OBSERVATION Trouble progressif de la mémoire Mr. A, 75 ans Magistrat retraité Venu seul en consultation Le RDV a été pris par son épouse Se plaint spontanément de difficultés de fixation des faits et informations récentes d’installation progressive depuis environ un an alors que sa mémoire ancienne est préservée Arrêt récent de ses travaux d’expertise Son épouse (qui le rejoint en fin de consultation) rapporte une aggravation des troubles depuis 6 mois et semble plus inquiète, ajoutant l’apparition d’une irritabilité Entretien informatif, sans trouble du langage Pas de syndrome dépressif ni anxieux Pas de retentissement sur l’autonomie Examen neurologique et général normal MMS = 27/30 2 7 Test des 5 mots : apprentissage : 3 + 2 mémoire : 3 + 1 Pas d’apraxie gestuelle Pas de manque de mot en dénomination Bilan neuropsychologique Objectifs de l’examen neuropsychologique Etablir un profil neuropsychologique précis permet de tester les hypothèses diagnostiques évoquées par le neurologue : Déterminer le profil mnésique (crucial dans l ’hypothèse d ’une MA puisqu’il s ’agit d ’un signe inaugural) Contrôler si les autres secteurs cognitifs sont épargnés Apprécier la sévérité des troubles : Etat démentiel ou pas Evaluation de la mémoire antérograde Le choix des outils d’évaluation de la mémoire est dépendant de l’hypothèse à tester. Dans l’hypothèse d’une MA, c’est l’étape de stockage qui doit être évaluée le plus précisément possible au risque de rendre l’encodage artificiel afin d’avoir la certitude que l’information est passée en mémoire à long terme. Quelles peuvent être les causes d’un trouble de la mémoire antérograde ? Atteinte Frontale Stimulus Encodage Stockage Récupération Dépression APP, Démence sémantique Atteinte Hippocampique Rappel du stimulus Procédure de Grober & Buschke Grober, E & Buschke, H. Genuine memory deficits in dementia.Dev.Neuropsychol.1987,3,13-36. Spécificité de la procédure de Gröber & Buschke Encodage renforcé Encodage sémantique et visuo-spatial Plus un item est traité en profondeur (appel au traitement sémantique) plus il a de chance d’être rappelé. (Craik & Locart, 1972) Encodage contrôlé Chaque mot non rappelé immédiatement est systématiquement reproposé jusqu’à réussite de l’encodage. Evaluation de la mémoire épisodique verbale: Identification 16 / 16 Rappel indicé immédiat 16 / 16 Rappel libre 12 / 48 (5+3+4) Rappel total (libre + indicé) 33/ 48 (10+12+11) Réactivité à l’indiçage 58 % Intrusions 8 Rappel libre différé 2 / 16 Rappel total différé 8 / 16 Intrusions 12 Reconnaissance 15 / 16 Fausse reconnaissance 1 Définition du sd amnésique de type hippocampique (Dubois et Albert, 2004) Rappels libres pauvres malgré un bon encodage des informations (encodage renforcé et contrôlé) Rappels totaux (libre + indicé) déficitaires en raison d’une aide inefficace ou insuffisante de l’indiçage Nombreuses intrusions Atteinte des capacités de reconnaissance (fausses reconnaissances) Déficit de la MLT visuelle : Rey mémoire = 8/36 empan endroit = 6 empan envers = 4 Pas d’atteinte des fonctions instrumentales Langage DO 80 = 79 / 80 Pas d’apraxie gestuelle Pas d’apraxie visuo-constructive: copie figure de Rey Type 1 35/36 BREF:14/18 Diminution FV conceptualisation (similitudes) Conclusion : Efficience globale et OTS préservée Syndrome amnésique de type hippocampique verbal et visuel d’installation progressif Quelques éléments dyséxécutifs Anosognosie partielle Gêne dans la vie quotidienne sans retentissement sur l’autonomie Atrophie hippocampique bilat. Suspicion de MA prédémentielle (prodromal AD) Discussion thérapeutique / annonce diagnostique Bilan paraclinique Biologie : Normale IRM : Hypoperfusion amygdalo-hippocampique bilatérale Évolution : confirmation MA Aggravation du syndrome amnésique et anosognosique Installation troubles fonctions instrumentales Diminution de l’autonomie MMS = 21 / 30 après 4 ans ½ de suivi