060416_Economie indienne

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Point sur l’économie indienne
En Bref
Certaines caractéristiques structurelles freinent le potentiel de croissance de l’Inde et en font un pays
relativement mal positionné concernant la facilité à y faire des affaires.
Le gouvernement met en place des mesures pour favoriser l’industrie et l’investissement, mais son
positionnement est fragilisé car il n’a pas la majorité à la chambre haute du Parlement.
L’Inde bénéficie depuis l’année 2015 d’un reprise conjoncturelle : les dépenses de consommation sont
relativement robustes, la croissance des crédits est en hausse, bénéficiant de l’environnement monétaire
expansionniste, et la production industrielle a enregistré un rebond jusqu’en fin d’année. L’ampleur de ce rebond
toutefois se modère, avec une faiblesse constatée dans l’industrie sur les derniers mois.
L’Inde possède des multiples de valorisation parmi les plus élevés du monde, et le retour à l’actionnaire reste
modéré. La Bourse indienne devrait rester à court terme sous pression sous le coup de valorisations élevées. Dans
ce contexte, nous conservons une approche prudente sur le marché indien.
Dans le Détail :
A – Des caractéristiques structurelles qui freinent le
potentiel de croissance
Au regard de ses fondamentaux structurels, l’Inde est
confrontée à des problématiques qui pèsent sur son
potentiel de croissance.
Le poids du secteur agricole dans l’économie est élevé,
(15% du PIB). Il représente la moitié des emplois en Inde,
alors qu’il est peu productif, et contribue peu ou pas à la
croissance indienne.
Le taux de participation de la population active est
faible, à 40%, et on constate une inadéquation entre la
demande et l’offre de travail qualifiée : en 2010, 42% de
la population indienne de plus de 25 ans n’est jamais allée à
l’école, et seulement 3,7% a terminé un troisième cycle.
D’autre part, l’Inde est mal placée concernant la facilité
à faire des affaires* : elle est classée 130ième sur 189 pays
analysés par la Banque Mondiale. La difficulté à obtenir un
de permis de construire et à réaliser un transfert de
propriété sont les principaux motifs expliquant ce mauvais
positionnement. Le raccordement peu efficace à l’électricité
est également un élément peu favorable, tout comme
l’ampleur et la longueur des procédures nécessaires à la
création d’une entreprise.
L’endettement du secteur public indien élevé contraint
les possibilités d’investissements du gouvernement : ce
dernier enregistre en 2014 un déficit de 7% et une dette
publique de 66%.
Enfin, l’Inde entretient une dépendance forte aux
financements extérieurs.
B – Etat des lieux des réformes
Après la victoire du parti de droite nationaliste hindoue
(BJP) en mai 2014, le gouvernement de M. Modi a
graduellement introduit de nombreuses réformes, dans
le cadre de son initiative Make in India, visant à stimuler
l’investissement et le secteur manufacturier indien.
Classement Facilité d'Entreprendre 2016
Création d’Entreprise
200
Règlement de
l'insolvabilité
Octroi de Permis de
Construire
150
100
Exécution des
Contrats
Raccordement à
l’électricité
50
Inde (130ème)
0
Commerce
Transfrontalier
Transfert de
Propriété
Paiement des Taxes
et Impôts
Obtention de Prêts
Protection des
investisseurs
minoritaires
Source : Banque Mondiale, Enquête Ease of doing
business, Covéa Finance
* Le numero entre parenthèse donne le classement
général 2016 du pays sur les 189 pays notés
Inde : dette publique (% PIB)
90
80
70
60
50
00
02
04
06
08
10
12
14
Sources : FMI (WEO, prévisions pour l'année 2015), Thomson Reuters, Covéa Finance
Inde : Contribution à la croissance annuelle (volume, CVS)
16
Consommation
12
Dépenses Publiques
8
Investissement
4
Objets précieux
0
Stocks
Balance Commerciale
-4
Erreur statistique
-8
T105
T107
T109
T111
T113
T115
GA%
Sources : Cabinet Office, Thomson Reuters, Covéa FInance
La composante objets précieux retrace les dépenses réalisées pour l'achat de biens précieux : diamants, autres
pierres et gemmes, argent, or, platine, ornements en argent et et or
*Facilité à faire des affaires : indice publié par la banque mondiale, évaluant les réglementations relatives aux activités commerciales. L’indice classe les 189
économies évaluées lors de l’enquête (le premier pays étant le mieux classé, c’est-à-dire bénéficiant des réglementations les plus favorables aux entreprises), en
fonction de 10 critères, liés entres autres à la facilité à créer un entreprise, l’état des infrastructures, la fiscalité ou encore la protection des investisseurs.
Ce dernier représente un poids modeste dans le PIB indien
(15% du PIB) et n’avait contribué entre 2012 et 2014 que
faiblement à la croissance.
Le gouvernement a ainsi annoncé entre autres la baisse de
l’impôt sur les sociétés d’ici 4 ans, supprimé ou allégé des
limites aux investissements directs étrangers dans certains
secteurs tels que le ferroviaire, la construction, l’assurance.
Il a rendu possible la vente aux enchères des licences
d’exploitation de charbon et d’autres produits miniers.
Enfin, pour alléger les dépenses publiques, il a mis fin aux
subventions sur le diesel et a révisé la formule de fixation
du prix du gaz pour le rendre plus flexible.
Toutefois, la position du gouvernement de M. Modi est
fragilisée car il n’a pas la majorité à la chambre haute
du Parlement. Certaines lois clés ne peuvent être donc
votées pour l’instant, comme la taxe uniformisée sur les
biens et les services, ou encore la modification de la loi sur
l’acquisition des terres.
