8. Nous tenons à signaler que, même si l’exception prévue dans le cas de la recherche critique
est claire, son application doit tenir compte du contexte dans lequel la recherche s’effectue7.
Étant donné que l’EPTC ne définit pas ce qu’est un « organisme », les CÉR et les chercheurs
doivent évaluer l’objectif, la nature et la méthode de recherche impliquant des organismes
particuliers. Les facteurs qui s’appliquent aux sociétés ou aux gouvernements peuvent être
différents de ceux qui s’appliquent aux centres communautaires, aux écoles, aux hôpitaux, aux
églises, aux organisations autochtones, etc.
Évaluation par les CÉR et participants
9. Vous indiquez, dans votre question, que la politique de votre CÉR exige l’obtention de la
permission des organismes visés, à moins que les chercheurs soient en mesure de démontrer
que cette permission aurait pour effet de compromettre leurs projets de recherche. Nous
supposons que cette politique vise à promouvoir l’objectif énoncé dans l’EPTC, à savoir, de
favoriser un dialogue constructif entre les CÉR et les chercheurs en ce qui a trait au plan de
recherche, y compris des questions concernant le consentement.
10. Cette approche, telle que décrite ci-dessus, ne va pas à l’encontre de l’EPTC si la politique
intègre l’exception relative à la recherche critique prévue dans l’EPTC. Cette exception confère
des pouvoirs discrétionnaires raisonnables aux chercheurs quant aux nombreux détails du projet
de recherche, tels que comment approcher l’organisme. Si la politique d’un CÉR ignore cette
exception ou ne l’a pas incluse, le CÉR fait abstraction d’un principe important de l’EPTC. Bien
entendu, la politique idéale d’un CÉR devrait aussi tenir compte des obligations qui découlent des
lois applicables, de normes universitaires raisonnables, ainsi que du respect et de la
considération auxquels ont droit certains organismes, comme ceux concernant les Peuples
autochtones. Ultimement, le niveau approprié d’évaluation par un CÉR dépend de la nature de la
recherche, des risques, de la protection des participants pressentis, des avantages, etc. Le
chercheur et le CÉR devraient également tenir compte des normes et pratiques professionnelles
pertinentes lors de discussions concernant le plan de recherche.
11. Les responsables de la recherche portant sur des organismes doivent également être
sensibles aux risques de stigmatisation ou de résultats défavorables liés au consentement éclairé
et aux besoins de protéger les renseignements personnels de chacun des participants. Par
exemple, les employés de certains organismes risquent une atteinte à leur réputation ou la perte
de leur emploi. Des organismes pourraient essayer d’empêcher certaines recherches en exerçant
un contrôle sur les personnes qui sont prêtes à participer mais qui relèvent d’eux8 . En pareil cas,
«[l]es chercheurs et les CÉR ne devraient pas écarter de tels projets, mais plutôt s’assurer que
les sujets pressentis sont bien informés des opinions des autorités et des éventuelles
conséquences liées à leur participation. Ils devraient notamment tenir compte de la protection
des renseignements personnels9» , incluant la protection adéquate de l’anonymat lors des
entrevues10.
Liberté universitaire et responsabilités des chercheurs
12. Enfin, vous soulevez des questions sur la liberté universitaire en ce qui a trait à la politique du
CÉR encadrant la recherche portant sur des organismes. L’EPTC reconnaît l’équilibre social
important entre la liberté universitaire et les responsabilités des chercheurs. La liberté de mener
des recherches, ainsi que le privilège de le faire avec les fonds publics11, engendrent la
responsabilité d’adhérer à des principes éthiques élevés. L’établissement d’un équilibre précis
entre la liberté universitaire et les responsabilités des chercheurs exige une analyse prudente et
une attention soignée aux principes sous-jacents, aux valeurs et aux normes applicables dans les
circonstances en question. Une politique obligeant les chercheurs à expliquer leur méthodologie
dans le cadre d’une recherche portant sur des organismes impliquant possiblement leur
autorisation de procéder à la recherche a peu de chance d’empiéter sur la liberté universitaire du
chercheur si cette politique établit un équilibre raisonnable et reconnaît l’exception importante
applicable à la méthodologie propre à la recherche critique. Les CÉR devraient tenir compte du
fardeau administratif connexe afin d’articuler une politique optimale.
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