Insight et schizophrénies A. PHAM-SCOTTEZ (1) DÉFINITION DE L’INSIGHT Le concept Le mot anglais « insight » n’a pas d’équivalent dans les langues latines, et donc en Français. Le terme anglosaxon « insight » (« vision avec les yeux de l’esprit ») a donc été importé. La première difficulté concernant ce concept d’insight (54) est qu’il est utilisé dans des domaines très variés, et avec des sens différents : – vocabulaire de la psychologie ; – terme très usité en psychanalyse ; – en psychiatrie… La suite de notre propos ne concernera que le sens donné par les Psychiatres au mot « Insight ». Quelques repères historiques Jusqu’au XIXe siècle, la folie était synonyme de délire et implicitement, d’absence d’insight. Pour Baillarger, « la folie est une infortune qui s’ignore elle-même ». Pinel en 1809 (38), Esquirol en 1838, firent tous deux des observations cliniques de patients ayant conscience de leur état pathologique. Falret en 1866 (14) souligna que certains patients délirants et hallucinés savaient cependant qu’ils étaient malades. Il s’opposa donc à ce que la non-conscience soit un des critères permettant de distinguer raison et folie. Le débat tenu en 1870 au sein de la Société MédicoPsychologique était intitulé « la discussion sur les aliénés avec conscience de leur état », dans un contexte de préoccupations médico-légales autour de la détermination de la responsabilité des actes. Dagonet en 1881 (10) dans ses écrits « conscience et aliénation mentale » distinguait toute une gamme de degrés de conscience de la maladie. Parrant (37) établit en 1888 la première classification des degrés de conscience, en cinq groupes de patients : – ceux qui connaissaient le caractère bon ou mauvais de leurs actes mais qui n’étaient pas conscients de leur état morbide ; – ceux qui étaient conscients d’être dans un état anormal mais qui ne comprenaient pas ou n’admettaient pas qu’il s’agissait de folie ; – ceux qui avaient conscience que leurs expériences anormales étaient le résultat de leur folie mais qui en fait se comportaient comme s’ils ne l’avaient pas réalisé ; – ceux qui étaient conscients de leur état morbide et qui comprenaient qu’il s’agissait de folie, mais qui ne pouvaient rien faire contre ; – ceux qui étaient conscients de leur état morbide et qui comprenaient qu’il s’agissait de folie, mais qui commettaient ou qui étaient poussés à faire des actes dangereux ou sérieux. Les anglo-saxons Les psychiatres anglo-saxons ont adopté une vue peutêtre un peu plus restrictive de l’insight, comme conscience que le sujet a de sa maladie (en fait, de signification quasisuperposable à « awareness of the illness »). La mauvais insight comprend : – le manque de conscience des déficits induits par la maladie ; – le manque de conscience des conséquences de la maladie ; – le manque de conscience de la nécessité d’un traitement. (1) Praticien Hospitalier, CMME, Service du Professeur Rouillon, Hôpital Sainte-Anne, 100, Rouite de la Santé, 75014 Paris. L’Encéphale, 33 : 2007, Juin, cahier 3 S 383 A. Pham-Scottez C’est cette définition de l’insight qui est utilisée dans la littérature internationale. La croissance des publications sur ce sujet est exponentielle. À titre indicatif, les auteurs Amador et David (1) de l’ouvrage de référence sur le sujet « Insight and Psychosis », ont comptabilisé plus de 200 articles concernant ce domaine entre 1998, date de la parution de la première édition, et fin 2003, qui correspond à la deuxième édition. La mesure Il fallait passer de l’évaluation clinique approximative bon/mauvais insight, suite à un entretien avec le patient, à la (ou plutôt les) mesure standardisée de l’insight. Des entretiens semi-structurés, avec un système de cotation systématisé ont été mis au point, et leurs qualités psychométriques étudiées. La première évaluation couramment utilisée est l’« Insight and Treatment Attitudes Questionnaire », développée par McEvoy (27). Il comprend 11 items (de 0 à 2), évaluant les croyances (ou attitudes) du patient concernant le fait d’avoir une maladie mentale et le fait d’avoir besoin d’un traitement. Il a été utilisé sur de larges échantillons de patients, et s’est montré fidèle et valide, et prédictif (pronostic, compliance…). Cet instrument