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A : atteinte de la sous muqueuse, stade B : atteinte du
muscle périuréthral, stade C1 : atteinte des fibres mus-
culaires de la paroi vaginale, stade C2 : atteinte de la
muqueuse vaginale, stade C3 : atteinte des organes de
voisinage : vessie, grande lèvre, clitoris, stade D1 :
atteinte des ganglions inguinaux, stade D2 : atteinte des
ganglions pelviens, stade D3 : atteinte des ganglions
latéro-aortiques, stade D4 : métastases viscérales.
Les traitements utilisés ont évolué au cours des années.
Dix patientes ont été traitées par radiothérapie exclusi-
ve. Les irradiations ont comporté un champ antérieur et
un champ postérieur avec un fractionnement quotidien
de 180 à 200 cGy. La dose totale délivrée était compri-
se entre 30 et 70 Gy (médiane : 50 Gy). Cinq patientes
ont été traitées par une association de radiothérapie et
chirurgie. Quatre d'entre elles ont eu une pelvectomie
antérieure. La dose d'irradiation préopératoire allait de
800 à 8200 cGy. Une patiente avait été irradiée deux
ans auparavant dans une autre institution. Elle s'est pré-
sentée avec une tumeur exophytique superficielle mais
envahissant l'urèthre sur toute sa hauteur avec une
extension endovésicale. Nous avons réalisé l'exérèse de
la tumeur uréthrale et réséqué la lésion endovésicale.
Une patiente porteuse d'une tumeur épidermoïde traitée
initialement par uréthrectomie et qui a développé
secondairement une métastase ganglionnaire inguinale
a été traitée par un curage iliaque bilatéral suivi d'une
irradiation des aires ganglionnaires de 50 Gy.
Neuf patientes ont été traitées par chirurgie seule : exé-
rèse conservatrice d'une petite tumeur distale (3 cas),
pelvectomie antérieure (2 cas), uréthrectomie avec
conservation de la vessie (3 cas) et dérivation des
urines par cystostomie sus pubienne (1 cas) ou dériva-
tion cutanée continente utilisant l'appendice selon la
technique de MITROFANOFF (2 cas) [14]. Une patiente a
été traitée par la résection transuréthrale d'une tumeur
d'origine urothéliale développée dans un diverticule de
l'urèthre et envahissant la vessie, la patiente ayant refu-
sé la pelvectomie antérieure.
Trois patientes porteuses d'une maladie disséminée
d'emblée ont été traitées de manière palliative. Deux
patientes ont refusé tout traitement. Une patiente de
stade D4 a été traitée par chimiothérapie, avec deux
cycles de 5 fluorouracil (1000 mg/j pendant 3 jours) et
mitomycine (15mg/m2) pendant un jour.
Les taux de survie actuarielle ont été calculés selon la
technique de Kaplan Meier et l'analyse statistique a été
faite par Log Rank Test avec un seuil de significativité
placé à 0,05.
RESULTATS
Globalement, les taux de survie à 5 ans et à 10 ans ont
été de 31% (Figure 1). Cinq patientes ont survécu sans
récidive avec un recul compris entre 3 et 10 ans. 18
patientes ont développé des métastases dans les 24
mois suivant la prise en charge et ce quel que soit le
traitement utilisé.
Les résultats de chacun des traitements sont présentés
dans les Tableaux 1 à 4. Les meilleurs résultats ont été
obtenus pour les tumeurs de stades O et A, toutes ces
patientes ayant survécu sans récidive.
Parmi les patientes traitées par chirurgie seule, la seule
complication a été la survenue d'une sténose de l'urè-
thre (Tableau 1).
Parmi les 16 patientes traitées par radiothérapie seule
ou une association radiothérapie chirurgie 10 ont eu
des complications mineures : lymphoedème (5 cas),
sténose de l'urèthre (3 cas), atrophie vaginale (2 cas) et
ulcération uréthrale (1 cas). Six patientes ont eu des
complications sévères : fistule vésico-vaginale (2 cas),
cystite radique (1 cas), rectite radique (1 cas), nécrose
inguinale (1 cas), occlusion sur grèle radique (1 cas)
(Tableaux 2 et 3).
Les trois patientes porteuses d'une dérivation cutanée
continente réalisaient un sondage évacuateur toutes les
quatre heures sans fuites entre les sondages.
La chimiothérapie entreprise dans un cas a été inter-
rompue après deux cycles pour absence d'efficacité.
En dehors du mélanome malin, la nature histologique
de la tumeur n'a pas de rôle pronostique (Figure 2).
Toutes les patientes porteuses d'un mélanome malin
sont décédées dans l'année suivant le diagnostic.
Les taux de survie à 3 ans pour les tumeurs distales,
proximales ou envahissant la totalité de l'urèthre ont été
respectivement de 62, 30 et 33% (p<0,20) Figure 3).
Nous n'avons pas observé de différence significative
concernant la survie des patientes traitées par chirurgie
seule ou association chirurgie et radiothérapie. En
revanche la radiothérapie seule a donné de moins bons
résultats en terme de survie que l'association chirurgie
radiothérapie (Figure 4).
DISCUSSION
Globalement dans cette série de 31 patientes, les taux
de survie à 5 ans et 10 ans des tumeurs de l'urèthre ont
été de 31%, ce qui est comparable aux données précé-
demment publiées [2, 4, 8]. Les meilleurs résultats ont
été obtenus avec les tumeurs de stade O et A.
Cependant l'analyse statistique en terme de survie reste
limitée compte tenu du faible nombre de patientes.
Les tumeurs distales peuvent être traitées par une exé-
rèse limitée de la terminaison de l'urèthre et de la paroi
vaginale en regard. En revanche, une pelvectomie anté-
A.A. Ornellas et coll., Progrès en Urologie (1999), 9, 292-298