vol 12 suppl 1 - CIFGG 2014 - Abstract book - ORBi

Journal Identification = PNV Article Identification = 0463 Date: May 8, 2014 Time: 2:0 pm
Congrès
10econgrès international francophone
de gérontologie et gériatrie
Les défis de la longévité : créativité
et innovations
Palais des Congrès, Liège, Belgique, 14-16 mai 2014
S001
Droits de l’homme âgé et avancée en âge
Modérateur :
R. Moulias - Présidence - ALMA (allo maltraitance) - Paris -
France
Les Droits de l’Homme ne peuvent varier avec l’âge. Il serait impos-
sible de définir autrement que de fac¸on arbitraire et absurde un âge
chronologique auquel on perdrait des droits ou pourrait en acquérir.
De plus ce serait nier le principe même que tous les hommes sont
égaux en Droits et en Devoirs. Cependant cette égalité n’est que
théorique pour les aînés. L’avancée en âge peut entraîner des défi-
ciences physiques ou psychiques, un isolement social qui altèrent
l’accès aux droits ou l’exercice des droits. Mais aucune de ces éven-
tuelles déficiences n’est spécifique de la vieillesse. Par contre, des
entraves abusives sont apportées aux droits et aux libertés des
aînés par des lois (!), des réglementations, des traditions. Souvent
ses limitations ont été apportées dans un souci de précautions,
oubliant qu’une majorité croissante des «personnes âgées »sont
lucides et valides. Chaque fois que le critère toujours arbitraire de
l’âge chronologique limite un droit ou une liberté, il devrait y avoir
inconstitutionnalité. A ces obstacles s’ajoute l’âgisme le plus ancien
est le mieux ancré des racismes.
Le vieillard invisible . A. Stuckelberger - Genève, Suisse. Médias
et politiciens ne voient la vieillesse que sous deux aspects. L’irréel
«senior », jeune (??) retraité riche qui a gardé la forme de ses
vingt ans n’est qu’un fantasme publicitaire. À côté de ce person-
nage rêvé, tout vieillard est présenté comme «dépendant »ouàla
rigueur «fragile ». C’est oublier que l’augmentation de l’espérance
de vie est le résultat d’une meilleure santé, d’une meilleure validité,
d’une meilleure lucidité, y compris des plus âgés. Les augmenta-
tions de l’espérance de vie les plus importantes sont celles de la
vie sans déficit majeur (quatre mois/an) et, encore plus, celle des
malades chroniques (5 mois/an). Aujourd’hui, une large majorité
de vieillards est faite de personnes valides, lucides, prenant des
médicaments dans un but de prévention ciblée. Cette majorité est
croissante. Seule une minorité passe par une période de dépen-
dance, (sauf pour la période terminale, mais ce n’est pas propre à
la vieillesse). Cette majorité silencieuse reste invisible. Cette popu-
lation, puisque invisible, reste frappée d’exclusion sociale. Pour
celui qui n’a pas une profession intellectuelle ou artistique ou un
métier où l’on puisse travailler «au noir », la retraite reste souvent
une «mort sociale »conduisant à un isolement progressif avec ses
conséquences psychologiques et médicales. Les pouvoirs publics
ne voient pas cette population, ou trop tard quand les conséquen-
ces de l’isolement, de la précarité ou de la maladie ont fait passer
la personne vers coûteux versant de la dépendance. Ces nouveaux
«vieux valides »ont plus besoin de rejoindre la vie de la cité, que
d’être considérés comme des objets d’assistance systématisée.
Le XXIe siècle aura l’obligation économique et sociale de réintégrer
ces vieillards invisibles à la vie de la cité.
Obstacles aux droits, abus de précautions, abus de protection.
M. Ferry - comm droits et liberté – fng - France. De nombreux
obstacles s’opposent à l’accès aux droits des aînés. Ce peuvent
être des déficiences fonctionnelles (marche, vision, audition) qui
limitent leur accès à la vie sociale et l’exercice de leurs droits. Ce
n’est pas spécifique de la vieillesse, mais les vieillards ne bénéfi-
cient pas partout des législations sur le handicap. Ces déficiences
sont des sources de difficultés d’accès à la vie de la cité. Ce peut
être une limitation de l’autonomie décisionnelle. La protection juri-
dique est partout pensée pour faire mieux respecter droits et liberté
et non pour en priver la personne protégée. Chez le vieillard, c’est
cependant la protection la plus complète qui est décidée alors que
toutes les nuances sont possibles. La vieillesse est aussi l’âge des
maladies et de la mort. L’accès aux soins n’est pas toujours res-
pecté. Le Droit à un soin compétent est encore moins respecté.
