Appel à communications Figures de la Grèce ancienne en France

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UniversitédeLille3–ALITHILAetInstitutuniversitairedeFrance
http://mythalexandre.meshs.fr/?set_language=fr
Appel à communications
Figures de la Grèce ancienne en France aux XIVe et XVe siècles
Journées d’études internationales 22-23 juin 2017
Université de Lille 3
Maison de la Recherche
Des journées d’études « Figures de la Grèce ancienne en France aux XIVe et XVe siècles »
seront organisées à l’Université de Lille 3 les 22 et 23 juin 2017.
Aux XIVe et XVe siècles, la Grèce suscite en France un engouement nouveau, dans une
tension entre admiration et méfiance face à l’altérité mal connue et/ou mal perçue tant de son
univers ancien que de son devenir byzantin. Alors que l’histoire romaine apparaît beaucoup plus
proche, d’emblée dans un rapport de continuité /contiguïté temporelle et géographique avec la
culture médiévale, et qu’elle impose sa présence massive dans les textes français, la perception de
la distance grecque est créée ou renforcée par l’obstacle linguistique et les conflits religieux et
politiques, ainsi que, pour une moindre part sans doute, par le mythe d’origine troyen que s’est
forgé l’Occident médiéval. Mais à partir du XIVe siècle et progressivement, les grandes figures de
la Grèce ancienne, mythiques et historiques, qui n’étaient certes pas ignorées aux XIIe et XIIIe
siècles (pensons à Alexandre !), voient leur importance, leur nombre et leur rôle s’accroître dans
les textes français.
Se multiplient en effet les traductions/adaptations d’œuvres latines qui évoquent à des titres
divers le passé de la Grèce ancienne, et les écritures françaises de l’histoire accordent une place
nouvelle à ce dernier. De nombreux héros et de nombreuses héroïnes de la Grèce ancienne entrent
dans différents univers scripturaires qui manifestent des exploitations littéraires et esthétiques, mais
aussi politiques, religieuses et éthiques très diverses. Ces nouveaux « usages » de figures grecques
entrent en résonance avec la redécouverte progressive de textes grecs à travers des traductions,
avec un imaginaire en évolution de la translatio studii et imperii - pensons entre autres à l’exaltation
renforcée de Paris et de son université comme « nouvelle Athènes », ou du duc de Bourgogne
comme « grand duc du Ponant », sauveur de la Grèce -, avec le recours plus fréquent à des exempla
de la Grèce antique dans la prédication, la littérature religieuse et les ouvrages d’éducation. A partir
de la fin du XIVe siècle aussi, on le sait, parallèlement à la multiplication des contacts, des voyages,
des missions, et au début d’une diaspora grecque en Italie, des tentatives de rapprochement,
religieux et politique, voient le jour avec la Grèce byzantine orthodoxe face à la montée de l’empire
ottoman, même si elles échouent lors du concile de Florence, avant que les ducs de Bourgogne ne
se rêvent en héritiers de la Grèce ancienne et sauveurs de la Grèce moderne et n’instrumentalisent
à des fins politiques l’histoire mythique de certains de ces héros, à commencer par Jason et Hercule.
Le présent colloque se propose d’étudier la présence et l’exploitation des figures de la Grèce
ancienne en France aux XIVe et XVe siècles, et les nouvelles formes d’ « actualité » qu’elles
prennent, avec l’évolution du regard et de l’interprétation des auteurs. Le corpus d’analyse pourra
s’étendre des écritures de l’histoire au sens très large aux traductions/adaptations de textes latins,
aux ouvrages didactiques, à la poésie et au théâtre. Il s’agira d’examiner quelles figures, mythiques
et historiques, les auteurs privilégient, comment et à quelles fins, dans des textes qui, à des titres
divers, évoquent, recomposent et exploitent un moment et un exemple de la Grèce ancienne, ou
donnent un récit plus continu de son histoire. Selon quelles voies souvent nouvelles et parfois
contrastées s’approprient-ils leur souvenir, tant la distance avec le monde grec ancien laisse place
aux jeux de l’interprétation et à la multiplicité des mécanismes d’assimilation et de réduction de
l’altérité ? Suivant quelles logiques et dans quelles intentions, et pour quels publics retravaillentils les portraits, les récits et leurs significations, en apprivoisant, en réduisant et en captant à leur
profit l’étrangeté des figures grecques mobilisées, ou bien au contraire en l’exacerbant ? Et dans le
premier cas, comment relient-ils les figures de la Grèce ancienne qu’ils réincarnent tant avec
l’Occident médiéval dans la vision qu’ils proposent de sa propre histoire – son lointain passé et son
présent, parfois son futur – qu’avec la Grèce byzantine contemporaine telle qu’ils la perçoivent ?
De l’intégration à des visions subjectives de l’histoire, de l’instrumentalisation politique à
l’allégorisation et la moralisation, pour l’exaltation de modèles exemplaires et la dénonciation de
contre-modèles, quelle place est-elle encore laissée à la séduction de l’étrangeté et de la différence,
à la rêverie sur l’autre et l’ailleurs ?
