Chapitre : Décolonisation et émergence du Tiers-Monde (1945-années 1970) Introduction : Le phénomène de décolonisation est tout d’abord un signe d’une formidable accélération du temps, car s’il a fallu plusieurs siècles pour bâtir les empires coloniaux (on peut dater le début de la colonisation de la découverte de l’Amérique), il ne faut que trois décennies pour assister à la disparition des colonies. Cela créé de nouveaux pays qui ont besoin de se constituer une identité réelle autour de l’idée de nation, même si celle-ci n’est pas forcément l’unique référence de ces nouveaux Etats. On peut se demander : Pourquoi assiste-t-on à partir de 1945 à une demande d’émancipation des colonies ? Comment se déroule ce processus de décolonisation ? Quelles sont les différences selon les continents et selon les pays colonisateurs ? On assiste en effet { plusieurs types d’acquisition de l’indépendance : certains pays ont une indépendance donnée par les métropoles, d’autres ont une indépendance octroyée (c’est-à-dire qu’elle est donnée à contrecœur et pour éviter en dernier recours) d’autres enfin obtiennent une indépendance arrachée, qui est obtenue par une guerre avec le colonisateur. Parallèlement, ces nouveaux pays cherchent { s’affirmer sur la scène internationale et forment un groupe hétérogène regroupé sous le terme « Tiers-Monde » qui cherche à exister dans le monde bipolaire et à trouver des solutions pour les nouveaux pays en proie à de nombreuses difficultés économiques ou politiques. Quelle est la place de ces nouveaux pays sur la scène internationale ? Quelles difficultés connaissent-ils après leur indépendance ? Ce chapitre est en lien avec le chapitre sur la France de 1945 à nos jours, et avec celui sur les relations internationales, ainsi que celui sur la mondialisation. I. Ebranlement des empires et montée en puissance des nationalismes (au lendemain de la SGM) Pour bien comprendre ce phénomène de décolonisation, il importe de revenir sur trois points importants : rappels historiques sur la colonisation / l’impact de la SGM / la montée en puissance des mouvements d’indépendance. A. Rappels historiques : qu’est-ce que la colonisation ? Pour bien comprendre le phénomène de décolonisation, il est indispensable de bien comprendre ce en quoi consiste la colonisation. Chapitre décolonisation et Tiers monde, TL2, 2011 Page 1 Schéma des principes et du fonctionnement de la colonisation européenne Chapitre décolonisation et Tiers monde, TL2, 2011 Page 2 Nationalisme: idéologie qui repose sur l'exaltation du sentiment national, c'est-à-dire la valorisation d'une identité nationale, comprise comme une identité basée sur un certain nombrede critères communs qui peuvent varier selon les cas. Le nationalisme est exporté dans les colonies même, du coup les colonisés l'utilisent pour demander l'indépendance. Impérialisme: cette notion recouvre plusieurs réalités.Objectivement, cela désigne la domination d'un Etat sur un autre gràce à la supériorité de ses moyens militaires, techniques ou économiques.Un Etat peut être officiellement indépendant tout en étant soumis à de l'impérialisme d'un autre pays. Mais le sens peut être polémique, et désigne alors la forme d'expression maximale de la domination capitaliste selon les marxistes. Colonisation: acte de posséder une colonie, c'està-dire un territoire conquis souvent par la force qui est sur un autre continent que l'Europe et qui est géré par la métropole. Les autochtones n'y jouent alors qu'un rôle subalterne. Les Etapes jusqu'en 1945 : - 1858: conquête des Indes par les Anglais - 1914-1918 : les colonies participent à l'effort de guerre ( surtout France et GB) -1931 : exposition coloniale à Paris,âge d'or de l'Empire coloniale - 1942: motion " quit India" des nationalistes indiens qui demandent à la GB de quitter le territoire. -15 août 1944 : les Alliés débarquent en