DES GÉANTS ÉCONOMIQUES…
qQuand la Chine s’éveilla…
Depuis le début des années quatre-vingt-dix, le PIB chinois saccrt en moyenne de 9 %
par an. Les réformes engagées depuis 1978 ont donc permis un décollage spectaculaire de
léconomie. Les clés de ce succès sont diverses. D’abord, la Chine possède un réservoir de
main-dœuvre colossal, bon marché, ce qui permet à la fois dexporter avec des coûts
défiants toute concurrence, en profitant de la sous-évaluation de la monnaie nationale, le
yuan) et dattirer des IDE (voir
fiche 63) entrants. Ceux-ci
expliquent en partie le taux
d’investissement anormale-
ment élevé observé en Chine
(40 à 50 % de la richesse
créée), lequel soutient active-
ment la croissance. Lautre
explication est fournie par
leffort important d’épargne
des populations, qui alimente
les capitaux mobilisables.
Enfin, le développement
industriel a été permis par
une politique économique
mêlant économie adminis-
trée et économie de marché.
qLes atouts de l’Inde
Depuis le début des années quatre-vingt-dix, l’Inde a entamé un mouvement d’ouver-
ture internationale (participation à l’OMC en 1995) et de libéralisation des sysmes indus-
triels et financiers. Cette évolution saccompagne dune forte croissance puisque le PNB
(voir fiche 24) indien a doublé entre 1992 et 2004. Attirant des capitaux étrangers avec des
privatisations, l’industrie indienne peut se moderniser, d’autant quelle peut compter,
comme les entreprises tertiaires, sur l’existence d’une population instruite et anglophone.
Ce sont ces classes moyennes qui profitent de louverture internationale, dont les revenus
vont entretenir les bouchés pour les entreprises locales. En revanche, les inégalités se
creusent, au niveau social et géographique, et près de 7 indiens sur 10 restent des ruraux,
154
LES PAYS ÉMERGENTS
69
Aux côtés des NPI d’Asie et des pays d’Amérique du sud ayant déjà connu un
processus d’industrialisation, deux grandes pays, au moins d’un point de vue
démographique, la Chine et l’Inde, connaissent à leur tour une croissance éco-
nomique indéniable. Mais cette expansion ne masque-t-elle pas des faiblesses ?
* Estimations pour 2005, 2006, 2007.
Source : Alternatives Économiques, 256, mars 2006, d’après des sources
officielles chinoises.
1980
0 0
2 2 000
4 4 000
6 6 000
8 8 000
10 10 000
12 12 000
14 14 000
16 16 000
1985 1990 1995 2000 2005*
Croissance PIB/habitant
ÉVOLUTION DU PIB ET DU PIB PAR HABITANT EN CHINE EN RENMINBI
tirant leur subsistance de lagriculture, qui représente toujours plus de 20 % du PNB. Les
avancées indiennes dans le secteur des hautes technologies sont notables, mais encore
souvent dans la sous-traitance ou lexternalisation; cependant, ces opérations donnent lieu
à des transferts de technologies et confortent les progrès réalisés.
... OU DES COLOSSES AUX PIEDS D’ARGILE
qLes fragilités du dynamisme chinois
Le dynamisme chinois est davantage tiré par les exportations que par le marché inté-
rieur, enpit de la taille de celui-ci. En effet, la faiblesse des salaires ne permet pas à len-
semble de la population de consommer.
Des igalités croissantes expliquent des
conflits sociaux en forte hausse. En lab-
sence de protection sociale, la population
épargne beaucoup. Les exportations, à
moitié compoes d’assemblages de pro-
duits importés, sont de plus dépendantes
du cours du yuan, qui en dépit d’une
légère réévaluation en 2005, reste notoi-
rement sous-évalué compte tenu du solde
positif des transactions courantes et des
IDE entrants. Enfin, les besoins en
matières premières alimentent une
demande mondiale en forte hausse, ce qui
pourrait provoquer un accroissement de
leur prix, avec de possibles effets inflation-
nistes. La croissance chinoise devra à la
fois composer avec le équilibrage en
faveur de la demande, en particulier inté-
rieure , les tensions sur le cours du yuan et
la dépendance de ses marchés vis-à-vis
des pays velops (les exportations vers les États-Unis représentent 15 % du PIB!).
qLes difficultés du développement en Inde
La croissance de lInde bute sur plusieurs obstacles. Dabord, son industrie ne sest pas
suffisamment modernisée, si bien que les gains de productivité y sont assez faibles. Ensuite,
elle est traversée par des inégalités sociales, entre les sexes mais aussi dun État à l’autre :
atténuer ce développement inégal nécessitera un accroissement des dépenses dans les sec-
teurs de la santé et de léducation; pourrait alors se produire un effet déviction vis-à-vis des
investissements plus directement dynamisants pour léconomie (infrastructures), dautant
que le poids des ficits publics reste élevé. Enfin, la transition démographique semble en
marche, mais la duction de la fécondi, condition nécessaire pour l’amélioration des
conditions de vie, entraîne un ficit de naissances minines (IVG après échographie
annonçant une naissance féminine), compte tenu du statut social dévalorisé des femmes, ce
qui à terme freinera la croissance de la population en âge de travailler et de consommer.
155
Les investissements
à l’étranger des groupes
indiens
En ce but d’ane 2007, deux entre-
prises indiennes ont payé le prix fort pour
acquérir des groupes occidentaux. Tata
Steel s’est en effet emparée, le 1er vrier,
pour 13,7 milliards de $ de l’acriste an-
glo-erlandais Corus. En mettant la main
sur un groupe presque quatre fois plus
gros que lui, le conglomérat indien se his-
se parmi les leaders mondiaux du secteur
et ussit la plus importante acquisition
jamais réalisée à l’étranger par une soc-
té indienne. Hindalco, le 1er producteur in-
dien d’aluminium s’est offert pour 6 mil-
liards de $, Novelis, le 1 mondial des
produits lamis en aluminium.
Source :
Problèmes Économiques
, 2919,
14 mars 2007.
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