L`Allemagne de 1871 à nos jours

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L’Allemagne de 1871 à nos jours
1. Le démarrage de la croissance, 1871 - 1914
L’Allemagne en 1870 :
Joseph Rovan, L’histoire de l’Allemagne de 1870 à nos jours : « Le nouveau Reich naît sous
les signes réunis de la guerre, de la force, des uniformes et de la haute noblesse » (victoires de
1866 sur les Autrichiens à Sadowa qui fait de la Prusse le leader des peuples germaniques, de
1870 sur les Français à Sedan).
Le Zollverein voulu par List, considéré comme l’initiateur de la Révolution Industrielle en
Allemagne, et mis en place en 1834 a permis le renforcement de l’appareil productif
(économie d’échelle, concentration et hausse des débouchés) en même temps que les entraves
au commerce extérieur sont peu à peu abolies :
Traité de libre-échange avec la France en 1862
Liberté de circulation des personnes, unifications des poids et mesures, code du commerce
Unité monétaire après 1871 (entre le thaler à l’Est et au Nord et le florin rhénan à l’Ouest
et au Sud)
Code de commerce commun en 1866
En 1871, l’Allemagne (zone Zollverein) est la 2° puissance industrielle européenne, ses
infrastructures se développent (chemin de fer dès 1845 à parité avec la France et la GB, 18
000 km de voies ferrées reliant l’ensemble des grandes villes et voies navigables), le trafic
commercial augmente ainsi que la circulation des idées (diffusion rapide des journaux de
Berlin). Mais le protectionnisme persistant en Allemagne n’empêche pas la rivalité avec les
exportations françaises et il existe encore deux problèmes : la modernisation bancaire (33
banques d’émission monétaire, ce qui perturbe la stabilité) et l’unification monétaire.
Le pouvoir politique et économique est aux mains des aristocrates qui possèdent des terres
agricoles et des mines de charbon en Silésie et se lancent dans la métallurgie, mais de petits
industriels (Stumm dans la Sarre et Krupp dans la Ruhr) se transforment en grands groupes et
permettent l’émergence de la métallurgie allemande. L’Allemagne profite d’une abondance de
capitaux étrangers, notamment français (Détilleux pour les charbonnages, Saint-Gobain pour
la verrerie, marquis de Sassenet pour le zinc, Koechlin pour le textile). Les konzerne sont
favorisés par la législation fiscale : concentration verticale (Krupp Thyssen) et horizontale
(cartels) qui permet la fixation des prix de vente et la limitation de la concurrence.
Bismarck et le rôle de l’Etat :
Le libéralisme rencontre en Allemagne de fortes résistances. L’Etat interventionniste traduit le
triomphe de « ’école historique » allemande qui préconise un réformisme d’Etat à la fin du
XIX° (Schmoller, Le manifeste d’Eisenbach, 1872) qui justifie cet interventionnisme ou
« socialisme de la chaire / des professeurs » par des études historiques : les mécanismes
économiques sont relatifs aux structures dans lesquels il se développent et à certains principes
sociaux. L’Etat s’affirme dans l’adaptation des structures à la conjoncture (cf. loi de Wagner).
L’historicisme est temporel et spatial. L’action de Bismarck aboutit dès 1871 à la création du
mark, rattaché par la loi du 9/06/73 à l’étalon-or, puis en 1875 à la création de la Reichsbank
qui détient le monopole de l’émission de papier-monnaie. En 1873 est fondé l’office impérial
des chemins de fer, puis une loi protectionniste (renforcée en 85 et 87) permet le 12/7/1879 la
protection des exportations agricoles sous la pression des industriels et des Junkers.
Bismarck a aussi une politique sociale :
Caisses d’assurance-maladie en 1883
Protection contre les accidents du travail en 1885
Protection contre la vieillesse en 1889
Mais des syndicats se mettent en place à partir de 1890.