représente un progrès indubitable dans l’évaluation de l’insight, mais il peut lui être reproché de ne pas comprendre certains aspects qui seraient constitutifs de l’« insight », et de vouloir croire que l’insight est un phénomène unitaire. De façon quasi-concomitante, David et Amador ont proposé une conceptualisation multidimensionnelle de l’insight, et ont chacun développé un instrument standardisé d’évaluation de l’insight. L’échelle de David (11) « Schedule for the Assessment of Insight » prend en compte (3 items, Lickert à 5 points) : – la reconnaissance par le patient d’avoir une maladie mentale ; – la compliance au traitement ; – la capacité à reconnaître comme pathologiques les événements inhabituels tels que délire ou hallucinations. Par contre, elle ne prend pas en compte les variations symptôme par symptôme, et ne différencie pas insight présent et rétrospectif. Par la suite, la conscience d’un changement a été rajoutée à cette échelle (SAI-E : SAI expanded-version) ; en effet, en clinique, certains patients peuvent avoir la perception qu’ils ont changé, mais sans pouvoir le lier à une pathologie mentale. Le SAI a ensuite été adapté et transformé en auto-questionnaire (Birchwood, 1994) ; cette forme est très utilisée dans les publications internationales. S 384 L’Encéphale, 2007 ; 33 : 383-91, cahier 3 Ce nouvel instrument s’est montré sensible au changement. Amador distingue deux composants principaux dans l’insight : – la conscience de la maladie ; – l’attribution des symptômes à la maladie. La non-conscience de la maladie (« unawareness of the illness ») reflète l’incapacité du patient à reconnaître un déficit spécifique ou un signe de la maladie, même s’il y est confronté par l’examinateur. L’attribution incorrecte consiste en la croyance exprimée par le patient que ce déficit spécifique, ce symptôme ou cette conséquence de la maladie ne résultent pas d’un dysfonctionnement mental. La Scale to Assess Unawareness of Mental Disorder (Amador et Strauss, 1990) s’appuie sur cette conception de l’insight (awareness/attribution), et distingue la conscience actuelle et rétrospective : – d’avoir une maladie mentale ; – les effets du traitement ; – les conséquences de la maladie mentale ; – les signes et symptômes spécifiques. Elle ne prend pas en compte le besoin ressenti de traitement. Les débouchés sont cliniques (stratégies psycho-éducationnelles/non-conscience de certains symptômes…) et théoriques (nature et étendue du « poor insight »). La SUMD a été validée et traduite dans une quinzaine de langues. Sa passation est assez longue (74 items, Lickert), mais elle peut être raccourcie, en enlevant certains items. Cependant, certains aspects subtils de l’insight pourraient échapper à la SUMD, ou les patients peuvent refuser de répondre à certaines questions perçues comme intrusives, ou stigmatisantes, d’où l’intérêt d’auto-questionnaires. L’auto-questionnaire développé par Markova et Berrios (32), la « Insight Scale », comporte 32 items (oui/non/je ne sais pas). Cet instrument comprend de façon encore plus large l’insight, en évaluant aussi comment la maladie affecte l’interaction du patient au monde extérieur. Le mauvais insight pourrait être le reflet d’une perturbation plus large de l’auto-représentation du patient. Un patient peut se rendre compte qu’il a changé, et sans l’attribuer à la maladie mentale ou à une autre cause, comme le recherchent les items « je me sens différent de mon état normal » ou « je veux savoir pourquoi je me sens comme çà ». Il faut également citer : – l’item G12 de la PANSS (Positive and Negative Symptoms Scale, de Kay) (20), à coter de 1 : absence de manque de jugement et d’insight à 7 : manque extrême de jugement et d’insight ; – l’item 104 du PSE (Present State Examination), de Wing (57) : « do you think there is a matter with you ? », à coter de 0 à 3. L’Encéphale, 2007 ; 33 : 383-91, cahier 3 Insight et schizophrénies Ces deux indices ont pour avantages de donner une mesure très synthétique de l’insight, et d’être utilisés sur de très larges échantillons cliniques, mais comme inconvénients de médiocres qualités psychométriques, et le manque de nuances. Les différents instruments ne mesurent donc pas tous le même concept