Inde : Contribution à la croissance annuelle (Volume, CVS)
16
Administrations publiques,
santé, éducation
Services aux collectivités
12
Finance, assurances,
immobilier
Transport, commerce,
hotelerie, communications
Manufacturier
8
4
Construction
Activités minières
0
Agriculture
-4
T1 05
T1 07
T1 09
T1 11
T1 13
GA%
T1 15
Sources : Eurostat, Covéa Finance, Thomson Reuters
Inde : Taux directeur, réserves obligatoires et inflation
Taux des réserves obligatoires
Taux directeur
Inflation
20
20
16
16
12
C – Un cycle conjoncturel relativement bien orienté
L’économie indienne a bénéficié en 2015 d’une
croissance relativement robuste, supérieure à 7%. La
consommation, un des principal moteur de la croissance,
représentant plus de la moitié du PIB indien, est bien
orientée, en hausse de 6,6% sur l’année 2015. L’énergie
ainsi que le secteur des transports et communication
représentent un tiers de la consommation indienne, qui
bénéficie donc de la baisse du prix des matières premières.
L’activité a également profité d’une politique monétaire
expansionniste rendue possible par la baisse de
l’inflation, qui se poursuit sur l’année 2016 avec la
nouvelle baisse du taux directeur indien annoncé en
avril. Les crédits, après une sensible baisse de leur
croissance annuelle ont entamé de ce fait depuis 2015 une
phase de reprise. L’inflation est en ligne avec l’objectif
officielle depuis 2015 par la banque centrale (4% avec une
marge de manœuvre de plus ou moins 2%, avec un objectif
intermédiaire de 6% en janvier 2016).
Le déficit commercial a été plus que divisé par deux
entre le début d’année 2013 et la fin d’année 2015, grâce
à la baisse de la facture énergétique.
Enfin, l’Inde a également bénéficié d’un rebond de son
cycle industriel en 2015 avec une production industrielle
qui progresse sur l’année de 4%.
Toutefois, et bien que la lecture des dernières données de
l’industrie soit rendue difficile à cause des violentes
inondations qui ont eu lieu en fin d’année 2015 dans le Sud
du pays et qui ont induit des arrêts de production dans
certains secteurs industriels, il faut noter que la
dynamique industrielle s’est affaiblie depuis le mois de
novembre 2015, signalant une modération du rebond
conjoncturel.
12
6,50
8
8
5,2
4
4
4,0
0
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
2016
0
2018
Sources : Banque centrale indienne, Covéa Finance
Inde : Balance commerciale (valeur)
Balance commerciale (Mds $, D)
Importations (GA,G)
Exportations (GA, G)
120
24
80
16
40
8
0
0
-5,0
-40
-5,7
-8
-6,5
-80
-16
-120
1995
-24
1997
1999
2001
2003
2005
2007
2009
2011
2013
2015
2017
Sources : Covéa finance, Directorate General of Commercial Intelligence and Statistics of India.
Inde : Production industrielle (volume, NAVS)
Niveau
GA%
600
30
500
20
400
10
300
-1,5
0
200
-10
100
-20
0
-30
05
06
07
08
09
10
11
Sources : Covéa finance, Central Statistical Organisation, India
12
13
14
15
16
17
D – Notre positionnement sur le pays dans ce contexte
Evolutions des marchés boursiers indien et émergents - base 100 au 31
décembre 1999
Les marchés boursiers indiens ont connu un
Inde*
Marchés emergents**
700
développement rapide ces dix dernières années se
traduisant par plus du doublement de la capitalisation 600
boursière du pays. Avec 1470 Milliards de dollars de 500
capitalisation boursière, la bourse indienne est la deuxième 400
plus vaste du monde émergent devant la Corée du Sud et 300
200
derrière la Chine. Certaines sociétés indiennes font figure
100
de poids lourds mondiaux à l’image du conglomérat
0
industriel Tata pesant plus de 115 Milliards de dollars. En
00
02
04
06
08
10
12
14
16
termes de répartition géographique, le secteur financier est
le plus représenté avec plus du quart de la cote de l’indice
S&P BSE 500.
Malgré des efforts de transparence et une politique proactive du gouverneur de la banque centrale indienne,
Raghuram Rajan, le système bancaire indien reste peu efficient. De plus, le lancement de la « revue de la
qualité des actifs » continue de mettre sous pression le secteur qui fait l’objet de fortes prises de profits depuis un
an.
En termes de valorisation, l’Inde possède des multiples de valorisation parmi les plus élevés du monde et
plus particulièrement de la sphère émergente. Pour exemple, le ratio cours sur bénéfice attendu à un an se situe
autour de 16 fois relativement à un indice émergent proche de 11, ceci traduisant des prévisions de bénéfices par
actions en constante détérioration par les analystes. Enfin, le retour à l’actionnaire reste modéré et se
matérialise par un taux de distribution du bénéfice autour de 30% pour l’indice S&P BSE 500. Corollairement,
le rendement du dividende des sociétés indiennes inférieur à de 2% par action se trouve parmi les plus bas
mondiaux. Malgré une volonté de changement ambitieuse des autorités, la Bourse indienne devrait rester à court
terme sous pression sous le coup de valorisations élevées. Dans ce contexte, nous conservons une approche
prudente sur le marché indien.
Sources : Covéa Finance, MSCI, Bloomberg
*Inde : l'indice est le S&P BSE 500 est composé de 501 actions d'un montant de de 1 348 Mds$ de capitalisation boursière au 5 avril 2016.
**Marchés Emergents : l'indice MSCI Emerging Market est composé des actions majeurs de 23 pays émergents. La capitalisation boursière
s'éleve à 3 185 Mds$ au 25 février 2016..
Marie Thibout et Nabile Bouhenni, le 06/04/2016
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