Journal of Pure and Applied Algebra 174 (2002) 43 82
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Theories homotopiques dans les topos
Denis-Charles Cisinski
Institut de Mathematiques de Jussieu, Universit
e Paris 7 Denis Diderot, Case Postale 7012, 2, Place
Jussieu, F-75251 Paris, Cedex 05, France
Received 27 June 2001; received in revised form 20 September 2001
Communicated by F. Morel
Abstract
The purpose of these notes is to give an ad hoc construction of a closed model category
structure on a topos inverting an arbitrary small set of arrows. Moreover, a necessary and
sucient condition for those structures to be proper is given. As an example, the Joyal closed
model category structure on the category of simplicial objects of a topos is constructed without
the use of (boolean) points. c
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MSC: Primary: 18G55; 18F20; secondary: 18E35; 18B25; 18G30
0. Introduction
La comprehension de la localisation des topos a un premier interˆet evident en
ce que cela fournit des outils et un langage homotopiques alageometrie [15,8,12].
Cela contribute aussi l’etude des structures algebriques d’ordre superieur, comme les
!-categories [1] et les champs de Segal [8]. C’est enn un moyen d’approcher une
theorie homotopique des topos eux-mˆemes [5].
Dans ce texte, nous nous interessons aletude des couples (E;W)o
uEest un topos
arbitraire, et o
uWest une classe de eches de E. Lorsque Wsatisfait a certains
axiomes de stabilite (voir la Denition 3.4), nous montrons que modulo des problemes
ensemblistes, la categorie Eadmet une structure de categorie de modeles fermee dont
les equivalences faibles sont les elements de W, et dont les cobrations sont les
monomorphismes de E(Theoreme 3.9).
La construction de ces structures de categorie de modeles fermee est menee en
regard des deux observations suivantes. Comme cela l’a ete remarque par Morel [14],
E-mail address: [email protected] (D.-C. Cisinski).
0022-4049/02/$ - see front matter c
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PII: S0022-4049(01)00176-1
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les constructions de Gabriel et Zisman [4] gardent un sens dans un cadre beaucoup plus
general que celui des ensembles simpliciaux. D’autre part, les travaux de Hirschhorn
[7] sur la localisation peuvent s’interpreter dans un cadre legerement moins riche que
celui des categories de modeles fermees. Cela mene directement au Theoreme 2.13.
C’est seulement ensuite qu’un point de vue axiomatique est adopte.
Dans un second temps, nous nous sommes consacrealetude de conditions necessaires
et susantes pour que les structures de categorie de modeles fermee obtenues soient
propres, nous inspirant en la matiere de Morel–Voevodsky [15].
En guise d’application, nous donnons une demonstration ad hoc de l’existence de
la structure de categorie de modeles fermee de Joyal sur les objets simpliciaux d’un
topos.
1. Accessibilite
1.1. Ce paragraphe a pour but de rappeler les techniques elementaires qui permet-
tront d’utiliser l’argument du petit objet assez librement dans un topos. Les notions
d’accessibilite telles que nous les envisageons ici sont celles de SGA 4 [6, I.9].
Lorsque Eest un ensemble, on note |E|son cardinal, et si Aest une categorie, on
note Ob Aet Fl Arespectivement l’ensemble de ses objets et celui de ses eches.
Denition 1.2. Soit un cardinal. Un ensemble ordonne Iest dit -ltrant;si c’est
un petit ensemble ordonne ltrant;et si tout sous-ensemble de Ide cardinal inferieur
ou egal a admet un majorant.
Remarque 1.3. Dans SGA 4;un ensemble ordonne -ltrant est appele un ensemble
ordonne grand devant .
Exemple 1.4. Soit un cardinal. Alors le cardinal successeur de ; vu comme un
ordinal (et donc comme un ensemble bien ordonne);est -ltrant.
Denition 1.5. Soit un cardinal.
Un foncteur f:ABest -accessible si pour tout petit ensemble ordonne -ltrant
I; f commute aux limites inductives de type I. On dira qu’un foncteur est accessible
s’il est -accessible pour un certain cardinal .
Soit Cune categorie. Un objet Xde Cest -accessible (resp. accessible)sile
foncteur CEns; Y → HomC(X; Y ) l’est.
Remarque 1.6. Si ¿; tout foncteur -accessible est -accessible.
Exemple 1.7. Tout foncteur qui commute aux petites limites inductives est -accessible
pour tout cardinal .
Remarque 1.8. Soit Aune petite categorie. Dans la categorie ˆ
Ades prefaisceaux
d’ensembles sur A; les objets representables sont -accessibles pour tout cardinal .
En eet;les limites inductives se calculent terme a terme dans ˆ
A; ce qui peut se
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reformuler en disant que si aest un objet de A; le foncteur Hom ˆ
A(a; :): ˆ
AEns
commute aux petites limites inductives.
Proposition 1.9. Soient Aune petite cat
egorie;et =|Fl A|.Le foncteur lim
:
Hom(A; Ens)Ens est -accessible (Voir SGA 4;Corollaire I.9.8).
Demonstration. Il est bien connu que dans la categorie des ensembles;les limites
inductives ltrantes commutent aux limites projectives nies. On se ramene alors
facilement au cas o
uAest une categorie discrete;i.e. un ensemble de cardinal .
En eet;si Fest un foncteur de Avers Ens; la limite projective de Fse calcule
comme le noyau d’une double eche dont le but est un produit des F(a) indexe par
l’ensemble des eches de A; et la source un produit des F(a) indexe par l’ensemble des
objets de A.
Soient Iun ensemble ordonne -ltrant, et (Fa)aAune famille de foncteurs de I
vers Ens. Il faut montrer que l’application naturelle
: lim
a
Fa
a
lim
Fa
est bijective.
