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DSM vs. NIMH Nous verrons, dans le communiqué ci-­‐dessous, ce qui s’appelle « tomber de Charybde en Scylla» ... L’évolution annoncée n’a rien d’étonnant : d’une part, on assiste à la confusion ordinaire de la science avec la technologie (en l’occurrence, médicale), de l’autre, un demi siècle de DSM a ruiné la pensée psychiatrique au point de lui faire perdre la notion même de psychopathologie. Ce nouvel obscurantisme -­‐ qui veut confondre rigueur diagnostique et imagerie médicale – se présente évidemment comme la fine pointe de l’exigence scientifique. En réalité, il y a un tel refus de la complexité qu’on peut se demander si le National Institute of Mental Health (NIMH) a encore la moindre notion de ce que à quoi se réfère son intitulé : la santé mentale. Dans ce registre, en effet, c’est plus souvent la souffrance qui rend malade que l’inverse, et une nosographie qui voudrait simplement se calquer sur les procédures de la techno-­‐
médecine des organes ferait l’impasse sur l’essentiel : le lien entre santé mentale et santé sociale. Dans la vie réelle, selon la littérature scientifique, la dépression peut générer un effondrement immunitaire qui expose au cancer, et tout autant souffrir du cancer peut faire basculer dans la dépression. De façon générale, celle-­‐ci est corrélée d’abord avec la solitude, ensuite avec le chômage. Parallèlement, un déficit de sérotonine peut rendre plus enclin à glisser dans l’état dépressif, et il n’y a aucune raison de penser que, dans une population, le taux de sérotonine ne se distribue pas sur une courbe normale comme n’importe quel trait physique. S’il y a peu de chance qu’on arrive à identifier le gène du chômage, il semble par contre établi que l’usage judicieux des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) -­‐ comme la fluoxétine (Prozac) -­‐ puisse soulager les individus gravement déprimés et contribuer ainsi à leur auto-­‐guérison. Celle-­‐ci, faut-­‐il le rappeler, semble dépendre surtout d’enjeux culturels et relationnels : la méta-­‐analyse des études expérimentales sur la question indique que, dans l’écrasante majorité des cas, les antidépresseurs de la dernière génération ne marchent pas mieux que les placebos — façon de dire qu’ils marchent assez bien mais que l’emballage suffirait. Dans le contexte socio-­‐économique actuel, la dépression est annoncée à court terme comme la seconde cause d’invalidité au monde après les maladies cardiovasculaires. Si déjà, en médecine générale, il importe de ne pas confondre disease, illness et sickness, a fortiori en santé mentale. De plus, s’il est impensable qu’un évènement individuel quelconque ne s’accompagne d’une activité neuro-­‐cérébrale potentiellement observable, avoir repéré quelques maillons d’un vaste réseau riche en rétroactions n’a rien à voir avec l’identification d’une «cause». Par contre, cela peut permettre des bricolages utiles : par exemple, l’utilisation des ISRS. En santé mentale comme ailleurs, la scientificité ne peut faire l’impasse sur la complexité. En matière de dépression, le chômage et la solitude ne comptent pas moins que la sérotonine ou la noradrénaline. Les disorders du DSM, les dysfonctionnements cérébraux privilégiés par le NIMH, participent plus d’une idéologie réductrice que des exigences de la science. Charybde et Scylla, autrement dit, ne doivent nous faire oublier la Sicile. Francis Martens Neuropsychologie.fr
(communiqué)
http://www.neuropsychologie.fr/index.php?%2Fblog%2F1%2Fentry311-linstitut-am%C3%A9ricain-de-la-sant%C3%A9-mentaleabandonne-le-dsm-5%2F
NIMH <http://www.neuropsychologie.fr/index.php?/tags/blog/NIMH/>
DSM-5 <http://www.neuropsychologie.fr/index.php?/tags/blog/DSM5/> Thomas Insel
<http://www.neuropsychologie.fr/index.php?/tags/blog/Thomas%2BInse
l/>
<http://www.neuropsychologie.fr/uploads/blog0791683001368457239.jpg>
Le 29 avril dernier, le National Institute of Mental Health (le plus
important institut de recherche sur la santé mentale au monde) a annoncé
qu'il n'utiliserait plus le DSM et sa prochaine révision. Inutile de vous
dire que l'annonce a eu l'effet d'une bombe dans les médias et les réseaux
intéressés !
Le NIMH s'est appuyé sur le DSM depuis plus de 60 ans avec sa
première version éditée en 1952. Le manuel diagnostique et statistique
des troubles mentaux est confronté, depuis plusieurs années déjà, a
d'importantes controverses : trop de liens entre les experts et l'univers
pharmaceutique en quête de nouveaux marchés, médicalisation de
plaintes ne relevant pas de pathologies avérées, critères diagnostics
élargissant les frontières du pathologique de manière injustifiée, etc.
Thomas Insel <http://en.wikipedia.org/wiki/Thomas_R._Insel> ,
président du NIMH, ne mâche pas ses mots puisqu'il annonce vouloir
passer du diagnostic par le symptôme (vision du DSM) au diagnostic par
la science...
« Contrairement à nos définitions de l'Infarctus du myocarde, du
lymphome ou du SIDA, les diagnostics du DSM sont basés sur un
consensus d'ensembles de symptômes et non sur des analyses médicales
objectives» selon Insel qui poursuit : «Dans le reste du monde médical,
cela reviendrait à créer un système diagnostic basé sur la nature de la
douleur de poitrine ou la qualité de la fièvre.»
Le NIMH souhaite donc passer à un modèle biologique basé sur l'idée
que les troubles mentaux sont des problèmes biologiques impliquant des
circuits neuronaux à l'origine de configurations particulières de la
cognition, des émotions et des comportements. Le DSM ne permet pas
d'avancer dans cette direction, raison pour laquelle le NIMH travaille
depuis 18 mois déjà sur son propre manuel
<http://www.nimh.nih.gov/research-funding/rdoc/nimh-researchdomain-criteria-rdoc.shtml> . Il intégrera des éléments génétiques,
d'imageries médicales et des sciences cognitives pour un diagnostic plus
objectif.
Le monde médical semble prêt à emboîter le pas mais Insel prévient qu'il
faudra au moins une dizaine d'années avant d'aboutir à un outil
suffisamment fiable. En attendant, les psychiatres ont fait savoir qu'ils
continueraient d'utiliser le DSM.
Le débat devrait devenir beaucoup plus visible dans les jours qui
viennent puisque le DSM-5 sera officiellement accueilli lors du meeting
annuel de l'American Psychiatric Association à San Francisco du 18 au
23 mai <http://www.psych.org/annualmeeting> .
Source : http://www.nimh.nih....diagnosis.shtml
<http://www.nimh.nih.gov/about/director/2013/transformingdiagnosis.shtml>
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