d’insight. Afin de mieux guider le choix des chercheurs pour leurs études sur le sujet, Amador et Kronengold (2) ont résumé les dimensions de l’insight mesurées ou non par les principaux instruments (tableau I). TABLEAU I. — Dimensions de l’insight évaluées selon l’instrument standardisé. Dimension de l’insight SUMD Acceptation de la maladie Conscience d’avoir une maladie mentale Besoin perçu de traitement Conscience des bénéfices du traitement Attribution des bénéfices au traitement Conscience des signes et des symptômes Attribution des signes et symptômes au trouble mental Dénomination a posteriori des expériences psychotiques correctement Conscience des conséquences sociales d’avoir un trouble mental Manque de jugement Aspects temporels Un ou plusieurs aspects de l’insight évalués actuellement Un ou plusieurs aspects de l’insight évalués dans le passé Un ou plusieurs aspects de l’insight évalués de façon prédictive dans le futur × × ITAQ PANSS × × × SAI PSE × × × × × × × × × × × × × × × × × Parmi la grande variété d’hypothèses existant pour expliquer le mauvais insight chez les patients schizophrènes, deux tendances prédominent : – la première approche considère le mauvais insight comme, soit une défense psychologique (inconsciente), soit un mécanisme (conscient) de coping adaptatif ; – la seconde approche, plus récente, suggère le rôle d’anomalies neurologiques et de déficits neuropsychologiques dans l’étiologie du manque d’insight sévère et persistant dans la schizophrénie. Défense, coping ? × × ÉTIOPATHOGÉNIE DU MANQUE D’INSIGHT × × L’instrument le plus complet est la SUMD (mais elle ne rend pas compte du besoin perçu de traitement). Les auteurs préconisent également d’utiliser au moins deux mesures pour toute étude centrée sur la thématique de l’insight. Historiquement, les déficits d’insight ont été d’abord perçus comme résultant de défenses psychologiques ou de mécanismes de coping, afin de préserver l’estime de soi et de minimiser le handicap perçu. Par exemple, dès 1920, Mayer-Gross (33) a proposé une classification des stratégies de défense des patients schizophrènes, avec parmi d’autres défenses, le déni du futur et le déni des expériences psychotiques. Ensuite, la plupart des écrits défendant l’absence de conscience de la maladie comme un mécanisme de déni sont des études de cas. McGlashan et Carpenter (29) ont travaillé la relation entre la dépression post-psychotique et le déni dans la schizophrénie. De leur point de vue, les patients qui acceptent la réalité de leur maladie plutôt que de la dénier sont plus susceptibles de se déprimer. L’approche psychanalytique insiste sur le rôle des défenses inconscientes dans le « poor insight », tandis que les cognitivistes travaillent sur l’importance de l’attribution pour mieux comprendre le « poor insight ». Les mécanismes de coping impliqués dans le manque d’insight seraient le mécanisme de type évitant et la réappropriation positive. Une autre piste (41) consiste à comprendre le « poor insight » comme résultant de l’utilisation excessive de biais cognitifs adaptatifs normaux ; le déni serait adaptatif et essentiel pour maintenir la normothymie. Des arguments indirects montrant un lien entre un bon niveau d’insight et des scores élevés de dépression (cf. plus loin) conforteraient cette hypothèse, pour ces auteurs. Neuropsychologie de l’insight La seconde hypothèse du déficit neuropsychologique est plus récente, mais semble étayée par un nombre croissant d’études publiées depuis 10 ans, plus de 40 à ce jour. Le parallèle théorique avec l’anosognosie de certains troubles neurologiques (que ce soient des lésions cérébrales focales – comme le lobe pariétal droit, ou la zone frontale ou préfrontale, ou des lésions diffuses) s’impose ; dans les deux cas, la non-conscience du trouble est : S 385 A. Pham-Scottez – sévère ; – persistante malgré l’évidence ; – parfois accompagnée de confabulations. Les études empiriques ont cherché une relation entre : – des dysfonctionnements de certaines aires cérébrales ; – les scores de « non-conscience de la maladie ». Tout d’abord, certaines études (35) ont cherché à mettre en évidence un lien entre insight et QI (QI actuel mesuré par le Weschler Adult Intelligence Scale-Revised = WAISR, ou estimation du QI pré-morbide mesurée par le National Adult Reading Test = NART). Le plupart de ces études (10 sur 12) n’ont pas mis en évidence de relation entre QI médiocre et mauvais insight. L’influence du niveau d’éducation a également été recherchée, avec comme hypothèse qu’un bon insight est attendu chez des patients de niveau d’éducation élevé. Là aussi, la majorité des études n’a pas mis en évidence de relation statistiquement significative (12 contre 2 études positives). Une étude intéressante (50) a montré chez un groupe de patients schizophrènes n’ayant pas conscience de leur propre pathologie (score ITAQ) que ceux-ci pouvaient, aussi bien que le groupe contrôle et qu’un groupe de professionnels de la santé mentale, à partir de vignettes cliniques, reconnaître pensées normales et symptômes psychotiques, et attribuer ces derniers à une pathologie mentale, mais uniquement chez les autres. La qualité de l’insight ne semble donc pas dépendante du niveau général de fonctionnement intellectuel ni du niveau éducatif, il faut donc chercher des déficits cognitifs plus spécifiques (pour reprendre le parallèle neurologique avec les patients anosognosiques, ceux-ci n’ont pas de réduction globale de leur niveau intellectuel, mais souvent des déficits spécifiques dans la formation des concepts ou la flexibilité de la pensée abstraite). Le profil cognitif des patients schizophrènes montre souvent une inflexibilité de la pensée (tendance à la persévération), des difficultés dans le raisonnement abstrait, dans la formation des concepts, la mémoire de travail et la prise de décision, ce qui oriente vers des dysfonctionnements du lobe pré-frontal. Le test qui a été le plus utilisé dans les études neuropsychologiques sur insight et schizophrénie est le Wisconsin Card Sorting Test = WCST. Dans 12 études sur 19 (35), il existe une relation significative entre un mauvais insight et des mauvaises performances au WCST (surtout des erreurs de persévération). L’autre test très utilisé pour ce type d’études sur l’insight des schizophrènes est le Trail Making B Test = TMT. Alors que ce test mobilise tout comme le WCST le fonctionnement préfrontal, seules 3 études sur 10 trouvent un lien entre mauvais insight et allongement du temps de passation au TMT. Pour le test de fluence verbale (production de langage, qui dépend des fonctions exécutives frontales et du niveau de connaissances), seules 2 études sur 10 trouvent une association significative. S 386 L’Encéphale, 2007 ; 33 : 383-91, cahier 3 La région pariétale a été moins explorée, et une seule étude (test d’orientation gauche-droite) retrouve un lien avec le mauvais insight, les 4 autres études ne trouvant pas de relation entre résultats aux épreuves impliquant le lobe pariétal et niveau d’insight. La majorité des études (3 sur 5) impliquant la mémoire verbale ou visuelle ne retrouvent pas de lien avec l’insight. Les tâches d’attention ne paraissent pas corrélées directement avec le niveau d’insight (2 études négatives sur 3). Il est donc difficile de tirer des conclusions claires de ces investigations neuropsychologiques aux résultats contradictoires et non répliquables. Pour Morgan et David (35), ces divergences sont dûes à: – l’utilisation de mesures différentes de l’insight. Les études utilisant la SUMD montrent plus fréquemment un lien entre performances altérées aux épreuves neuropsychologiques et mauvais insight (surtout la composante d’attribution des symptômes) ; – des différences cliniques entre les échantillons de patients (diagnostic clinique, durée de la maladie, sévérité de la maladie, statut hospitalisé ou ambulatoire, traitement médicamenteux…) ; – des échantillons numériquement insuffisants, et donc n’ayant pas la puissance statistique nécessaire pour détecter la relation entre les deux phénomènes. Seules 7 études sur les 40 incluent plus de 90 sujets ; 6 de ces 7 études trouvent un lien entre mauvais insight et altération des performances neuropsychologiques. La conclusion de cette revue de la littérature concernant les études entre insight et cognition est qu’un bon insight (et en particulier la reconnaissance des symptômes psychotiques) apparaît au moins partiellement dépendant d’un fonctionnement exécutif