Provence, troupes coloniales nombreuses. Quelques rappels essentiels B. La SGM sonne le glas de l’ordre colonial 1.Affaiblissement des puissances coloniales : La Seconde Guerre mondiale a un effet de catalyseur dans les colonies. En effet, plusieurs puissances sont affaiblies comme la France qui perd des colonies en tant que pays occupé (comme l’Indochine qui devient sous domination japonaise ou encore les colonies du Maghreb qui sont convoitées par Vichy et les Allemands). Cependant on constate que les colonies sont globalement fidèles aux puissances coloniales (rôle des troupes indiennes au sein de l’armée britannique, soutiens des colonies d’Afrique noire ou du MoyenOrient aux Forces Françaises Libres de de Gaulle). Si les colonies agissent de cette façon, c’est tout simplement que les puissances de l’Axe n’arrivent pas malgré leur effort à se faire admettre comme des libérateurs. Mais il faut retenir de la défaite met fin au mythe de supériorité de l’Homme blanc 2.Un positionnement difficile en 1945 : Afin d’obtenir le soutien des colonisés, il n’est pas rare que des promesses aient été faites du temps de la guerre. C’est le cas des Britanniques qui ont promis des réformes après la victoire, ou encore de de Gaulle qui en 1944 à Brazzaville promet des évolutions positives pour les colonies. Toutefois, il y a parfois des réactions négatives devant ce qui semble de plus en plus être une façon de gagner du temps : 1942, motion Quit India, du Parti du Congrès Indien qui demande aux Anglais de quitter l’Inde Manifeste pour l’indépendance de l’Algérie en 1943. Chapitre décolonisation et Tiers monde, TL2, 2011 Page 3 Surtout les Alliés (Britanniques et Américains) ont évoqué lors de la Charte de L’Atlantique en 1941 le droit des peuples { disposer d’eux-mêmes. Lorsque la guerre se termine, la situation est difficile pour les métropoles car les différentes promesses doivent être prises en compte. 3.De nouveaux acteurs anticoloniaux : A la fin de la Guerre, il y a de nouveaux acteurs anticoloniaux qui pour des raisons hétérogènes s’opposent { l’existence des colonies. L’ONU s’est créée sur le principe de paix et de respect des peuples. Elle est dès le début un lieu d’expression anticoloniale. Les deux Grands sont opposés aux colonies : l’Urss est hostile pour des raisons idéologiques, antiimpérialistes, les Etats-Unis sont contre parce que cela est contraire au libéralisme et aussi surtout en mémoire de leur propre histoire. MAIS ils taisent rapidement leurs critiques dans le contexte naissant de guerre froide. Des milieux intellectuels et politiques : dans les pays colonisateurs, on trouve des groupes informels hostiles au principe colonial. Communistes, chrétiens, intellectuels cosmopolites. Des milieux d’affaire : on trouve enfin des économistes ou financiers qui affirment que les colonies coûtent trop chères, on parle de « cartiérisme » en référence { l’un d’entre eux. Mais ce qu’il faut surtout noter ,c’est que la Guerre a permis aussi la prise de conscience même des colonisés et a permis l’expression de revendications d’émancipation. C. La montée en puissance des mouvements nationalistes Il s’agit d’un mouvement parallèle { l’éclipse des Empires durant la SGM. La prise de conscience de former un ensemble homogène soumis { une puissance étrangère, dont il faut s’écarter. Sauf cas exceptionnel, la voie de la violence devient un horizon indépassable pour ces militants dont le nationalisme est encore en gestation. 1. Le prix du sang versé 2 millions d’Indiens ont aidé les Anglais, 400 000 Africains ont participé { l’effort de guerre du côté français. Les puissances coloniales ont de plus demandé un effort important du point de vue de la production (cultures forcées, réquisitions, volontarisme, etc.). La participation des troupes autochtones (qu’on appelle souvent « indigènes ») au conflit a permis certaines victoires comme Monte Cassino en 1943 ou débarquement Provence en 1944. En échange, les métropoles ont fait beaucoup de promesses, avec toujours un flou au niveau des dates. 