Sous la vision réductrice et inexacte que tous les vieillards sont lour-
dement déficitaires, un grand nombre de «protections »abusives
se sont mises en place limitant les possibilités de circuler (conduite
automobile), de réparer sa maison (emprunt), de louer un logement,
de gérer le budget de son service public, de se faire rembourser
des frais pour une activité publique, etc., voire pour avoir accès à la
compensation d’un handicap. Ces obstacles aux Droits sont liés à
des Lois (!!), d’autres à des réglementations, d’autres à des tradi-
tions. Tous devraient être considérés comme anticonstitutionnels
car en contradiction avec le protocole de Madrid 2002 et disparaître
denospays.Ilyalàunepriorité politique.
L’âgisme, le pus enracine des racismes. A. Franco - sfgg –
Nice – France. L’âgisme a toujours existé. Il se renforce après
des catastrophes : après guerre 14-18, crises. Il montre différents
visages. Comme tous les racismes, chacun a «ses vieux »,...qui
ne sont pas comme les autres. L’âgisme, comme tout racisme,
enferme une population cible aussi disparate que «les vieux »dans
une catégorisation où s’accumulent des stéréotypes inexacts et
contradictoires. Certains stéréotypes datent de la nuit des temps,
d’autres sont plus récents et dangereux : «ils sont riches»,«ils
prennent la place des jeunes au travail », etc. L’âgisme est bien
plus virulent chez les 50 -60 ans que chez les jeunes : peur de
rentrer dans les stéréotypes ? Chaque population a son âgisme,
y compris les vieux eux-mêmes. Dans certaines catégories, il est
plus dangereux. Exemples : chez les démographes qui n’expliquent
pas que le «vieillissement des populations »est dû au recul de l’âge
doi:10.1684/pnv.2014.0463
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Congrès
de la vieillesse «physiologique »des individus, chez les médecins
qui refusent des soins en raison de l’âge et non des contre-
indications et chez les administrateurs hospitaliers qui refusent ou
retardent les structures gériatriques nécessaires, chez les journa-
listes dont certains mènent de virulentes campagnes anti –vieux,
chez quelques politiques qui n’ont sur les citoyens âgés qu’un
regard clientéliste d’assistance systématique et dont certains pro-
posent de limiter leurs droits civiques. L’âgisme des gériatres et
des gérontologues est rare, mais existe aussi : ils ne voient que
des vieillards fragiles, malades, dépendants. L’âgisme a un coût
financier et médical. Il favorise l’exclusion sociale et le repli des
aînés, retarde les actions d’adaptation de la société au vieillisse-
ment Il existe des outils pour lutter contre l’âgisme : l’utilisation de
la Loi qui est claire, l’utilisation de l’humour. Rendre ridicule l’auteur
frappe mieux que la sanction.
La dependance : un autre regard, un autre droit ? R. Moulias
- commission droits et liberté – fng – Paris - France. Perdre son
indépendance fonctionnelle, devoir dépendre d’autrui pour ses Acti-
vités de la Vie Quotidienne (Katz) est une situation de rapports
humains unique entre plusieurs acteurs. Cette situation ne peut se
voir confondue avec celle du Handicap ou l’objectif est la compensa-
tion, la récupération de l’indépendance. La dépendance n’est pas
le propre de la vieillesse, mais son incidence croit avec l’âge. La
personne devenue dépendante n’est plus libre, elle doit passer
par autrui. Elle reste autonome, capable de décider. Elle devrait
pouvoir faire respecter cette autonomie. Si il existe en plus une
limitation (sauf coma ou confusion, il n’y a jamais «perte »(totale)
d’autonomie, les capacités restantes doivent être respectées et
non niées. Préserver son accès aux droits et à la liberté ne peut
se faire qu’à travers ses aidants. Le Proche –aidant se retrouve
chargé d’une extraordinaire responsabilité qu’il n’a pas demandé
et auquel il (elle) n’est pas préparé. Il décharge la société d’une
mission. Il doit être reconnu, assisté, soutenu. Il devrait relever
d’un statut spécifique dans cette responsabilité qu’il accepte mais
dans laquelle il perd indépendance et ressources Le professionnel
de l’aide a un rôle vital. La personne dépendante ne peut vivre
sans son action. Sa responsabilité n’a rien à voir avec celle du
professionnel d’un service à la personne (indépendante). Sa for-
mation, sa rémunération et son financement ne peuvent rester
confondus avec ceux d’un simple service à la personne. Cette valo-
risation statutaire faciliterait les recrutements La reconnaissance
d’un «statut de la dépendance »reconnaissant ces différents rôles
permettrait qu’enfin «la dépendance ne soit plus vécue comme
une déchéance ». Un progrès éthique accessible dès aujourd’hui ?
