IHK-Infos 03/2013 Seite 37
Le bonheur des entrepreneurs allemands
L’Allemagne interpelle: moteur économique de l'Europe, elle génère le plus grand excédent
commercial au monde. Mais d'où vient la compétitivité de nos voisins allemands? Nos entreprises
peuvent-elles négliger ce marché à l'exportation? Réponses avec Marc De Vestele, Attaché
économique et commercial pour l'Agence wallonne à l'exportation et aux investissements étrangers
à Munich. Il a écrit le guide «Comment exporter en Allemagne».
DYNAMISME: On explique parfois la compétitivité allemande par un dialogue social
différencié, la «Tarifautonomie». Vous confirmez que c'est un élément-clé?
MARC DE VESTELE : Sous le nazisme et pendant le régime communiste est-allemand, régnait
l'interdiction de s'associer en dehors des structures du parti L'autonomie tarifaire, c'est -à-dire le
droit en vertu duquel les partenaires sociaux déterminent aujourd'hui eux-mêmes, sans ingérence
de l'État, les conditions salariales, a été inscrite au titre de fondement démocratique dans la Loi
fondamentale allemande au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Le nombre
élevé (on parle ici de 73.000 accords-cadres) indique un système différencié qui répond aux besoins
sectoriels des entreprises et qui reconnaît en même temps la concertation sociale, Par ailleurs, les
entreprises conservent le droit de ne pas participer à la concertation salariale collective, Ainsi, près
de 10.000 entreprises ont adopté leurs propres accords tarifaires internes Le «Friedenspflicht»
engage les syndicats à renoncer aux actions de grève pendant la durée d'application de l'accord
tarifaire, Par conséquent, il y a très peu de grèves sauvages en Allemagne Le principe de
«Tarifeinheit» stipule qu'un seul accord vaut par entreprise. Il empêche la surenchère entre
syndicats au sein d'une même entreprise, En 2010, la «Tarifeinheit» a été affaiblie par une décision
du tribunal du travail. L'actuel gouvernement cherche un nouveau consensus en la matière.
A L'image de ce qui réussit très bien en communauté germanophone, la compétitivité
s'explique-t-elle également par un système de formation en alternance généralisé, la
«Duale Ausbildung» ?
La formation professionnelle se déroule à deux endroits en Allemagne: dans une entreprise et sur
les bancs de l'école, d'où son appellation «duale» , Ce système est appliqué aussi bien aux métiers
techniques, comme la construction mécanique, qu'au secteur tertiaire, tel que les assurances,
Concrètement: un élève, dans le cadre d'une formation de trois ans, travaille trois à quatre jours
par semaine dans une entreprise et rejoint l'école le reste du temps, Afin de renforcer ce système,
les employeurs et les pouvoirs organisateurs ont signé un pacte garantissant 570.140 stages en
2011. Grâce au système de la «duale Ausbildung», l'Allemagne présente le plus faible taux de
chômage parmi les jeunes en Europe, En août 2012, le chômage des jeunes en Allemagne atteignait
d'ailleurs 8,1 %, contre 17,70% en Belgique.
La sous-traitance occupe aussi une place centrale dans le fonctionnement de l'économie
allemande ...
En 2011, quinze des trente entreprises cotées à l'indice DAX ont réalisé les bénéficies les plus
importants de leur histoire, Parmi elles: BMW, Linde, SAP et BASF Entre 1970 et 2010, la part de
la production industrielle allemande sous-traitée à des tiers a augmenté de 70% pour s'établir
à 10%, Ce chiffre élevé met en évidence les rapports extrêmement complexes au sein de l'industrie
allemande et les modèles de gestion incroyablement raffinés de la sous-traitance. Les
réorganisations ont amélioré les marges bénéficiaires des entreprises, offrant des moyens pour de
nouveaux investissements.
Des investissements en recherche et développement, ce qui renforce la compétitivité ...
Une visite du «Deutsches Museum» à Munich montre clairement comment ce «musée» consacré à
la technologie allemande décrit en fait l'évolution de l'économie allemande. On y admire le premier
moteur de Carl Benz qui allait plus tard donner naissance à l'entreprise Mercedes-Benz. Le nombre
de brevets peut servir comme baromètre de l'innovation.