frontal intact (tâches de flexibilité mentale, formation des concepts, tâches non-linguistiques). Des études dans ce domaine devraient obligatoirement impliquer de gros effectifs et l’utilisation de l’échelle SUMD. Les auteurs concluent sur l’utilité de l’imagerie en complément de ces études cognitives. Neuro-imagerie Sept études (17) qui ont cherché à mettre en correspondance l’anatomie cérébrale (en TDM ou IRM) avec le niveau d’insight sont résumées dans le tableau II. Deux études n’ont pas retrouvé de lien entre la structure cérébrale et les scores d’insight. Les cinq autres retrouvent des anomalies soit du volume cérébral total ou du volume des ventricules, soit des anomalies au sein du lobe frontal, incluant le gyrus cingulaire et l’insula. Deux études très récentes de la même équipe méritent qu’on les détaille. L’Encéphale, 2007 ; 33 : 383-91, cahier 3 Insight et schizophrénies TABLEAU II. — Neuro-imagerie et non-conscience de la maladie. Auteur, année N Takaï, 1992 (53) 22 David, 1995 (12) 128 Laroï, 2000 (23) Patients Méthode d’imagerie Résultats Schizophrènes chroniques IRM Augmentation du volume des ventricules Début récent et état aigu TDM Pas de différence entre patients conscients et non-conscients 20 Schizophrènes ambulatoires et hospitalisés TDM 7 : atrophie frontale 13 : pas d’atrophie frontale Morgan, 2002 (36) 82 Premier épisode psychotique IRM Différences de volume dans le gyrus cingulaire et l’insula gauche Flashman, 2000 (15) 30 Schizophrénie aiguë et trouble schizoaffectif IRM Plus petit volume cérébral Flashman, 2001 (16) 16 Schizophrénie aiguë et trouble schizoaffectif IRM Plus petit gyrus frontal moyen bilatéral, gyrus droit, cingulum gauche Rossell, 2003 (40) 72 Patients psychotiques mixtes TDM Pas de corrélation entre non-conscience et substance grise, substance blanche, volume LCR La première (45) compare deux groupes de schizophrènes (premier épisode, vierges de toute prescription d’antipsychotiques) avec un bon ou un mauvais insight. Les sujets avec un mauvais insight ont : – une diminution du cortex dorsolatéral préfrontal droit (IRM structurale) ; – plus d’erreurs persévératives au Wisconsin Card Sorting Test ; – les deux groupes ne se différencient pas pour le QI ni les variables d’ordre psychopathologiques mesurées par la BPRS, la SANS et la SAPS. Cette étude était cependant critiquable car l’insight était mesuré à partir d’un seul item. L’étude la plus récente dans ce domaine (46) cherche un lien entre les scores aux sous-dimensions de l’insight (SUMD) et les volumes cérébraux (IRM structurale), sur un groupe de 14 patients schizophrènes (premier épisode, pas d’antipsychotiques), et un groupe contrôle sain. Le score de non-conscience des symptômes apparaît corrélé négativement au volume du cortex dorsolatéral préfrontal droit ; et le score de mauvaise attribution des symptômes corrélé positivement au volume du cortex orbitofrontal médian droit. Si l’interprétation de cette dernière donnée est un peu délicate, ces deux études permettent cependant, de par la spécificité de leurs échantillons cliniques, de tirer des conclusions, sans biais lié à la chronicité des symptômes ou aux effets des traitements médicamenteux au long cours sur les volumes cérébraux. À ce jour cependant, aucune étude en neuro-imagerie fonctionnelle n’a cherché à mettre en évidence les possibles corrélations fonctionnelles de la non-conscience de la maladie dans la schizophrénie. Le DSM IV-TR Le DSM IV-TR (5) a entériné cette prise de position du manque d’insight comme un symptôme du trouble schizophrénique (cf. les caractéristiques associées à la schizophrénie) : « La majorité des sujets présentant une schizophrénie n’ont que peu d’insight concernant le fait qu’ils ont une maladie psychotique. D’après certaines données, le manque d’insight constituerait une manifestation de la maladie, plutôt qu’une stratégie pour y faire face. Le manque d’insight pourrait être comparé à l’absence de conscience des déficits neurologiques, appelée anosognosie, rencontrée dans certaines attaques cérébrales. Ce symptôme prédispose le sujet à une non-observance du traitement et on a prouvé qu’il était prédictif d’une plus grande fréquence de rechutes, d’un nombre plus élevé