Point sur l’économie indienne En Bref Certaines caractéristiques structurelles freinent le potentiel de croissance de l’Inde et en font un pays relativement mal positionné concernant la facilité à y faire des affaires. Le gouvernement met en place des mesures pour favoriser l’industrie et l’investissement, mais son positionnement est fragilisé car il n’a pas la majorité à la chambre haute du Parlement. L’Inde bénéficie depuis l’année 2015 d’un reprise conjoncturelle : les dépenses de consommation sont relativement robustes, la croissance des crédits est en hausse, bénéficiant de l’environnement monétaire expansionniste, et la production industrielle a enregistré un rebond jusqu’en fin d’année. L’ampleur de ce rebond toutefois se modère, avec une faiblesse constatée dans l’industrie sur les derniers mois. L’Inde possède des multiples de valorisation parmi les plus élevés du monde, et le retour à l’actionnaire reste modéré. La Bourse indienne devrait rester à court terme sous pression sous le coup de valorisations élevées. Dans ce contexte, nous conservons une approche prudente sur le marché indien. Dans le Détail : A – Des caractéristiques structurelles qui freinent le potentiel de croissance Au regard de ses fondamentaux structurels, l’Inde est confrontée à des problématiques qui pèsent sur son potentiel de croissance. Le poids du secteur agricole dans l’économie est élevé, (15% du PIB). Il représente la moitié des emplois en Inde, alors qu’il est peu productif, et contribue peu ou pas à la croissance indienne. Le taux de participation de la population active est faible, à 40%, et on constate une inadéquation entre la demande et l’offre de travail qualifiée : en 2010, 42% de la population indienne de plus de 25 ans n’est jamais allée à l’école, et seulement 3,7% a terminé un troisième cycle. D’autre part, l’Inde est mal placée concernant la facilité à faire des affaires* : elle est classée 130ième sur 189 pays analysés par la Banque Mondiale. La difficulté à obtenir un de permis de construire et à réaliser un transfert de propriété sont les principaux motifs expliquant ce mauvais positionnement. Le raccordement peu efficace à l’électricité est également un élément peu favorable, tout comme l’ampleur et la longueur des procédures nécessaires à la création d’une entreprise. L’endettement du secteur public indien élevé contraint les possibilités d’investissements du gouvernement : ce dernier enregistre en 2014 un déficit de 7% et une dette publique de 66%. Enfin, l’Inde entretient une dépendance forte aux financements extérieurs. B – Etat des lieux des réformes Après la victoire du parti de droite nationaliste hindoue (BJP) en mai 2014, le gouvernement de M. Modi a graduellement introduit de nombreuses réformes, dans le cadre de son initiative Make in India, visant à stimuler l’investissement et le secteur manufacturier indien. Classement Facilité d'Entreprendre 2016 Création d’Entreprise 200 Règlement de l'insolvabilité Octroi de Permis de Construire 150 100 Exécution des Contrats Raccordement à l’électricité 50 Inde (130ème) 0 Commerce Transfrontalier Transfert de Propriété Paiement des Taxes et Impôts Obtention de Prêts Protection des investisseurs minoritaires Source : Banque Mondiale, Enquête Ease of doing business, Covéa Finance * Le numero entre parenthèse donne le classement général 2016 du pays sur les 189 pays notés Inde : dette publique (% PIB) 90 80 70 60 50 00 02 04 06 08 10 12 14 Sources : FMI (WEO, prévisions pour l'année 2015), Thomson Reuters, Covéa Finance Inde : Contribution à la croissance annuelle (volume, CVS) 16 Consommation 12 Dépenses Publiques 8 Investissement 4 Objets précieux 0 Stocks Balance Commerciale -4 Erreur statistique -8 T105 T107 T109 T111 T113 T115 GA% Sources : Cabinet Office, Thomson Reuters, Covéa FInance La composante objets précieux retrace les dépenses réalisées pour l'achat de biens précieux : diamants, autres pierres