8.4 Rhinite allergique

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Document du DESC allergologie Lyon 2010. Etudiant DESC : Marion BRAIRE-BOURREL, Allergologue : Dr BOISSONET, ORL : Dr MERROT.
8.4
Rhinite allergique
Références bibliographiques :
-La rhinite non allergique à éosinophiles ou NARES. Aspects cliniques et immunohistologiques. Revue
française d'allergologie et d'immunologie clinique : 1998, vol. 38, no7, 624-633
-A.Coste. Pathologie ORL associées à la rhinite allergique : revue de la littérature.
Ann Otolaryngol Chir Cervicofac, 2000; 117,3n :168-73.
-Rhinitis and onset of asthma: a longitudinal population-based study. Shaaban R, Zureik M, Soussan D et al.
Lancet. 2008 Sep 20;372(9643):1049-57.
-Le rôle de la rhinite dans les exacerbations d’asthme. Wallaert B. Revue Française d’Allergologie 49 (2009)
S53-S56.
8.4.1 Définition – Physiopathologie
La rhinite allergique correspond à l’ensemble des manifestations fonctionnelles
nasales engendrées par le développement d’une inflammation IgE-dépendante de
la muqueuse nasale en réponse à l’exposition à différents types d’allergènes.
Les principaux symptômes cliniques sont la rhinorrhée, l’obstruction nasale, les
éternuements, le prurit nasal et le jetage postérieur. Ils sont souvent associés à
des symptômes oculaires ou bronchiques.
Les allergènes les plus souvent impliqués sont les pneumallergènes présents dans
l’environnement domestique (acariens, animaux domestiques, blattes,
moisissures), dans l’atmosphère générale (pollens, moisissures) ou dans
l’environnement professionnel. Plus rarement, les trophallergènes sont en cause.
La rhinite allergique représente l’une des maladies atopiques parmi les plus
fréquentes avec une augmentation régulière de la fréquence de l’affection sur
les 30 à 40 dernières années (grade A). La rhinite allergique augmente le risque
d’apparition de l’asthme d’un facteur 8 environ (grade A).
La rhinite allergique est liée au développement d’une réaction allergique
IgEdépendante qui comporte deux phases (grade B) :
une phase de sensibilisation et
une phase clinique elle-même divisée en deux phases : immédiate et retardée.
Au cours de la réaction immédiate, L’histamine exerce ses effets à l’origine de :
rhinorrhée, prurit nasal, éternuements et obstruction nasale. La réaction
retardée est caractérisée par l’apparition d’un infiltrat cellulaire polymorphe :
mastocytes, lymphocytes (principalement Th2) et éosinophiles.
8.4.2
Diagnostic
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Il est facile devant l’association de symptômes évocateurs dans les
circonstances d’exposition aux allergènes (unité de lieu et de temps): prurit
nasal, éternuements, écoulement nasal antérieur et/ou postérieur et obstruction
nasale bilatérale. Il faut identifier les allergènes responsables : pollens
(graminées, arbres, composées), acariens, animaux, moisissures, latex, aliments,
poussières de bois...
Les agents chimiques (composés des colles, peintures, glutaraldéhyde,
ammoniums quaternaires) peuvent être responsables mais sont difficiles à tester
(pas de protocole...).
Différentes pathologies de la sphère ORL peuvent s'associer à une rhinite
allergique : sinusites aiguës ou chroniques, otites moyennes, pharyngites et
laryngites ou encore ronchopathies et syndromes d'apnées du sommeil. Si le lien
entre ces pathologies et la rhinite allergique est relativement bien établi sur le
plan clinique et épidémiologique, les mécanismes physiopathologiques en jeu
restent encore mal connus. La prise en charge de ces pathologies associées
nécessite une bonne connaissance de leurs manifestations cliniques et impose le
plus souvent des explorations spécialisées, en particulier l'endoscopie nasale
dans le cas des sinusites. Le traitement de la rhinite allergique doit
généralement être renforçé en cas de pathologie ORL associée et le traitement
de la pathologie associée sera spécifique, le plus souvent médical mais aussi
parfois chirurgical en particulier dans le cas des sinusites chroniques. Dans tous
les cas, une collaboration étroite entre pneumologue, allergologue et ORL est
indispensable.
Une consultation spécialisée est recommandée lorsqu'il existe un doute
diagnostique, en cas d’asthme associé, lorsqu'une origine professionnelle est
suspectée ou lorsqu’une immunothérapie spécifique est envisagée. Elle est
recommandée par A.R.IA. (voir 8.4) pour 3 des 4 formes de rhinite suspectes
d'allergie (persistante légère, intermittente ou persistante modérée à sévère)
et même en cas de polypose nasosinusienne comme mentionné au paragraphe de la
PNS.
