En Bref
Dans le Détail :
A Des caractéristiques structurelles qui freinent le
potentiel de croissance
Au regard de ses fondamentaux structurels, l’Inde est
confrontée à des problématiques qui pèsent sur son
potentiel de croissance.
Le poids du secteur agricole dans l’économie est élevé,
(15% du PIB). Il représente la moitié des emplois en Inde,
alors qu’il est peu productif, et contribue peu ou pas à la
croissance indienne.
Le taux de participation de la population active est
faible, à 40%, et on constate une inadéquation entre la
demande et l’offre de travail qualifiée : en 2010, 42% de
la population indienne de plus de 25 ans n’est jamais allée à
l’école, et seulement 3,7% a terminé un troisième cycle.
D’autre part, l’Inde est mal placée concernant la facilité
à faire des affaires* : elle est classée 130
ième
sur 189 pays
analysés par la Banque Mondiale. La difficulté à obtenir un
de permis de construire et à réaliser un transfert de
propriété sont les principaux motifs expliquant ce mauvais
positionnement. Le raccordement peu efficace à l’électricité
est également un élément peu favorable, tout comme
l’ampleur et la longueur des procédures nécessaires à la
création d’une entreprise.
L’endettement du secteur public indien élevé contraint
les possibilités d’investissements du gouvernement : ce
dernier enregistre en 2014 un déficit de 7% et une dette
publique de 66%.
Enfin, l’Inde entretient une dépendance forte aux
financements extérieurs.
B – Etat des lieux des réformes
Après la victoire du parti de droite nationaliste hindoue
(BJP) en mai 2014, le gouvernement de M. Modi a
graduellement introduit de nombreuses réformes, dans
le cadre de son initiative Make in India, visant à stimuler
l’investissement et le secteur manufacturier indien.
Certaines caractéristiques structurelles freinent le potentiel de croissance de l’Inde et en font un pays
relativement mal positionné concernant la facilité à y faire des affaires.
Le gouvernement met en place des mesures pour favoriser l’industrie et l’investissement, mais son
positionnement est fragilisé car il n’a pas la majorité à la chambre haute du Parlement.
L’Inde bénéficie depuis l’année 2015 d’un reprise conjoncturelle : les dépenses de consommation sont
relativement robustes, la croissance des crédits est en hausse, bénéficiant de l’environnement monétaire
expansionniste, et la production industrielle a enregistré un rebond jusqu’en fin d’année. L’ampleur de ce rebond
toutefois se modère, avec une faiblesse constatée dans l’industrie sur les derniers mois.
L’Inde possède des multiples de valorisation parmi les plus élevés du monde, et le retour à l’actionnaire reste
modéré. La Bourse indienne devrait rester à court terme sous pression sous le coup de valorisations élevées. Dans
ce contexte, nous conservons une approche prudente sur le marché indien.
Point sur l’économie indienne
*Facilité à faire des affaires : indice publié par la banque mondiale, évaluant les réglementations relatives aux activités commerciales. L’indice classe les 189
économies évaluées lors de l’enquête (le premier pays étant le mieux classé, c’est-à-dire bénéficiant des réglementations les plus favorables aux entreprises), en
fonction de 10 critères, liés entres autres à la facilité à créer un entreprise, l’état des infrastructures, la fiscalité ou encore la protection des investisseurs.
-8
-4
0
4
8
12
16
T105 T107 T109 T111 T113 T115
Inde : Contribution à la croissance annuelle (volume, CVS)
Consommation
Dépenses Publiques
Investissement
Objets précieux
Stocks
Balance Commerciale
Erreur statistique
GA%
Sources : Cabinet Office, Thomson Reuters, Covéa FInance
La composante objets précieux retrace les dépenses réalisées pour l'achat de biens précieux : diamants, autres
pierres et gemmes, argent, or, platine, ornements en argent et et or
50
60
70
80
90
00 02 04 06 08 10 12 14
Inde : dette publique (% PIB)
Sources : FMI (WEO, prévisions pour l'année 2015), Thomson Reuters, Covéa Finance
0
50
100
150
200
Création d’Entreprise
Octroi de Permis de
Construire
Raccordement à
l’électricité
Transfert de
Propriété
Obtention de Prêts
Protection des
investisseurs
minoritaires
Paiement des Taxes
et Impôts
Commerce
Transfrontalier
Exécution des
Contrats
Règlement de
l'insolvabilité
Classement Facilité d'Entreprendre 2016
Inde (130ème)
Source : Banque Mondiale, Enquête Ease of doing
business, Covéa Finance
* Le numero entre parenthèse donne le classement
général 2016 du pays sur les 189 pays notés
Ce dernier représente un poids modeste dans le PIB indien
(15% du PIB) et n’avait contribué entre 2012 et 2014 que
faiblement à la croissance.
