ÉTUDES
Portée et limites des VaR publiées par les grandes institutions fi nancières
Tableau 2
PNB du métier de banque de fi nancement
et d’investissement des principales banques françaises
(en milliards d’euros)
PNB
2004 BNPP SG CA sa IXIS CCF NBP
BFI 5,7 4,7 3,9 1,3 0,6 1,3
Sources : rapports annuels
Ces données confi rment ce que l’on sait par ailleurs
des positions respectives des établissements français
et sont assez cohérentes au vu de leurs activités
principales : il est normal de trouver d’une manière
générale des expositions élevées sur les marchés de
taux et d’actions et des expositions faibles sur les
marchés de change et de matières premières. Enfi n,
ces données apparaissent en ligne avec les niveaux
de produit net bancaire sur les marchés de capitaux,
comme le montre le tableau ci-dessus (même si le
périmètre du produit net bancaire sur l’activité de
banque d’investissement et de fi nancement dépasse
l’activité de marché stricto sensu).
DES CALCULS DE VARASSEZ ROBUSTES
En général, les procédures de backtesting opérées
par les banques françaises sur leurs VaR, qui
apparaissent explicitement dans environ deux
tiers des publications, témoignent de l’absence
de pertes dépassant les chiffres de VaR estimés.
Ces backtesting consistent à vérifi er que les pertes
éventuelles ex post sont inférieures ou égales aux
chiffres de VaR calculés ex ante. À l’exception d’un
établissement pour lequel les pertes réalisées
ont dépassé à quelques reprises le chiffre de VaR
globale en 2003 et en 2004, aucun dépassement n’a
été enregistré pour d’autres banques françaises.
Certes, ces calculs sont en général biaisés par le
fait que les résultats ex post intègrent souvent des
marges commerciales qui absorbent une partie des
moins-values avant que des pertes ne soient
déclarées. Les résultats de ces exercices de backtesting
n’en demeurent pas moins encourageants.
Enfi n, la démarche d’ensemble de présentation
des VaR publiées est pertinente, notamment sa
décomposition par types de risque ou de métier : taux,
change, actions, matières premières. Les mesures de
VaR décomposées donnent ainsi, dans l’ensemble,
une assez bonne représentation des types de risque
associés à la structure de portefeuilles.
UNE MEILLEURE CONNAISSANCE
DES PRISES DE RISQUE DU SECTEUR BANCAIRE
DU POINT DE VUE DE LA STABILITÉ FINANCIÈRE
En plus d’être utilisée en interne par presque
tous les établissements de crédit comme outil
de gestion du risque, les chiffres de VaR publiés
peuvent être utiles, en externe, pour des études plus
macrofi nancières.
Certes, les chiffres de VaR ne mesurent que les
risques de marché pris par les établissements de
crédit, alors que le risque de crédit est en général
très largement dominant
3
. De plus, si les chiffres
de VaR représentent théoriquement des indicateurs
précis de la perte maximale encourue sur les marchés
par chaque établissement de crédit, les limites
méthodologiques des chiffres publiés amènent à en
circonscrire l’analyse : plutôt qu’une analyse des
chiffres absolus de chaque établissement, on étudie
donc surtout leurs grandes évolutions.
Ces limites (détaillées dans la partie suivante)
prises en compte, les chiffres de VaR publiés
par les établissements de crédit aident bien les
banques centrales à étayer leur jugement sur la
stabilité fi nancière. Ils procurent une mesure certes
imparfaite mais signifi cative du comportement de
prises de risque sur les marchés par les grandes
institutions fi nancières. C’est aussi la conclusion de
l’étude économétrique menée par P. Jorion sur les
VaR publiées par huit groupes bancaires américains
sur la période 1995-2000 4.
Comme les banques forment un maillon essentiel
de tout système fi nancier et assurent un rôle central
dans le fi nancement de l’économie, l’analyse de
leur comportement (et particulièrement de leurs
fragilités éventuelles) constitue clairement un
élément important de toute étude portant sur les
éléments de vulnérabilités affectant la stabilité
fi nancière, aussi bien par le canal des enchaînements
macroéconomiques que par le canal des dynamiques
de marché. De ce point de vue, les VaR publiées
donnent des indications publiques pertinentes sur
3 La VaR n’est, par ailleurs, pas calculée sur les portefeuilles d’investissement mais seulement de négociation.
4 “How informative are Value-at-Risk disclosures”, 2002, Accounting Review
Banque de France • Revue de la stabilité fi nancière • N° 7 • Novembre 2005 85