S002
Nouvelles approches de la Maladie d’Alzheimer
Modérateurs :
C. Dumont - Pôle gériatrique - GHdC -
Charleroi - Belgique
B. Vellas - CHU de Toulouse, Gérontopole, F-31000 Toulouse ;
Université Paul Sabatier - Toulouse - France
La maladie d’Alzheimer reste une pathologie neurodégénérative
évolutive pour laquelle les avancées thérapeutiques restent encore
assez minces. En dehors du traitement promnésiant communé-
ment connu, d’autres alternatives émergent en pratique clinique,
certaines encore en développement, d’autres à l’essai sur le terrain.
Cette session entreprendra l’apport des thérapeutiques nouvelles,
pharmacologiques ou non. Des nouveaux essais thérapeutiques
jusqu’à la technologie au service de la maladie, nous parcourons
aussi la place de la prise en charge des aidants et soignants ainsi
que les premiers projets pilotes de réhabilitation cognitive person-
nalisé pour le malade souffrant de démence. Les premiers résultats
sont encourageants et soulignent l’importance de soutenir cette
énergie à mieux comprendre et prendre en charge les démences.
Maladie d’Alzheimer (MA) : la place des technologies. A. Piau -
CHU de Toulouse, Gérontopole, Université Paul Sabatier, F-31000
Toulouse - Université de Toulouse ; UTM ; LAAS; F-31400 Toulouse
- CNRS; LAAS; F-31400 Toulouse, France
Introduction : Les technologies de l’information et de la commu-
nication (TIC) représentent un outil puissant pour alléger le poids
de la dépendance voire prévenir son évolution et répondre à des
attentes d’organisation des soins en gériatrie. Elles peuvent aider
au diagnostic positif et à l’appréciation du retentissement des
symptômes sur la vie quotidienne. Dans la MA, elles peuvent per-
mettre le développement d’outils de rééducation et de stimulation
pour compenser le déficit cognitif. Enfin, des outils technologiques
pourraient être conc¸us pour soutenir le patient et sa famille. Notre
objectif est de faire un état des lieux de ces techniques utilisées
dans la MA.
Résultats : Les publications sur le thème des technologies
appliquées aux personnes âgées présentant des pathologies
neuro-dégénératives sont nombreuses et couvrent de nombreux
domaines tels que le dépistage et le diagnostic, la prise en charge
des déficits cognitifs et fonctionnels (stimulation cognitive et rémi-
niscence, systèmes de prompting pour les activités instrumentales
de la vie quotidienne, orthèses affectives), la surveillance (géolocali-
sation, détecteurs de chutes, monitoring de la déambulation), le lien
social (communication visiophonique), la coordination des soins, ou
encore accès à l’information de santé et soutien aux aidants. Ces
études remplissent rarement les standards de qualités habituels
dans le domaine de la santé mais elles apportent néanmoins des
pistes pour des solutions à venir dans ce domaine.
Discussion : Les technologies ont des difficultés à intégrer notre
pratique quotidienne, mais l’accompagnement médical de plus en
plus précoce au cours du processus de développement techno-
logique et le développement de méthodes d’évaluation adaptées
aboutira probablement dans un avenir proche à des produits plus
pertinents pour le quotidien. L’impact sur l’organisation du système,
la disponibilité des ressources, la réactivité et l’équité sont des
éléments qui jouent un rôle déterminant.
Réhabilitation cognitive du patient souffrant de démence en
Clinique de Mémoire. E. Salmon - Liège - Belgique.
