
bonjour n°12 avril 2017
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Dossier
« La première aide que l’on peut
apporter est de guider l’aidant
dans ses démarches administra-
tives. Beaucoup de personnes sont
perdues et se demandent à quelles
prestations elles ont droit dans le
cadre de l’assurance-dépendance,
comment en profiter, à qui s’adres-
ser »
, poursuit Catherine Gapenne.
« Nous les informons et les orien-
tons sur la disponibilité des ser-
vices et leur expliquons comment
faire valoir leurs droits. Ensuite,
nous sommes là pour renseigner,
informer l’aidant par rapport à la
situation vécue par la personne
en difficulté de santé ou en perte
d’autonomie »
.
Apprendre à
s’épargner
Quand il s’occupe d’une personne
dépendante, l’aidant peut rapidement
perdre ses repères, se poser plein de
questions et se retrouver en situa-
tion de stress.
« Il faut qu’il trouve
une oreille attentive pour partager
ses inquiétudes et craintes. Il est
important de prendre le temps de
lui montrer comment bien pratiquer
certains gestes, adapter son com-
portement et s’épargner lui-même
pour qu’il soit, au final, plus effi-
cace »
, ajoute la directrice du service
Aides et Soins. L’aidant, par nature,
est dans une position bienveillante
par rapport à la personne dépen-
dante. Il veut s’assurer qu’il fait ce
qu’il faut quand il faut, sans craindre
de mal faire.
Les soins à domicile sont la pierre
angulaire du système de l’assu-
rance-dépendance au Luxembourg.
Ceux-ci permettent de maintenir
chez la personne malade, dépen-
dante ou handicapée une stimu-
lation des capacités, pour qu’elle
reste autonome le plus longtemps
possible.
« Le plus important pour
nous est de rapidement mettre
en place un cadre relationnel de
confiance entre l’équipe soignante
et la famille que l’on vient soute-
nir. Nous ne sommes pas là pour
bouleverser le quotidien, mais pour
nous adapter au mode de vie de
notre client et de son entourage
immédiat. Ce sont eux les experts.
Certes, nous venons avec notre
expertise métier pour tenter de
rendre l’expérience plus simple et
agréable. Mais nous devons avant
tout les écouter et bien comprendre
leurs attentes et veiller à respecter
leur expertise familiale »
, précise
Catherine Gapenne.
Un lien familial à
préserver
Pour soulager l’aidant, l’accueil de
jour est offert aux personnes qui
ne peuvent ou ne veulent plus res-
ter chez elles toute la journée et
qui sont mieux encadrées dans un
centre de jour spécialisé. La coordi-
nation des centres de jour se charge
d’assurer le transport du client du
domicile vers le centre ainsi que le
retour. Durant toute la journée, le
centre garantit non seulement l’ac-
cueil et les repas, mais également
des activités thérapeutiques ou de
loisirs. Pendant ce temps, l’aidant
peut profiter d’un peu de répit et
participer à différentes activités de
son choix, sortir, bouger, se ressour-
cer. Pour les patients qui ne peuvent
pas fréquenter les centres de jour, le
réseau assure des gardes à domicile
auprès de la personne dépendante
afin de libérer l’aidant quelques
heures par semaine pour lui per-
mettre un peu de répit.
Quelles que soient les actions
menées, elles contribuent à faire
en sorte que les aidants gardent
un lien constructif avec la personne
en perte d’autonomie. Avant d’être
une personne dépendante, le client
du réseau HELP reste avant tout
un conjoint ou un parent, avec son
histoire.
« C’est aussi pour l’aider
à endosser ce rôle d’aidant sans
mettre de côté son premier rôle
de mari, d’épouse, d’enfant ou de
proche que nous veillons à soute-
nir la famille, dès notre première
visite, mais aussi tout au long de
la prise en charge »
, insiste Cathe-
rine Gapenne.
« L’aidant prend une
part active, volontaire et détermi-
née dans la prise en charge de la
personne à domicile. En fonction de
ses besoins, nous veillerons à l’ac-
compagner afin qu’il pose les bons
gestes et apprenne à s’occuper de
choses qui lui étaient jusqu’ici peu
familières. A côté du vouloir faire, il
y a le pouvoir faire. L’important est
de maintenir cette capacité de l’ai-
dant à intervenir au quotidien, dans
la longévité, en tenant compte de
ses propres ressources, physiques
et mentales. »
Les aidants améliorent leur qualité de vie en se ressourçant régulièrement grâce
à la pratique de loisirs et en parlant de leurs expériences avec d'autres personnes
concernées par la même thématique.
L’aidant, par nature,
est dans une position
bienveillante par
rapport à la personne
dépendante.
Du 13 au 15 mars derniers, quatre
aidants accompagnés de la per-
sonne dont ils ont la charge ont par-
ticipé à un séjour de ressourcement
à Lipperscheid. Cette première expé-
rience, soutenue par le ministère de
la Famille dans le contexte du Plan
Démence, a permis aux aidants de
profiter de trois jours de repos, dans
un cadre calme et agréable.
« Le
séjour était organisé en deux par-
ties, avec un programme pour l’ac-
compagnant et un autre pour l’ac-
compagné »
, explique Carole van
der Zande, chargée de missions au
sein de la Croix-Rouge luxembour-
geoise. Durant la journée, pendant
que la personne démente atteinte
de troubles cognitifs était prise en
charge par le Centre de jour Uel-
zechtdall à Lorentzweiler, l’accompa-
gnant profitait de différentes excur-
sions et participait à des groupes de
discussion.
« Dès leur arrivée à l’hô-
tel Leweck, les aidants ont été pris
en charge par notre équipe. Ils ont
pu discuter avec notre psychologue
afin de faire connaissance. L’idée
était de leur permettre de se rap-
procher le plus rapidement possible.
Les quatre aidants se sont très vite
trouvé des points communs. »
Ils
ont beaucoup échangé, notam-
ment avec Jean-Marie Desbordes,
chargé de direction de l’Info-Zen-
ter Demenz, partenaire du projet. Ils
ont surtout pu sortir de leur cadre
de vie habituel au cours de trois
jours très ensoleillés.
« Il n’est pas
évident pour un aidant et un aidé de
faire la démarche, d’affronter l’in-
connu, mais les retours des partici-
pants à ce premier projet ‹ Prendre
soin de l’autre… en prenant soin de
soi › ont été très positifs »
, ajoute
Carole van der Zande.
« Nous espé-
rons pouvoir renouveler l’expérience
dans le futur. Tout dépendra de la
demande et du soutien que nous
pourrons obtenir du ministère de
la Famille et de l’Intégration. Toute
personne intéressée pour participer
à cette expérience peut d’ores et
déjà se manifester. Nous l’informe-
rons d’éventuels séjours organisés à
l’avenir. »
Informations
Carole van der Zande, 27 55-3027 ou
carole.vanderzande@croix-rouge.lu
Prendre soin de l’autre… en prenant soin de soi