
binante humaine [43].
D’après MODDER [36], la testostérone et la 5β-DHT stimuleraient la
production et la maturation des précurseurs érythroides dans des
modèles animaux .De plus, la testostérone et la 5α–DHT stimule-
raient en parallèle la production d’érythropoïétine.
Orchidectomie
En1949, HAMILTON avait décrit une baisse de l’hémoglobine chez
des personnes incarcérées ayant eu une orchidectomie. Cette baisse
était parallèle à la chute de testostérone mais était différée. Quaran-
tejours après l’intervention chirurgicale, le taux moyen de l’hémo-
globine était de 10g/l. Les globules rouges étaient diminués de 9%,
l’hématocrite de 6% et l’hémoglobine de 7% [26]. Cette observa-
tion a été confirmée par celle de FONSECA [23], qui a comparé les
taux d’hémoglobine pré et post opératoires chez 64 patients ayant
eu une orchidectomie bilatérale avec fonction rénale normale et a
décrit une baisse de 1-2g /dl de l’hémoglobine dans les suites chez
ces patients sans qu’un autre facteur intercurrent d’anémie ne soit
mis en évidence. Ce phénomène concerne également les autres for-
mes de castration.
Blocage hormonal androgénique
L’anémie induite par les agonistes de la LH-RH a fait l’objet d’une
évaluation, mais les études sont limitées aux patients suivis pour
une hyperplasie bénigne de la prostate.
En 1991, WEBER aobservé une baisse significative de 7.3% en
moyenne de l’hémoglobine, 6 mois après début d’un traitement par
agoniste de la LH-RH (nafarelin acétate) chez des patients traités
pour une hyperplasie bénigne de la prostate et a noté un retour aux
taux de base 6 mois après arrêt du traitement [52]. Les taux sériques
d’érythropoïétine étaient normaux. Les études in vitro sur des moel-
les osseuses humaines normales n’ont pas montré de toxicité parti-
culière des agonistes sur les cellules précurseurs de la lignée éry-
throide ou myéloïde, laissant suggérer une action androgénique
indirecte. La même observation a été faite par ERI [22] avec un trai-
tement par leuprolide acétate à la dose de 3.75mg/mois pendant 24
semaines, la baisse d’hémoglobine était significative par rapport au
bras placebo (baisse de 0.8g/dl ; p=0.0052).
Ce problème de toxicité hématologique devrait être reconsidéré à
l’heure où les agonistes sont utilisés dans les stades initiaux en néo
adjuvant avant radiothérapie externe ou en traitement adjuvant.
La monothérapie par anti androgènes non stéroïdiens ne semble pas
être associée à une anémie significative probablement en raison du
maintien de taux élevés de testostérone plasmatique. DECENSI [19]
n’a pas observé de baisse significative de l’hémoglobine chez 24
patients métastatiques traités par nilutamide. En revanche, l’étude
de ORNSTEIN [38] infirme ces données puisqu’une baisse significa-
tive de l’hémoglobine (en moyenne de 1,6g/dl) est rapportée dans
une série de 19 patients en échappement biologique après prosta-
tectomie radicale ou radiothérapie externe et traités à la fois par flu-
tamide 250mgx3/j et un inhibiteur de la 5α-réductase (finastéride
5mg/j) pendant au moins 6 mois. La baisse de l’hémoglobine dans
cette série n’était pas corrélée à la testostéronémie de base, ni à ces
variations. La contribution de chaque médicament à l’installation de
l’anémie n’a pu être évaluée.