La maladie d’Alzheimer et les autres types de démence engendrent
une perte d’autonomie progressive plus ou moins rapide avec en
finalité la nécessité d’un encadrement de plus en plus conséquent
voire d’une institutionnalisation toujours difficile pour le malade et la
famille. Le maintien à domicile s’effectue souvent grâce à l’énergie
des aidants principaux entourés de coordination ou d’aides profes-
sionnelles. Une fois le fardeau trop lourd, un placement devient
malheureusement indispensable. On oublie souvent que le patient
cache des réserves d’autonomie non exploitées pouvant alléger ce
fardeau et dès lors prolonger le maintien à domicile.
Un projet pilote belge, encouragé par les instances ministérielles,
a privilégié cette piste en implémentant 12 Cliniques de Mémoire
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Congrès
réparties sur le territoire national. Celles-ci accueillent les patients
atteints de démence légère, encore à domicile, en chargeant des
équipes spécifiques d’optimiser cette autonomie individuelle. Un
bilan avant la prise en charge établit une liste très précise des capa-
cités du patient en utilisant l’échelle «Profinteg ». Sur base de cet
outil et du profil cognitif complet du patient, 25 séances d’une heure
organisées sur maximum un an permettent de prendre en charge
individuellement le malade souffrant de démence.
Nous exposerons l’intérêt de la réhabilitation cognitive sur base de
la littérature, ses bénéfices mais aussi ses limites. L’objectif premier
de cette prise en charge est d’aider le patient à garder un potentiel
d’autonomie optimisé et d’alléger la charge nécessaire fournie par
l’aidant. Le maintien à domicile sera d’autant plus facilité.
Psychoéducation dans la maladie d’Alzheimer : fantasme ou
réalité ? Ch. Dumont - Médecin Gériatre, Pôle gériatrique, Grand
Hôpital de Charleroi, Belgique
Introduction : La maladie d’Alzheimer est une pathologie neuro-
dégénérative progressive engendrant chez le patient une altération
de ses facultés cognitives et de son autonomie avec apparition chez
la plupart d’entre eux de troubles psycho-comportementaux. Le
malade nécessitera un accompagnement de plus en plus complexe
au fur et à mesure de l’évolution de sa maladie. Cet accompagne-
ment se résume souvent à un aidant qui se retrouve démuni face
à la pathologie mais aussi perdu pour aider la personne à laquelle
il tient.
Discussion : Les publications concernant la psychoéducation dans
la démence objectivent des effets bénéfiques, que ce soit pour
l’aidant mais aussi envers les professionnels de santé. Les proches
aidants sont souvent trop peu assistés par les professionnels
experts et restent donc livrés à leur propre expérience, pauvre
en ce domaine. Même si la bienveillance est une base indiscu-
table d’une relation malade, aidant et corps médical, l’expérience
nous montre que quelques conseils ou échanges ponctuels lors
de rencontres s’avèrent peu porteurs dans une prise en charge
optimale. En dehors de ces aidants, les soignants de premières
lignes, certes professionnels, commencent seulement à l’heure
actuelle à bénéficier de formations spécifiques. Les experts savent
que la simple empathie et l’instinct du professionnel de santé ne
suffisent pas à résoudre nombreux problèmes notamment de type
psycho-comportementaux. Parmi les nombreuses approches pro-
posées, l’éducation ou plus précisément la psycho-éducation reste
parmi les plus efficaces. Plusieurs questions peuvent dès lors sur-
gir d’une réflexion collective : Qu’entend-on par psycho-éducation ?
Pour qui ? En quoi est-elle efficace ? Autant de questions pour les-
quelles nous vous proposons des pistes de réponses sur base de
la littérature et des premières expériences régionales.
Conclusion : La psychoéducation est une arme thérapeutique effi-
cace à fournir aux aidants mais aussi aux professionnels de santé
dont nous détaillerons l’utilité mais aussi les limites.
Maladie d’Alzheimer et apparentés et prise en charge des
troubles comportementaux : Retombées en France du plan Alz-
heimer. Dr J. Roche - Clinique de Gérontologie, Hôpital Fontan 2 –
CHRU de Lille - Lille - France.
