Problèmes de Topologie Algébrique
Alain Prouté
Ce document contient les problèmes de partiels et d’examens donnés à l’Univer-
sité Paris-Diderot lors du cours de topologie algébrique du Master première an-
née de Mathématiques Fondamentales des années 2011-2012, 2012-2013, 2013-
2014 et 2014-2015. On trouvera les solutions en appendice.
Problème 1
I.
On note Cla catégorie des espaces topologiques localement connexes par arcs et applica-
tions continues entre eux. On note π0:CEns le foncteur qui envoie tout objet de Csur
l’ensemble de ses composantes connexes, et toute flèche de Csur la flèche induite entre
ensembles de composantes connexes.
(a) Montrer que π0a un adjoint à droite (le construire explicitement).
(b) Montrer que π0n’a pas d’adjoint à gauche. (On pourra utiliser la co-unité de l’adjonc-
tion, pour montrer que si Faπ0, alors l’image par Fd’un singleton (et plus généralement
de n’importe quel ensemble) est vide.)
II.
Soit Xun espace topologique séparé non vide, et U= (Ui)iIun recouvrement de Xpar
des ouverts ayant la propriété que pour tous iet jde I, il existe kItel que UiUjUk.
On suppose de plus que chaque Uiest connexe par arcs et simplement connexe.
(a) Montrer que Xest connexe par arcs.
(b) Montrer que Xest simplement connexe.
III.
On note Ule complémentaire de la droite d’équation y=xdans C2.
(a) Montrer que l’application ϕ:UC(1) définie par ϕ(x, y) = xyest une équivalence
d’homotopie, et que Uest connexe par arcs.
On note P[X]l’ensemble des polynômes en Xde la forme X2+aX +b(où aet bsont des
complexes) tels que a26= 4b. On pourra sans autre formalité identifier P[X]au complémen-
taire dans C2de la courbe d’équation a2= 4b. Soit π:UP[X]l’application définie par
π(x, y)=(Xx)(Xy).
(b) Montrer que πest bien définie.
(c) Calculer la matrice jacobienne de πen tout (x, y)U, et en conclure que πest un
homéomorphisme local.
(d) Montrer que π:UP[X]est un revêtement à deux feuilles et qu’il n’est pas trivial.
On note C[X]+l’ensemble des polynômes en Xnon constants à coefficients complexes (c’est-
à-dire de degré au moins 1). On sait qu’un tel polynôme a au moins une racine (théorème
de d’Alembert).
1. C=C− {0}.
2
(e) Montrer qu’il n’existe aucune fonction continue C[X]+Cassociant à tout polynôme
l’une de ses racines.
IV.
Soit f:S2S1une application continue telle que pour tout xS2, on ait f(x) = f(x).
On note RP2et RP1les espaces projectifs de dimensions 2et 1, c’est-à-dire les quotients
de S2et S1par la relation qui identifie tout xà son opposé (ou antipode) x. On note f
l’application de RP2vers RP1induite par f.
(a) Rappeler quels sont les groupes fondamentaux des quatre espaces S1,S2,RP1et RP2,
et expliquer pourquoi on peut ne pas tenir compte des points de base.
(b) Montrer qu’on a un diagramme commutatif de groupes
π1(S2)f//
π
π1(S1)
π1(RP2)f
//π1(RP1)
(où les flèches verticales sont induites par les projections canoniques) et que fest le mor-
phisme nul.
Soit γun chemin de S2allant du pôle nord au pôle sud.
(c) Montrer que le chemin fπγde RP1est un lacet (pour un certain point de base dans
RP1) et qu’il n’est pas homotope au lacet constant.
(d) Déduire une contradiction de ce qui précède.
(e) Montrer que pour toute application continue g:S2R2, il existe un point xS2tel
que g(x) = g(x). (Raisonner par l’absurde et construire une fonction f:S2S1vérifiant
les hypothèses du début de l’exercice.)
◦ ◦◦ ◦
3
Problème 2
I.
Soit Λun anneau commutatif unitaire. Soit M=LiZMiun Λ-module différentiel gradué.
On dit qu’il est « relativement libre » si chaque Λ-module Miest libre. On dit qu’il est « borné
inférieurement » s’il existe kZtel que Mi= 0 pour i<k.
(a) Montrer que si Mest acyclique, relativement libre et borné inférieurement, le mor-
phisme identique de Mest homotope au morphisme nul.( 2) (Procéder par récurrence sur
le degré.)
Soit f:MNun morphisme de module différentiels gradués de degré k(|f|=k). On
définit le module gradué C(f)en posant C(f)i=Mik1Niet on pose
x
y!= (1)k(x)
f(x) + (y)!
(b) Vérifier que C(f)est un module différentiel gradué.
(c) Montrer qu’on a la suite exacte courte de modules différentiels gradués
0//Nu//C(f)v//M//0
y// 0
y!
x
y!//x
et montrer que le connectant de la suite exacte longue associée (lemme du serpent) est
f:H(M)H(N).
(d) Montrer que si Met Nsont relativement libres et bornés inférieurement, et si finduit
un isomorphisme en homologie, alors fest une équivalence d’homotopie.
II.
Un partie de S3homéomorphe à [0,1]psera appelée un « p-cube ». Un « cube » est une partie
Ade S3telle qu’il existe pNtel que Asoit un p-cube. L’ensemble des cubes est ordonné
par inclusion et peut donc être vu comme une catégorie qu’on notera C. On aura aussi à
considérer certaines sous-catégories Dde Ck(kN). L’homologie est à coefficients dans Z.
On note Zle foncteur contravariant constant DZ-Mod envoyant tout k-uple de cubes
sur Zet toute flèche (k-uple d’inclusions) sur l’identité de Z.
(a) Montrer que si Aet Bsont des p-cubes disjoints, on a un isomorphisme ZH2(S3
AB)naturel en Aet B.( 3) Montrer que ˜
H1(S3AB) = ˜
H0(S3AB)=0.
2. Il s’agit bien sûr ici d’« homotopies de chaînes ».
3. et ont précédence sur .S3ABse lit donc S3(AB).
4
L’image de 1Zpar l’isomorphisme ci-dessus sera notée eAB.(eAB)est donc une base du
Z-module H2(S3AB), qu’on appelera sa « base canonique ».
(b) Montrer que pour tous cubes Aet Bdisjoints, on a eAB =eBA.
(c) Soient aet bdeux cubes disjoints, αet βdeux cubes disjoints tels que αβab.
Montrer que l’homorphisme
H2(S3ab)//H2(S3αβ)
induit par l’inclusion, envoie eab sur
(eαβ si αaet βb
0si αaet βa
(d) Soient A,B,Cet Dquatre cubes deux à deux disjoints. Montrer que les inclusions
canoniques induisent un isomorphisme
H2(S3ABCD)'//H2(S3AB)H2(S3AC)H2(S3AD)
On notera encore eAB,eAC et eAD les éléments de H2(S3ABCD)dont les images
par l’isomorphisme ci-dessus sont
eAB
0
0
0
eAC
0
0
0
eAD
H2(S3ABCD)est ainsi muni d’une « base canonique » (eAB, eAC , eAD). Toutes les
matrices envisagées ci-après sont relatives aux bases canoniques.
(e) Soient aet bdeux 1-cubes disjoints. Soient αet βles 0-cubes qui sont les deux extré-
mités de a,γet δles 0-cubes qui sont les deux extrémités de b. Montrer que la matrice du
morphisme
H2(S3ab)ϕ//H2(S3αβγδ)
induit par l’inclusion, est
0
1
1
On considère deux 2-cubes Aet B(autrement-dit des « carrés ») qui ont deux cotés opposés
aet ben commun, et leurs quatre coins α,β,γet δen commun, comme l’indique la figure
ci-dessous
A B
ab b a
ed
cf
α
α
β
β
γ γ
δ δ
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