8 mai 1945, Sétif, prise de conscience de l’impossibilité du côté français de concevoir la réalité d’une évolution vers davantage de liberté. En conséquence, les promesses bafouées associées aux répressions, cela forge la prise de conscience de l’exploitation. Franz Fanon, les Damnés de la Terre, 1961 : « le colonisé donc découvre que sa vie, sa respiration, les battements de son cœur sont les mêmes que ceux du colon »p.36 / « les répressions, loin de briser l’élan, scandent les progrès de la conscience Chapitre décolonisation et Tiers monde, TL2, 2011 Page 4 nationale » p.54. Fanon est Martiniquais, élève de Césaire, s’engage en 1944 dans l’armée française, blessé en 1945, études de médecine en France, puis se positionne contre le colonialisme et rejoint les rangs du FLN. Son parcours illustre cette prise de conscience et ses écrits développent la prise de conscience collective. 2. L’affirmation des groupes nationalistes Il faut garder { l’esprit qu’il y a plusieurs étapes, plusieurs méthodes et plusieurs idéologies selon les espaces. Primauté de l’Asie sur L’Afrique. Globalement on perçoit dans l’entre-deux-guerres une élite autochtone, mais aussi des classes moyennes qui ne peuvent accéder aux fonctions de pouvoir, ce qui suscite ressentiments et espoirs de changement. Les masses populaires sont souvent déstabilisées par le colonialisme et elles deviennent par la suite le fer de lance des mouvements de révolte. L’intégration, qu’elle qu’en soit le contenu ne fonctionne pas, mais l’Occident { néanmoins fourni des « armes » comme le nationalisme (idée d’ « arme retournée »). On reprend { son compte les idéaux de liberté et d’égalité. 3. Quelles revendications ? Quelques leaders / mouvements nationalistes: Ho Chi Minh (1890-1969) Indochine Vietminh, nationaliste et communiste Mohandas Gandhi (1869-1948) Inde Parti du Congrès, nationaliste Habib Bourguiba (1869-1948) Tunisie Néo-Destour, nationaliste mais influence de la France et du socialisme Achmed Soekarno (1901-1970) Indonésie Parti National Indonésien, nationaliste, communiste, religieux Analyse de texte : déclaration d’indépendance de la République démocratique du Vietnam, 2 septembre 1945.Voir feuille annexe. II. La décolonisation : mouvement rapide mais par étapes La décolonisation s’est massivement exprimée entre 1945 et le milieu des années 1960. Cela s’est fait par étapes avec des impulsions venant d’Asie. Chapitre décolonisation et Tiers monde, TL2, 2011 Page 5 A.) L’éveil en Asie : Pour de multiples raisons, c’est en Asie que le mouvement débute. Il ya sans doute tout d’abord l’idée que l’Asie a connu des civilisations brillantes avant l’arrivée des Européens et que l’histoire de ces civilisations a été transmise (rôle de l’écrit et donc des traces, alors que cela est moins vrai pour l’Afrique, où la culture est avant orale). L’invasion par les Japonais a également joué. Et auparavant les structures étatiques étaient connues. 1. La décolonisation en Inde Pendant la Guerre, les Britanniques ont accepté de discuter avec les nationalistes. L’idée de négociation est présente, et le processus se fait entre 1945 et 1947. Du côte indien : rôle de Gandhi, de Nehru et d’Al Jinnah ( musulman) Ce vaste territoire, considéré comme un des joyaux de la couronne britannique, est depuis longtemps sujet à des revendications puisque en 1885= Parti du Congrès. Les actions menées par Gandhi ont rencontré de plus en plus d’adhésion. Les Anglais cherchent à privilégier la poursuite de relations économiques, et on assiste donc à un processus de décolonisation pacifique. MAIS les problèmes ensuite sont nombreux : Partition entre Inde et Pakistan, éclatement des deux pays à cause des oppositions Hindous/Musulmans. Problèmes