Par figures de la Grèce ancienne, nous entendons celles des origines jusqu’au IVe siècle avant
J.-C., soit avant la montée en puissance de la Macédoine et les règnes de Philippe et d’Alexandre,
objets de précédents travaux. L’enquête portera ainsi à la fois sur des figures mythiques, qu’elles
soient présentées comme fabuleuses et /ou très souvent intégrées à une vision de l’histoire, et sur
des figures historiques, celles de la Grèce jusqu’au IVe siècle que choisissent d’exploiter en France
les auteurs des XIVe et XVe siècles qui écrivent en français ou en latin :
-les figures mythiques de la Grèce ancienne : figures héroïques de l’histoire des origines
jusqu’au conflit troyen, figures mythologiques intégrées à l’histoire des origines, figures
prophétiques…
-les figures historiques de la Grèce ancienne jusqu’au IVe siècle, de l’histoire politique,
militaire ou intellectuelle des cités grecques, et notamment l’évocation des Grecs dans leur
affrontement des Perses pendant les guerres médiques.
Nous envisageons des communications sur des formes d’écriture différentes, qui à des titres
très divers exploitent une ou des figures grecques, avec (la liste n’est pas exhaustive) :
-l’exploitation accrue de la mythologie grecque des origines dans la littérature allégorique et
morale, avec l’Ovide moralisé et ses prolongements, qu’ils reprennent l’allégorisation ou tendent
à historiciser les « fables », la présence de cette mythologie dans des textes de prédication
-les écritures de l’histoire au sens très large
-histoires universelles, Miroir historial de Jean de Vignay, Renart le Contrefait, Miroir
des histoires, Livre de la Mutacion de Fortune et autres ouvrages de Christine de Pizan,
Bouquechardière, Fleur des histoires de Jean Mansel...
-compilations historiques (recueils sur les hommes et les femmes illustres, adaptations de
Boccace, textes sur les preux et les preuses)
-récits romancés autour d’un personnage (Jason et Hercule selon Raoul Lefèvre…)
-textes autour de l’actualité historique du XIVe siècle et du XVe siècle, notamment ceux
de la cour de Bourgogne, avec l’exploitation du mythe d’origine grecque pour conforter des rêves
d’expédition pour « sauver » la Grèce byzantine (Banquet du Faisan, George Chastelain, Olivier
de la Marche, Guillaume Fillastre, Michaut Taillevent, Jean Molinet et la Complainte de Grèce,
récits de mission en Grèce…) et pour conforter des ambitions de souveraineté.
-les traductions de textes latins, très divers (Boccace, déjà évoqué, Cité de Dieu d’Augustin,
Policratique de Jean de Salisbury traduit par Denis Foulechat, Dits et Faits de Valère-Maxime par
Nicolas de Gonesse et Simon de Hesdin, ouvrages scientifiques…)
-les textes didactiques, recueils d’exemples, traités politiques (Songe du Verger,
Policratique, Livre des échecs amoureux, Christine de Pizan…) ; encyclopédies, textes
scientifiques, notamment pour ces derniers à travers une histoire des origines des sciences et de la
philosophie dont la France, « nouvelle Athènes », se veut l’héritière ; prophéties des Sibyllles…
-la poésie (Guillaume de Machaut, Eustache Deschamps, Christine de Pizan, Molinet…)
-le théâtre (Hercule, la guerre de Troie…)
Des études sur les liens entre texte et image dans les manuscrits illustrés et sur les
représentations iconographiques des figures de la Grèce ancienne peuvent aussi être envisagées.
Ce projet fait partie du projet de Catherine Gaullier-Bougassas dans le cadre de l’Institut
Universitaire de France (2014-2019). Il s’inscrit dans le prolongement du programme de recherches
ANR, qui a été mené sur la création d’un mythe d’Alexandre le Grand dans les littératures
européennes (Xe- début du XVIe siècle) de 2009 à 2014 (http://mythalexandre.meshs.fr/) et dont les
travaux ont été publiés dans la collection « Alexander redivivus » de Brepols (dir. Margaret
Bridges, professeur à l’Université de Berne, Corinne Jouanno, professeur à l’Université de Caen,
Jean-Yves Tilliette, professeur à l’Université de Genève, et Catherine Gaullier-Bougassas,
professeur
à
l’Université
de
Lille
3) :
http://www.brepols.net/Pages/BrowseBySeries.aspx?TreeSeries=AR
Les articles issus des communications seront publiés.
Les frais d’hôtel et le repas seront pris en charge. Une prise en charge partielle des frais de
déplacement dépendra des subventions obtenues.
Contact : Catherine Gaullier-Bougassas, professeuràl’UniversitédeLille3,membrede
l’IUF
Les propositions sont à adresser (titre et texte de 20 lignes au plus) à Catherine GaullierBougassas avant le 15 juillet 2016 à l’adresse suivante :
[email protected]
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