-
L’Allemagne s’affirme comme une puissance internationale aux velléités expansionnistes dès
1870 avec la victoire sur la France (gain de l’Alsace-Lorraine et indemnités de 5 milliards de
francs-or), les conquêtes coloniales à partir de 1883 et les accords avec l’Empire Ottoman (La
Berlin-Bagdad Bahn est une concession allemande)
 Initiative privée et esprit d’entreprise :
L’Allemagne bénéficie de matières premières (houille et lignite) et de la mise en place d’un
enseignement technique extrêmement performant (Technische Hochschulen) qui répond aux
besoins des entreprises en formant un fort potentiel de techniciens et ingénieurs. Le système
bancaire se concentre (4 D) et appuie les konzerne. Il existe une très forte organisation des
industriels, banquiers, commerçants et agriculteurs allemandes qui entraîne une concentration
rapide du capital, la rationalisation de la production, la diminution des risques de méventes et
la répartition des pertes en cas de crise (syndicat des charbons rhénans qui permet l’autonomie
énergétique). L’industrie lourde et la chimie sont les pierres angulaires de l’industrialisation
allemande. À partir de 1890, des commis voyageurs allemands chargés de repérer les goûts
des populations pour que l’industrie allemande s’y adapte sillonnent le monde.
Avec Guillaume II, c’est le retour au libre-échange (traités avec l’Italie, l’Autriche, la Russie),
mais l’Allemagne est devenue une puissance économique. Les infrastructures modernes,
notamment portuaires (Hambourg, Brême, canal de Kiel en 1896 qui relie la Mer du Nord à la
Baltique, Mittellandkanal de la Ruhr à la Weser) sont propices au développement du
commerce. La stratégie d’industrialisation puis de commercialisation (problématique de la
Mitteleuropa) permet aux exportations qui se composent surtout de produits finis ou semifinis de passer de 2,5 milliards de marks en 1872 à 10,1 en 1913 alors que les importations
sont surtout de matières premières. L’Allemagne pratique une politique commerciale
agressive et des prix de dumping. Les IDE allemands augmentent (le stock de capital s’élève à
30 milliards de marks en 1913) et sont un moteur de la croissance allemande en permettant de
nouveaux débouchés. À la veille de la guerre de 14, l’Allemagne est la première puissance
industrielle et la deuxième puissance commerciale de l’Europe, son PIB de 72 milliards de
marks correspond à 14 % du PIB mondial.
2. La reprise allemande et la crise
 Les conséquences de la guerre :
L’économie de guerre va de pair avec le renforcement de la concentration, un pouvoir
renforcé et un gonflement des profits du patronat allemand grâce à l’office des matières
premières de guerre (distribution des approvisionnements optimale mais pas de contrôle de
l’Etat). La défaite et le nouveau rapport de forces conduisent à un nouveau contrat social mis
en place le 15/11/1918 : accord avec les sociaux-démocrates (écrasement en 1919 de al Ligue
Spartakiste) et à une Arbeitgemeinschaft (cessation des subventions aux syndicats jaunes,
représentations des syndicats dans les entreprises et conventions collectives).
L’hyperinflation (1923) fait 1,5 million de chômeurs et réduit les acquis sociaux, mais la
condition ouvrière s’améliore dès 1927. Les principales victimes de la guerre auront été les
classes moyennes (épargnants, employés, petits rentiers, fonctionnaires) ruinées par la
dévaluation de 1923 (pour Badia, l’inflation allemande est une escroquerie légale) et qui
formeront un terreau dans lequel le nazisme établira ses racines ; mais la stabilité revient avec
la création du Rentenmark. De plus, l’inflation permet une reconstitution des marges des
entrepreneurs et la réduction des dettes, notamment de l’Etat, mais elle annihile les mesures
sociales et profite à la grande bourgeoisie et aux propriétaires fonciers et immobiliers alors
qu’elle pénalise les salaires et entraîne une baisse radicale du pouvoir d’achat : en novembre
1923, le salaire d’une journée ne permet plus le lendemain que d’acheter la moitié ou les 2/3
des biens qu’on pouvait acheter le jour même.
 Le plan Dawes :
En 1924, le plan Dawes traduit la décision des USA de s’immiscer dans la politique
européenne : il rééchelonne les indemnités allemandes et permet une reprise de la croissance.
Dawes, qui représente les intérêts du trust Morgan : « nous avons examiné le problème en
hommes d’affaires ». Le plan Dawes permet la restauration monétaire (Reichsmark en avril
1924 qui est une monnaie cotée sur le marché des changes, un dollar correspondant à 4,2
RM), l’afflux des devises étrangères et la pénétration du marché allemand par les Etats-Unis
pour qui l’Allemagne devient une zone d’investissements. La réforme entérine la banqueroute
de l’Etat allemand et des petits porteurs (baisse de la valeur des créances) mais un
redressement financier qui permet la restauration des flux financiers et des placements, donc
la reprise industrielle et l’extinction des dettes de l’Etat : les Länder retrouvent donc une
capacité d’emprunt et peuvent moderniser les infrastructures.