Qu’en est-il du blocage androgénique complet
STRUM [47] a observé une baisse significative des taux d’hémoglo-
bine. Cent trente trois patients ont été traités par leuprolide acétate
(n=121/133) à la dose de 7.5mg IM 1x/mois et flutamide à la dose
de 250mgx3/j (n=116/133). Quatre vingt-treize patients avaient une
maladie localisée (22 T1c; 61 T2a-c et 10 T3a-c) et 40, une maladie
métastatique mesurable ou un échappement biologique avec éléva-
tion du PSA (2 D0 ,14 D1 et 24 D2). Certains patients avaient eu
une orchidectomie au préalable. La testostéronémie n’était pas cor-
rélée au taux d’hémoglobine dans la série étudiée. Un mois après
début du traitement, il était noté une baisse moyenne de 1g/dl du
taux d’hémoglobine. Après 5,6 mois de traitement, l’hémoglobine
moyenne était passée d‘un taux initial de 14.9g/dl à 12.3g/dl. La
toxicité a été plus importante et moins réversible chez les patients
âgés de plus de 68 ans, ayant reçu un traitement hormonal pour une
durée supérieure à un an. L’anémie observée par STRUM [47] dépas-
se de loin celle décrite plus haut par WEBER [52] et ERI[22].
L’effet semble donc être additif avec le blocage combiné. Il est
important de noter que 13% des patients avaient présenté une ané-
mie sévère avec une baisse d’hémoglobine supérieure à 25% (bais-
se de l’ordre de 4.3g/dl en moyenne). Dès lors, les auteurs recom-
mandent un contrôle de la numération formule sanguine tous les 1
à2mois après le début d’un traitement hormonal.
BOGDANOS [8] a évalué 42 patients (26 au stade C T3N0M0 et 16 au
stade D1 T3N1M0) ayant reçu un traitement hormonal combiné
associant leuprolide acétate 3.75mg IM /28 jours et flutamide
250mgx3/jour.Les paramètres hématologiques ont été mesurés à
l’état basal puis à 1, 2, 3 et 6 mois. La durée du traitement a été de
6mois.
Le taux d’hémoglobine moyen est passé de 14,2 g/dl à14 g/dl puis
à13,5 g/dl, 13,2g/dl et 12,7 g/dl à 1, 2,3 et 6 mois après initiation
du traitement. Six patients ont présenté une anémie importante qui
se traduisait par une hémoglobine inférieure à 11 g/dl (14.3%). Ces
mêmes patients ont répondu à un traitement par érythropoïétine
recombinante en 1mois (augmentation de l’hémoglobine supérieu-
re à 2g/dl).Une diminution de l’hémoglobine supérieure à 2.5 g/dl
au bout de 3 mois de traitement a été prédictive de l’installation
d’une anémie sévère avec un nadir inférieur à 11 g/dl. Dans la
mesure où cette anémie conditionne la qualité de vie des patients,
les auteurs recommandent un traitement par érythropoïétine recom-
binante humaine pour une durée d’un mois pour les patients ayant
présenté une baisse de l’hémoglobine supérieure à 2.5 g/dl après un
mois de l’initiation du traitement .
Al’heure actuelle où l’indication d’un blocage hormonal combiné
commence à s’étendre aux stades précoces de la maladie ou même
encore aux stades avancés en association à la radiothérapie, une
étiologie hormonale à l’installation d’une anémie ne doit pas être
écartée. L’équipe soignante devra ainsi être vigilante quant à la pres-
cription d’un traitement hormonal de longue durée et prévoir des
contrôles réguliers de la numération formule sanguine.
Anémie et chirurgie
La prostatectomie radicale peut s’accompagner de pertes sanguines
per opératoires nécessitant une transfusion.
Aussi, CHUN [16] a testé l’utilisation de l’érythropoïétine recombi-
nante humaine avant une chirurgie prostatique radicale. Cent quat-
re patients ont été inclus dans l’étude, 52 ont eu une autotransfusion
et les autres patients ont reçu des injections d’érythropoïétine à la
dose de 600UI/kg 14jours avant et même parfois également une
semaine avant le geste chirurgical. Les besoins transfusionnels hété-
rologues se sont avérés être les mêmes dans les 2 groupes (malgré
l’autotransfusion), concernant 9.6% des patients. L’utilisation d’é-
rythropoïétine semble donc être une alternative intéressante à l’au-
R.E. Boustany et M. Zerbib, Progrès en Urologie (2005), 15, 604-610
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