En 1924, le plan Dawes traduit la décision des USA de s’immiscer dans la politique
européenne : il rééchelonne les indemnités allemandes et permet une reprise de la croissance.
Dawes, qui représente les intérêts du trust Morgan : « nous avons examiné le problème en
hommes d’affaires ». Le plan Dawes permet la restauration monétaire (Reichsmark en avril
1924 qui est une monnaie cotée sur le marché des changes, un dollar correspondant à 4,2
RM), l’afflux des devises étrangères et la pénétration du marché allemand par les Etats-Unis
pour qui l’Allemagne devient une zone d’investissements. La réforme entérine la banqueroute
de l’Etat allemand et des petits porteurs (baisse de la valeur des créances) mais un
redressement financier qui permet la restauration des flux financiers et des placements, donc
la reprise industrielle et l’extinction des dettes de l’Etat : les Länder retrouvent donc une
capacité d’emprunt et peuvent moderniser les infrastructures.
Les acquis sociaux d’avant la guerre sont remis en cause : hausse de la durée de travail
(« remettre l’Allemagne au travail ») et gains de productivité (+ 37 % dans la sidérurgie, +20
% dans les mines entre 24 et 26) sans hausse compensatoire des salaires, méthodes
tayloriennes et fordiennes d’organisation du travail, concentration (re cartellisation),
rationalisation de la production et mise en place d’un « capitalisme organisé » qui favorise la
recherche et l’innovation dont les Allemands sont les leaders mondiaux avec les Américains.
Le mot d’ordre est : « Geld spielt keine Rolle », les Allemands empruntent allègrement sans
rencontrer de problème de financement.
L’Etat met en place les conditions du développement des entreprises => en 27 – 28,
redressement économique et consensus social. Mais la crise de 29 est plus douloureuse en
Allemagne que dans les autres pays industrialisés (EU, France ou GB). En effet l’Allemagne
est dépendante de l’extérieur : dépendance financière du capital américain, dépendance
commerciale (besoin de marchés étendus) et dépendance énergétique : elle doit exporter pour
financer son outil de production.
La production s’effondre littéralement, le nombre de chômage passe de 2 à 6 millions entre 29
et 32, l’effondrement du Kredit Anstalt de Vienne entraîne un retrait massif des capitaux,
aggravé par les difficultés de la Dresdner Bank et de la Dantbank : la crise devient financière.
Dans ce contexte, le programme nazi du Dr. Schacht (ni marxisme ni libéralisme mais qui
s’apparente à un plan de relance – il était un grand ami de Keynes) séduit les Allemands :
Abandon de la propriété capitaliste au profit de la communauté et par extension de l’Etat
Plans quadriennaux de grands travaux (35 % du PNB allemand soit 46 milliards de marks)
pour lutter contre le chômage, améliorer le réseau autoroutier et mener une politique
d’urbanisme (drainage des sols, bâtiments publics, aérodromes, 22 000 km d’autoroutes,
construction d’habitats sociaux et d’habitats publics)
- Préparation à la guerre avec le plan de 36 : usines d’armement et ligne Siegfried, pas de
nationalisations mais concentration industrielle, poursuite du programme d’équipements pour
atteindre l’autarcie économique
- Mise en place de nouvelles structures sociales, disparition des syndicats dès 33 et charte
du travail en 34 (qui comporte plus d’obligations que de droits), « front du travail » pour créer
les conditions de mobilisation de la main-d’œuvre.
Entre 34 et 38, l’Allemagne passe de 2,3 à 0,2 millions de chômeurs (grâce aussi au STO et au
service militaire) mais connaît malgré la pression fiscale de l’inflation et un déficit budgétaire
au financement monétaire, d’où la mise en place d’un double système de circulation
monétaire : la circulation fiduciaire triple, le « mefowechseln » finance les dépenses
d’armement et les aides de l’Etat aux entreprises. Dès 35, l’Allemagne sort de la crise. En 38,
la production allemande a retrouvé son niveau de 28, et la production industrielle l’a dépassé
de 38 %, l’Allemagne a atteint l’autosuffisance alimentaire. La guerre est le principal
débouché (le commerce extérieur ne s’est pas redressé).
3. Le miracle allemand (45-89)