Alimentation N° 61 juillet 2013 Santé & Petit budget Revue trimestrielle destinée aux professionnels et bénévoles impliqués dans la prise en charge et l’aide alimentaire aux populations démunies. DOSSIER2-3 ACTUALITÉS « Laits » végétaux chez le nourrisson : danger ! Plusieurs signalements de cas graves chez des jeunes enfants ayant été partiellement ou totalement nourris avec des boissons végétales à base de soja, d’amande, de noisette, de noix, de céréales (riz, avoine, épeautre, blé…) ou de quinoa et apparentés, ont conduit l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du travail (ANSES) à se pencher sur le sujet. Le constat est sans appel : ce type de boissons, n’est absolument pas adapté aux besoins nutritionnels du nourrisson. Leur usage chez le tout-petit entraîne rapidement une malnutrition et des carences en fer, en calcium et en vitamines pouvant avoir des conséquences dramatiques allant jusqu’au décès de l’enfant. L’agence rappelle que « le lait maternel est l’aliment de référence adapté aux besoins du nourrisson, et qu’en dehors de l’allaitement, seules les préparations pour nourrissons et préparations de suite (laits 1er et 2e âges), peuvent couvrir les besoins de l’enfant de moins d’un an ». http://www.anses.fr/sites/default/files/documents/NUT2011sa0261.pdf Adolescents : les produits laitiers garants des apports en micro-nutriments Les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS) sont, pour les adolescents, de 3 à 4 produits laitiers (ultra-frais laitiers, fromages et lait) par jour. Or d’après l’enquête CCAF-Crédoc 2010, près de la moitié des adolescents en consomment moins de 3 par jour. En analysant précisément les résultats chiffrés de cette enquête, il ressort que la couverture des besoins en micronutriments - en particulier le calcium mais pas seulement ! – est loin d’être assurée dans cette tranche d’âge, tant pour les filles que pour les garçons. En effet, on note chez tous les adolescents qu’en-dessous d’une consommation quotidienne de 3 produits laitiers, les apports totaux en calcium, mais aussi en magnésium, zinc et iode sont inférieurs aux besoins nutritionnels moyens. Par contre, dès lors que le repère des 3-4 produits laitiers quotidiens est atteint, les besoins moyens en calcium et en iode sont couverts chez les garçons. Et les besoins en calcium, iode et zinc sont assurés pour les filles. Coudray B et al. Poster AFDN mai 2013 Idées recettes bon marché De 2007 à 2010, suite au constat fait que les fruits et les légumes mis à disposition dans les structures d’aide alimentaire n’étaient que partiellement consommés, les ateliers « cuisine » de Poitou-Charentes, les structures d’aides alimentaires volontaires, l’Instance Régionale d’Éducation et de promotion pour la Santé, et l’Agence régionale de Santé Poitou-Charentes ont travaillé ensemble sur la réalisation d’un classeur de recettes illustrées. Ce classeur « Délices de fruits et de légumes » présente 93 fiches recettes afin d’inciter les personnes seules et les familles à cuisiner avec des ingrédients simples et peu coûteux, et à manger avec plaisir en toutes saisons. La recette « Gâteau de semoule au lait à la courgette et au fromage » illustrée dans ce numéro en est un extrait. http://www.ars.poitou-charentes.sante.fr/Livret-de-recette.155305.0.html Alimentation, Femmes : de la précarité au système D Alarmée par la féminisation grandissante de la pauvreté, la délégation aux droits des femmes et à l’égalité invite les Pouvoirs publics à agir, aussi bien à court qu’à moyen terme. FOCUS4 Alimentation : plus qu’une question de (sur)poids ! À force d’entendre toutes sortes d’informations nutritionnelles et de conseils pour maigrir, on pourrait penser que seuls l’eau, les fruits et légumes, les poissons, viandes et laitages maigres sont utiles pour avoir la ligne et rester en bonne santé. CÔTÉ CUISINE 5 gâteau de semoule à la courgette SUR LE TERRAIN 6 Mon poids, mon assiette L’action avait pour but d’explorer avec des femmes en situation de précarité et d’isolement social comment apprendre progressivement à mieux se connaître et s’estimer. Alimentation, Santé & Petit budget, Revue éditée par le CERIN (Centre de Recherche et d’Information Nutritionnelles) Rédactrice en chef : Caroline Rio Comité de lecture : Brigitte Coudray, Dominique Poisson Maquette et mise en page : la-ƒabrique-créative Illustrations : Navello Abonnement gratuit sur demande écrite adressée au CERIN [email protected] Tous les numéros de la revue sont en ligne sur le site www.cerin.org Cliquer sur le logo de la revue en bas de la page d’accueil. 