Examen et diagnostic d`Alzheimer et d`autres formes de démence

© mars 2007, août 2010
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De nombreuses maladies peuvent causer des lésions
du tissu cérébral et provoquer un déclin des facultés
mentales. On parle d’une démence lorsque plusieurs
fonctions cognitives sont atteintes de façon durable
au point de gêner la personne dans l’exercice de ses
activités quotidiennes. Les manifestations de la mala-
die varient selon le type de démence et la personna-
lité du patient. Les changements suivants sont les
signes précurseurs possibles d’une démence :
Troubles de la mémoire : la personne peine à rete-
nir les noms, les dates ou à apprendre quelque
chose de nouveau.
Troubles du langage, de la planifi cation et de l’exé-
cution d’activités courantes ; diffi cultés à recon-
naître des objets, des personnes ou des lieux.
Modifi cation de la personnalité et/ou de l’humeur :
la personne néglige son apparence, paraît apathi-
que ou agitée, prend des décisions inhabituelles.
Retrait social : la personne se retire de la vie sociale
et se replie de plus en plus sur elle-même.
Un bilan médical permet d’en savoir plus
Si les symptômes ci-dessus s’accumulent, il faut
consulter le médecin traitant dès que possible. Un
bilan médical a plusieurs avantages :
IB 163F03
Examen et diagnostic
d’Alzheimer et d’autres formes de démence
En présence de troubles cognitifs, un simple examen chez le
médecin traitant permet souvent d’y voir plus clair. En cas de
résultat évident ou douteux, une équipe de spécialistes, en
général dans une Consultation de la mémoire, procède à d’autres
examens. L’importance du dépistage précoce est primordiale,
car il permet au patient et à son entourage de comprendre les
changements constatés et de mieux soigner et s’accommoder de
la maladie.
Il permet de déterminer si les fonctions cognitives
de la personne concernée ont réellement baissé
ou s’il n’y a pas lieu de s’inquiéter.
S’il conclut à des troubles des fonctions cogni-
tives, le médecin cherchera à déterminer s’il s’agit
de symptômes qui ressemblent à ceux d’une dé -
mence mais sont dus à une autre maladie (une
dépression par exemple). Dans ce cas, un traite-
ment adéquat permet de régler tout ou partie du
problème.
Il permet encore de déterminer si ces troubles
sont liés à d’autres facteurs, par exemple à des
problèmes de vue ou d’ouïe, ou à des effets secon-
daires de médicaments.
En cas de diagnostic de démence, il permet de
mettre en place des traitements médicamenteux
et d’autres mesures thérapeutiques qui auront un
effet positif sur l’évolution de la maladie et sur la
qualité de vie du patient et de ses proches.
Il aide à mieux comprendre la maladie et à réagir
de façon appropriée aux changements qui en
découlent. Ainsi, la personne pourra encore plani-
er et régler elle-même les affaires importantes.
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Le bilan d’une maladie d’Alzheimer ou d’une autre
forme de démence comporte plusieurs étapes et
répond aux questions suivantes :
Légers troubles de la mémoire ou démence
débutante ?
D’abord, le médecin détermine si les fonctions cogni-
tives ont réellement diminué. Si le trouble est discret
et qu’il n’affecte pas ou peu le quotidien, on parle
d’un trouble cognitif léger, appelé aussi MCI (mild
cognitive impairment) dans la littérature spécialisée
internationale.
Un MCI peut avoir plusieurs explications : une
faiblesse passagère due à une maladie ou à une crise
émotionnelle, une faiblesse durable due à une lésion
cérébrale, ou le signe précurseur d’une démence.
Comme il n’est souvent pas possible d’en déterminer
la cause avec certitude, on refait un examen de suivi
six à douze mois plus tard (cf. la fi che d’information :
« Le trouble cognitif léger (MCI) ».
D’autres maladies pourraient-elles être
responsables ?
De nombreuses maladies présentent des symptômes
similaires à ceux d’une démence alors qu’elles n’ont
pas leur origine dans le cerveau même, raison pour
laquelle on parle alors de formes de démence secon-
daire ou réversible. En général, un traitement appro-
prié permet de stabiliser, voire de faire disparaître les
troubles. C’est pourquoi l’étape suivante du bilan
médical consiste à vérifi er si d’autres maladies pour-
raient être responsables des troubles cognitifs
constatés. Parmi elles on compte des maladies psy-
chiques comme la dépression par exemple, mais
aussi un certain nombre de maladies physiques
comme les troubles du métabolisme, une carence en
vitamines, des infections, une hémorragie cérébrale,
des troubles de la circulation du liquide céphalo-
rachidien, l’abus d’alcool ou de drogues ou encore
des effets secondaires de médicaments. Si les trou-
bles proviennent de l’une de ces causes, le médecin
prescrira un traitement adéquat qui permettra géné-
ralement de stabiliser, voire de normaliser l’état men-
tal de son patient.