Les acquis sociaux d’avant la guerre sont remis en cause : hausse de la durée de travail
(« remettre l’Allemagne au travail ») et gains de productivité (+ 37 % dans la sidérurgie, +20
% dans les mines entre 24 et 26) sans hausse compensatoire des salaires, méthodes
tayloriennes et fordiennes d’organisation du travail, concentration (re cartellisation),
rationalisation de la production et mise en place d’un « capitalisme organisé » qui favorise la
recherche et l’innovation dont les Allemands sont les leaders mondiaux avec les Américains.
Le mot d’ordre est : « Geld spielt keine Rolle », les Allemands empruntent allègrement sans
rencontrer de problème de financement.
L’Etat met en place les conditions du développement des entreprises => en 27 – 28,
redressement économique et consensus social. Mais la crise de 29 est plus douloureuse en
Allemagne que dans les autres pays industrialisés (EU, France ou GB). En effet l’Allemagne
est dépendante de l’extérieur : dépendance financière du capital américain, dépendance
commerciale (besoin de marchés étendus) et dépendance énergétique : elle doit exporter pour
financer son outil de production.
La production s’effondre littéralement, le nombre de chômage passe de 2 à 6 millions entre 29
et 32, l’effondrement du Kredit Anstalt de Vienne entraîne un retrait massif des capitaux,
aggravé par les difficultés de la Dresdner Bank et de la Dantbank : la crise devient financière.
Dans ce contexte, le programme nazi du Dr. Schacht (ni marxisme ni libéralisme mais qui
s’apparente à un plan de relance – il était un grand ami de Keynes) séduit les Allemands :
 Abandon de la propriété capitaliste au profit de la communauté et par extension de l’Etat
 Plans quadriennaux de grands travaux (35 % du PNB allemand soit 46 milliards de marks)
pour lutter contre le chômage, améliorer le réseau autoroutier et mener une politique
d’urbanisme (drainage des sols, bâtiments publics, aérodromes, 22 000 km d’autoroutes,
construction d’habitats sociaux et d’habitats publics)
Préparation à la guerre avec le plan de 36 : usines d’armement et ligne Siegfried, pas de
nationalisations mais concentration industrielle, poursuite du programme d’équipements pour
atteindre l’autarcie économique
Mise en place de nouvelles structures sociales, disparition des syndicats dès 33 et charte
du travail en 34 (qui comporte plus d’obligations que de droits), « front du travail » pour créer
les conditions de mobilisation de la main-d’œuvre.
Entre 34 et 38, l’Allemagne passe de 2,3 à 0,2 millions de chômeurs (grâce aussi au STO et au
service militaire) mais connaît malgré la pression fiscale de l’inflation et un déficit budgétaire
au financement monétaire, d’où la mise en place d’un double système de circulation
monétaire : la circulation fiduciaire triple, le « mefowechseln » finance les dépenses
d’armement et les aides de l’Etat aux entreprises. Dès 35, l’Allemagne sort de la crise. En 38,
la production allemande a retrouvé son niveau de 28, et la production industrielle l’a dépassé
de 38 %, l’Allemagne a atteint l’autosuffisance alimentaire. La guerre est le principal
débouché (le commerce extérieur ne s’est pas redressé).
3. Le miracle allemand (45-89)
Avec l’occupation alliée, l’Allemagne ruinée, divisée, amputé politiquement, connaît sa
troisième crise majeure en 30 ans. La réduction du territoire (Potsdam, 2/8/45) précipite en
Allemagne 10 millions de réfugiés ou expulsés venus de Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie,
des Balkans. Les conditions de vie se dégradent.
C’est dans les zones américaine puis anglaise que le redressement est le plus rapide (pas de
démantèlement de l’appareil productif, subventions et flux de capitaux) alors que les zones
soviétique et française sont menées des politiques de répression et de pillage. Mais il persiste
des infrastructures performantes (réseau autoroutier et ferroviaire qui sera un avantage certain
pour l’Allemagne dans l’après-guerre).