et gemmes, argent, or, platine, ornements en argent et et or *Facilité à faire des affaires : indice publié par la banque mondiale, évaluant les réglementations relatives aux activités commerciales. L’indice classe les 189 économies évaluées lors de l’enquête (le premier pays étant le mieux classé, c’est-à-dire bénéficiant des réglementations les plus favorables aux entreprises), en fonction de 10 critères, liés entres autres à la facilité à créer un entreprise, l’état des infrastructures, la fiscalité ou encore la protection des investisseurs. Ce dernier représente un poids modeste dans le PIB indien (15% du PIB) et n’avait contribué entre 2012 et 2014 que faiblement à la croissance. Le gouvernement a ainsi annoncé entre autres la baisse de l’impôt sur les sociétés d’ici 4 ans, supprimé ou allégé des limites aux investissements directs étrangers dans certains secteurs tels que le ferroviaire, la construction, l’assurance. Il a rendu possible la vente aux enchères des licences d’exploitation de charbon et d’autres produits miniers. Enfin, pour alléger les dépenses publiques, il a mis fin aux subventions sur le diesel et a révisé la formule de fixation du prix du gaz pour le rendre plus flexible. Toutefois, la position du gouvernement de M. Modi est fragilisée car il n’a pas la majorité à la chambre haute du Parlement. Certaines lois clés ne peuvent être donc votées pour l’instant, comme la taxe uniformisée sur les biens et les services, ou encore la modification de la loi sur l’acquisition des terres. Inde : Contribution à la croissance annuelle (Volume, CVS) 16 Administrations publiques, santé, éducation Services aux collectivités 12 Finance, assurances, immobilier Transport, commerce, hotelerie, communications Manufacturier 8 4 Construction Activités minières 0 Agriculture -4 T1 05 T1 07 T1 09 T1 11 T1 13 GA% T1 15 Sources : Eurostat, Covéa Finance, Thomson Reuters Inde : Taux directeur, réserves obligatoires et inflation Taux des réserves obligatoires Taux directeur Inflation 20 20 16 16 12 C – Un cycle conjoncturel relativement bien orienté L’économie indienne a bénéficié en 2015 d’une croissance relativement robuste, supérieure à 7%. La consommation, un des principal moteur de la croissance, représentant plus de la moitié du PIB indien, est bien orientée, en hausse de 6,6% sur l’année 2015. L’énergie ainsi que le secteur des transports et communication représentent un tiers de la consommation indienne, qui bénéficie donc de la baisse du prix des matières premières. L’activité a également profité d’une politique monétaire expansionniste rendue possible par la baisse de l’inflation, qui se poursuit sur l’année 2016 avec la nouvelle baisse du taux directeur indien annoncé en avril. Les crédits, après une sensible baisse de leur croissance annuelle ont entamé de ce fait depuis 2015 une phase de reprise. L’inflation est en ligne avec l’objectif officielle depuis 2015 par la banque centrale (4% avec une marge de manœuvre de plus ou moins 2%, avec un objectif intermédiaire de 6% en janvier 2016). Le déficit commercial a été plus que divisé par deux entre le début d’année 2013 et la fin d’année 2015, grâce à la baisse de la facture énergétique. Enfin, l’Inde a également bénéficié d’un rebond de son cycle industriel en 2015 avec une production industrielle qui progresse sur l’année de 4%. Toutefois, et bien que la lecture des dernières données de l’industrie soit rendue difficile à cause des violentes inondations qui ont eu lieu en fin d’année 2015 dans le Sud du pays et qui ont induit des arrêts de production dans certains secteurs industriels, il faut noter que la dynamique industrielle s’est affaiblie depuis le mois de novembre 2015, signalant une modération du rebond conjoncturel. 