C L’allergologie : une spécialité transversale Allergology: a cross-specialization

4 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale 333 - avril-mai-juin 2013
ÉDITORIAL
Lallergologie :
une spécialité transversale
Allergology: a cross-specialization
Pr Guy Dutau
Allergologue, pneumologue,
pédiatre, Toulouse.
Ce numéro spécial de la Lettre d’ORL a pour thème les allergies qui peuvent
aff ecter tous les organes et frapper les individus à n’importe quelle période
deleur vie, de la toute petite enfance jusqu’à un âge avancé. Lallergologie
est donc une discipline transversale, capable d’intéresser lesORL –bien sûr–
maisaussi lespneumologues, les dermatologues, lesgastro-entérologues, les pédiatres,
lesmédecins du travail, les spécialistes de médecine sportive, les épidémiologistes,etc.
Lasthme, la rhinite, la dermatite atopique, certains syndromes digestifs, l’anaphylaxie
(qui peut être mortelle) nen sont pas les seules manifestations, loins’enfaut. Ilsuffi t
de souff rir d’une rhinite pendant quelques jours, à plus forte raison quelques semaines,
pour percevoir qu’il s’agit d’une aff ection gênante dont nous avons la plus grande
hâte denous débarrasser. À l’opposé, la progression des anaphylaxies est certaine,
partout dans le monde, et de nombreux allergènes (notamment alimentaires,
maispasuniquement) peuvent mettre la vie en danger.
Le présent numéro de la Lettre de l’ORL tente d’explorer, dans un espace
forcément limité, quelques-unes des principales facettes de cette discipline attachante
oùl’interrogatoire et la clinique restent irremplaçables malgré les développements
desexplorations biologiques, en premier lieu celui del’allergologie moléculaire.
La rhinite allergique IgE-dépendante peut commencer dès la première année
delavie, comme le montrent P.Scheinmann et G.Lezmi (p.18). Étant donné
lesrapports étroits entre la rhinite et l’asthme, expressions diff érentes et le plus souvent
successives d’une même aff ection, il était donc logique de se demander sil’on pouvait
modifi er l’histoire naturelle de l’atopie, en particulier essayer d’éviter l’apparition
d’unasthme chez l’enfant atteint d’une rhinite allergique isolée. Nendéplaise àcertains,
l’immunothérapie allergénique pourrait constituer une réponse àcetteinterrogation
légitime.
Le syndrome d’Amlot et Lessof, ou syndrome d’allergie orale, nest pas préoccupant
dans la plupart des cas. Mais, initialement rapporté chez les patients allergiques
auxpollens et souff rant d’allergie alimentaire aux fruits et légumes, il a été l’occasion
de décrire un grand nombre de syndromes d’allergies croisées dont l’explication fut
audébut relativement diffi cile. La compréhension et, plus généralement, le diagnostic
decessyndromes se sont toutefois améliorés avecl’avènement du diagnostic allergique
moléculaire dont quelques exemples sont données dans la mise au point p.22.
Deux cas cliniques complètent ces dossiers thématiques en précisant plusieurs
aspects des rhinites allergiques et des allergies alimentaires. A.Labbé souligne
quelarhinite allergique (ici par allergie aux pollens) peut survenir avant l’âge
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de2ans(p.14). Près de 10 % des enfants asthmatiques âgés de 1an ont unerhinite
allergique, etcepourcentage s’élève à 30 % ou plus chez les enfants d’âge préscolaire.
Lesallergènes alimentaires, certes agressifs par ingestion, le sont aussi par voie cutanée
etmuqueuse. A.Lavaud rapporte un cas particulier où l’allergène alimentaire est inhalé
sous forme de particules aérotransportées : les symptômes sont le plus souvent violents
(iciuneanaphylaxie), traduisant un seuil réactogène faible (p.16).
Deux fi ches techniques expliquent comment éviter les acariens ou les pollens,
cequiest plus diffi cile, en essayant de hiérarchiser les moyens disponibles.
Classiquement, la persistance des symptômes malgré une éviction des acariens bien
conduite est un argument en faveur de la désensibilisation, seul traitement capable
de modifi er le statut immunitaire du patient allergique. Léviction despollens est plus
aléatoire, mais des mesures sont à prendre pour diminuer l’exposition aux allergènes
polliniques à l’extérieur et à l’intérieur des maisons.
Une revue de presse (p.6) et la relation des points forts du 8e Congrès francophone
d’allergologie (p.10) complètent cette vision de l’allergologie moderne. Sans défl orer
lesnombreux thèmes abordés, il est possible d’en citer quelques-uns : certains
probiotiques peuvent contenir des allergènes du lait de vache ou de l’œuf de poule
capables d’entraîner des symptômes chez les allergiques au lait ou àl’œuf ; comme ceux
du sarrasin, les allergènes du soja peuvent se cacher danslesoreillers ; dans certainscas
l’immunothérapie peut être proposée aux personnes âgées ; desallergènes nouveaux
sont apparus, comme le pois cassé, les herbes aromatiques (estragon, romarin),
lescollutoires à la pêche, et de nouvelles fourmis noires aussi agressives que Solenopsis
invicta ou Myrmecia pilosula...
Il faut considérer cet éditorial descriptif comme un texte incitant à lire endétail
les articles que vous propose ce numéro. Cest parce qu’elle esttransversale
quel’allergologie est une discipline apte à apporter àtous desinformations variées,
instructives, et souvent surprenantes.
Je vous souhaite une agréable et fructueuse lecture.
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