d’hospitalisations non volontaires, d’un fonctionnement social plus médiocre, et d’une évolution moins favorable ». Cette dernière phrase fait référence aux conséquences cliniques et pronostiques associées au manque d’insight, que nous détaillerons dans la seconde partie de cet exposé. Hypothèses étiopathogéniques Cependant, deux études récentes tentent de réconcilier les deux positions. Lysaker a montré que des patients ayant un faible niveau d’insight avaient à la fois des performances altérées au WCST et des stratégies de coping de type « évitant-échappant » au Ways of Coping Questionnaire. S 387 A. Pham-Scottez Ce résultat implique donc à la fois une dysfonction du lobe frontal et à la fois un coping de type évitant (25). L’étude la plus récente (52) montre également qu’il ne faut pas délaisser la piste des défenses psychologiques. Chez les patients schizophrènes pendant un état aigu, le mauvais insight n’est pas lié aux mesures attentionnelles (deux épreuves dérivées du Continuous Performance Test, la « Degraded Stimulus-Performance Test » et le « Test and Memory load version » CPT), mais à deux mesures de défenses psychologiques (échelle K du MMPI, type de déni assez complexe des problèmes socialement inacceptables, et échelle Répression du MMPI). Le modèle proposé il y a maintenant 10 ans par Startup (49), au vu de ces deux dernières études, semble assez pertinent. Pour cet auteur, les patients schizophrènes ayant un déficit cognitif ont un insight variable, les altérations de l’insight étant la conséquence directe du déficit cognitif. Les patients schizophrènes n’ayant pas de déficit cognitif majeur, eux, se répartiraient en deux catégories : – soit des patients ayant un bon insight ; – soit des patients ayant un mauvais insight, secondaire à des facteurs psychologiques. Cette théorie conciliant les deux principales hypothèses étiopathogéniques est peut-être à explorer d’avantage, et avec des études comprenant des groupes plus importants et plus homogènes de patients. CLINIQUE Sévérité des symptômes et insight Beaucoup d’études ont montré que le « poor insight » était fréquent parmi les patients schizophrènes (de l’ordre de 85 % des patients), plus fréquent que dans d’autres pathologies psychiatriques (comme les troubles schizoaffectifs, le trouble bipolaire, le trouble dépressif récurrent…) ; finalement, seule une minorité de sujets schizophrènes savent qu’ils sont malades. Les relations entre niveau d’insight et sévérité des symptômes (sévérité globale, ou sévérité de symptômes spécifiques) ont fait l’objet de nombreuses études. On peut avancer plusieurs hypothèses : – corrélation entre sévérité globale des symptômes et insight (plus les symptômes sont sévères, plus l’insight est mauvais) ; – corrélation entre intensité des symptômes délirants et mauvais insight ; – corrélation entre intensité du syndrome déficitaire et mauvais insight (le mauvais insight serait alors le reflet de l’incapacité du sujet à éprouver des émotions). Or les résultats des travaux ne sont pas convergents. On peut trouver plusieurs facteurs explicatifs à ces divergences : – les mesures de l’insight ne sont pas superposables ; S 388 L’Encéphale, 2007 ; 33 : 383-91, cahier 3 – dans certaines études, le même évaluateur quantifiait l’intensité de symptômes schizophréniques et cotait le niveau d’insight, d’où une source potentielle de biais. Mintz (34) dans une méta-analyse récente de plus de 40 études conclut : – il existe une corrélation négative significative mais modeste entre sévérité globale, sévérité des symptômes positifs, sévérité des symptômes négatifs, et niveau d’insight ; – l’âge de début du trouble (le début tardif renforce la corrélation avec l’intensité des symptômes négatifs) et l’état aigu ou chronique du trouble (l’état aigu renforce la corrélation avec l’intensité des symptômes positifs) jouent le rôle de variables modératrices. Insight et dépression Dans la méta-analyse de la littérature (cf. plus haut) Mintz (34) retrouve également une petite (mais statistiquement significative) corrélation positive entre la dépression et le niveau d’insight. L’étude longitudinale de Smith (47) montre que l’insight s’améliore au cours de l’évolution, alors que la dépression s’aggrave. À