En France, dans le cadre du 3e plan Alzheimer ont été déve-
loppées des structures hospitalières pour prendre en charge les
troubles comportementaux qui peuvent se développer au décours
de cette maladie. Soixante-douze unités de type UCC Alzhei-
mer (Unité Cognitivo-Comportementale Alzheimer) ont ainsi été
ouvertes pour faciliter notamment le développement des soins
non-médicamenteux. Au sein de ces structures sont pris en charge
des troubles comportementaux en relation avec des dysfonction-
nements cognitifs (Troubles du langage, des praxies, des gnosies,
syndromes frontaux, troubles mnésiques...), mais aussi en lien
avec des pathologies organiques. L’intrication avec des troubles
de personnalité antérieure à la maladie d’Alzheimer ainsi que des
comorbidités avec de véritables pathologies psychiatriques y sont
également recherchés. Lors de cette intervention, il sera repris
l’intérêt et les limites de ces unités spécifiques notamment au tra-
vers de spécificités liées au niveau d’évolution de la maladie et
de dépendance physique. Il sera aussi développé comment ces
unités doivent s’insérer dans une filière médicale, gériatrique, psy-
chiatrique, sociale. Ce dispositif est par ailleurs complété, dans
certaines villes ou régions, par le développement d’équipe mobile
de Psycho-gériatrie.
Il sera intéressant, lors de la discussion, de pouvoir échanger sur les
expériences des différents pays francophones dans ce domaine.
S003
Le muscle : une cible privilégiée pour la prévention
du vieillissement pathologique ?
Modérateurs :
A. Raynaud Simon - Unité de Gériatrie -
Hôpital Bichat - Paris - France
C. Gazzotti - Gériatrie - CHR Citadelle Liège - Liège - Belgique
La perte de masse et de fonction musculaire représente un élé-
ment important dans la fragilité des personnes âgées. Les causes
de la sarcopénie sont multiples et intriquées, mais quelques stra-
tégies de prévention et de traitement ont été plus particulièrement
étudiées : les apports alimentaires (particulièrement les protéines
et certains acides aminés), l’activité physique, la vitamine D, et
les traitements hormonaux. Ce symposium a pour ambition de
faire un état des lieux de ces quatre aspects thérapeutiques de
la sarcopénie. L’objectif est de diffuser certaines pratiques utiles
et peu coûteuses comme une alimentation suffisante, une sup-
plémentation en vitamine D, l’activité physique et le contrôle des
glycémies en cas de diabète. Les traitements hormonaux par hor-
mone de croissance et testostérone ne sont pas recommandés
en pratique clinique mais certains travaux suggèrent que sur les
périodes limitées en convalescence, ils pourraient accélérer la récu-
pération fonctionnelle. Programme proposé : Muscle et nutrition –
Christian Aussel, Paris Muscle et activité physique – Marc Bonne-
foy, Lyon Muscle et vitamine D – Pauline Coti, Lausanne Muscle et
hormones – Agathe Raynaud-Simon, Paris
Muscle et Nutrition. C. Aussel, Unité de Nutrition, Hôpital
Henri-Mondor, Créteil, France. Le vieillissement du système
musculo-squelettique se manifeste par une perte osseuse et une
perte musculaire appelée sarcopénie. Cette dernière joue un rôle
important dans le syndrome de fragilité du sujet âgé. La sarcopé-
nie correspond à une perte de masse, de force et de la fonction
musculaire. Ainsi, elle augmente le risque de chute, ce qui chez
une personne fragile sur le plan osseux, conduira à des fractures
et à l’entrée dans la dépendance avec une perte importante de la
qualité de vie et un coût pour la société. Il existe des stratégies
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Congrès
thérapeutiques qui ont montré leur efficacité sur la prévention de
la sarcopénie. Il s’agit notamment de l’exercice physique contre
résistance et de la renutrition. Chez le sujet âgé il existe une dimi-
nution de la stimulation de la synthèse des protéines musculaires
par les stimuli anabolisants comme l’alimentation. Ceci conduit à
une résistance à la renutrition chez le sujet âgé. Celle-ci est liée à
une augmentation de l’utilisation des acides aminés dans le terri-
toire splanchnique, après un repas, conduisant à la diminution de la
biodisponibilité des acides aminés. Il faut mettre en place des stra-
tégies nutritionnelles capables d’augmenter cette biodisponibilité
pour retrouver une stimulation de l’anabolisme protéique compara-
ble à celle du sujet jeune. Pour cela différentes approches existent :
quantitatives en augmentant la quantité de protéines journalière,
qualitatives en utilisant des protéines lentes ou rapides et la chro-
nonutrition qui modifie les modalités d’ingestion des protéines en
apportant 75 % de l’apport protéique au cours du repas de midi. Par
ailleurs, des acides aminés, utilisés comme pharmaconutriments,
ont aussi fait preuve de leur efficacité sur la synthèse protéique
musculaire. Il reste des preuves à apporter mais la nutrition devrait
lutter efficacement contre la perte d’autonomie fonctionnelle des
sujets âgés induite par la sarcopénie.
