
niques qui ont tendance à colmater les
tuyaux, seront traités par des produits utili-
sés fréquemment selon les recommanda-
tions des fabricants. On en compte générale-
ment deux: un désinfectant à utiliser deux
fois par jour 4 jours par semaine (le midi et
surtout le soir pour les laisser agir la nuit), et
un détergent deux soirs de la semaine. [3]
Attention au piège des chirurgies clas-
siques, il ne faut jamais utiliser ces deux pro-
duits pour traiter les canalisations après
chaque acte chirurgical. Seule l’aspiration
d’un à deux gobelets d’eau est suffisamment
efficace et moins destructrice pour l’installa-
tion, qu’une utilisation excessive des déter-
gents désinfectants corrosifs.
Le traitement des PID
Il doit être pratiqué systématiquement
entre deux patients. Quel que soit la mé-
thode, manuelle ou avec des automates, les
PID doivent subir une pré désinfection suivie
d’une stérilisation. Selon les recommanda-
tions du guide de l’ADF (grille technique d’é-
valuation pour la prévention des infections
liées aux soins 2015) [4]. Le trempage néces-
saire à la première étape ne peut être ici ré-
alisé (selon les fabricants). Il sera remplacé
par un enveloppement de l’instrument dans
un support saturé en détergent désinfectant
(généralement une lingette). De nouveau le
temps d’action doit être respecté selon les in-
dications imprimées sur le flacon.
La technique manuelle consiste donc après
le soin, à purger le PID 20 secondes fraise en
place, puis a nettoyer celle-ci avec la pierre
prévue à cet effet (pour les diamantées). La
fraise alors démontée et placée sur son sé-
quenceur avec les autres fraises non diaman-
tées, [5] puis l’ensemble part en bac de pré
désinfection classique.Le corps du PID doit
être frotté avec une lingette dans un premier
temps pour sortir toutes les salissures. Puis
pour la pré désinfection, l’instrument sera
enveloppé dans une lingette propre pour 15
minutes classiquement. L’étape suivante
sera le graissage puis la mise sous sachet et le
passage à l’autoclave de classe B pour subir un
cycle Prion.
En méthode avec automate, les premières
étapes sont identiques sauf pour le graissage
qui est réalisé par la machine. (Assistina, xcid
etc….). Il existe également deux variantes:
pour le lavage il est possible d’utiliser un la-
veur désinfecteur (improprement appelé
thermo désinfecteur) si le PID possède le logo
compatible, [6], et pour la désinfection de
haut niveau, l’utilisation du DAC (qui est un
autoclave de classe«S»), permet de s’affran-
chir du passage à l’autoclave de classe B pour
les actes NON CHIRURGICAUX. (Soins, détar-
trage léger)[7]. Dans le cas contraire les PID
traités seront conditionnés et subiront un cy-
cle prion classique en autoclave de classe B.
Ces deux méthodes démontrent bien la né-
cessité de posséder plusieurs PID identiques
pour permettre leur traitement entre deux
patients. Pour améliorer la pré désinfection il
est préférable de commencer par le traite-
ment des PID juste après les soins, jusqu’à
l’enveloppement à la lingette, puis de réaliser
le nettoyage de la salle de soins entre deux pa-
tients. Ce qui augmentera le temps de contact
avec le détergent désinfectant.
Le traitement des mains
Sujet amplement décrit dans la littérature,
les recommandations toujours issues du
guide de l ADF rappellent que le nettoyage
des mains doit toujours être réalisé avant de
mettre n’importe quels gants et après les
avoir retirés. L’utilisation de l’eau chaude est
à proscrire pour éviter les dermatites.
Les mains doivent être exemptes de tous
bijoux et de vernis à ongle.