De quelle forme de démence s’agit-il ?
Une fois que les autres maladies ont été exclues et
qu’une démence a été diagnostiquée, les résultats du
bilan médical permettent de déterminer avec une
forte probabilité la forme de démence dont souffre le
patient. Dans 60 pour cent des cas, il s’agit de la
maladie d’Alzheimer ou d’une démence vasculaire. Il
existe encore plusieurs autres formes de démence
moins fréquentes (cf. les fi ches d’information : « For-
mes fréquentes de démence : maladie d’Alzheimer
et démence vasculaire » et « Formes plus rares de
démence »).
A quel stade de la maladie se trouve le patient ?
Le bilan médical permet aussi de déterminer si la
maladie en est au stade initial, modéré ou avancé.
Cette étape est importante pour la planifi cation de
mesures thérapeutiques et d’une prise en charge
adéquates.
Premier examen chez le médecin traitant
Le dépistage d’une démence débute chez le médecin
traitant :
Un entretien approfondi avec le patient et son
entourage sert de base à l’examen médical. Les
renseignements fournis par les proches connais-
sant bien la situation sont importants pour le dia-
gnostic et doivent être recueillis chaque fois que
c’est possible. La consultation des proches se fait
évidemment avec l’accord du patient, pour autant
que celui-ci ait encore la capacité de discernement
nécessaire.
On a également recours à divers examens physi-
ques, à une analyse sanguine et à des méthodes
d’imagerie médicale (voir ci-après).
Les étapes du bilan médical
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Le médecin procède à des tests pour évaluer briè-
vement les facultés cognitives du patient. Parmi
les tests les plus connus, citons le « Mini Mental
State Examination » (MMSE) et le test de la
montre.
Deuxième étape : l’examen par des spécialistes
Si le résultat de l’examen effectué par le médecin
traitant est évident ou douteux, on effectue générale-
ment une autre série d’examens dans une Consulta-
tion de la mémoire. Il s’agit là d’un bilan multidiscipli-
naire de la démence car il fait intervenir divers spécia-
listes comme des neurologues, des neuropsycholo-
gues, des gériatres et des psychiatres dans le cadre
d’une Consultation de la mémoire. En complément
aux examens physiques, on y recourt principalement
aux méthodes suivantes :
Examen neuropsychologique
Les tests neuropsychologiques sont essentiels et ser-
vent à évaluer les diverses fonctions cognitives : l’at-
tention, la mémoire, la parole et le langage, l’orienta-
tion, la perception de l’espace, les capacités motrices
ainsi que les diverses fonctions permettant de gérer
des situations complexes. On examine également
l’état psychique du patient. Les diverses formes de
démence touchent différentes zones du cerveau,
déterminant ainsi la nature des troubles fonctionnels.
Ces tests neuropsychologiques apportent donc d’im-
portants éclaircissements sur la présence d’une
maladie.
L’imagerie médicale
Dans une Consultation de la mémoire, les spécialis-
tes ont recours, en complément des tests neuropsy-
chologiques, à des méthodes d’imagerie médicale,
c’est-à-dire des techniques permettant de représen-
ter la structure ou le fonctionnement du cerveau, à
savoir :
La tomodensitométrie (CT, « scanner ») et l’image-
rie par résonance magnétique (IRM) : les deux
méthodes permettent de visualiser la structure du
cerveau. Elles indiquent les modifi cations cérébra-
les pouvant être à l’origine des symptômes, à
savoir des troubles de l’irrigation sanguine, une
tumeur, une hémorragie ou des troubles de la cir-
culation du liquide céphalo-rachidien. En cas de
démence, ces méthodes peuvent donner des indi-
cations sur le degré de diminution du volume du
cerveau et sur la nature de la démence.