12 6,50 8 8 5,2 4 4 4,0 0 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 0 2018 Sources : Banque centrale indienne, Covéa Finance Inde : Balance commerciale (valeur) Balance commerciale (Mds $, D) Importations (GA,G) Exportations (GA, G) 120 24 80 16 40 8 0 0 -5,0 -40 -5,7 -8 -6,5 -80 -16 -120 1995 -24 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 Sources : Covéa finance, Directorate General of Commercial Intelligence and Statistics of India. Inde : Production industrielle (volume, NAVS) Niveau GA% 600 30 500 20 400 10 300 -1,5 0 200 -10 100 -20 0 -30 05 06 07 08 09 10 11 Sources : Covéa finance, Central Statistical Organisation, India 12 13 14 15 16 17 D – Notre positionnement sur le pays dans ce contexte Evolutions des marchés boursiers indien et émergents - base 100 au 31 décembre 1999 Les marchés boursiers indiens ont connu un Inde* Marchés emergents** 700 développement rapide ces dix dernières années se traduisant par plus du doublement de la capitalisation 600 boursière du pays. Avec 1470 Milliards de dollars de 500 capitalisation boursière, la bourse indienne est la deuxième 400 plus vaste du monde émergent devant la Corée du Sud et 300 200 derrière la Chine. Certaines sociétés indiennes font figure 100 de poids lourds mondiaux à l’image du conglomérat 0 industriel Tata pesant plus de 115 Milliards de dollars. En 00 02 04 06 08 10 12 14 16 termes de répartition géographique, le secteur financier est le plus représenté avec plus du quart de la cote de l’indice S&P BSE 500. Malgré des efforts de transparence et une politique proactive du gouverneur de la banque centrale indienne, Raghuram Rajan, le système bancaire indien reste peu efficient. De plus, le lancement de la « revue de la qualité des actifs » continue de mettre sous pression le secteur qui fait l’objet de fortes prises de profits depuis un an. En termes de valorisation, l’Inde possède des multiples de valorisation parmi les plus élevés du monde et plus particulièrement de la sphère émergente. Pour exemple, le ratio cours sur bénéfice attendu à un an se situe autour de 16 fois relativement à un indice émergent proche de 11, ceci traduisant des prévisions de bénéfices par actions en constante détérioration par les analystes. Enfin, le retour à l’actionnaire reste modéré et se matérialise par un taux de distribution du bénéfice autour de 30% pour l’indice S&P BSE 500. Corollairement, le rendement du dividende des sociétés indiennes inférieur à de 2% par action se trouve parmi les plus bas mondiaux. Malgré une volonté de changement ambitieuse des autorités, la Bourse indienne devrait rester à court terme sous pression sous le coup de valorisations élevées. Dans ce contexte, nous conservons une approche prudente sur le marché indien. Sources : Covéa Finance, MSCI, Bloomberg *Inde : l'indice est le S&P BSE 500 est composé de 501 actions d'un montant de de 1 348 Mds$ de capitalisation boursière au 5 avril 2016. **Marchés Emergents : l'indice MSCI Emerging Market est composé des actions majeurs de 23 pays émergents. La capitalisation boursière s'éleve à 3 185 Mds$ au 25 février 2016.. Marie Thibout et Nabile Bouhenni, le 06/04/2016 Ce document est établi par Covéa Finance, société de gestion de portefeuille agréée par l’Autorité des Marchés Financiers sous le numéro 97-007, constituée sous forme de société par actions simplifiée au capital de 7 114 644 euros, immatriculée au RCS Paris sous le numéro B 407 625 607, ayant son siège social au 8-12 rue Boissy d’Anglas 75008 Paris. Il contient des opinions et analyses conçues par Covéa Finance à partir de données chiffrées qu’elle considère comme fiables au jour de leur établissement en fonction du contexte économique, financier ou boursier. Ce document est produit à titre indicatif et ne peut être considéré comme une offre de vente ou un conseil en investissement. Il ne constitue pas la base d’un engagement de quelque nature que ce soit. Covéa Finance ne saurait être tenue responsable de toute décision prise sur la base d’une information contenue dans ce document. 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