XVII-i`eme si`ecle on retiendra surtout les noms de Descartes (pour l’invention
de la g´eom´etrie analytique : les coniques de ce livre, comme on le verra, se-
ront avant tout donn´ees par des ´equations), de Pascal (pour son th´eor`eme sur
l’hexagone inscrit), de Desargues (pour l’involution associ´ee `a un faisceau) et
de Newton (pour la preuve de l’observation de Kepler 3sur les trajectoires des
plan`etes). Le rˆole de Newton ne se limite pas `a la loi de la gravitation univer-
selle. Une partie consid´erable de son œuvre traite directement de propri´et´es
g´eom´etriques des coniques (notamment sur les tangentes). On en verra un
petit aper¸cu au chapitre 3.
Au XIX-i`eme si`ecle, il faut ´evidemment commencer par Poncelet, inven-
teur des m´ethodes de g´eom´etrie projective qui sous-tendent ce livre, car c’est
avant tout aux coniques qu’il les applique. Nous verrons `a titre d’exemple, au
chapitre 3, un “lemme de Poncelet” o`u sont utilis´ees deux de ses m´ethodes
favorites : l’utilisation de la projection (ou de la transitivit´e) et le passage
par les complexes avec le principe de continuit´e. Poncelet obtient de nom-
breux r´esultats nouveaux, notamment deux th´eor`emes sur les tangentes et
surtout son fameux “porisme”, que nous ´etudierons au chapitre 4. `
A cˆot´e de
Poncelet, il faut se souvenir de Pl¨ucker (pour l’utilisation syst´ematique des
points cycliques), de Chasles (auteur d’un trait´e important sur le sujet et
`a qui l’on doit le calcul du nombre 4de coniques tangentes `a cinq coniques
donn´ees, sans doute le th´eor`eme le plus difficile sur les coniques), de Dandelin
et Qu´etelet (`a qui l’on doit la d´etermination des foyers d’une section conique)
et de Fr´egier 5, de Cayley (qui applique aux coniques sa colossale puissance
de calcul), j’en passe et de non moins illustres 6.
Signalons, plus pr`es de nous, qu’un grand math´ematicien comme Henri
Lebesgue n’a pas d´edaign´e d’´ecrire un trait´e sur les coniques 7.
En ce qui concerne les formes quadratiques, elles apparaissent avec les
´equations des coniques (donc au XVII-i`eme si`ecle). C’est Lagrange qui, le
3. Le rˆole de Kepler, s’il n’est pas essentiel d’un point de vue strictement math´ematique,
est cependant fondamental. En effet, c’est lui qui, en d´ecouvrant que les corps c´elestes
d´ecrivaient des coniques, a fait passer la th´eorie ´eth´er´ee des Grecs au statut de
math´ematiques appliqu´ees, ce qui nous vaut aujourd’hui les nombreux satellites artificiels
qui tournent autour de nos tˆetes.
4. Il y en a 3264.
5. Dont je ne sais pas grand chose, sinon qu’il ´etait professeur au coll`ege de Troyes et
ancien ´el`eve de l’´ecole polytechnique.
6. Jacobi, Steiner, Laguerre, etc.
7. Je ne r´esiste pas au plaisir de citer le d´ebut de la pr´eface de Paul Montel : Ce livre est
le premier ouvrage posthume d’Henri Lebesgue. L’auteur s’y retrouve tout entier. Dans son
attachement `a la G´eom´etrie d’abord : Lebesgue est avant tout un g´eom`etre et sa d´ecouverte
la plus ´eclatante, celle de l’int´egrale qui porte son nom, a une origine g´eom´etrique. On ne
saurait mieux dire.
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