlane, s'amuse et fait partager son bonheur, Helmut Baumann réussit un pastiche impitoyablement drôle du rêve nunuche américain. avec Angelika Milster Hana Hegerova Gaye MacFarlane Pascale Camele, F. Dion Davis, Eric Lee Johnson, Jeffry Judson, Cush Jung, Martin Pichler, Monica Solem, Sylvia Wintergrun Zimba Athaualpa, Anastasia F. bain, Michelle Becker, Barbara Biedermann, Friedrich Bùhrer, Janet Calvert, Theresa Crumb, John Daley, Ulf Dietrich, Goetz Hellriegel, Archie Kent, Joël Kirby, Oliver Konrad, Julia Timmons, Martin Williams, Guido Zimmermann Colette Godard Le Monde 15/7/89 LA ROUMANIE UN AN APRÈS... L'ACADÉMIE et OUSSi... EXPÉRIMENTALE DES THÉÂTRES Culture roumaine: de la résistance à la renaissance? La Roumanie sort difficilement de son trop long hiver. Durant cette épreuve épuisante, la culture, bien que bâillonnée, menacée, mutilée, a servi de principal levier de résistance. Mais cette culture, prise dans un combat que l'on croyait sans QUINZAINE DES fin avec la dictature, resta enfermée, inconnue. Aujourd'hui il temps de la découvrir et de lui donner ainsi une chance AUTEURS CONTEMPORAINS est nouvelle de reprendre son souffle. Après la résistance, la renaissance peut-être. Toute une semaine de spectacles 10.23 février 91 roumains, de concerts, d'expositions va permettre de faire le tour de cette culture jadis assiégée mais qui malgré cela a pu engendrer des oeuvres d'un très haut niveau. Cette culture et Quand le texte prend la parole ses représentants les plus éminents entendent rester toujours Aider l'écriture à prendre la parole et le faire dans un climat de les surveillants vigilants du pouvoir... Il ne faut jamais assimiler réflexion et de complicité, tel est l'un des buts de ce forum les artistes aux politiques d'un pays et la Roumanie actuelle qu'est le Petit Odéon. invite, une fois encore, à ne pas oublier ce principe. C'est à ce travail qu'il est nécessaire de faire participer des Georges Banu spectateurs attentifs : à cette étape de la lecture où la parole sort du tête-à-tête pour toucher une écoute diverse, une * détail du programme communiqué ultérieurement audience, afin de lui faire entendre la possibilité et la nécessité du théâtre. Convaincue de ce que la Semaine des Auteurs concourt à rendre présentes, à travers les textes qu'elle promeut, les paroles qui sont à naître comme celles des oeuvres neuves, ou celles qui restent en dehors de notre provincialisme, comme, par exemple, celles de la francographie, l'équipe de l'Odéon-Théâtre de l'Europe a décidé de mettre en place une Quinzaine des Auteurs. Jacques Bâillon L'Odéon - Théâtre de l'Europe, partenaire de l'Académie Expérimentale des Théâtres, ouvrira ses portes une semaine durant au Concert des acteurs, quatrième volet des activités de l'Académie après le Colloque Art et Liberté autour de Tadeuz Kantor à Cracovie, Les leçons d'Avignon de Tadeuz Kantor en mai 90 et le colloque Est-Ouest: Théâtres sans rideau de fer au prochain Festival d'Avignon 1990. Du 9 au 16 décembre, un groupe de jeunes metteurs en scène va rencontrer et travailler avec des acteurs de grande expérience venus de divers pays d'Europe. Que disent-ils de leur art? L'expérience théâtrale peut-elle s'échanger ? Y-a-t-il des secrets à transmettre ? Ce savoir peut-il s'acquérir, ou tout, à chaque fois, doit-il être recommencé ? Les soirées de cette semaine consacrée à l'Académie seront l'occasion pour chacun de ces grands acteurs, de présenter au public un spectacle - monologue de son choix. COÉDITION L'Odéon - Théâtre de l'Europe a débuté son activité éditoriale par la coédition avec la revue Alternatives Théâtrales d'un numéro consacré à Bernard-Marie Koltès. Ce dossier, coordonné par AnneFrançoise Benhamou, sera disponible en librairie à partir de la fin juin 90. SÉMINAIRE DE FORMATION L'Odéon - Théâtre de l'Europe, l'Université Paris-Dauphine et l'Association Française d'Action Artistique se sont associés pour organiser un séminaire sur le Théâtre dans les grands pays européens. Ces journées d'étude porteront sur l'organisation du théâtre, le fonctionnement des institutions dramatiques, les méthodes de production et le statut des artistes dans les grands pays de la Communauté Européenne. Le séminaire de formation se tiendra les 21 et 22 mars 1991, et s'adressera aux professionnels du spectacle, aux journalistes, aux étudiants ou à toutes autres personnes intéressées.