Le syndrome de Williams-Beuren est une maladie génétique rare (prévalence entre 1/7500 et
1/20000 ) de découverte récente (1961), associant une dysmorphie faciale caractéristique, un retard
psycho moteur, des troubles cognitifs et des anomalies cardio-vasculaires représentants le facteur
pronostic majeur de cette maladie.
Sur le plan génétique, l'anomalie impliquée dans ce syndrome est une micro délétion sur un des
chromosome 7, concernant 28 gènes. Cette anomalie est présente dans 95% des cas. Elle survient
toujours de novo, d'où le caractère sporadique de cette affection. Le syndrome de Williams-Beuren
est dit « syndrome des gènes contigus » c'est à dire que le tableau clinique résulte de l'implication
de plusieurs gènes, chacun pouvant être en partie responsable d'une partie du phénotype.
L'un des gènes délété est celui de l'élastine. L'élastine est l' un des composant essentiel de la
matrice extra-cellulaire, elle joue un rôle dans le développement de la paroi artérielle en régulant la
prolifération des cellules musculaires lisses vasculaires. Son absence entraine une prolifération
excessive des cellules, et conduit à une maladie vasculaire de type obstructive.
La micro délétion n'est pas visible sur un caryotype mais elle est facilement mise en évidence par
des techniques d'hybridation (FISH).
Sur le plan clinique, le syndrome de Williams-Beuren, comporte plusieurs traits phénotypiques
caractéristiques:
•Une dysmorphie faciale dite « visage d'elfe ». Pointe du nez bulleuse et racine aplatie,
bouche large avec lèvre inférieure éversée, oedeme péri-orbitaire, joues pleines et
épicanthus.
•Une atteinte cardio-vasculaire, facteur pronostic prédominant. Sur le plan cardiaque,
l'atteinte la plus fréquente est une sténose supra-valvulaire des gros troncs artériels
(aorte et branches pulmonaires), présente dans plus de 75% des cas. Les anomalies
valvulaires et défauts septaux sont plus rares. L'atteinte aortique peut être plus diffuse,
avec des sténoses des branches collatérales de l'aorte. La cardiopathie de Melle. XX
n'est donc pas typique, même si une très légère SASV est décrite sur l'ETT. Le
diagnostic de ce syndrome est très souvent réalisé devant la découverte d'un souffle
pathologique chez le nourrisson. Sur le plan vasculaire, l'absence d'élastine entraine un
épaississement de la média et évolue vers une occlusion de la lumière artérielle. Cette
anomalie est retrouvée chez ma patiente qui présente un épaississement significatif des
parois des carotides communes au doppler.
•Un retard psychomoteur hétérogène comprenant un retard des acquisitions motrices (13
mois pour station assisse et 28 pour la marche), un retard d'apprentissage du langage, et
des capacités visuo-spatiales déficitaires. Pourtant le langage et la lecture sont
préservés a l'age adulte, contrastant avec un QI de performance relativement bas et un
QI total à 55 en moyenne. Un retard staturo-pondéral sans retard pubertaire est
également présent.
•Un profil cognitif et psychologique spécifique. Les enfants atteints du syndrome de
Williams-Beuren ont un comportement amical et attentif envers les autres les rendant
hypersociables. Ils ont souvent des difficultés pour interagir avec les enfants de leurs
ages et préfèrent la protection des adultes avec lesquels ils sont très liants. Sur le plan
psychologique, les sujets présentent fréquemment des troubles anxio-depressifs voir
des troubles obsessionnels.
D'autres manifestations sont fréquentes: hypercalcémie idiopathique, intolérance glucidique,
anomalies bucco-dentaires ( nous pouvons donc rattacher les troubles stomatologiques de la patiente
au syndrome), strabisme, troubles digestifs de la petite enfance...
La prise en charge de cette pathologie doit être globale et pluridisciplinaire.
Les sujets atteints doivent bénéficier d'un suivi cardiologique par une équipe spécialisée afin de
prévenir des complications cardio-vasculaires qui sont déterminantes dans l'évolution de la maladie.