Les procédés PET et SPECT : certains centres de
dépistage spécialisés ont recours à une technique
d’imagerie dite fonctionnelle. Elle permet de vi -
sualiser les processus biochimiques du cerveau,
comme la consommation de glucose par les cellu-
les du cerveau par exemple. Les procédés PET et
SPECT permettent de dépister une démence au
stade initial en montrant les modifi cations des
processus biochimiques et aident à déterminer la
nature de la démence. Cependant, ces techniques
sont relativement onéreuses et ne sont utilisées
pour le dépistage de la démence que dans cer-
tains cas. De plus, elles ne sont en général pas
remboursées par l’assurance maladie obligatoire.
Les limites du diagnostic
Un bilan pluridisciplinaire effectué dans une Consul-
tation de la mémoire permet de poser avec certitude
le diagnostic de démence. Toutefois, malgré le
recours aux procédés les plus pointus, on ne peut
pas déterminer avec une exactitude absolue de quelle
forme de démence il s’agit. Le diagnostic clinique
d’une maladie d’Alzheimer est exact dans 80% des
cas. Seul un examen du cerveau après le décès per-
met de tirer des conclusions précises sur la forme de
démence présente.
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Se préparer à l’entretien médical
Il est bon de se préparer et de prévoir suffi samment
de temps pour l’entretien où le diagnostic sera
annoncé. Comme il sera diffi cile d’assimiler et de
comprendre toutes les informations au cours de ce
premier entretien, il peut être utile d’en fi xer immé-
diatement un deuxième et de demander de la docu-
mentation à étudier tranquillement à la maison pour
pouvoir noter toutes vos questions et vos interroga-
tions.
Pour en savoir plus, consultez :
le médecin traitant
une Consultation de la mémoire
(Vous trouverez les adresses en appelant le
Téléphone Alzheimer et sur le site www.alz.ch.)
la brochure « Alzheimer et autres formes de
démence – Diagnostic Traitement Prise en
charge »
la brochure « Après le diagnostic Alzheimer »
Téléphone Alzheimer : 024 426 06 06
lundi-vendredi, 8 -12 et 14 -17 h
Dernière révision : août 2010
© mars 2007. Association Alzheimer Suisse
Rédaction : Jen Haas, équipe Téléphone Alzheimer
Ont collaboré à la réalisation de cette fi che d’information en tant
qu’experts :
Dr Jürg Faes, FMH médecine interne, gériatrie, Onex.
Dr Andreas Studer, FMH psychiatrie et psychothérapie, médecin-chef
Felix Platter-Spital, Bâle.
La décision de se soumettre à un dépistage de
démence soulève souvent des craintes. Voici
quelques conseils pour que cela se passe bien :
La personne atteinte refuse de consulter un
médecin
Une personne concernée peut avoir diverses raisons
pour refuser un examen de dépistage. D’une part,
comme l’altération des facultés mentales déstabilise
et inquiète, la personne ne les admet pas volontiers.
D’autre part, il arrive que certains malades au stade
initial de la démence ne se rendent déjà plus compte
de leurs défi cits ou des modifi cations de leur com-
portement. Le proche devrait d’abord essayer de dis-
cuter avec la personne concernée pour la convaincre,
sans la forcer, de consulter un médecin. Si cette
manière de faire échoue, il est conseillé de télépho-
ner au médecin avant le prochain rendez-vous pour
lui exposer ses inquiétudes et ses observations.
Le médecin banalise la situation
Il arrive que des médecins banalisent une démence
ou estiment superfl u de procéder à un dépistage
approfondi. Les spécialistes s’accordent pourtant à
dire que le médecin devrait effectuer ce dépistage,
dès lors que son patient se plaint de troubles cogni-
tifs ou d’autres diffi cultés ou que son entourage les
signale. Il est donc nécessaire d’insister auprès du
médecin et, s’il persiste à ne pas vouloir procéder au
dépistage, de consulter un de ses confrères ou de
s’adresser à une Consultation de la mémoire.
Le droit de connaître le diagnostic
En règle générale, le médecin annonce le diagnostic
de démence à la personne concernée, à moins que
cette dernière ne souhaite pas le connaître ou que
cette nouvelle risque de la perturber trop gravement.
Les proches devraient pouvoir assister à cet entretien
au sujet du diagnostic, à condition bien sûr que le
patient ne s’y oppose pas.
Association Alzheimer Suisse Rue des Pêcheurs 8E 1400 Yverdon-les-Bains
Tél. 024 426 20 00 Fax 024 426 21 67 [email protected] www.alz.ch
Examens et diagnostic : conseils utiles
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