Un examen des fosses nasales au minimum sous la forme d’une rhinoscopie
antérieure est recommandé. L’endoscopie nasale est fondamentale si les
symptômes sont persistants ou atypiques pour révéler un diagnostic différentiel
ou associé. Il n’existe aucune anomalie significative en dehors d’un oedème des
cornets inférieur et moyen. L’exploration radiologique est nécessaire s’il existe
un doute diagnostique avec une tumeur ou une rhinosinusite.
En fonction du terrain un bilan sanguin à la recherche de facteurs allergiques
sera demandé ainsi qu'une consultation allergologique pour la réalisation de tests
cutanés. La PNS peut être associée à une rhinite aux acariens ou à aspergillus
par exemple. De plus, l'indication d'une désensibilisation nécessite un bilan
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allergologique et doit être proposée le plus tôt possible dans l'évolution de la
maladie allergique (rhinite persistante légère) pour limiter les risques élevés
d'asthme et de nouvelles sensibilisations.
8.4.2.1
Démontrer l’allergie
Certains examens sont inutiles : numération formule sanguine et dosage des IgE
totales. Les plus contributifs sont les tests cutanés, le dosage des IgE
spécifiques, les tests multi-allergéniques de dépistage. (grade A)
8.4.2.1.1
Les tests cutanés d’allergie
Ils sont l'élément de base et le premier temps du bilan allergologique. Ils doivent
être systématiques pour l’établissement du diagnostic, la poursuite éventuelle du
bilan et la mise en place correcte des mesures d’éviction allergéniques et du
traitement. Du fait du nombre de végétaux pollinisant dans une même période,
l'étiquetage de l'allergène est nécessaire; soit pour le type de traitement à
proposer, soit au moins pour le suivi au fur et à mesure des années. Trop de
"pollinoses" se présentent en consultation d'allergologie suite à une première
crise d'asthme aigue; l'interrogatoire retrouve parfois des symptômes très
suspects d'asthme dans les années passées mais non étiquetés tel, par le patient
(toux, oppression nocturne etc.)
Les antihistaminiques doivent être arrêtés quelques jours (5 pour les plus
récents) avant la réalisation des tests.
Il faut récuser l'équation tests cutanés positifs = allergie car plus de 25% des
sujets (d’une population générale) ont des tests cutanés positifs sans aucune
symptomatologie clinique. Inversement et rarement, il existe des patients qui
présentent des tests faussement négatifs; l'histoire clinique (ATCD atopiques
etc.) doit inciter à rechercher des IgE spécifiques sériques (anticorps
recombinants), voir faire réaliser un test de provocation conjonctival (permet
d'explorer aussi une rhinite ou un asthme allergique) si possible; conclure aussi
que l'allergène n'a peut être pas pu être identifié faute de donnée ou de collecte
d'allergènes de qualité (comme certaines moisissures ou allergènes chimiques ou
haptènes).
8.4.2.1.2
Test de provocation nasale
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Les tests de provocation nasale avec des allergènes sont réservés à certaines
situations difficiles. Ils nécessitent des équipes ayant une expérience et un
environnement adaptés.
8.4.2.1.3
Dosage des IgE spécifiques sériques
Ce dosage est un complément de grande valeur (non influencé par les
médicaments) qui ne saurait cependant remplacer les tests cutanés d’allergie, ni
être réalisé en première intention ou même systématiquement. Sa sensibilité
varie de 70 à 90% selon les allergènes et les études. La nomenclature 2004 des
actes de biologie médicale interdit son utilisation à titre de dépistage. Le dosage
des IgE spécifiques au delà de cinq allergènes, ou le cumul avec un test multiallergénique de dépistage, ne sont pas remboursés. Sont remboursés : 5 dosages
de pneumallergènes et 5 d'aliments ; préférer les dosages des recombinants
pour affiner le profil immuno allergologique (Antigènes majeurs, mineurs)
8.4.2.1.4
Tests multi-allergéniques de dépistage
Ils sont plutôt destinés aux généralistes.
Ce sont des tests sériques basés sur une technique radio-immunologique ou
immuno-enzymologique dont la réponse est soit non qualitative et binaire (positif
/ négatif), soit semi-qualitative. La spécificité et la sensibilité de ces tests sont
supérieures à 80-90%. Ces tests ont des limites car certains allergènes
régionaux peuvent ne pas être présents dans le kit utilisé.
