3. Origine des adnominaux jusque :
3a. sens : les adpositions et cas qui expriment la trajectoire et le but ont dans toutes les
langues un sens assez restreint, spatio-temporel et argumental (le haut degré/la limite extrême).
Pour certaines langues (le français, essentiellement) nous avons proposé de voir dans le sens
argumental la valeur de base ;
3b. grammaticalisation : les adnominaux du type jusque se laissent réduire à deux
origines :
- origine verbale : mongolien et manchou : verbes ‘atteindre + finir’, birman : verbe ‘thi
‘atteindre’ ;
- origine nominale : tagalog hanggang ‘limite’ ; tamil varai ‘limite’ ; hongrois veg-ig
‘bout, limite’.
Quelques « inclassables » : jusque, pâna, bis. Il pourraient constituer, avec les
renforcements optionnels du bulgare, du bahasa, etc. une troisième ligne de grammaticalisation,
à partir d’adverbes ayant le sens de ‘toujours, continuellement’.
Ces deux lignes de grammaticalisation n’apparaissent pas chez Svorou (1993), mais elles
peuvent y être intégrées, dans la mesure où Svorou prévoit le cas des verbes évoluant en
adpositions, généralement dynamiques et le cas du nom ‘chemin’ (p. 81, elle indexe des
situations où ‘chemin’ évolue en ‘à travers’ ou ‘vers’), mais pas d’autres noms « dynamiques »
comme ‘limite, bout’ qui a produit dans les langues étudiées par notre équipe ‘jusqu’à’. Comme
une remarque globale également, on signalera que Svorou n’évoque à aucun moment des
adpositions du type jusque, bien qu’elle fasse souvent référence à des repérages comme ‘en
direction de’, ‘le long de’, etc.
Questionnaire Adnominaux
Le questionnaire sur l’expression du but a été suivi, à l’été 2006, par un second
questionnaire, plus ample, qui visait à dresser l’inventaire des adnominaux dans les langues
étudiées. Il comprenait :
a. un découpage maximal de la trajectoire (direction sans atteinte, points atteints et points
atteints plus trajectoire, les trois comprenant les trois moments – source, medium et but), à
remplir avec des adnominaux simples ou complexes. Ce point permettra de faire ressortir :
- les lacunes dans la perception et l’expression de certains moments (hypothèse de
travail : le medium serait le moins distinct des trois moments) ;
- l’assymétrie quantitative et qualitative entre expressions du but et expressions de la
source, cette dernière étant supposée (cf. Bourdin, Ikegami, etc.) être moins bien représentée.
b. une comparaison entre expressions statiques et expressions de la trajectoire. Elle visait
à établir, pour chaque langue, si la distinction état/déplacement a lieu au niveau du groupe
nominal ou au niveau du verbe ou de la phrase entière. La question concrète était si la langue
possédait un inventaire (ou une stratégie) distinct(e) pour la trajectoire et un autre pour l’état,
ou si, au contraire, les adnominaux étaient neutres de ce point de vue.
c. une analyse de l’origine des adnominaux de chaque langue, là où elle était connue,
pour dresser un nouveau modèle de lignes de grammaticalisation. Cette analyse comportait
l’inventaire des adnominaux sur critère morphologique (pour mesurer le stade de
grammaticalisation de chaque élément) et la source verbale, nominale ou autre de chaque
adnominal.
Les réponses à ce questionnaire sont attendues pour la fin 2006 (sachant qu’il s’agit pour
certains des membres de réponses obtenues sur le terrain, à l’étranger), et le résultat des deux
questionnaires concernant les adpositions (expression du but et questionnaire général
adnominaux) donneront lieu à une publication collective.