42 rue de Chateaudun 75009 Paris Santé & Petit budget N° 61 juillet 2013 DOSSIER Femmes : de la précarité au système D Alarmée par la féminisation grandissante de la pauvreté, la délégation aux droits des femmes et à l’égalité invite les Pouvoirs publics à agir, aussi bien à court qu’à moyen terme. Dans son rapport intitulé « Femmes et Précarité », le Comité économique, social et environnemental (Cese) analyse les spécificités féminines potentiellement vectrices de précarité au regard de l’emploi et révèle qu’en 2010, en France, les femmes représentent plus de 54 % des pauvres et 70 % des « travailleurs pauvres ». C’est parce que, majoritairement, les préoccupations liées à l’alimentation, la santé et l’équilibre de la famille incombent aux femmes que les actions ont tout intérêt à les soutenir dans leur lutte quotidienne. Des métiers peu rémunérés « typiquement féminins » Les deux-tiers des employés à bas salaire sont des femmes. En 2010, on compte en particulier plus de 95 % de femmes dans trois métiers peu qualifiés de services aux particuliers (assistantes maternelles, aides à domicile, employées de maison) et plus de 70 % parmi les agents d’entretien (catégorie qui emploie le plus de femmes : 870 000 salariées) et les employés du commerce. La surreprésentation féminine dans ces métiers considérés comme correspondant à des qualités « naturelles et innées chez elles », aussi peu reconnues dans la vie professionnelle que dans la sphère familiale, constitue une illustration manifeste de la précarité cumulative. Des temps partiels subis avec horaires à géométrie variable Plus des trois-quarts des personnes en sous-emploi sont des femmes. Le taux de féminisation des emplois à temps partiel dépasse 82 % et pour 31 % des intéressées, cette situation est subie. En moyenne, en 2010, 16 % des femmes ayant un emploi travaillent à temps partiel entre 15 heures et 29 heures par semaine et un peu plus de 4 %, moins Alimentation, de 15 heures. Lorsque le temps partiel est subi, les horaires sont généralement d’une grande instabilité, voire atypiques. Dans les services de nettoyage et d’aide à domicile, les femmes ont souvent des durées de travail courtes et cumulent plusieurs employeurs ou plusieurs lieux d’emploi. Dans l’hôtellerie et la restauration, la saisonnalité des activités conduit à une grande diversité des contrats et des horaires. Dans la grande distribution, ces derniers sont irréguliers et l’amplitude journalière est d’autant plus grande que l’on intègre les interruptions de service, en général trop courtes dans les grandes villes, pour regagner son domicile. Le casse-tête budgétaire Les femmes perçoivent une pension de droit direct presque deux fois plus faible que celle des hommes (879 euros contre 1657 euros mensuels) et elles constituent 57 % des bénéficiaires du minimum vieillesse (777 euros mensuels). Selon la dernière étude ABENA, le reste à vivre mensuel des bénéficiaires de l’aide alimentaire consacré à l’alimentation par personne était en moyenne de 68 € (2,3 € /pers/j versus 2,6€ en 2004-2005). En situation de précarité et/ou à contrats de travail temporaires, les femmes sont donc confrontées à des difficultés et des inégalités qui s’additionnent et se renforcent au lieu de se résorber. Santé & Petit budget N° 61 juillet 2013 Des risques de paupérisation pour les femmes « âgées » En dépit de la progression de l’activité féminine et des droits familiaux liés aux enfants, les niveaux de pensions de droit propre des femmes restent très inférieurs à ceux des hommes. Ces écarts de pension résultent des différences dans les parcours professionnels notamment période d’interruption d’activité, travail à temps partiel et inégalités salariales. Parallèlement les allocataires du minimum vieillesse et du minimum contributif sont très majoritairement des femmes. En dépit de revalorisations conséquentes intervenues en 2009 et 2010, précisément pour les personnes seules, le niveau du minimum vieillesse reste inférieur au seuil de pauvreté. Le rapport 2011-2012 