propos de cette relation entre insight et dépression, il pourrait paraître évident qu’il s’agit d’une relation de cause à conséquence, dans le sens où un sujet prenant conscience de sa maladie schizophrénique, et donc des conséquences de la maladie sur son avenir, va se déprimer. Le manque d’insight serait « protecteur » de cette dépression. En fait, la réalité pourrait être plus complexe. L’étude longitudinale de la « dépression postpsychotique » de Iqbal (19), où les patients étaient interviewés cinq fois sur une année au décours d’un épisode psychotique aigu, a montré que l’augmentation du niveau d’insight ne précédait pas (comme on aurait pu s’y attendre) l’augmentation du score de dépression ; les deux variaient en même temps. On peut alors émettre l’hypothèse alternative où une humeur qui baisse permet une meilleure attitude d’autocritique, et donc un meilleur insight. Le suicide Certains cliniciens soulignent qu’un trop bon insight dans les maladies mentales chroniques, pourrait mener à la dépression, à l’absence d’espoir puis au suicide. Les études empiriques ont tenté de confirmer ce point de vue (39). Certaines études comprenant de gros échantillons de patients schizophrènes (3, 22, 43) montrent que les idées suicidaires augmentent avec le niveau d’insight, et que le niveau d’insight est prédictif du risque suicidaire (9). Schwartz a évoqué un continuum insight – démoralisation – dépression – risque suicidaire. L’Encéphale, 2007 ; 33 : 383-91, cahier 3 Insight et schizophrénies L’étude de Buckley (7) retrouve un niveau d’insight significativement plus bas chez des patients schizophrènes ayant commis un acte violent que chez des patients schizophrènes n’en ayant jamais commis. Les patients violents ont moins de conscience des conséquences légales de leurs actes. On peut alors poser le problème du lien entre mauvais insight et responsabilité pénale. En dehors d’un bon niveau d’insight, d’autres facteurs de bonne compliance ont parfois été mis en évidence selon les études : – existence d’un membre de l’entourage qui encourage le patient à poursuivre son traitement ; – antécédent de bonne compliance au traitement médicamenteux préalablement à l’hospitalisation ; – hospitalisation souhaitée par le patient ; – absence de trouble lié à l’utilisation de substances. Insight et pronostic Peut-on augmenter l’insight ? Les travaux (12) qui ont mesuré l’insight de patients schizophrènes plus d’une fois montrent à la fois : – que l’insight est une variable sensible au changement, qui varie (de façon modérée) par exemple en partie avec l’intensité des symptômes schizophréniques au cours du temps (c’est ce que l’on appelle l’effet-état) ; – que les scores d’insight au cours du temps chez un même patient sont significativement corrélés et de façon importante (c’est l’effet-trait). La plupart des études longitudinales dans ce domaine ont identifié de manière consensuelle le bon niveau d’insight comme facteur de bon pronostic : – meilleure adaptation en post-hospitalier (48) ; – plus de progrès psychosociaux (43) ; – meilleur fonctionnement global (43) ; – meilleur devenir social et professionnel (30) ; – moins de réadmissions hospitalières (18, 28) ; – moins de journées d’hospitalisation lors du suivi (55) ; – plus de chances de vivre de façon indépendante (55). Il ne faut cependant pas surestimer le rôle prédictif de l’insight quant au pronostic des patients, d’autres variables pouvant jouer le rôle de facteurs confondants (42). On peut envisager, via des méthodes de psychoéducation, ou de réhabilitation cognitive d’augmenter directement le niveau d’insight des patients souffrant de schizophrénie. Cette amélioration du niveau d’insight devrait ensuite logiquement se traduire par une meilleure compliance au traitement médicamenteux. Cependant, un certain nombre d’études empiriques (8, 44, 51) ont montré que les programmes de psychoéducation n’amélioraient pas directement ni le niveau d’insight, ni la compliance au traitement. Par contre, Kemp et al. (21) ont comparé un programme de 6 séances d’entretiens motivationnels (histoire de la maladie, symptômes de la maladie, bénéfices et inconvénients, effets secondaires des traitements, ambivalence des patients, mise en évidence des