Le miracle allemand est dû aux réformes du ministre des Finances Ludwig Erhard qui
entérine en 48 la banqueroute allemande : conversion monétaire des espèces (6,5 Deutsche
Mark = 100 RM) et des valeurs mobilières (10 DM = 100 RM), alignement des salaires sur les
prix pratiqués au marché noir qui permet la diminution de l’économie parallèle. Si les
épargnants sont perdants, la réforme favorise les propriétaires et le commerce intérieur. Dès
49, la production redémarre dans le cadre de l’économie de marché aidée par les fonds
Marshall et d’un soutien à l’autofinancement pour redresser l’industrie allemande (limitation
de la part des bénéfices distribués aux actionnaires, crédit à bas taux d’intérêt). C’est le
triomphe de « l’économie sociale de marché » prônée par la CDU. Le capital productif et
financier est reconstitué, le chômage se résorbe complètement en 57.
Le miracle allemand consiste en des profits élevés, une répartition équitable de la richesse,
des prestations sociales élevées grâce au nouveau contrat social : négociations avec les
syndicats qui sont reconnus, dont le principal est le DGB (Deutscher Gewerksschaftbund, 5 M
d’adhérents en 50 et 7,4 en 76) et système fondé sur les négociations et la concertation. Une
loi de 51 instaure la Mitbestimmung ou gestion paritaire : association des syndicats, du
patronat et des entreprises bancaires dans les CA des grandes entreprises. En 52, toutes les
entreprises doivent pratiquer la cogestion pour que les rapports sociaux ne soient plus fondés
sur la lutte des classes. La Mitbestimmung connaît un âge d’or entre 51 et 65 qui permet une
croissance forte dans la paix sociale (le DGB possède une banque, une société d’assurances,
une de construction immobilière… sa force en fait un partenaire incontournable). À la fin des
60, les Allemands ont le revenu par tête le plus élevé d’Europe.
Le PNB allemand *7 entre 48 et 60, la production industrielle *5. De 50 à 73, le TCAM est de
5,9 % malgré le fléchissement de l’activité dans les années 60 (pénurie de main-d’œuvre,
diminution de la durée du travail en 65 et hausse du coût du travail, +92 % entre 58 et 66). Le
taux d’I diminue entre 61 et (26,7 %) et 67 (21 %) mais les gains de productivité du travail
restent élevés (+ 4,9 % par an). La croissance allemande est donc une croissance vertueuse
(avantages sociaux et partage équitable de la richesse avec la hausse des salaires réels).
L’Etat-Providence se développe dans les 60:
Allocations familiales en 54
Indexation des retraites sur le mouvement des salaires en 57
Indemnisation du chômage en 63 (2/3 du salaire)
Cofinancement de l’assurance-maladie (18,3 % Etat, 41,9 % patronat, 39,8 % salariés)
L’Allemagne bénéficie d’une forte compétitivité (33 % de la production exportée en 1993,
soit la part la plus élevée du monde, contre 20 % en 1960) et d’une très bonne spécialisation.
Elle a aussi des faiblesses :
Déficit budgétaire et inflation
La croissance redevient cyclique
Manque de main-d’œuvre (5,5 % de la main-d’œuvre est immigrée) => stratégie
d’immigration globale à la fin des années 1960
Globalsteuerung pour stabiliser l’économie
Le DM est réévalué trois fois, on augmente le taux de réserve des nouveaux dépôts bancaires
pour freiner l’entrée de capitaux étrangers ; le chômage réapparaît avec la stagflation. En 74,
la production industrielle recule. L’Etat bride la demande intérieure pour limiter l’inflation car
la demande extérieure en biens d’équipement suffit à tirer la croissance. Très vite, il fait le
choix d’une politique d’incitation à l’investissement.
Théorème de Schmidt : « les profits d’aujourd’hui sont les I de demain et les emplois d’aprèsdemain ». L’Allemagne bénéficie de la dévaluation du DM par rapport au $ et présente un
modèle économique sain avec excédent commercial, inflation mesurée et moindre pression
démographique.
Mais à partir de 79 apparaît un cycle récessif, atténué par les fluctuations du $ (moins de 4 F
en 76, 10 F en 85). La dépréciation du mark permet à l’Allemagne de retrouver dès 87 les
excédents d’exportations structurels, elle exporte son chômage ; depuis 78, le mark est
systématiquement sous-évalué dans le SME. L’Allemagne profite de la reprise soutenue par
les USA pour accroître ses parts de marché mondiales. La baisse des gains de productivité et
la RTT permettent la stabilisation du chômage (qui atteint pourtant 8 % fin des 80s et tend à
devenir incompressible). La politique de renvoi des travailleurs immigrés et la flexibilisation
du marché du travail font de l’Allemagne un « bon élève », mais qui vieillit et fait moins
d’enfants. Déficit et ralentissement économique intérieur réapparaissent.