des frontières et des déplacements de population Difficultés économiques. Gandhi ,1869-1948 Issu de l’élite indienne, devient avocat après de brillantes études en GB, prône l’utilisation de la nonviolence contre les Anglais, profondément religieux, il est plusieurs fois emprisonné, mais bénéficie d’un soutien croissant en Inde et dans l’opinion internationale. Interlocuteur incontournable avec Nehru et Jinnah, soucieux de préserver l’unité de l’Inde en dépit des différences religieuses. Il ne parvient pas à éviter la séparation de l’Inde et du Pakistan, mais prône le dialogue entre les communautés, ce qui lui vaut d’être assassiné en 1948. Chapitre décolonisation et Tiers monde, TL2, 2011 Page 6 2. La décolonisation en Indonésie Le retour des Hollandais dans leur colonie est difficile après l’occupation japonaise. Le mouvement nationaliste animé par Soekarno a en effet proclamé seul son indépendance en formant un gouvernement. Les Hollandais ont accepté dans un premier temps cette situation mais ils le lancent dans une reconquête après 1947 ce qui a pour effet de déclencher une véritable guerre violente. Les EU forcent les Pays-Bas { négocier, ce qui est fait en 1949, et cela se solde par l’indépendance du pays. 3. La décolonisation en Indochine Voir cours sur la France de 1945 à nos jours. Chronologie : C’est la guerre « entre un tigre et un éléphant. Si jamais le tigre s’arrête, l’éléphant le transpercera de ses puissances défenses. Seulement le tigre ne s’arrêtera pas. Ilse tapit dans la jungle pendant le jour pour ne sortir que la nuit. Il s’élancera sur l’éléphant et lui arrachera le dos par grands lambeaux puis il disparaîtra à nouveau dans la jungle obscure. Et, lentement, l’éléphant mourra d’épuisement et d’hémorragie » HCM, octobre 1946. 1 million de morts du côté du Vietnam, 100 000 du côté français. Quatre pays indépendants sont créés : Laos, Cambodge pro-occidentaux et le Vietnam qui est divisé en deux (communistes /nationalistes). B.) Etat des lieux au milieu des années 1950 : 1. Les premières décolonisations ont valeur d’exemple Chapitre décolonisation et Tiers monde, TL2, 2011 Page 7 2. La conférence de Bandung : C’est la première réunion de pays décolonisés, ainsi que d’autres pays qui s’estiment solidaires. Se met en place une position de leader, mais justement il est difficile d’en trouver un seul unique. 18-24 avril 1955, 29 pays participants, Asie, Afrique, Moyen-Orient. Mais derrière l’appel { la solidarité, il y a de très nombreuses divergences avec le Pakistan, plutôt proaméricain, L’Inde neutre ou la Chine pro-soviétique. Mais ce qui est important c’est que c’est le premier groupement international qui condamne le racisme, le colonialisme et appelle à l’élargissement de la décolonisation. On assiste dans le milieu des années 1950 au déroulement des dernières décolonisations anglaises en Asie (Malaisie, Ceylan, Birmanie) et au moment où l’Asie acquière a peu près totalement son indépendance, l’Afrique débute sa volonté d’émancipation. Sur ce continent, l’Egypte veut incarner le leadership Nasser et l’Egypte : Nasser ( 1918-1970) devient le leader de ce pays entre 1952-1953 et souhaite lui donner pleinement son indépendance, car même si l’indépendance politique est effective, l’indépendance économique n’est pas réelle. A ce titre, il souhaite nationaliser le Canal de Suez, créant une crise internationale car GB, France et Israël interviennent contre lui, mais sous l’injonction des 2 Grands, le conflit s’estompe rapidement, même si l’Egypte est défaite militairement. La fermeté de Nasser toutefois lui permet de prétendre être un leader pour les Arabes, les Musulmans ou pour l’ensemble du continent africain. Dans cette optique, il apporte son soutien aux mouvements nationalistes africains. Chapitre décolonisation et Tiers monde, TL2, 2011 Page 8 C.) La poursuite du processus en Afrique : Le continent se tient relativement { l’écart des premiers mouvements d’indépendance asiatiques, mais il faut tenir compte de l’impact de la très forte répression 8 mai 1945, Sétif 1947, Madagascar, lieu d’une très violente répression, dont on ne connaît pas encore tout le déroulement, entre 50 000 et 100 000 morts. 