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8.4.2.2
Rechercher un asthme
Les liens entre rhinite et asthme sont suffisamment démontrés (grade A), même
en l’absence d’atopie, pour rechercher de façon systématique un asthme devant
une rhinite (et une rhinite devant un asthme). En complément de l’interrogatoire,
l'exploration fonctionnelle respiratoire avec test de réversibilité est l'examen
qui permet la meilleure approche diagnostique de l'asthme (voir consensus ARIA
8.4 bis).
A noter également :
- la possibilité de recherche d'IgE spécifiques aux allergènes recombinants
– les possibles réactions croisées entre aliments et végétaux (pollens,
latex) ainsi qu’entre aliments et insectes.
L’impact de la rhinite sur l’asthme est important. La présence de rhinite aggrave
les symptômes de l’asthme. La consommation de médicaments antiasthmatiques
est plus importante chez les patients rhinitiques. Le traitement de la rhinite
influence l’évolution de l’asthme. Bien traiter la rhinite améliore le contrôle de
l’asthme. On diminue de façon franche, par un facteur de 5 le recours aux soins
d’urgence et la fréquence des exacerbations, lorsqu’on traite le nez d’un
asthmatique qui souffre aussi de rhinite. Les recommandations ARIA (8.4bis)
donnent des repères pour la prise en charge des patients : rechercher un asthme
chez les patients souffrant de rhinite allergique persistante, rechercher une
rhinite chez les patients souffrant d’asthme, assurer une prise en charge
thérapeutique commune.
8.4.3
Traitement de la rhinite allergique
Les mesures d’éviction sont indispensables, pour le choix d’un médicament,
antihistaminiques et glucocorticoïdes nasaux constituent les classes
thérapeutiques les plus efficaces.
En cas de forme légère de rhinite allergique intermittente, on peut opter, au
choix, pour un antihistaminique oral de deuxième génération, un antihistaminique
nasal (grade B). En cas de forme légère d’une rhinite allergique persistante ou de
forme modérée à sévère de rhinite allergique intermittente, le choix peut se
porter sur les médicaments précédemment cités ou les corticoïdes par voie
nasale. Pour la rhinite persistante sévère, les anti-leucotriènes (en France :
montélukast, Singulair®) sont indiqués.
Le patient doit être réévalué quelques semaines (4 à 6) plus tard.
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8.4.4
La désensibilisation ou immunothérapie spécifique (ITS)
La désensibilisation ou immunothérapie spécifique est le seul traitement
actuellement susceptible de modifier en profondeur le terrain atopique. Elle est
indiquée chez les patients allergiques à un petit nombre d’allergènes et validée
pour un nombre limité d’allergènes (acariens et pollens essentiellement).
Le nombre d'allergènes est limité mais en dehors des animaux domestiques, les
allergènes les plus couramment en cause ont fait l'objet d'études grade A.
Elle est indiquée dès le stade de « Rhinite persistante légère » (cf ARIA 8.4 bis
p. 4)
Il existe 2 voies d'administration que sont la voie injectable et la voie
sublinguale d'une tolérance supérieure.
8.4.5
Traitement : cas particuliers
8.4.5.1
Enfant
Les rhinites chroniques de l’enfant sont le plus souvent d’origine allergique. Si
l’arrêt du tabagisme passif et l’éviction des allergènes est impossible ou ne suffit
pas, les antihistaminiques oraux et les corticoïdes par voie nasale peuvent être
utilisées (tableau I).
Les décongestionnants locaux sont interdits chez les enfants de moins de 12 ans,
sauf le Rhinofluimucil autorisé à partir de 30 mois.
Pour la rhinite persistante sévère, les anti-leucotriènes sont indiqués (dosage
enfant à 5mg).
L’immunothérapie spécifique est indiquée à partir de 5 ans (cf ARIA 8.4 bis p. 4)
8.4.5.2
Sportif
Les listes de produits prohibés évoluent constamment. Nous conseillons au
lecteur de consulter les sites spécialisés, en particulier celui du Ministère de la
jeunesse et des sports. (http://www.santesport.gouv.fr)
8.4.5.3
Femme enceinte
La liste des produits et traitements utilisables sont consultables dans le
document publié par P. Demoly et V. Piette (Médicaments de l’asthme, de la
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rhinite et des allergies. Précautions au cours de la grossesse et de l’allaitement.
Rev Fr Allergo Immuno Clin. 2003; 43).
La grossesse est une contre-indication de la désensibilisation ; une
désensibilisation bien tolérée, débutée avant la grossesse pourra être poursuivie
pendant la grossesse.
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