C. Gay, J.-J. MargerieS162
ment, du rapport bénéfi ce risques, des risques d’un arrêt,
de la signifi cation des effets indésirables, de l’intérêt des
règles d’hygiène de vie.
Une bonne conscience du trouble a un impact positif sur
l’observance. Plusieurs études démontrent cette donnée
[6, 9, 11].
Les acteurs et les moyens
Le médecin reste le meilleur interlocuteur pour accéder à
une conscience du trouble, encore faut-il que le diagnostic
ait été posé correctement et que le patient ait accès aux
soins. La psychoéducation est recommandée mais cette
approche thérapeutique reste encore très limitée. Les
associations de patients contribuent à une meilleure infor-
mation mais les personnes qui fréquentent ce type de
structures sont déjà sensibilisées au problème de la mala-
die et ont dans l’ensemble une bonne conscience du trou-
ble. En revanche, ces associations constituent une aide
importante pour l’entourage qui pourra ainsi avoir une atti-
tude plus adaptée, se sentira accompagné et pourra ainsi
contribuer à faciliter une prise de conscience de la mala-
die. Il est évident que les patients qui fréquentent les
forums de discussion et qui recherchent une information
ont déjà conscience de leur trouble. Néanmoins ce partage
d’information et l’entraide mutuelle peuvent permettre
d’approfondir et consolider cette conscience du trouble.
Conclusions
Comme l’insight qui est un concept plus général et plus
complexe traduit par le terme d’introvision, la conscience
du trouble est un phénomène multidimentionnel qui peut
comporter différents niveaux. La conscience du trouble
peut être partielle, totale ou absente. Elle ne se limite pas
simplement à l’identifi cation d’un trouble mais prend en
compte les causes, les conséquences de la maladie et
l’adhésion au traitement. Une bonne conscience du trouble
ne peut être que de bon pronostic du fait de son impact sur
la qualité de l’observance. La nature du trouble psychiatri-
que infl ue aussi sur cette prise de conscience. Les patients
qui présentent des épisodes aigus et psychotiques ont une
moins bonne conscience du trouble, même lorsqu’ils ont
été informés préalablement. Néanmoins les meures psy-
choéducatives contribuent à améliorer la conscience du
trouble par une meilleure connaissance de la maladie et
surtout la possibilité d’identifi er précocement les premiè-
res manifestations de la récidive et de limiter les situations
de fragilisation en appliquant des règles d’hygiène de vie et
en ayant des rythmes sociaux réguliers.
Références
[1]. Amador X. Comment faire accepter son traitement au malade.
Paris : Retz, 2007.
[2]. Amador XF, Flaum M, Andreasen NC. Awareness of illness in
schizophrenia and schizoaffective and mood disorders. Arch
Gen Psychiatry 1994 ; 51(10) : 826-36.
Concernant la question relative à la facilitation de la
prise de conscience, un peu plus d’un quart des patients
revenaient sur l’aide des soignants en particulier du méde-
cin généraliste. Plus de 20 % rapportaient une démarche
individuelle à l’aide d’outil moderne comme internet.
Les autres rapportaient une démarche individuelle
« classique », « on prend le temps de lire pour s’informer,
d’aller à des conférences et de regarder des émissions
télé ».
La plus grande majorité (90 %) des patients a conscience
des risques de rechute mais avec un vécu différemment
exprimé.
Pour une minorité (17 %) les risques de rechute sont
vécus comme une peur viscérale, une douleur, « sont
comme tétanisés ! ».
Les autres (60,28 %) adoptent une attitude préventive
en respectant des règles d’hygiène de vie, en identifi ant les
situations de stress.
La dernière question se rapportant aux conseils pour
accéder à une meilleure conscience du trouble suscitait de
très nombreux commentaires (141 conseils étaient rete-
nus). La formation et l’information étaient en première
ligne, au même titre que l’alliance avec le médecin, les
bonnes relations avec l’entourage.
Conscience du trouble
et psycho-éducation
Des études récentes soulignent l’intérêt des mesures
psycho-éducatives afi n d’améliorer l’insight [5, 11].
Les mesures psycho-éducatives permettent d’améliorer
les différents niveaux de la conscience du trouble :
meilleure connaissance de sa maladie, identifi cation des
signes d’une rechute et des facteurs déclenchants, évalua-
tion des conséquences, meilleure adhésion à la prise en
charge. Plusieurs ouvrages permettent d’accéder à cette
approche individuelle ou en groupe [1, 4, 8].
La reconnaissance du trouble est facilitée par les mises
en situation, les expériences des autres patients, des docu-
ments (vidéo, écrits, enregistrement audio).
L’Identifi cation des signes annonciateurs d’une rechute
est facilitée par le recours aux diagrammes d’humeur (dia-
gramme de Post), à un agenda du sommeil, à la reconnais-
sance d’un signal symptôme, évaluation des rythmes
sociaux, du niveau de stimulation sociale, de la durée des
activités quotidiennes, du calcul du ratio éveil/sommeil.
L’attribution des causes implique l’accès à certaines
informations fondamentales : connaissance du modèle
biopsychosocial, infl uence de l’environnement en particu-
lier des situations stressantes, impact du surmenage et des
carences de sommeil, effets des toxiques, conséquences
des modifi cations du traitement
L’évaluation des conséquences prend en compte l’exis-
tence de consommation de substances, les perturbations
socio-familiales et professionnelles, les dépenses, les com-
portements à risque…
L’adhésion à la prise en charge est facilitée par la qua-
lité de l’alliance, la connaissance des objectifs du traite-