voire jamais, surtout si les sujets gardent une bonne possibilité de
déambulation, et des habitudes de mictions programmées régulières
dans un environnement connu. Par contre l’institutionnalisation
lui faisant perdre ses repères et les risques de chutes induisant une
contention induiront obligatoirement l’apparition très rapide et
souvent irréversible d’une incontinence.
III. PRISE EN CHARGE PRATIQUE
1. Stratégie globale
Il faut faire la part des choses entre l’incontinence-dépendance
secondaire aux troubles démentiels (trouble de l’orientation,
apraxie de l’habillage…) ou des troubles urologiques intercurrents
de la maladie démentielle. Pour cela, il faut garder à l’esprit les
grandes causes de déséquilibre de la continence chez la personne
âgée :
•Causes urologiques « classiques » (insuffisance sphinctérienne,
hypermobilité uretrale…), mictions par regorgement (même
chez la femme).
•Infections urinaires chroniques (qui peuvent aggraver un
syndrome d’urgenturie-pollakiurie [4]).
•Troubles de la mobilité (consécutifs à un traumatisme, un
AVC…). Il s’agit d’un des facteurs de risque majeur
d’incontinence chez les patients âgés fragiles. Pour certains
auteurs[5], ils seraient mêmes supérieurs à la gravité de la
démence. Comme en cas de troubles confusionnels aigus, ils
peuvent amener à prendre l’habitude de mettre des changes
complets au patient, alors qu’il n’en aurait pas forcément
besoin en dehors de l’épisode aigu, lorsque la confusion a
régressé. L’étude de l’environnement du patient et un
interrogatoire « policier » sur les circonstances de survenue
des fuites peuvent parfois amener à proposer des mesures
simples (mise à disposition d’un urinoir, d’une chaise à
proximité du lit) qui feront, au moins temporairement disparaître
l’incontinence.
•Troubles confusionnels temporaires (délire aigu, changement
brutal d’environnement, perte d’un proche) : ils exposent aux
mêmes risques que ceux décrits ci-dessus.
•Troubles de la trophicité vulvo-vaginale.
•Constipation opiniâtre.
•Apnée du sommeil (elle peut être évoquée devant des
ronflements, une obésité, une hypersomnie diurne, des
céphalées ; elle aggrave la nycturie habituelle chez les sujets
âgés).
•Mauvaises habitudes alimentaires (boissons abondantes le
soir,prise excessive de caféine…).
•Médication inappropriée (diurétiques le soir, somnifères trop
puissants…).
2. Bilan diagnostique
L’interrogatoire peut être aidé par l’utilisation de questionnaires
fermés comme le MHU ou le questionnaire de l’AFU (cf. Annexes)
qui permettront de n’omettre aucune facette des symptômes
urologiques que présente le patient. Un point important à noter est
leretentissement des troubles urinaires sur la qualité de vie du
patient, une indifférence aux symptômes étant de très mauvais
pronostic [6]. Il est important d’obtenir dans la mesure du possible
un calendrier mictionnel sur trois jours, au besoin en le faisant
remplir par l’entourage (famille ou personnel soignant).
L’examen clinique sera complété au minimum par une recherche
d’un résidu post-mictionnel en échographie.
L’intérêt du bilan urodynamique est souvent limité lorsque le
patient n’est pas coopérant. Il peut cependant être parfois intéressant
de rechercher l’existence d’une hyperactivité détrusorienne si un
traitement médical est envisagé [3].
3. Propositions thérapeutiques
L’utilisation de traitements médicamenteux doit être prudente
chez ces patients. Les anticholinergiques ont tous un risque
d’aggraver les troubles cognitifs même si les nouveaux sont moins
délétères pour la mémoire [7].
A l’inverse, plusieurs traitements de la démence reposent sur
l’utilisation de molécules cholinergiques à tropisme cérébral. Peu
de travaux ont été effectués, mais, une étude récente avec évaluation
clinique et urodynamique [8], montre que l’utilisation de
cholinergiques centraux, chez un petit nombre de patients étudiés
de façon systématique, améliore les troubles cognitifs sans aggraver
les troubles urinaires.
Nous n’avons pas retrouvé de travaux portant sur les résultats
des traitements chirurgicaux de l’incontinence chez les patients
déments. De même, la littérature est très peu fournie sur les
traitements chirurgicaux des troubles obstructifs du bas appareil
urinaire. Dans ces cas, une prise en charge « standard »est
conseillée. En effet, si peu d’études ont analysé le devenir de ces
patients après résection de prostate ou adénomectomie [9,10] et
si les résultats fonctionnels des interventions semblent logiquement
moins bons que dans la population générale, une partie des patients
pourront en bénéficier.
CE QU’IL FAUT RETENIR
1La démence n’est pas synonyme d’incontinence urinaire.
Dans certaines pathologies comme la maladie d’Alzheimer,
l’apparition d’une incontinence peut être le signe d’une
aggravation de la maladie.
2L’interrogatoire des patients et l’examen clinique doivent
s’attacher à rechercher des causes facilement curables
d’incontinence qui peuvent être liées au patient, mais aussi
àses conditions de vie ou au comportement de l’entourage
(familial ou soignant)
3L’utilisation chez ces patients d’outils standardisés comme
les questionnaires ou le calendrier mictionnel, est
particulièrement intéressant du fait des difficultés fréquentes
de l’interrogatoire.
4En cas de traitement chirurgical des troubles obstructifs du
bas appareil urinaire, l’entourage doit être prévenu du risque
élevé de résultats fonctionnels médiocres.
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