Les savons liquides doivent être doux et
bien rincés. Le séchage avec des serviettes je-
tables à usage unique est incontournable en
remplacement des supports en tissu. L’asep-
sie est réalisée ensuite par une ou des fric-
tions avec des solutions hydro alcooliques,
comme cela est recommandé par les fameu-
ses 7 fiches de la DGS. Celles-ci sont disponi-
bles sur le site du conseil de l’ordre, et leur af-
fichage est OBLIGATOIRE en salle de stérilisa-
tion en cas de contrôle des ARS. La forme gel
est préférable pour votre confort. Attention
pour être efficaces ces frictions ne seront ré-
alisées que sur des mains propres, non
mouillées et non poudrées. En cas d’irrita-
tion, changez de marque de produit parce
qu’ils n’utilisent pas tous les mêmes colo-
rants ou émollients responsables de ces in-
conforts. En ce qui concerne les risques liés à
une utilisation excessive de ces solutions, ils
retournent plus de légendes urbaines que
d’une réalité scientifique comme cela a été
expliqué par le professeur Martine Bon-
naure-mallet responsable de la LPPDD lors
du dernier congrès de l’ADF en complément
des recommandations de la direction géné-
rale en santé (DGS).
La traçabilité
de la stérilisation
Elle représente la dernière étape in-
contournable de la chaine de stérilisation. En
effet quel est l’intérêt d’avoir réalisé des tests
(prion et hélix), de faire des requalifications
obligatoires et onéreuses, si vous ne conser-
vez pas les preuves que tout est conforme aux
dernières recommandations en matière de
stérilisation dans votre cabinet.
La traçabilité de la stérilisation consiste à
associer un dispositif médical stérilisé à un
numéro de cycle de l’autoclave et au dossier
d’un patient.
Cette procédure permet de réaliser la tra-
çabilité descendante symbolisée par les fa-
meuses étiquettes à codes à barres rattachées
au dossier du patient. Si cette étape est géné-
ralement facile à réaliser, la suivante utilisée
lors de recherches de traçabilités est un peu
plus complexe et fort heureusement reste
exceptionnelle.
Il s’agit de la traçabilité ascendante de la
stérilisation. Ici le principe consiste à partir
d’un instrument utilisé pour un soin à une
date précise,à retrouver les preuves que ce
DM était bien stérile. Pour ce faire grâce à l’in-
formatique il sera possible d’obtenir la fiche
de laboratoire de stérilisation sur laquelle fi-
gure le DM en question. Cette fiche avait été
créée lors de la stérilisation de celui-ci. Sur ce
document scanné on retrouve le nom de l’au-
toclave, le numéro du cycle prion réalisé, le ou
les tests réalisés: l’intégrateur prion systé-
matique, et le test hélix (une fois par semaine
ou tous les 6 cycles) puis le contenu de la
charge et enfin la signature de la personne
qui avait réalisé cette stérilisation. Cette fiche
complète [8] doit être conservée dans vos ar-
chives pendant 20 ans selon les dernières di-
rectives du conseil national de l’ordre (depuis
La lettre N° 143 de Décembre 2015).
L’utilité de cette traçabilité ascendante est
de pouvoir prouver en cas de litige que vous
n’êtes pas responsable de l’infection trans-
mise au patient.
Sans informatique la traçabilité de la stéri-
lisation est comparable aux 12 travaux d’her-
cule, surtout pour l’ascendante. D’où l’intérêt
de posséder un logiciel dentaire capable de la
réaliser aisément. Mais il sera nécessaire de
prendre le temps de le paramétrer selon vos
procédures (liste des sachets réalisés réguliè-
rement pour votre exercice), et de suivre des
formations (ou de lire la notice;-)).Une fois
bien maitrisée, la réalisation quotidienne de-
vient un jeu d’enfant.
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Dental Tribune Édition Française | Mai 2016 STÉRILISATION
Dr Patrick BONNE
· Expert AFNOR ADF en stérili-
sation
· Réfèrent scientifique de
l’UFSBD
· Coordonnateur du D.U. mana-
gement de la démarche qua-
lité en cabinet dentaire
· Université de Bordeaux.
(5) Traitement des fraises diamantées.
(7) Traitement de PID pour actes non chirurgicaux.
(6) Sigle compatible laveur sur PID.
(8(3) ) Fiche de stérilisation créée à chaque stérilisation puis à scanner.