1.La décolonisation française en Afrique : a) Une indépendance octroyée : les protectorats du Maghreb Les deux protectorats du Maghreb (Maroc / Tunisie) sont proches de la France, et on conservait une apparence de régime autochtone. Toutefois leur évolution vers l’indépendance est { mesurer par rapport { l’Algérie. Plus la France souhaite garder l’Algérie, plus elle accepte de lâcher du lest dans les deux autres territoires du Maghreb. Deux étapes dans le processus : L’impasse : au Maroc, fondation de l’Istiqlal ne 1943, volonté d’indépendance sous la direction du sultan Mohammed BenYoussef, réplique française avec durcissement de l’administration locale et exil du sultan. En Tunisie, rôle du néo-Destour, on envisage en 1950 l’entrée de nationalistes modérés dans le gouvernement du protectorat, refus des colons. Dans les deux cas, il y a impasse, avec volonté d’utiliser la violence pour répliquer { l’intransigeance française. Sortie négociée de l’Empire : négociations par étapes sous la direction de PMF, discours de Carthage (juillet 1954) où il envisage des réformes, on promet l’autonomie aux Tunisiens, Bourguiba accepte, autonomie complète en juin 1955. Du coup, on cède également au Maroc, mais en allant plus loin, 20 mars 1956, indépendance sous la direction de Mohammed V. Conséquence, indépendance aussi { la Tunisie d’abord sous la direction du Bey, mais 1957 proclamation de la République par Bourguiba. b) L’Algérie, une indépendance arrachée : Voir cour sur la France depuis1945. On assiste à un développement du nationalisme, 9 millions d’ « Algériens »contre 1 million d’Européens, et ces derniers sont hostiles à toute réforme. Le territoire est composé de trois départements français sous la direction d’un gouverneur général. Une fraction radicale du mouvement nationaliste souhaite s’inspirer de la situation internationale. 1954-1958 : enlisement de la guerre Reconnaissance internationale du FLN, France qui bombarde en 1958 le village tunisien de Sakiet, le GPRA est au Caire. 1958-1962 : règlement long et douloureux ; 13 mai 1958 : retour de de Gaulle Juin 1958 : « je vous ai compris » 16 septembre 1959, choix de l’autodétermination Janvier 1960 : semaine des barricades Avril 1961 : putsch à Alger 17 octobre 1961, Paris 18 mars 1962, accords d’Evian 3 juillet 1962, indépendance de l’Algérie. Chapitre décolonisation et Tiers monde, TL2, 2011 Page 9 c. Décolonisation pacifique en Afrique Noire : La faible population européenne, indisponibilité de l’armée, relatif désintérêt des hommes politiques, tout cela explique une évolution relativement pacifique. Les nationalistes ont été longtemps modérés et partisans d’une indépendance par étapes en commençant par l’autonomie. 1956 :loi-cadre Deferre, prévoit l’extension des compétences aux autorités locales 1958 :référendum qui offre l’autonomie dans la « communauté française » , seule refuse la Guinée de Sékou Touré qui obtient son indépendance mais plus de liens avec la France 1960 :Les institutions n’ont jamais fonctionné, et donc indépendance aux nouveaux pays, maintien de liens de coopération. 2.) Les décolonisations dans le reste de l’Afrique : a.L’Afrique anglophone Le passage graduel de l’autonomie à l’indépendance a été la règle. Rôle de modèle du GHANA en 1957, avec le leader nationaliste NKRUMAH. IL y a eu davantage de problèmes dans les colonies où les colons sont nombreux. Kenya ( 1963) ou encore Rhodésie du Sud, 4% de Blancs à l’origine de l’indépendance et ensuite régime de ségrégation ( fin en 1980= Zimbabwe). b. Refus de décoloniser au Congo belge : Il y a dans cette colonie des intérêts pour les ressources naturelles. 