contradictions entre croyances et actions des patients, et mise en place de comportements plus adaptés) et 6 séances d’entretiens non-spécifiques. Après 18 mois, le groupe « entretiens motivationnels » avait un meilleur niveau d’insight, des attitudes plus positives face au traitement, une meilleure compliance et une fréquence moindre de réhospitalisation. Les programmes cognitivo-comportementaux semblent efficaces (24). Turkington (54) a montré l’efficacité d’un programme cognitivo-comportemental sur la symptomatologie et le niveau d’insight, chez plus de 400 patients schizophrènes. En dehors de ces études standardisées, les attitudes des psychiatres face au diagnostic de schizophrénie se sont considérablement modifiées, passant de l’opacité à la transparence. Mais un bon niveau d’insight après interventions multiples de soignants aura-t-il une aussi bonne valeur pronostique qu’un bon insight « spontané » ? Et la violence ? Insight et compliance au traitement Malgré l’existence de traitements efficaces et maintenant d’effets secondaires moindres, environ la moitié des patients souffrant de schizophrénie arrêtent de prendre leur traitement ; cette non-compliance est à l’origine de nombreuses rechutes et réhospitalisations. Il paraît intuitif que les patients schizophrènes n’ayant pas conscience de leur pathologie sont les plus enclins à arrêter leur traitement ; cette évidence clinique a été confirmée par de nombreuses études empiriques (13), où le mauvais insight était significativement prédictif de la noncompliance ultérieure au traitement médicamenteux. Dans ces études prospectives de la compliance au traitement, le suivi était de un ou deux ans après une hospitalisation ; les proportions de patients compliants au traitement varient entre 26 % à un an et 51 % à deux ans. Cependant, on pourra relever un certain degré de tautologie dans ces études, car la reconnaissance du besoin d’un traitement fait partie intégrante de certaines mesures de l’insight (cf. plus haut). Aspects sociaux et culturels L’insight pourrait être multidéterminé, et dépendre aussi des standards de la culture du patient, notamment de la perception de la maladie mentale. Une étude (26) a comparé différents modèles explicatifs de la maladie schizophrénique chez quatre groupes ethS 389 A. Pham-Scottez niques distincts (mais de seconde génération, pour éviter les biais liés à la migration) : – le modèle médical (analogie avec une maladie physique) était très investi par le groupe caucasien ; – les explications surnaturelles (magie-envoûtement-diable) et le modèle des origines sociales de la maladie (stressenfance-personnalité-problèmes relationnels) étaient majoritaires chez le groupa afro-caribéen, le groupe africain de l’Ouest, et le groupe originaire du Bangladesh. La définition et l’évaluation de l’insight, telles que nous les avons détaillées plus haut, correspondraient donc à un modèle occidental de la santé et de la maladie mentale. Le niveau d’insight, dans cette perspective, dépendrait de la différence de conceptualisation de la maladie mentale entre cotateur et patient ; un mauvais insight chez le patient serait alors lié au fait que cotateur et patient utilisent deux modèles différents. CONCLUSION En conclusion, l’insight chez le patient schizophrène est un concept complexe, multidéterminé. Les mesures standardisées de l’insight apparaissent non superposables. Malgré les incertitudes concernant les origines du mauvais insight (facteurs psychologiques ? déficits neuropsychologiques ?), ce concept d’insight garde toute sa pertinence clinique, à la fois comme facteur pronostique, comme facteur prédictif de la compliance au traitement, dans une perspective de prise en charge globale du patient. Pour l’avenir, il faudrait cependant, comme le soulignent Amador et David (1), que les études empiriques portent sur de gros échantillons de patients homogènes, avec des mesures de l’insight adaptées, et il paraît indispensable que les travaux de recherche prennent mieux en compte les facteurs sociaux et culturels. Références 1. AMADOR XF, DAVID AS. Insight and psychosis. Awareness of illness in schizophrenia and related disorders. Second Edition. 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