Le gouvernement a ainsi annoncé entre autres la baisse de
l’impôt sur les sociétés d’ici 4 ans, supprimé ou allégé des
limites aux investissements directs étrangers dans certains
secteurs tels que le ferroviaire, la construction, l’assurance.
Il a rendu possible la vente aux enchères des licences
d’exploitation de charbon et d’autres produits miniers.
Enfin, pour alléger les dépenses publiques, il a mis fin aux
subventions sur le diesel et a révisé la formule de fixation
du prix du gaz pour le rendre plus flexible.
Toutefois, la position du gouvernement de M. Modi est
fragilisée car il n’a pas la majorité à la chambre haute
du Parlement. Certaines lois clés ne peuvent être donc
votées pour l’instant, comme la taxe uniformisée sur les
biens et les services, ou encore la modification de la loi sur
l’acquisition des terres.
C – Un cycle conjoncturel relativement bien orienté
L’économie indienne a bénéficié en 2015 d’une
croissance relativement robuste, supérieure à 7%. La
consommation, un des principal moteur de la croissance,
représentant plus de la moitié du PIB indien, est bien
orientée, en hausse de 6,6% sur l’année 2015. L’énergie
ainsi que le secteur des transports et communication
représentent un tiers de la consommation indienne, qui
bénéficie donc de la baisse du prix des matières premières.
L’activité a également profité d’une politique monétaire
expansionniste rendue possible par la baisse de
l’inflation, qui se poursuit sur l’année 2016 avec la
nouvelle baisse du taux directeur indien annoncé en
avril. Les crédits, après une sensible baisse de leur
croissance annuelle ont entamé de ce fait depuis 2015 une
phase de reprise. L’inflation est en ligne avec l’objectif
officielle depuis 2015 par la banque centrale (4% avec une
marge de manœuvre de plus ou moins 2%, avec un objectif
intermédiaire de 6% en janvier 2016).
Le déficit commercial a été plus que divisé par deux
entre le début d’année 2013 et la fin d’année 2015, grâce
à la baisse de la facture énergétique.
Enfin, l’Inde a également bénéficié d’un rebond de son
cycle industriel en 2015 avec une production industrielle
qui progresse sur l’année de 4%.
Toutefois, et bien que la lecture des dernières données de
l’industrie soit rendue difficile à cause des violentes
inondations qui ont eu lieu en fin d’année 2015 dans le Sud
du pays et qui ont induit des arrêts de production dans
certains secteurs industriels, il faut noter que la
dynamique industrielle s’est affaiblie depuis le mois de
novembre 2015, signalant une modération du rebond
conjoncturel.
-6,5
-5,0
-5,7
-24
-16
-8
0
8
16
24
-120
-80
-40
0
40
80
120
1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017
Inde : Balance commerciale (valeur)
Balance commerciale (Mds $, D) Importations (GA,G) Exportations (GA, G)
Sources : Covéa finance, Directorate General of Commercial Intelligence and Statistics of India.