Muscle et activité physique. Pr M. Bonnefoy - Service Universi-
taire de Gériatrie Groupement Hospitalier Sud – HCL Université
Claude Bernard Unité Inserm 1060 Pierre-Benite cedex - France.
L’activité physique décline avec l’âge, et la majorité des sujets âgés
peuvent être considérés comme insuffisamment actifs. L’inactivité
est prédictive d’une morbi-mortalité accrue, d’une aggravation de
la perte de masse musculaire et du déclin de la fonction mus-
culaire liés à l’âge (sarcopénie), et expose à un risque accru de
dépendance. L’activité physique doit être favorisée. Les données
épidémiologiques mettent en évidence une influence favorable
de l’activité physique sur la sarcopénie pour les patients vivant
dans la communauté. Les programmes d’intervention y compris
pour des sujets fragiles ont aussi montré leur efficacité. Des tra-
vaux récents ont mis en évidence une moindre fréquence de
la sarcopénie chez des patients en EHPAD. L’entraînement en
force est efficace pour améliorer les paramètres de la sarcopénie.
Les données disponibles autorisent les méta-analyses ; celles-ci
permettent des recommandations avec un très haut niveau de
preuve, pour promouvoir des programmes d’entraînement progres-
sifs et adaptés. Des stratégies doivent cependant être développées
pour lever les nombreux freins qui existent pour généraliser de
tels programmes d’entraînement. L’activité physique doit être une
composante essentielle des programmes de prévention, de par son
action favorable sur le muscle et ses multiples bénéfices. Le déve-
loppement de programmes adaptés constitue un enjeu majeur de
santé publique. Ref. Amigues I, Schott AM, Amine M, Gelas-Dore
B, Veerabudun K, Paillaud E, Beauchet O, Rolland Y, Canouï Poitrine
F, Bonnefoy M. Low skeletal muscle mass and risk of functional
decline in elderly community-dwelling women : the prospective
EPIDOS Study. J Am Med Dir Assoc 2013 ; 14 (5) : 352-7. Bonnefoy
M, et al. Efficacy of a home-based intervention programme on the
physical activity level and functional ability of older people using
domestic services : a randomised study. J Nutr Health Aging 2012 ;
16 (4) : 370-7. Bonnefoy M. Activité physique et prévention de la
fragilité. Cah. Année Gérontol 2011 ; 3 : S28-S31.
Muscle et vitamine D. P. Coti - Responsable Nutrition Clinique
-Centre Hospitalier Universitaire Vaudois – Lausanne - Suisse.
La carence en vitamine D est extrêmement fréquente chez nos
patients âgés, qui s’exposent peu au soleil et chez qui la capacité à
photosynthétiser la vitamine D diminue. Les sources alimentaires
de vitamine D sont souvent insuffisantes. L’efficacité de la sup-
plémentation en vitamine D sur le risque fracturaire osseux est
bien démontrée. Son rôle dans la force et la fonction musculaire
ont récemment fait l’objet de nombreuses recherches. En effet, le
calcitriol agit au niveau des muscles en se liant au VDR des cel-
lules musculaires squelettiques. Il a un effet direct sur la taille des
cellules musculaires squelettiques, déclenche des synthèses pro-
téiques et active la Protéine Kinase C qui libère du calcium dans
la cellule et permet la contraction musculaire. La myopathie proxi-
male et les myalgies sont des signes de carence grave en vitamine
D et peuvent régresser après supplémentation. Les études cli-
niques montrent que la force et les performances musculaires des
personnes âgées carencées sont améliorées après correction du
déficit en vitamine D. Une méta analyse (Bischoff-Ferrari, 2009)
montre que la supplémentation en vitamine réduit significative-
ment le risque de chute chez les personnes âgées, et que cet effet
est dose dépendant, nécessitant une posologie de 800 à 1 000
UI/jour au minimum. Ainsi, la supplémentation en vitamine D chez
les personnes âgées représente une intervention simple, peu coû-
teuse et susceptible de réduire significativement les chutes, ce qui
pourrait avoir un impact important en terme de santé publique.
Muscle et Hormones. A. Raynaud-Simon - Département de
Gériatrie Bichat-Beaujon-Secteur ambulatoire de Bretonneau
APHP Paris – France. La diminution de la sécrétion hormonale
d’hormones de croissance (GH et IGF 1) et des androgènes
(testostérone) au cours du vieillissement est impliquée dans le
développement de la sarcopénie. De même, l’insulinorésistance
aggrave la perte de masse musculaire. La question est : dans
quelle mesure, et à quel prix (en terme de risque clinique et de
finances), y a-t-il un bénéfice à administrer ces hormones à des
sujets âgés, soit dans un objectif de prévention, sur le long terme,
soit dans un objectif de renutrition et de convalescence après
un épisode médico-chirurgical aigu ? Les données de la littérature
concernant la prévention hormonale de la sarcopénie ne sont
pas encourageantes. En revanche, certaines études concernant
l’administration d’hormone de croissance à des personnes âgées
après une fracture du col du fémur suggèrent une récupération
plus fréquente et plus rapide de l’autonomie. L’administration
de testostérone a permis d’améliorer la masse musculaire chez
des patients atteints d’insuffisance respiratoire chronique. Ces
traitements nécessitent des études complémentaires avant d’être
envisagés pour la pratique clinique. Enfin, le contrôle des glycé-
mies et la prise en charge de l’insulinorésistance sont applicables
chez nos malades âgés dont 20 % environ présentent un diabète.
S004
La recherche de demain sur le vieillissement - Vision
canadienne et occasions de collaboration entre
pays francophones
Modérateur :
Y. Joanette - Stratégie internationale de recherche concertée
sur la maladie d’Alzheimer des IRSC – Université de Montréal
– Québec - Canada
4Ger Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, suppl´
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Congrès
Les changements démographiques vécus par les pays franco-
phones sont ceux-là même qui offrent défis et occasions à
l’ensemble des pays du globe. Le Canada fait partie des pays
où ce changement s’opère de manière accélérée. Après une
décade de mise en place de la capacité de recherche requise
et d’implantation d’une véritable culture interdisciplinaire sur le
vieillissement, l’Institut du vieillissement des IRSC a récemment
adopté son plan stratégique pour les prochaines années. Après une
tournée pan-canadienne ayant permis de mieux saisir les besoins
exprimés par le grand public, les décideurs publics, les associa-
tions communautaires, l’industrie, les cliniciens de même que les
chercheurs et étudiants du domaine de la recherche sur le vieillisse-
ment comme des domaines connexes, l’Institut du vieillissement
des IRSC a adopté un plan stratégique en 5 priorités regroupées
autour de deux grands axes : Optimiser la santé et le mieux-être
de la population au cours de la trajectoire du vieillissement et
Faire face à la complexité des défis liés à la santé des aînés. Ces
deux grandes orientations se déclinent en quatre priorités sou-
tenues par une cinquième incluant l’importance de la recherche
sur l’appropriation (empowerment) des conditions de santé et de
mieux-être au cours de la trajectoire de la vie, et l’importance de la
recherche sur la formation optimale des professionnels de la santé
et sociaux œuvrant auprès des personnes âgées. La perspective
canadienne met beaucoup d’importance sur la nécessité des colla-
borations trans-nationales. À cet égard, l’Institut du vieillissement
des IRSC a été pionnier dans son insertion au sein des grands
regroupements européens (ERA-Age2, COEN, JPND, JPI-MYBL).
Un échange permettra de discuter de l’importance de ces plate-
formes européennes afin d’accroître l’ampleur des collaborations
entre pays francophones dans les domaines de la gérontologie et
de la gériatrie.
S005
Vitamine D et sujet âgé
Modérateurs :
O. Bruyere - Santé Publique - Université de Liège - Liège -
Belgique
J.-Y. Reginster - Département des Sciences de la Santé
Publique, Epidémiologie et Economie de la Santé - Université
de Liège - Liège - Belgique
L’objectif de cette session est d’évaluer l’intérêt de la vitamine D
chez le sujet âgé. Outre la particularité du dosage de la vitamine
D en gériatrie, les notions classiques d’effet sur le tissu osseux
et le métabolisme phosphocalcique seront abordées. En plus, les
effets sur le muscle feront l’objet d’une communication et les
effets potentiels non classiques de la vitamine D (cancer, immu-
nité, inflammation...) seront discutés. La vitamine D et ses effets
potentiels étant de plus en plus débattus au sein de la communauté
scientifique (chercheurs et cliniciens), mais aussi du grand public,
nous pensons que cette session aura un intérêt très particulier pour
l’ensemble des participants.