de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES) a ainsi souligné le risque de précarisation accentué qui concerne plus de 450 000 femmes âgées de 75 ans et plus. Or, cette population se révèlera d’autant plus vulnérable aux risques nutritionnels liés à l’âge (dénutrition, déshydratation et ostéoporose) que les apports alimentaires seront insuffisants pour couvrir les besoins en eau énergie, protéines, vitamines et minéraux (calcium particulièrement). D’où l’importance de l’information et l’accompagnement de ces femmes afin de garantir des apports alimentaires adéquats en ayant recours aux aliments dont le rapport qualité nutritionnelle –prix défie toute concurrence. Soient le lait et les produits laitiers, les œufs et les légumes secs. Le surendettement a fortement augmenté depuis 2008 : recours massif au crédit à la consommation pour compenser de faibles revenus, isolement à la suite d’une rupture familiale, éloignement de l’emploi (chômage, invalidité ou maladie). La dernière enquête typologique publiée en mars 2011 par la Banque de France confirme une représentation importante des femmes seules (53 %) avec ou sans enfant à charge parmi les surendettés. La spirale infernale de la précarité Si les foyers monoparentaux ne doivent pas être considérés, de manière générale et par principe, comme en danger, être dans cette situation constitue incontestablement un facteur de précarisation pour les femmes les plus fragiles. La rupture familiale, quelles qu’en soient les causes (veuvage, séparation, divorce) et les compensations apportées (capital décès, pensions alimentaires) se traduit par une perte de ressources pour le parent, essentiellement la mère, qui assume la garde du ou des enfant(s). De fait, les parents seuls se trouvent depuis longtemps en première ligne parmi les allocataires de minima sociaux. Ces mesures de soutien contribuent certes à réduire directement le taux de pauvreté des familles monoparentales mais elles exposent certains parents (en particulier les mères isolées jeunes et peu qualifiées) à de longs retraits du marché du travail qui fragilisent leur insertion durable dans l’emploi et leurs revenus futurs. La santé : un enjeu crucial Lutter au quotidien contre la précarité, liée notamment aux aléas d’une activité professionnelle marquée par l’instabilité et l’incertitude du lendemain, engendre un profond sentiment d’insécurité susceptible en tant que tel d’affecter l’état de santé. Par ailleurs, dans nombre de cas, les conditions de travail elles-mêmes sont pathogènes mais dans toutes ces situations, leur faible niveau de ressources conduit les femmes concernées à hiérarchiser les priorités : se nourrir, faire face aux dépenses de la vie courante, consti- tuent des préoccupations majeures qui relèguent au second plan le recours aux soins, a fortiori s’il nécessite une avance de frais ou comporte un reste à charge trop important. Globalement, en France, l’espérance de vie des femmes (en 2010) demeure supérieure d’un peu plus de 6 ans à celle des hommes (84,8 ans contre 78,1 ans). Elles ont aussi une meilleure espérance de vie en bonne santé même si l’écart est plus réduit (64,2 ans contre 62,4 ans). Cependant, quelle que soit la tranche d’âge, les femmes se perçoivent toujours en moins bon état de santé que les hommes. Cela dit et en dépit de ce ressenti, les intéressées recourent moins aux examens de prévention et elles déclarent plus souvent que les hommes renoncer à des soins, essentiellement pour des raisons financières. Tout se passe comme si ces expériences de précarité formaient les rouages d’un même mécanisme de construction d’une vulnérabilité de long terme. La précarité apparaît multifactorielle, toutes ses dimensions ayant une influence négative sur l’accès aux soins. Ce cumul de vulnérabilités sociales semble bien constituer un facteur majeur de renoncement aux soins. Pour les chercheurs de l’IRDES, ces très fortes corrélations entre renoncement et dimensions de la précarité tendent aussi à montrer que le renoncement pourrait lui-même être interprété et utilisé comme indicateur de la précarité en santé. L’alimentation et indicateurs de santé des bénéficiaires de l’aide alimentaire Selon l’étude ABENA 2011-2012, une part importante des usagers de l’aide alimentaire mange un nombre restreint de fois au cours d’une journée : 