La liaison 1. La liaison Elle est la survivance de quelques enchaînements de consonnes finales. Aujourd’hui, ces consonnes finales sont muettes dans les mots isolés, mais on les prononce encore si le mot suivant commence par une voyelle. La liaison peut être obligatoire, facultative ou interdite. Elle dépend du registre de la personne qui parle. Plus le registre est familier, moins on utilise de liaison. Au contraire, plus le registre est soutenu, plus on fait la liaison Il y a des liaisons avec [z], [t], [n], [p], [R], [g] : Prononciation Écriture [z] s, les amis x, dix amis z, chez elle [t] t, un petit homme d, un grand homme [n] n, un ami [p] p, trop important [R] r, le premier étage [g] g, un long hiver Tableau ... : La liaison : rapport phonie/graphie 1.1 La liaison obligatoire Les liaisons sont obligatoires après : - Les déterminants les, aux, des, ces, mes, tes, ses, nos, vos, leurs, quelques, plusieurs, certains, (de) nombreux, quels, un, deux, trois, six, dix, aucun, mon, ton, son, tout ; - Les prépositions en, dans, chez, sans, sous ; - Les adverbes très, moins, mieux, plus, bien, trop ; - Les pronoms personnels nous, vous, ils, elles, on ; - Les verbes suivis d’un pronom personnel sujet, quand il y a inversion du sujet : sont-ils... ? estelle ? Dans les cas où il n’y a pas de consonnes, on ajoute un « t » épenthétique : a-t-on ? Les liaisons sont aussi obligatoires dans : - Les expressions figées : comment allez-vous ? - Les groupes figés (dont les syntagmes sont indécomposables du point de vue morphologique) : un sous-officier, les Champs-Élysées, mot à mot, petit à petit, etc. 1.2 La liaison facultative Les liaisons sont facultatives : - Entre deux formes verbales : je suis allé ; - Entre un nom au pluriel et un adjectif : des enfants intéressants ; - Entre un verbe et une préposition : je vais à Rome ; - Entre une préposition et un déterminant : depuis un an ; - Entre un adverbe polysyllabique et un adjectif : toujours utile. 1.3. La liaison interdite Les liaisons sont interdites : - Entre deux groupes rythmiques ; - Entre un nom et un adjectif : un médecin anglais ; - Entre un nom et un verbe : son médecin est arrivé ; - Devant des unités à isoler (comme des monosyllabes ou des citations) ; - Après la conjonction de coordination et : un chat et un chien ; - Après les pronoms interrogatifs quand, comment, combien : quand est-il venu ? ; - Avant les chiffres onze, cent et un ; - Devant un H aspiré : en haut ; 1.3. Rôle phonologique de la liaison Du point de vue phonologique, la liaison peut jouer un rôle : - Distinctif : les/héros ≠ les[z]zéros ; - Morphologique : ils s’aiment≠ils[z]aiment ; 1.4. Rôle phonostylistique de la liaison D’un point de vue phonostylistique, la liaison peut avoir une fonction : - Identificatrice : « la liaison est d’abord un indice de parlers conservateurs. Les ruraux en font plus que les citadins et les vieux plus que les jeunes » (Léon, 2011, p. 244). - Impressive : l’absence de liaison peut aussi être volontaire et peut dénoter « un style volontairement familier et détendu » (Léon, 2011, p. 244). On note aussi que le nombre des liaisons augmentent lorsque l’on passe « du spontané à la lecture ou à la conférence » (ibid.).