acteurs : particuliers ou entreprises. In fine, tout le monde est d’accord avec le principe qui
consiste à imposer moins de taxes sur le travail et plus sur la pollution. Mais c’est la gestion de la
transition qui n’est pas simple. » —
«
Un Grenelle vidé de sa substance
»
Ségolène Royal ancienne candidate à la présidentielle, signataire du Pacte
écologique. aujourd’hui présidente socialiste du conseil régional de Poitou-
Charentes
« Depuis plusieurs mois, de nombreuses décisions du Gouvernement en
matière environnementale ont totalement vidé de son sens le Grenelle de
l’environnement. Le Gouvernement a reculé sur ses engagements dans
tous les domaines : l’éolien, en durcissant les règles applicables aux lieux
d’implantation ; le photovoltaïque, en portant un coup très dur à la filière
industrielle par une remise en cause de tous les leviers de développement ;
l’isolation des bâtiments, en remettant en cause les aides aux particuliers
qui commençaient à se mobiliser ; mais aussi en matière de réduction des
pesticides, des transports par la route, sur la fiscalité écologique,
l’étiquetage écologique des produits, etc. Le vote de la loi Grenelle II en mai dernier a bien illustré
ces reculs.
Ces décisions mettent gravement en péril le développement des filières vertes et l’action pour la
préservation du climat. Les filières vertes en émergence, qu’il s’agisse des énergies renouvelables,
de l’efficacité énergétique dans l’habitat ou encore des procédés industriels ont avant tout besoin
d’un cadre politique stable et cohérent afin de poursuivre leur développement, générer des
activités industrielles et des emplois durables. Les citoyens ont également besoin d’un discours
politique clair pour consolider leur souci de protection de la planète.
A titre d’illustration, dans la filière photovoltaïque, les acteurs de la filière sont totalement
désorientés. Les justifications énoncées par le Gouvernement sont hypocrites et erronées : les
tarifs de rachat pratiqués profiteraient aux fabricants de panneaux chinois majoritaires
actuellement. Mais c’est justement l’instabilité de l’intervention publique et le plafonnement du
marché qui vont mettre à mal la dizaine de projets industriels de fabrication de panneaux solaires
lancés en France. Alors même que ces projets doivent générer plusieurs centaines d’emplois.
Actuellement, ce sont deux projets industriels qui sont ainsi menacés dans la région que je
préside, soit plus de 150 emplois. Cette menace intervient après deux années d’efforts et de
travail concerté avec les territoires et les acteurs économiques pour accueillir ces nouvelles
activités. Pour une véritable conversion écologique de l’économie, il faut combiner
l’accompagnement des citoyens et un cadre stable pour donner de la visibilité aux filières qui
créent de l’emploi et de nouvelles activités industrielles.
Même en période de rigueur budgétaire des solutions existent, mais elles ne pourront voir le jour
que si la croissance verte devient réellement une priorité, et non un faire-valoir politique, variable
en fonction de l’actualité du moment.
Enfin, le Grenelle avait été présenté comme une méthode innovante de faire de la politique en
associant l’ensemble des citoyens. Je constate aujourd’hui que les reculs sont annoncés au fil des
interviews ministérielles ou des projets de loi, sans concertation, sans mesurer réellement l’impact
des remises en cause décidées. Nicolas Sarkozy et le gouvernement prennent une responsabilité
majeure devant l’histoire. L’exigence environnementale et les attentes des citoyens sont
immenses. Il est encore temps de ne pas les décevoir et d’engager enfin la France dans le cercle
vertueux de la croissance verte et de la sociale-écologie. » —
«
La fin du super héros écolo
»
Eva Joly députée européenne Europe Ecologie
« “L’environnement ça suffit !” De toutes les petites phrases et autres grandes déclarations
assorties de coups de menton volontaires de Nicolas Sarkozy, c’est – au grand dam des
écologistes – celle qui fut mise en œuvre avec le plus de rapidité et la plus grande efficacité. A
peine les mauvais résultats de la majorité parlementaire aux élections régionales se profilaient-ils,
que déjà Nicolas Sarkozy tombait ce costume de super héros écolo, bien trop grand pour lui, et
revenait sur les engagements les plus emblématiques du Grenelle de l’environnement. Ce fut tout
d’abord l’abandon de la taxe carbone. Certes, la proposition de Nicolas Sarkozy, en négligeant
sciemment les indispensables éléments d’efficacité énergétique et de justice sociale, était loin de
répondre aux attentes des écologistes. Elle avait toutefois le mérite d’amorcer une fiscalité
Imprimer: Sarkozy a-t-il rompu avec l'écologie ? L'avis des politiques
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