Prendre en compte la fatigue
L
es traitements en cancérologie
ont permis d’inverser les pro-
plusieurs mois, et être majorée par
un état dépressif sous-jacent, n’est
pas en soi un signe de reprise de
la maladie. Il n’y a pas de médica-
ment spécifique alors que plus de
50 % des patients sont en re-
cherche d’un traitement de cette
fatigue. Il est donc important
d’écouter le patient afin de mieux
connaître et traiter la cause.
En premier lieu, les soignants doi-
vent apprendre au patient à s’ali-
menter correctement, de façon
équilibrée. Les suppléments vita-
miniques et les oligo-éléments ne
sont pas nécessaires. En revanche,
il existe des “petits moyens” pour
économiser ses forces qui peuvent
être d’une grande aide. Ainsi, il
faut savoir réaménager son inté-
rieur pour ne pas avoir à faire des
efforts inutiles comme pour aller
chercher des objets placés en hau-
teur, par exemple. Le patient doit
être encouragé à reprendre son ac-
tivité professionnelle, mais de fa-
çon adaptée et progressive, à se re-
poser quand il en éprouve le
besoin, à équilibrer son temps de
sommeil et à avoir une activité
physique régulière.
Surveiller l’anémie
On ne connaît pas la cause pré-
cise de la fatigue, hormis cepen-
dant l’anémie ou une insuffisance
du fonctionnement de la glande
thyroïde ou surrénale.
Selon G.D. Demetri, l’anémie des
patients cancéreux traités par chi-
miothérapie est fréquente, avec
une incidence pouvant s’élever
jusqu’à 100 % pour les grades 1
à2. Elle reste, à ce jour, sous-dia-
gnostiquée et sous-traitée. Ainsi la
nouvelle génération d’agents uti-
lisés en chimiothérapie (taxanes,
vinorelbine, et dérivés de la camp-
tothécine) est myélosuppressive.
Les nouveaux protocoles associant
plusieurs molécules et modalités
d’administration favorisent l’ané-
mie. Une corrélation nettement si-
gnificative entre amélioration de
la qualité de vie et augmentation
du taux d’hémoglobine a été dé-
montrée. L’amélioration la plus im-
portante est survenue quand le
taux d’hémoglobine est passé de
11 à 12 g/dl (Anemia and its func-
tional consequences in cancer pa-
tients : current challenges in mana-
gement and prospects for improving
therapy. Br J Cancer 2001 ; 84 : 31-
7). Certaines études avancent une
incidence de 80 % pour les ané-
mies de grades 3 à 4. Cela dépend
du type de tumeur, du rythme et
de l’intensité de la chimiothérapie
administrée. Les symptômes de
l’anémie, dont la fatigue est le plus
fréquent, ont un impact sur les
nombreux aspects de la vie quo-
tidienne mais aussi sur le pronos-
tic de la maladie cancéreuse. Ne
serait-ce que par l’influence du
faible taux d’hémoglobine sur
l’oxygénation de la tumeur, d’où
la moindre efficacité des radiothé-
rapies. Si l’anémie n’est pas la seule
cause de la fatigue, elle n’en de-
mande pas moins une prise en
charge dans le sens où elle est
une pathologie à part entière. Des
traitements existent. Répétée tous
les mois, la transfusion sanguine
donne de bons résultats contre
l’anémie. Les nouvelles généra-
tions d’activateurs de l’érythro-
poïèse (EPO) restaurent les capa-
cités musculaires et augmentent le
taux d’hémoglobine. Leur rapidité
d’action se traduit par une aug-
mentation du taux d’hémoglobine
par rapport aux premières EPO.
Mais ces molécules ont un coût en-
core élevé et seuls 15 % des ma-
lades qui en auraient besoin en bé-
néficient effectivement.
A.-L.P.
10
Oncologie
La fatigue des patients reste un symptôme mineur pour de
nombreux soignants qui ont tendance, de ce fait, à l’ignorer ou
à la sous-évaluer. Ainsi, à la sensation pénible de ne plus
pouvoir vivre à un rythme tout à fait normal, s’ajoute souvent,
pour le malade, une certaine culpabilité.
Professions Santé Infirmier Infirmière - No43 - janvier-février 2003
nostics hier irréversibles. Mais cer-
tains présentent des inconvénients
qui peuvent avoir des consé-
quences physiques et psycholo-
giques. L’épuisement est un état
que connaît la quasi-totalité des
malades du cancer. Les rayons abî-
ment en effet la moelle osseuse et
diminuent la production de glo-
bules rouges. La chimiothérapie
induit nausées et vomissements,
qui entraînent, à leur tour, des pro-
blèmes digestifs et alimentaires.
L’aversion pour certains médica-
ments entraîne ensuite des déficits
nutritionnels. Tout cela s’ajoute
aux troubles psychologiques, telle
une possible dépression, liés à l’an-
nonce de la maladie.
Rassurer et déculpabiliser
«Le patient va éviter tout effort,
se replier sur lui-même. Avec le sen-
timent que c’est comme un deuxième
cancer qu’il porte en lui, et qui le
ronge », explique le Pr David
Khayat, chef de service d’oncolo-
gie à l’hôpital de la Pitié-Salpê-
trière (Paris).
La fatigue est multifactorielle. Elle
est pratiquement constante, en
particulier tout au long de la chi-
miothérapie. Pour les personnes
suivant une radiothérapie, elle
survient surtout en fin de traite-
ment. Dans une étude récente, elle
est retrouvée chez près de 80 %
des malades du cancer. Il faut
donc rassurer le patient qui, à la
fin de son traitement, pense pou-
voir retrouver tout de suite “la
forme”, comme avant, et récupé-
rer après une bonne nuit de som-
meil. Cette fatigue, qui peut du-
rer plusieurs semaines, voire
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