1958, Patrice Lumumba réclame l’indépendance qui est acquise avec difficultés en 1960, mais le nouveau pouvoir connaît des troubles, mort de Lumumba en 1961, guerres civiles. c.Le Portugal : des indépendances tardives : Les colonies sont Angola/Mozambique/Guinée Bissau Le pouvoir dictatorial de Salazar refuse toute indépendance, guerre coloniales, mais renversement du pouvoir par l’armée= démocratie= indépendance après 1974. Une fois les indépendances acquises, il faut construire une identité et trouver sa voie sur la scène internationale ; de nombreuses difficultés apparaissent. III ) Quel nouveau rôle sur la scène internationale ? De 1947 à 1975, les empires coloniaux s’effondrent et plus de 70 Etats apparaissent. Quel devient le rôle sur la scène internationale à partir des années 1960 ? Les pays issus de la décolonisation sont des pays jeunes, nouveaux, qui ont besoin de construire leur société. Dans un mouvement parallèle, la plupart d'entre eux veulent avoir un lien Chapitre décolonisation et Tiers monde, TL2, 2011 Page 10 commun, hors du jeu habituel bipolaire. Quelques autres pays, isolés sur la scène internationale , s'agrègent à ce mouvement. A . « La mort du complexe d'infériorité » : Pour appartenir au cercle des nations, il faut se forger une identité et apprendre à vivre ensemble, sous un pouvoir unique, aussi à l'intérieur d'un pays qu'entre les pays eux-mêmes. 1) Affirmation d'une identité culturelle spécifique : L'opp. à l'Occident passe par l'affirmation d'une identité culturelle spécifique : Panarabisme, i./e l'unité de la nation arabe, avec un rôle joué par l'Egypte de Nasser , en particulier en 1956, lors de la crise de Suez. - Panafricanisme, rôle joué par Nkrumah, et à une moindre échelle par Lumumba. On retrouve également une telle volonté encore « Les damnés de la terre » de F.Fanon. chez les intellectuels, « négritude » avec Senghor, ou 2) Elle trouve son expression dans les regroupements politiques : Pour le panarabisme, il y a la Ligue Arabe, mais en réalité fortes oppositions entre les différents leaders arabes. L'Organisation de l'Unité africaine ( O.U.A.) rassemble en mai 1963, 30 pays, qui souhaitent des accords en particulier sur le problème des frontières. Le panaméricanisme concerne surtout l'Amérique centrale et du sud, avec le rôle de Che Guevara et le marxisme. Ces pays revendiquent également un rôle dans le jeu international, et se retrouvent derrière la notion de « Tiers Monde », expression inventée par A.Sauvy en 1952 ; ils possèdent d'ailleurs une tribune d'expression à l'ONU, où ils sont les plus nombreux. Un Birman,U Thant est élu secrétaire général en 1961. 3) L'esprit de Bandung ( 24 avril 1955) Cinq pays d'Asie (Birmanie, Inde, Indonésie , Sri Lanka, Pakistan), 29 délégués, avec Nehru, Nasser, Soekarno. Le but : lutter vs le colonialisme, et aussi contre un partage du monde entre l'Est et l'Ouest. B.La volonté de non-alignement : II y a une dynamique de rapprochement à laquelle collaborent d'autres pays, tels que la Yougoslavie de Tito. Mise en place de la politique du neutralisme, i/e créer une zone de paix entre l'URSS et les EU. Mais en réalité ce neutralisme est très orienté, très anti -américain (cf. rôle du marxisme dans de nombreux pays). Quelques réunions volontaires : Belgrade, 1961, 25 pays, mais les textes adoptés sont vagues, il y a des divergences. Il n'y a pas surtout d'unité économique ou de vision politique commune. C. Le Tiers Monde dans l'impasse ? Les problèmes écos et politiques sont récurrents. Il y a toujours une dépendance financière, diminution des revenus. Mais aussi, viabilité des gouvernements, souvent des dictatures en proie à des troubles voire des guerres civiles. Voir texte complémentaire. Chapitre décolonisation et Tiers monde, TL2, 2011 Page 11