
 
 
Formation : eau trouble difficile à avaler  
 
C’est devenu un euphémisme d’affirmer que ce gouvernement fait fausse route. 
Au menu de sa nouvelle ineptie : il entend modifier la loi du 1 % sur la formation 
professionnelle afin d’épouser davantage les besoins du marché. Sur cette voie, 
il risque d’enfoncer encore plus la fonction publique dans la perte d’expertise et 
de renforcer son caractère répulsif auprès des jeunes.   
 
Dans le dialecte gouvernemental, le verbe « modifier » se veut un synonyme de 
couper,  abolir,  tronçonner,  charcuter,  car  le  gouvernement  doit  retrancher  le 
dernier milliard nécessaire à l'atteinte du déficit zéro au budget du printemps, au 
risque de voir les méchants hommes en noir venir en meute pour « décoter » le 
Québec. 
 
Plutôt  que  de  s’attaquer  sérieusement  à  l’évasion  fiscale,  à  la  corruption,  à  la 
sous-traitance abusive et au favoritisme, le gouvernement préfère s’attaquer aux 
conditions de travail, déjà bien malmenées, de ses employés. Il fait le choix de 
sacrifier son expertise et, en corolaire, de déléguer davantage au privé. 
 
Mais au-delà de cette absence évidente de réflexion et de logique, une anecdote 
récente  rapportée  par  l’un  des  membres  du  Syndicat  de  professionnelles  et 
professionnels du gouvernement du Québec démontre toute la vacuité de cette 
orientation. Depuis le déversement de diesel qui a contaminé l'eau potable à 
Longueuil,  en  janvier  dernier,  les  dirigeants  politiques  ont  été  sensibilisés  à 
l'importance des enjeux de sécurité civile.  
 
À cet effet, une demande a été formulée au ministère de la Sécurité publique 
(MSP)  afin  de  développer  des  formations  d'une  demi-journée  pour  les  sous-
ministres du gouvernement, les attachés politiques, les directeurs de cabinet et 
les directeurs de communication des ministères et organismes. Ces formations 
visent  à  transmettre  des  notions  clés  sur  le  système  de  sécurité  civile  du 
Québec, ainsi que les principes de coordination et de concertation qui régissent 
ce système unique au Canada. 
 
Le 5 février, la première des formations est prévue pour les directeurs de cabinet 
des ministres. Ils seront tous présents dans les bureaux du MSP à Québec. Un 
exercice développé par les professionnels du ministère leur sera présenté. Par la 
suite, ils seront entretenus pas les gestionnaires responsables et le sous-ministre 
du MSP.  
 
Dans ce contexte, il est parfaitement ironique de demander à ces professionnels 
d'organiser  des formations,  sur  leur  temps  de  travail,  alors  que ce  temps  de 
travail pourrait  être  consacré à offrir  des  services  aux citoyens. Et  c’est encore 
plus  ironique  que  cela  soit  demandé  par  ceux  qui  estiment  que  ces  mêmes