39.5 % déclarant moins de 3 prises alimentaires la veille de l’enquête, au dépend le plus souvent d’un repas le matin mais également le midi. Malgré de légères améliorations observées depuis 2004-2005, il apparaît de faibles consommations pour certains groupes d’aliments recommandés pour Une lueur d’espoir pour les jeunes générations ? Des inégalités de genre en faveur des filles sont toutefois constatées ainsi que l’ont souligné le rapport et l’avis du Conseil économique, social et environnemental du 13 septembre 2011. Ainsi, parmi les élèves en échec scolaire issus de milieux défavorisés, les filles sont en moindre proportion que les garçons : 3,6 % pour les unes et 6,9 % pour les autres. Elles sont aussi deux fois plus nombreuses parmi les élèves « résilients », c’est-à-dire ceux qui, bien qu’issus de milieux défavorisés, obtiennent d’excellents résultats scolaires : 10,1 % des filles et seulement 5,1 % des garçons sont dans ce cas. leur valeur nutritionnelle. Il s’agit, en particulier, des fruits et légumes et des produits laitiers moins consommés que dans population générale. Ainsi la proportion de personnes fréquentant les structures de distribution alimentaire qui déclarent consommer moins d’un produit laitier par jour s’élève à 16,2 % tandis que 14.7 % des usagers déclarent en consommer 3 par jour. La prévalence de l’obésité a significativement augmenté depuis 2004 et s’avère particulièrement élevée chez les femmes (35,1 %). Il en est de même pour le diabète dont la prévalence est plus forte chez les femmes que dans la population générale (8.3 contre 3.3 % dans l’Etude nationale nutrition santé, ENNNS 2006-2007). Des pistes d’actions Les auteurs recommandent de généraliser : >> l’aide ciblée aux familles en difficulté et notamment aux mères auxquelles incombent la charge principale de l’enfant puis de l’adolescent, >>une attention particulière à l’accompagnement des mères isolées issues de l’immigration notamment en matière d’apprentissage de la langue française, d’aide à la compréhension du système éducatif et de sensibilisation à l’environnement scolaire de leurs enfants Enfin, il est à noter que la pauvreté n’est pas seulement « monétaire », elle se conjugue aussi avec l’inégalité et l’absence de capacités et de pouvoir. Au-delà de l’aspect financier, c’est avant tout l’histoire de vie de la personne, sa situation sociale présente et passée ainsi que ses craintes pour l’avenir, qui peuvent expliquer des habitudes de vie délétères et/ ou un renoncement aux soins. Le rapport stipule donc que la prise en charge sanitaire pour le suivi des femmes en situation de précarité doit être multidisciplinaire, en réseau et incluant les services sociaux. Il importe également que les personnels soignants adoptent un discours accessible et adapté au vécu de leurs patientes grâce à une plus grande sensibilisation des professionnels de santé et du secteur sanitaire et social aux liens complexes entre santé et précarité. FOCUS Alimentation : plus qu’une question de (sur)poids ! A force d’entendre toutes sortes d’informations nutritionnelles et de conseils pour maigrir, on pourrait penser que seuls l’eau, les fruits et légumes, les poissons, viandes et laitages maigres sont utiles pour avoir la ligne et rester en bonne santé. Or manger ne peut se restreindre à nourrir son corps et être mince. En situation d’insécurité alimentaire, ceux qui au quotidien sont contraints de compter non pas les calories mais les euros, ont besoin d ‘être rassurés et encouragés à manger de tout. D’où ce point sur quelques idées reçues sur l’alimentation et les régimes. Les féculents font-ils grossir ? Pain, pâtes, riz, pommes de terre, légumes secs… riches en glucides complexes, pâtissent d’une mauvaise réputation historique. Pourtant, non seulement ils rassasient et évitent de grignoter, pour calmer les fringales, mais ils contribuent également aux apports en vitamines et minéraux ainsi qu’en fibres. C’est pour ces raisons que Le Programme national nutrition santé recommande d’en manger « à chaque repas ». Or, seuls 22 % des Nutrinautes connaissent cette recommandation. C’est d’ailleurs le repère alimentaire du PNNS le moins bien connu. nature, non sucrés, mais pas nécessairement les yaourts à 0 % de matière grasse. En guise de dessert ou de collation, un yaourt sucré ou une crème dessert sera forcément moins énergétique qu’une pâtisserie. Le yaourt peut être consommé tel quel ou être utilisé comme base de sauce pour les crudités. des besoins de la journée en calcium et correspond à l’équivalent en protéines de 2 tranches fines de jambon (50 g) : un bon rapport calcium-protéines/prix. Le fromage n’est donc pas incompatible avec le régime. En cas de régime, peut-on manger du fromage ? Les résultats d’un sondage fait auprès de l’échantillon de NUTRINET vont dans le sens d’un constat clair sur le manque d’efficacité (voire les risques rappelés par le rapport de l’ANSES) des régimes restrictifs « commerciaux » pratiqués sans environnement médical, et notamment lorsqu’ils sont répétés et sur l’intérêt d’une alimentation équilibrée, diversifiée allant dans le sens des recommandations nutritionnelles globales (intégrant une activité physique régulière). Lorsque l’on surveille sa ligne, on a tendance à attacher beaucoup d’importance à la valeur calorique des aliments et à oublier leur valeur nutritive (teneur en protéines, glucides, lipides vitamines et minéraux). Ainsi, pour le fromage, il s’agit de le choisir en fonction de sa richesse en calcium et en protéines. Par exemple, une portion de 30 g d’emmental ou de cantal couvre 1/3 Quel yaourt choisir quand on surveille son poids ? En cas de désir de perte de poids, il est préférable de choisir les yaourts Pour maigrir, pas d’autre choix que de faire un régime strict ? Pour aller plus loin Femmes et précarité « 10 raisons de ne pas faire régime » http://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/ Etudes/2013/2013_09_femmes_precarite.pdf http://www.inpes.sante.fr/etudes/pdf/2013-abena2-synthese.pdf http://www.voyonslarge.be/ http://media.etude-nutrinet-sante.fr/media/CP_nutrinet_emotionalite_ alimentaire_10_04_13.pdf https://www.etude-nutrinet-sante.fr/fr/common/actualites.aspx Alimentation, Santé & Petit budget N° 61 juillet 2013 adaptation pour 1 personne CÔTÉ CUISINE Gâteau de semoule salé 4 personnes Pré paration 1 Facile Préparation : 15 mn Cuisson : 45 mn Mettre le four à chauffer à 180 ° C (th 6). Ingrédients 4 courgettes 4 verres de lait 1 verre de semoule de blé fine 3 5 1 + ½ verres d’emmental râpé 1 noisette de beurre Sel, poivre, herbes de Provence, et muscade en poudre Recette proposée par l’atelier du CCAS d’Aytré (17), issue du classeur : Délice de fruits et de légumes Alimentation, 7 Ajouter le sel, le poivre, la muscade et le gruyère râpé. Mélanger. Verser la préparation dans un moule beurré. Santé & Petit budget N° 61 juillet 2013 4 Verser les courgettes râpées dans la casserole de lait, laisser cuire 5 mn sur feu doux. Verser la semoule dans la casserole, laisser cuire 5 mn sur feu doux en remuant sans cesse. 3 cuillères à soupe de crème fraîche 2 Laver, peler et enlever le pédoncule des courgettes. Râper-les. Dans une casserole, faire chauffer le lait sur feu doux jusqu’à ébullition. 3 oeufs 1 courgette, 1 verre de lait, ¼ verre de semoule de blé fine, 1 œuf, 1 cuillère à soupe de crème fraîche, ½ verre d’emmental râpé, herbes de Provence, sel, poivre et muscade en poudre. 6 Hors du feu, ajouter la crème fraîche, les oeufs et les herbes de provence. Mélanger. 8 Laisser cuire 35 mn au four à 180 ° C (th 6). SUR LE TERRAIN Mon poids, mon assiette Porté par l’ARS, en partenariat avec la MSA, le Conseil général de la Dordogne, la CAF de Périgueux et les CCAS des municipalités impliquées dans le programme, en lien avec les associations locales (Restos du cœur, Secours populaire), l’action « Mon poids, mon assiette- Alimentation et estime de soi pour les femmes en situation de précarité » avait pour but d’explorer avec des femmes en situation de précarité et d’isolement social comment apprendre progressivement à mieux se connaître et s’estimer. La genèse et la particularité du projet En 2008, suite à un stage alimentation organisé par la MSA 24, à la demande de l’association de femmes agricultrices du Bergeracois, les participantes ont émis leur souhait d’être informées sur leur alimentation et les liens avec la santé. A cette occasion, certaines d’entre elles ont exprimé un certain mal-être engendré tant par leur surpoids que par le regard d’autrui. Elles ont souligné ce paramètre comme facteur contribuant à accentuer leur isolement social. Plusieurs