IHK-Infos 06/2012 Seite 26
e modèle allemand inspire la Belgique
Après la réforme des pensions et la réduction du déficit budgétaire, c'est à présent la création
de croissance et d'emploi qui figure à l'ordre du jour du gouvernement fédéral. Cela ne plaira
peut-être pas à certains, mais les faits démontrent que nous devons nous inspirer du modèle
allemand à cet effet.
Il y a un peu moins de dix ans, l'Allemagne était l'homme malade de l'Europe. Depuis,
d'ambitieuses réformes socioéconomiques ont été conduites, et le pays est aujourd'hui la
locomotive de la zone euro. Entre 2005 et 2011, l'Allemagne a, par exemple, connu une
croissance économique supérieure à celle de la Belgique: 1,6%, contre une moyenne de 1,4%.
Cette hausse de la prospérité était encore plus marquée par tête d'habitant: 1,7% contre 0,6%
en moyenne chez nous. Cette différence est due au fait que la population belge s'est encore
considérablement accrue au cours de cette période, alors que la population allemande était en
légère baisse.
On constate le même phénomène au niveau de l'emploi. En 2010, 74,9% de la population
allemande entre 20 et 65 ans était active. Cela signifie que l'Allemagne n'est plus qu'à un jet de
pierre de l'objectif européen de 75%. La situation est tout autre pour notre pays: le taux
d'emploi y atteignait 67,6% en 2010. Mais là où l'Allemagne réalise encore un meilleur score,
c'est au niveau du chômage. Entre 2005 et 2011, le nombre de demandeurs d'emploi y a
diminué de 2 millions (passant de 4,6 à 2,5 millions). Avec, à la clé, une baisse du taux de
chômage de 11,2% en 2005 à 6,1 % en 2011. En Belgique, le nombre de demandeurs d'emploi
n'a que peu baissé sur cette période (de 390.400 en 2005 à 373.200 en 2011).
Il importe de savoir que ces bons résultats n'ont pas été obtenus au détriment du budget, bien
au contraire. Le niveau du déficit budgétaire en Allemagne est aujourd'hui inférieur à celui de
2005 et se classe parmi les meilleurs de la zone euro. Le taux d'endettement allemand reste en
outre sensiblement inférieur à celui de la Belgique (81,7%, contre 97,2% du PIE en 2011).
La relance de l'économie allemande est principalement due aux considérables investissements
réalisés ces dix dernières années par le gouvernement dans la consolidation de la compétitivité
des entreprises. Les charges salariales par unité de produit (c.-à-d. corrigées des différentiels de
productivité) ont donc évolué plus lentement que chez nous (6,2%, contre 25%). L'Allemagne a
par conséquent, contrairement à notre pays, conquis au cours de cette période des parts de
marché à l'exportation (+24,2% pour l'Allemagne, contre -8,7% pour la Belgique).
Devons-nous faire un copier-coller du modèle allemand en Belgique? Bien sûr que non, mais
l'exemple allemand démontre toutefois que si nous voulons améliorer en même temps notre
croissance et la création d'emploi sans porter atteinte au budget, nous devrons investir en force
dans la consolidation de la compétitivité des entreprises. Une leçon que nos hommes et femmes
politiques devront certainement retenir au cours des prochaines semaines et des prochains
mois.
FORWARD – Magazine FEB – mai 2012