Supplémentation, statut optimal et détermination analytique
de la vitamine D. La vitamine D (VTD) est une hormone dont les
propriétés sur le métabolisme phospho-calcique sont largement
connues. La VTD possède également de nombreuses actions sur
d’autres métabolismes et pas moins de 3 % du génome humain
est directement ou indirectement sous son contrôle. Les réserves
en VTD s’évaluent en dosant la 25-hydroxyvitamine D (25VTD).
S’il est clair qu’il ne faut pas utiliser des valeurs de référence éta-
blies sur une population «en bonne santé »pour définir les valeurs
cibles en 25VTD, les experts ne sont pas tous d’accord sur le seuil
à atteindre : 20, 30, voire 40 ng/mL. Cependant, même avec le
seuil le plus conservateur, la déficience en VTD est un problème
mondial. Cela s’explique par les faibles apports alimentaires en
VTD et par une faible synthèse cutanée. Pour arriver à ce que
97,5 % de la population présente des taux de 25VTD d’au moins
20 ng/mL il faudra donc supplémenter les individus, en s’assurant
qu’ils aient au minimum des apports en VTD égaux à 600 UI/jour.
Cette dose pourra être plus importante dans certaines conditions
(comme l’ostéoporose) où des taux plus élevés de VTD ont été
associées à un meilleur pronostic. Le dosage de la 25VTD, quant à
lui, ne doit pas être utilisé comme un «screening », mais comme
un «monitoring »thérapeutique chez un patient traité. Il doit être
prescrit après trois mois de traitement pour surveiller la bonne com-
pliance, évaluer une malabsorption éventuelle et ajuster la dose
pour la cible à atteindre et ensuite être répété toutes les années.
Enfin, il ne faut pas oublier que les concentrations à atteindre ont
été définies en se basant sur un seul kit de dosage et ne sont pas
nécessairement transposables à toutes les trousses disponibles
sur le marché. Une standardisation est cependant en cours.
Effets de la vitamine D sur les fractures et les chutes. Une
carence en vitamine D est fréquente chez les personnes âgées
principalement chez les sujets qui présentent le plus de risque de
chute ou de fracture. De plus, de nombreuses études épidémio-
logiques suggèrent qu’un faible taux de vitamine D est associé à
une augmentation du risque de chute et/ou de fracture ostéopo-
rotique. Les effets d’une supplémentation en vitamine D ont été
évalués dans de nombreuses études randomisées contrôlées en
double aveugle mais avec des résultats contradictoires qui sont
probablement dus à une grande variabilité dans les méthodologies
utilisées. Les principales méta-analyses publiées récemment sug-
gèrent cependant un effet de la vitamine D pour réduire le risque
de chute et de fracture. Cependant, les effets semblent plus impor-
tants lorsqu’une dose supérieure ou égale à 800 UI/jour est donnée
ainsi que lorsque la vitamine D est associée à une administration
concomitante de calcium. Le taux sanguin minimal de 25 OH vita-
mineDàatteindre pour avoir un effet optimal sur la santé osseuse
est de 50 nmol/l, mais il semble que chez les personnes âgées
fragiles qui sont à risque élevé de chute ou de fracture, un taux
minimal de 75 nmol/L soit recommandé.
Effets de la vitamine D sur le muscle de la personne âgée.De
nombreuses études cliniques et précliniques suggèrent un effet
de la vitamine D sur le muscle. En effet, les cellules musculaires
possèdent un récepteur à la vitamine D sur lequel la vitamine D
peut avoir un effet génomique responsable d’une augmentation de
surface des fibres musculaires de type II mais aussi non géno-
mique en augmentant la disponibilité du calcium cytolytique et
en favorisant l’activation de la protéine kinase-c. Certaines études
épidémiologiques suggèrent qu’un faible taux de vitamine D san-
guin est associé à une diminution de la masse et de la force
musculaire. Cependant, les études cliniques évaluant les effets
d’une supplémentation en vitamine D donnent des résultats contra-
dictoires probablement dus au fait de l’utilisation de différents
dosages, de différents types de vitamine D ou de durées d’études
Ger Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, suppl´
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