stages ont ainsi été organisés dans différents territoires de la Dordogne avec le Conseil Général 24 comme partenaire. Depuis 2009, grâce au soutien financier de l ‘ARS, toujours avec l’appui de la MSA 24 et de la Caf Périgueux, mais aussi des CCAS des municipalités citées ci-après (Floirac, St Astier, Mussidan, Villenave d’Ornon), 5 groupes de femmes ont pu bénéficier de ce programme. L’originalité de l’action tient sûrement au profil de la professionnelle animant ces journées et à l’implication des professionnelles du secteur social qui ont une bonne connaissance de ces femmes et de leurs difficultés, et ont participé activement aux journées. Leur présence, indispensable, rassure les femmes. En tant que diététicienne et praticienne en sophrologie, Catherine Arriudarre a enrichi son expérience de nutritionniste par un long travail de réflexion et de pratique autour du bien-être psycho-corporel et du féminin. D’où une aisance pour instaurer les conditions propices à la confiance et au respect de chacune dans le groupe, favorisant l’émergence des problématiques personnelles et/ Alimentation, ou communes aux femmes en lien avec l’alimentation, le corps, l’activité physique et l‘estime de soi. Le déroulement d’une journée Les sessions ont concerné 15 femmes en moyenne dans chacun des 4 groupes, pendant 6 mois, à raison d’une journée mensuelle. L’organisation d’un ramassage systématique pour les femmes qui vivent en milieu rural sans moyen de transport s’est avéré indispensable. Après le temps d’accueil, la matinée est organisée autour de deux temps forts : les échanges autour de l’alimentation les habitudes alimentaires, les rythmes de vie, l’envie de cuisiner, la découverte d’aliments, l’offre d’approvisionnement de proximité, le budget, etc. puis la réalisation en cuisine de 3 préparations, avec des recettes simples, rapides et économiques (maximum 35 euros pour des repas complets avec entrée-platdessert pour 15 personnes). Le partage du repas en commun est le trait d’union entre les deux sessions de travail collectif introspectif. Ce temps de partage est très fortement apprécié par le participantes, qui d’ordinaire prennent leur repas seules. L’après-midi est consacré aux échanges sur l’image corporelle et l’estime de soi. Parmi les thématiques évoquées : la pression à maigrir, la gestion du stress, le gestion des émotions, la vie affective et relationnelle. Les séances se déroulent de manière ludique avec des exercices pratiques (par exemple : exercices corporels simples, exercices de détente ou de relaxation, exercices de relooking). Il est à noter que pour chacun des groupes, la dernière journée est consacrée à la préparation d’un repas auquel des personnalités sont invi- Santé & Petit budget N° 61 juillet 2013 tées (maires de municipalités et élus concernés, responsables des services sociaux, etc..). Cette journée de clôture permet à chacune de trouver sa place au sein du groupe et de percevoir comment elles ont cheminé au cours des séances et pu dépasser leur sentiment d’échec et de dépréciation personnelle. La cuisine : lieu et enjeux de l’intimité féminine Sous des airs familiers et détendus, le temps en cuisine était pensé pour illustrer concrètement comment résoudre des problématiques quotidiennes. Malgré les émotions, les larmes et les confidences libérées, le groupe forme un cocon féminin protecteur, qui souligne la nécessité de s’écouter et de prendre un temps pour soi. Sans peur du jugement, mettre des mots sur les sensations alimentaires, le vécu personnel (l’histoire familiale, la relation conjugale, la place dans la famille, le rôle de mère…) sont autant de défis pour ces femmes dont la plupart n’a pas l’habitude de s’exprimer. C’est donc là que ce dispositif ambitieux démontre toute son audace. Son enjeu majeur vise à amorcer des processus de changement, essentiellement en mobilisant les ressources personnelles de chacune. Comment faire en sorte que ces femmes très isolées et dévalorisées deviennent bienveillantes vis-à-vis d’elles-mêmes ? En conclusion, si la plupart des femmes a pu changer certaines de leurs habitudes et commencer à se sentir mieux, d’autres auraient besoin de plus de temps et d’accompagnement pour amorcer des changements. Contact : Catherine ARRIUDARRE Diététicienne : 06 83 44 63 96 [email protected]