-1,5
-30
-20
-10
0
10
20
30
0
100
200
300
400
500
600
05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17
Inde : Production industrielle (volume, NAVS)
Niveau GA%
Sources : Covéa finance, Central Statistical Organisation, India
-4
0
4
8
12
16
T1 05 T1 07 T1 09 T1 11 T1 13 T1 15
Inde : Contribution à la croissance annuelle (Volume, CVS)
Administrations publiques,
santé, éducation
Services aux collectivités
Finance, assurances,
immobilier
Transport, commerce,
hotelerie, communications
Manufacturier
Construction
Activités minières
Agriculture
GA%
Sources : Eurostat, Covéa Finance, Thomson Reuters
4,0
6,50
5,2
0
4
8
12
16
20
0
4
8
12
16
20
2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018
Inde : Taux directeur, réserves obligatoires et inflation
Taux des réserves obligatoires Taux directeur Inflation
Sources : Banque centrale indienne, Covéa Finance
D – Notre positionnement sur le pays dans ce contexte
Les marchés boursiers indiens ont connu un
développement rapide ces dix dernières années se
traduisant par plus du doublement de la capitalisation
boursière du pays. Avec 1470 Milliards de dollars de
capitalisation boursière, la bourse indienne est la deuxième
plus vaste du monde émergent devant la Corée du Sud et
derrière la Chine. Certaines sociétés indiennes font figure
de poids lourds mondiaux à l’image du conglomérat
industriel Tata pesant plus de 115 Milliards de dollars. En
termes de répartition géographique, le secteur financier est
le plus représenté avec plus du quart de la cote de l’indice
S&P BSE 500.
Malgré des efforts de transparence et une politique proactive du gouverneur de la banque centrale indienne,
Raghuram Rajan, le système bancaire indien reste peu efficient. De plus, le lancement de la « revue de la
qualité des actifs » continue de mettre sous pression le secteur qui fait l’objet de fortes prises de profits depuis un
an.
En termes de valorisation, l’Inde possède des multiples de valorisation parmi les plus élevés du monde et
plus particulièrement de la sphère émergente. Pour exemple, le ratio cours sur bénéfice attendu à un an se situe
autour de 16 fois relativement à un indice émergent proche de 11, ceci traduisant des prévisions de bénéfices par
actions en constante détérioration par les analystes. Enfin, le retour à l’actionnaire reste modéré et se
matérialise par un taux de distribution du bénéfice autour de 30% pour l’indice S&P BSE 500. Corollairement,
le rendement du dividende des sociétés indiennes inférieur à de 2% par action se trouve parmi les plus bas
mondiaux. Malgré une volonté de changement ambitieuse des autorités, la Bourse indienne devrait rester à court
terme sous pression sous le coup de valorisations élevées. Dans ce contexte, nous conservons une approche
prudente sur le marché indien.
Marie Thibout et Nabile Bouhenni, le 06/04/2016
0
100
200
300
400
500
600
700
00 02 04 06 08 10 12 14 16
Evolutions des marchés boursiers indien et émergents - base 100 au 31
décembre 1999
Inde* Marchés emergents**
Sources : Covéa Finance, MSCI, Bloomberg
*Inde : l'indice est le S&P BSE 500 est composé de 501 actions d'un montant de de 1 348 Mds$ de capitalisation boursière au 5 avril 2016.
**Marchés Emergents : l'indice MSCI Emerging Market est composé des actions majeurs de 23 pays émergents. La capitalisation boursière
s'éleve à 3 185 Mds$ au 25 février 2016..
Ce document est établi par Covéa Finance, société de gestion de portefeuille agréée par l’Autorité des Marchés Financiers sous le
numéro 97-007, constituée sous forme de société par actions simplifiée au capital de 7 114 644 euros, immatriculée au RCS Paris
sous le numéro B 407 625 607, ayant son siège social au 8-12 rue Boissy d’Anglas 75008 Paris.
Il contient des opinions et analyses conçues par Covéa Finance à partir de données chiffrées qu’elle considère comme fiables au
jour de leur établissement en fonction du contexte économique, financier ou boursier.
Ce document est produit à titre indicatif et ne peut être considéré comme une offre de vente ou un conseil en investissement. Il
ne constitue pas la base d’un engagement de quelque nature que ce soit.
Covéa Finance ne saurait être tenue responsable de toute décision prise sur la base d’une information contenue dans ce
document.
Toute reproduction ou diffusion de tout ou partie du présent document devra faire l’objet d’une autorisation préalable de Covéa
Finance.
1 / 4 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !