5 suggestions pour choisir le le plus approprié pour vous par Howard J. Atkinson S elon certaines estimations, l’actif géré par le secteur mondial des fonds négociés en Bourse (FNB) devrait dépasser 2 000 milliards de dollars à la fin de 2012 et, parmi les quelque 2 500 FNB auxquels les investisseurs institutionnels ont accès partout dans le monde, il en existe au moins un pour pratiquement n’importe quelle catégorie d’actifs imaginable. Les investisseurs institutionnels comptent sur ces FNB pour acheter à bon compte une participation efficace dans une catégorie d’actifs précise. Comme la plupart de ces investisseurs misent plus sur une répartition particulière de leur actif que sur un choix judicieux de titres pour obtenir le rendement visé, les FNB leur offrent un moyen économique et souple de mettre leurs stratégies en oeuvre. Mais cette immense variété de FNB, qui aide les investisseurs institutionnels à appliquer une stratégie de placement ciblée, a accru aussi la difficulté de trouver le FNB le plus approprié. Comme les investisseurs ont accès à un bon choix de FNB offrant une exposition à un même type d’actifs, il importe de comprendre les caractéristiques qui les différencient pour faire un choix informé. Voici cinq suggestions qui vous aideront à choisir le FNB le mieux adapté à votre stratégie de placement. 1. Un coût modique Les FNB doivent leur popularité à la modicité de leur coût : au Canada, les frais de gestion peuvent être aussi bas que 0,07 %. En fait, le coût de la plupart des FNB qui cherchent à répliquer passivement un indice est considérablement inférieur à celui de fonds communs de placement ayant un mandat de gestion active avec un objectif semblable. Les frais épargnés par l’investisseur permettent aux FNB d’atteindre des résultats supérieurs à ceux des autres fonds, et l’on constate en effet que le rendement de la grande majorité des fonds communs d’actions est moins élevé que celui de leur référence. Remplacer un fonds commun de placement par un FNB fait en quelque sorte écho à ce qui explique la popularité croissante des médicaments génériques : ils coûtent moins cher pour un même résultat. Si un investisseur institutionnel opte pour un FNB indiciel populaire géré passivement, il fera bien de s’assurer que ce fonds coûte moins cher qu’un fonds géré activement ayant comme référence le même indice. L’écart de coût est généralement ce qui détermine la différence de rendement entre les stratégies indicielles et les stratégies de gestion active utilisant le même indice de référence. 2. Le coût n’est pas tout Un FNB c oûte plus cher parce qu’il applique une stratégie de placement exigeant plus de surveillance de la part du gestionnaire. La plupart des indices d’actions reposent sur une méthode de calcul selon laquelle la valeur des actions incluses dans l’indice est pondérée en fonction de la capitalisation boursière (qui est égale au nombre d’actions en circulation multiplié par le cours des actions) de chacune. Certains FNB recourent à des stratégies indicielles améliorées, selon lesquelles les titres faisant partie de l’indice sont pondérés en fonction de critères autres que la capitalisation boursière. Généralement, les titres sont les mêmes que dans l’indice pondéré selon la capitalisation boursière, mais l’indice amélioré utilise des pondérations différentes ou un indice autre que l’indice traditionnel. Dans certains secteurs de l’économie visés par un FNB, le recours à un indice amélioré peut réduire le risque lié au secteur ou à certains titres inclus dans le portefeuille, si bien que cet indice a historiquement affiché, dans des tests a posteriori, des performances supérieures à celles de l’indice pondéré selon la capitalisation boursière ordinaire. 22 avril 2011AVANTAGES www.conseiller.ca/avantages FNB Il ne faut donc pas éliminer d’emblée les versions à pondération égale ou fondamentale des FNB dont le coût est légèrement plus élevé : leurs rendements ajustés du risque peuvent être plus élevés que celui d’un indice ordinaire, pondéré selon la capitalisation boursière. 3. Le FNB détient-il effectivement des titres ? Il existe deux méthodes fondamentales pour struc­turer un FNB : celui-ci peut détenir les titres ou les produits de base dont il réplique l’évolution; il peut aussi le faire avec des produits dérivés, tels que des contrats à terme ou des swaps. Dans ce dernier cas, il passe avec une contrepartie un contrat prévoyant un paiement égal au rende­­­ment d’un indice de référence ou du cours d’un produit de base. Si le FNB veut répliquer l’évolution d’un indice d’actions, la structure utilisant un swap peut réduire sensiblement le risque d’erreur de réplication, c’est-à-dire l’écart entre le rendement du FNB et celui de l’indice, puisque la contrepartie doit fournir le rendement exact de l’indice. Si le FNB reproduit l’indice en achetant et vendant effectivement les titres sous-jacents, il peut arriver que des problèmes d’exécution des ordres augmentent passablement l’erreur de réplication. Un FNB qui réplique un indice d’actions en détenant les actions elles-mêmes ne s’expose à aucun risque : les investisseurs savent que la valeur liquidative de leurs parts sera très proche de celle de l’indice ou de la valeur de marché des titres sous-jacents s’ils étaient liquidés. La valeur de contrepartie d’un FNB fondé sur un swap est modique, généralement de l’ordre de 10 % de celle du portefeuille, et le contrepartiste est toujours une institution financière réputée. Les six grandes banques canadiennes offrent toutes des services de contrepartie pour les swaps. Dans le cas des produits de base, le rendement d’un contrat à terme de gré à gré peut comporter des écarts par rapport à celui d’un FNB de produits de base endossés. Si le FNB est fondé sur des contrats à terme, il doit périodiquement réinvestir les fonds en contrats dont le terme est plus éloigné; si le marché est alors en situation de report (contango), il doit alors payer une prime qui peut diminuer le rendement du FNB. AVANTAGES avril 2011 23 Inversement, si le marché est en situation de déport (backwardation), la prime est nulle ou même négative. L’investisseur peut alors toucher une rémunération pour renvoyer son contrat à l’échéance, ou liquidation, suivante. Il y a report lorsque le prix du contrat arrivant à échéance est moins élevé que celui du contrat correspondant échéant à une liquidation subséquente, et déport dans le cas contraire. Les FNB de produits de base fondés sur l’achat et la vente des produits eux-mêmes sont protégés contre les écarts de report ou de déport, mais ils doivent acquitter des frais pour entreposer les produits connexes. En général, le rendement de ces FNB en période de report n’est pas très différent de celui d’un FNB fondé sur des contrats à terme de gré à gré car les arbitragistes interviennent pour absorber les inefficacités entre les deux structures. La principale différence est que l’investisseur acquiert un droit direct sur les produits de base; il a donc l’esprit plus tranquille, mais en contrepartie de frais d’entreposage. Quand le report ou le déport est peu élevé, le FNB fondé sur des contrats à terme évite les coûts d’entreposage fixes et peut donc produire un rendement supérieur. Dans un cas comme dans l’autre, le rendement du FNB sera inférieur à celui du produit de base vendu au comptant. choisir le FNB le plus approprié pour vous Pour certains FNB de titres à revenu fixe gérés passivement qui suivent des marchés peu actifs, tels que le marché des obligations ou des actions privilégiées de sociétés canadiennes, les erreurs de réplication peuvent être importantes à cause des difficultés rencontrées pour acheter ou vendre les titres sous-jacents lors du rééquilibrage de l’indice. Dans un tel cas, le rendement ajusté du risque peut être plus satisfaisant avec un FNB ou un fonds commun de placement à coût faible appliquant une stratégie de gestion active, car les gestionnaires sont libres d’acheter les titres du portefeuille quand et où ils veulent. 5. Volume n’est pas synonyme de liquidité Placement initial Rendement annuel de l’indice Erreur de réplication annuelle Valeur terminale * Fonds A 1 000 000 10 % (0,07 %) 2 701 164,35 Fonds B 1 000 000 10 % (0,15 %) 2 679 635,30 L’on croit souvent, à tort, que si le volume quotidien des opérations sur un FNB est peu élevé, la liquidité de ce marché est faible, si bien que la valeur du FNB pourrait ne pas refléter la valeur de marché des titres sous-jacents. Il en va autrement. Tous les grands fournisseurs de FNB au Canada ont négocié avec des institutions financières des conventions de tenue de marché qui garantissent que l’écart entre l’offre et la demande pour ces FNB sera faible et que la valeur liquidative du FNB reflétera la valeur de marché des titres. Même si le volume des opérations sur un FNB est faible ou nul, un investisseur peut acheter et vendre un paquet important de parts de ce FNB à un prix proche de la valeur liquidative par part courante. En général, le seul facteur susceptible d’affecter la liquidité d’un FNB est la liquidité des titres du portefeuille sous-jacent. Si le teneur de marché éprouve de la difficulté à acheter ou vendre ces titres – parce qu’ils sont rares ou rarement offerts en Bourse – l’aptitude du gestionnaire du FNB à émettre ou racheter des parts peut en souffrir. Le FNB qui fait des placements en titres liquides devrait disposer lui-même d’une liquidité largement suffisante. Si vous trouvez que le FNB qui vous convient le mieux affiche un volume faible mais que les titres qu’il détient sont liquides, ne vous laissez pas dissuader d’en acheter les parts. Ces cinq suggestions pourront vous aider à Écart terminal éviter bien des erreurs dans vos choix de FNB. par rapport au fonds A Elles devraient vous permettre de réduire la liste des FNB à analyser pour trouver ceux qui – répondront le mieux à vos besoins. s (21 529,05 $) Fonds C 1 000 000 10 % (0,30 %) 2 639 729,64 (61 435,71 $) Fonds D 1 000 000 10 % (0,45 %) 2 600 418,10 (100 746,25 $) 4. L’erreur de réplication est-elle faible ? L’erreur de réplication e st le meurtrier furtif qui tue le rendement d’un FNB. Le rendement d’un FNB indiciel peut être très différent de celui de l’indice correspondant. Il est donc important de vous renseigner sur le rendement du FNB considéré et sur ceux des FNB concurrents fondés sur le même indice de référence. Un écart de rendement important suggère que des problèmes de structure empêchent le FNB de reproduire le rendement de l’indice. Pour un investisseur institutionnel, qui compte chaque point de base, toute erreur de réplication est très importante. L’exemple ci-dessous montre qu’il est possible d’obtenir un rendement composé plus élevé quand l’erreur de réplication baisse. Le Tableau 1 met en parallèle quatre fonds affichant des erreurs de réplication négatives différentes par rapport à un même indice de référence, au cours d’une période de dix ans. Tableau 1 (À TITRE D’ILLUSTRATION SEULEMENT) *Rendement composé quotidien sur 10 ans Source : Horizons ETFs 24 avril 2011AVANTAGES Howard J. Atkinson, CFA, CIMA, ICD.D, est président de Horizons Exchange Traded Funds Inc. www.conseiller.ca/avantages