LA REVUE DU PRATICIEN / 2006 : 56
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À chaque consultation, il faut mesurer la pression artérielle
et rechercher une protéinurie à la bandelette urinaire. Chez une
patiente obèse, il faut mesurer la pression artérielle avec un bras-
sard adapté.
La pression artérielle doit être prise aux deux bras, après 20 minutes
de repos.
Une pression artérielle systolique supérieure à 160 mmHg
et/ou une pression artérielle diastolique supérieure à 110 mmHg
définissent une HTA sévère.
L’examen clinique doit chercher des signes fonctionnels d’hy-
pertension artérielle sévère : céphalée persistante malgré les
antalgiques, acouphènes, phosphènes, troubles visuels. Il faut
rechercher une prise de poids récente, une diminution de la diu-
rèse, des œdèmes des membres supérieurs et du visage. Les
œdèmes des membres inférieurs n’ont pas de valeur lorsqu’ils
sont isolés, car trop fréquemment observés pendant la gros-
sesse.
Un bilan biologique à prescrire comporte une uricémie, une
créatininémie, les transaminases hépatiques, un hémogramme,
une protéinurie des 24 heures si la protéinurie est supérieure à
1 g/L à la bandelette urinaire.
Une échographie fœtale est demandée à la recherche d’un
retard de croissance associé, d’anomalies au doppler ombilical.
Prise en charge
Si l’ensemble du bilan complémentaire est normal, il s’agit
simplement d’une hypertension artérielle gravidique non com-
pliquée.
Le traitement antihypertenseur est prescrit lorsque la pres-
sion artérielle diastolique est supérieure à 100 mmHg et/ou
lorsque la pression artérielle systolique est supérieure à
160 mmHg ou devant la présence de signes fonctionnels d’hyper-
tension artérielle. L’objectif du traitement est de faire baisser
progressivement les pressions artérielles à 130-140mmHg de
maxima et 80-90 mmHg de minima.
Les médicaments les plus couramment utilisés sont:
— les antihypertenseurs centraux: l’alpha-méthyldopa ; ce der-
nier a le recul le plus long et l’innocuité la mieux établie; la poso-
logie varie de 750 mg à 1500 mg/jour;
— les alpha/bêtabloquants : le labétalol est également largement
utilisé; sa posologie de départ est de 600 mg/24 heures;
— les inhibiteurs calciques: la nicardipine et la nifédipine sont
également très utilisées. Ils ont une action vasodilatatrice ; la
posologie de la nicardipine est de 100 mg/jour en 2 prises, celle
de la nifédipine de 60 mg/jour en 2 prises;
— une surveillance hebdomadaire des pressions artérielles est
nécessaire.
Un arrêt de travail et le repos sont fortement suggérés.
PRÉ-ÉCLAMPSIE
Définition
C’est une pathologie spécifique de la grossesse survenant à
la fin du 2etrimestre et au 3etrimestre. Une protéinurie supé-
rieure 0,3 g/24 heures associée à une hypertension artérielle
gravidique définit la pré-éclampsie. Toute suspicion clinique de
pré-éclampsie impose une consultation en urgence. L’hospitali-
sation est obligatoire en cas de pré-éclampsie confirmée.
Diagnostic
Il faut rechercher à l’interrogatoire des signes fonctionnels
d’HTA (céphalées, phosphènes, acouphènes), une prise de poids
récente et importante, une augmentation brutale des œdèmes
des membres inférieurs, des mains, du visage. Parfois, il n’y a pas
d’œdème associé (pré-éclampsie « sèche »). Les principaux fac-
teurs de risque sont rappelés dans le tableau 1.
L’examen clinique doit rechercher une HTA, parfois instable,
souvent élevée le soir, rechercher des œdèmes, une ascite, une
hyper-réflectivité ostéotendineuse.
I-2-Q17 HTA gravidique, pré-éclampsie
QU’EST-CE QUI PEUT TOMBER À L’EXAMEN ?
Une femme enceinte de 32 SA, 2egeste,
ayant un antécédent d’HTA gravidique
lors de sa 1re grossesse (accouchement
par voie basse à 41 SA d’un garçon
pesant 2,5 kg [hypotrophe]), consulte
pour des céphalées inhabituelles et l’appa-
rition d’œdèmes des membres inférieurs.
Aux urgences, la pression artérielle est
à 165/100 mmHg et la protéinurie est
3 g/L à la bandelette urinaire.
À partir de cette situation clinique, les
questions pourront porter sur:
– les facteurs de risque de pré-éclampsie;
– le diagnostic entre pré-éclampsie et
pré-éclampsie sévère;
– la prise en charge de la pré-éclampsie
et de ses complications.
Exemples:
!Quel est votre diagnostic et sur quels
arguments?
"Quels sont les facteurs de risque liés
à cette pathologie?
#Quelle est votre prise en charge?
(justifiez)
$Quels sont vos examens complé-
mentaires pour l’évaluation fœtale?
%Au cours de l’hospitalisation, la patiente
se plaint d’une douleur épigastrique en
barre intense. Quel diagnostic devez-vous
suspecter? Comment le confirmez-vous?
Quel est votre traitement?
Voici une série de questions qui, à partir d’un exemple de cas clinique, pourrait
concerner l’item « Hypertension artérielle et syndrome pré-éclamptique ».
Éléments de réponse dans un prochain numéro ◗