6.4. Le modèle allemand inspire la Belgique Après la réforme des pensions et la réduction du déficit budgétaire, c'est à présent la création de croissance et d'emploi qui figure à l'ordre du jour du gouvernement fédéral. Cela ne plaira peut-être pas à certains, mais les faits démontrent que nous devons nous inspirer du modèle allemand à cet effet. Il y a un peu moins de dix ans, l'Allemagne était l'homme malade de l'Europe. Depuis, d'ambitieuses réformes socioéconomiques ont été conduites, et le pays est aujourd'hui la locomotive de la zone euro. Entre 2005 et 2011, l'Allemagne a, par exemple, connu une croissance économique supérieure à celle de la Belgique: 1,6%, contre une moyenne de 1,4%. Cette hausse de la prospérité était encore plus marquée par tête d'habitant: 1,7% contre 0,6% en moyenne chez nous. Cette différence est due au fait que la population belge s'est encore considérablement accrue au cours de cette période, alors que la population allemande était en légère baisse. On constate le même phénomène au niveau de l'emploi. En 2010, 74,9% de la population allemande entre 20 et 65 ans était active. Cela signifie que l'Allemagne n'est plus qu'à un jet de pierre de l'objectif européen de 75%. La situation est tout autre pour notre pays: le taux d'emploi y atteignait 67,6% en 2010. Mais là où l'Allemagne réalise encore un meilleur score, c'est au niveau du chômage. Entre 2005 et 2011, le nombre de demandeurs d'emploi y a diminué de 2 millions (passant de 4,6 à 2,5 millions). Avec, à la clé, une baisse du taux de chômage de 11,2% en 2005 à 6,1 % en 2011. En Belgique, le nombre de demandeurs d'emploi n'a que peu baissé sur cette période (de 390.400 en 2005 à 373.200 en 2011). Il importe de savoir que ces bons résultats n'ont pas été obtenus au détriment du budget, bien au contraire. Le niveau du déficit budgétaire en Allemagne est aujourd'hui inférieur à celui de 2005 et se classe parmi les meilleurs de la zone euro. Le taux d'endettement allemand reste en outre sensiblement inférieur à celui de la Belgique (81,7%, contre 97,2% du PIE en 2011). La relance de l'économie allemande est principalement due aux considérables investissements réalisés ces dix dernières années par le gouvernement dans la consolidation de la compétitivité des entreprises. Les charges salariales par unité de produit (c.-à-d. corrigées des différentiels de productivité) ont donc évolué plus lentement que chez nous (6,2%, contre 25%). L'Allemagne a par conséquent, contrairement à notre pays, conquis au cours de cette période des parts de marché à l'exportation (+24,2% pour l'Allemagne, contre -8,7% pour la Belgique). Devons-nous faire un copier-coller du modèle allemand en Belgique? Bien sûr que non, mais l'exemple allemand démontre toutefois que si nous voulons améliorer en même temps notre croissance et la création d'emploi sans porter atteinte au budget, nous devrons investir en force dans la consolidation de la compétitivité des entreprises. Une leçon que nos hommes et femmes politiques devront certainement retenir au cours des prochaines semaines et des prochains mois. FORWARD – Magazine FEB – mai 2012 IHK-Infos 06/2012 Seite 26