4. L’Allemagne depuis la réunification
Choc pour la RFA mais aussi pour l’ensemble de l’Europe à travers le SME (en juillet 90,
l’union monétaire permet, contre l’avis de la Bundesbank, aux Allemands de l’Est d’échanger
1 Ost Mark contre 1 Deutsche Mark). Le programme de relance pour moderniser l’appareil
productif est-allemand fait passer le déficit budgétaire à 6 % en 93 et crée des goulets
d’étranglement => inversion du gap inflationniste avec la France. Les dépenses publiques qui
représentaient 37 % du PIB de l’ex-RFA en 90 grimpent à 45 % de ce PIB. Avec la
confrontation à l’économie de l’ex-RFA, l’économie non-compétitive et obsolète de l’Est,
privée du rempart de la monnaie, s’effondre ; en 93, le chômage dépasse 20 %. Le
financement par l’emprunt du déficit budgétaire se traduit par une pression à la hausse sur les
taux d’intérêt réels.
L’Allemagne retrouve un rôle politique et diplomatique, mais perd de son rôle économique en
Europe. Le modèle allemand dérive dès 92 :
Chute de l’investissement
Hausse du coût du travail (+ 20 % entre 92 et 97)
Délocalisation des entreprises allemandes (vers les pays de l’Est et le Tiers-Monde)
Perte des atouts traditionnels allemands : la qualité des produits est remise en cause, les
excédents commerciaux diminuent. L’euro représente pour l’Allemagne une perte de
puissance et de compétitivité.
Problèmes pour satisfaire aux critères de Maastricht et politique de taux d’intérêt mal
adaptée
Hausse de la pression fiscale pour réduire le déficit
5. L’Europe vue d’Allemagne
L’Europe permet à l’Allemagne de se reconstruire une identité vis-à-vis de ses voisins et
d’affirmer son appartenance au camp des démocraties libérales face à l’économie planifiée du
bloc de l’Est => Joseph Rovan, « l’Allemagne unie dans l’Europe à unir ».
Le défi allemand est d’être un ferment de l’unification européenne.
 L’Allemagne comme constructeur :
Pour A. Grosser, « l’idée européenne a été immédiatement populaire en Allemagne » ;
l’Allemagne est plus européenne car son anéantissement est dû au nationalisme alors que la
France a trouvé dans son sentiment national le ferment de la résistance et l’Angleterre doit à
un sursaut d’orgueil national sa victoire de 1940. D’où un terrain propice à l’Europe, d’autant
plus que l’Allemagne a perdu l’ensemble des attributs de la souveraineté, il lui est plus facile
de les abandonner. L’Allemagne se fait donc le champion de l’œuvre unificatrice : sans
prendre d’initiative, elle adhère à toutes les propositions, y compris au plan de relance
européen proposé par Monnet après l’échec de la CED. Il y a un véritable esprit
communautaire qui s’accompagne d’une volonté de consensus Le premier président de la
Commission sera en 1958 un Allemand.
 L’Europe comme vecteur du renouveau allemand :
Le marché commun est très vite une réussite, les courants commerciaux intra-communautaires
sont très dynamiques => l’Allemagne est prête à accueillir de nouveaux membres, notamment
la GB. Un protocole additionnel est ajouté au traité de Rome en cas d’unification allemande
(Allemagne de l’Est est vécue comme partie intégrante de l’Ouest), l’Europe communautaire
n’a donc pas de frontière à l’Est. La dynamique franco-allemande entre les deux nations
principales est un vecteur de la prospérité allemande comme du recouvrement de la paix
conforté par le Traité de l’Elysée. Tout accord européen passe d’abord par l’Allemagne (SME
en 78 à Brême). L’Europe est vécue comme un marché, le moyen pour l’industrie allemande
de réaliser des économies d’échelle et d’assurer sa compétitivité.
 L’Allemagne face aux enjeux de l’Europe :
Dans les 80s, l’Europe (« en panne ») connaît un ralentissement économique. En 86, après
l’Acte unique européen, Kohl se fait l’apôtre de la construction européenne et de la mise en
place de l’UE au niveau institutionnel et de la création de l’UEM. L’Allemagne n’accepte pas
la mise en place d’une Europe au rabais qui entraverait sa dynamique future. L’Allemagne
reste pourtant un partenaire central et un moteur de la construction européenne ; dès 67, 45 %
des échanges sont réalisés avec la CEE.
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