Soient xet ydeux elements de lim
aFa. On peut supposer que xet ysont des
elements de aFa(i0) pour un i0Iconvenable, car Iest ltrant. Si (x)=(y),
alors pour tout aA, il existe iaItel que xa=yadans Fa(i) pour iplus grand que
ia. Comme Iest -ltrant, il existe un i1Imajorant tous les ia. On a donc x=y
dans aFa(i1), ce qui montre l’injectivite.
si zalim
Fa, pour chaque element ade A, il existe un iaItel que zaprovienne
de l’ensemble Fa(ia). Encore une fois, vu que Iest -ltrant, il existe un majorant i
des ia, et donc les images des zadans Fa(i)denissent un antecedent de z.
Proposition 1.10. Soit Cune cat
egorie admettant des limites inductives. On consid
ere
un cardinal ; une petite cat
egorie A; et un foncteur F:AC;tels que pour tout
aOb A; l’objet F(a)soit -accessible;et on note = max(; |Fl A|). Alors lim
Fest
-accessible (Voir SGA 4;Corollaire I.9.9).
Demonstration. Soit Iun petit ensemble ordonne -ltrant;et soit :ICun fonc-
teur. On a alors les bijections suivantes:
lim
I
HomC(lim
A
F; )lim
I
lim
A
HomC(F; )
lim
A
lim
I
HomC(F; )
lim
A
HomC(F; lim
I
)
HomC(lim
A
F; lim
I
):
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Corollaire 1.11. Soient Aune petite cat
egorie;et Xun pr
efaisceau sur A.On note
=|Fl A=X |;o
uA=X d
esigne la cat
egorie dont les objets sont les couple (a; u);
aOb A; u Hom ˆ
A(a; X );et dont les 
eches (a; u)(a;u
)sont les 
eches f:a
ade A; telles que uf=u.Alors Xest -accessible.
Demonstration. D’apres la Remarque 1.8;cela resulte trivialement de la proposition
ci-dessus et du fait que Xest la limite inductive dans ˆ
Adu foncteur A=X ˆ
A; (a; u)→
a.
1.12. On xe apresent un topos E, et on choisit un petit site (C; J ) tel que E
s’identie a la categorie des faisceaux sur ce dernier. On note i:Eˆ
Cle foncteur
d’inclusion canonique de Edans la categorie des prefaisceaux sur C,eta:ˆ
CEson
adjoint a gauche, le foncteur “faisceau associe”.
Lemme 1.13. Le foncteur compos
eia :ˆ
Cˆ
Cest accessible.
Demonstration. On rappelle que le foncteur ia peut se construire comme suit. On
denit un foncteur L:ˆ
Cˆ
Cen posant pour chaque prefaisceau Xsur C; et chaque
objet Ude C
LX (U) = lim
RJ(U)
Hom ˆ
C(R; X );
o
uJ(U)designe l’ensemble des cribles couvrants de U; ordonne par l’ordre dual de
l’inclusion. On a alors un isomorphisme de foncteurs L2ia. Il sut donc de montrer
que le foncteur Lest accessible. Soit un cardinal tel que pour tout objet Ude C; tout
crible couvrant Rde Usoit -accessible (ce qui existe en vertu du Corollaire 1.11).
Comme toute limite inductive de foncteurs accessibles est accessible;on s’apercoit
aussitˆot que le foncteur Ll’est.
Proposition 1.14. Tous les objets de Esont accessibles.
Demonstration. Soit Xun objet de E. On choisit un cardinal tel que iX et ia soient
-accessibles (ce qui existe grˆace au Corollaire 1.11 et au Lemme 1.13). On va montrer
que Xest -accessible. Considerons un ensemble ordonne -ltrant I; et un foncteur
F:IE. Comme iest pleinement dele;et comme le foncteur acommute aux petites
limites inductives (car c’est un adjoint a gauche);on a les isomorphismes suivants:
ilim
Filim
aiF ia lim
iF lim
iaiF lim
iF:
On en deduit les bijections ci-dessous:
HomE(X; lim
F)Hom ˆ
C(iX; i lim
F)
Hom ˆ
C(iX; lim
iF)
lim
Hom ˆ
C(iX; iF)
lim
HomE(X; F):
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Denition 1.15. Un objet Xde Eest de taille 6s’il existe un sous-prefaisceau Rde
iX ; tel que l’inclusion RiX soit couvrante pour la topologie Jsur C(i.e. induise
un isomorphisme aR aiX X);et tel que |Fl C=R|6.
Remarque 1.16. Si ¿|Fl C|est un cardinal inni;un objet Xde Eest de taille 6
si et seulement s’il existe une famille couvrante {UiX}iIde X; dont l’ensemble
d’indice Isoit de cardinal 6. Cela revient encore a dire qu’il existe un prefaisceau
Rsur C; tel que pour tout objet Ude C; |R(U)|6; et tel que aR X.
1.17. Pour chaque cardinal , on note Acc(E) (resp. T(E)) la sous-categorie pleine
de Eformee des objets -accessibles (resp. des objets de taille 6).
Proposition 1.18. Soit un cardinal inni qui majore |Fl C|;et tel que pour tout
objet Ude C; le faisceau aU soit -accessible. Alors tout objet de Eest la r
eunion
-ltrante de ses sous-objets -accessibles. En outre;onal
egalit
e:
T(E)=Acc(E):
En particulier;la cat
egorie Acc(E)est essentiellement petite.
Demonstration. Soit Xun objet de taille 6. Alors par denition;il existe un sous-
prefaisceau Rde iX tel que aR X; et |Fl C=R|6. On sait qu’on a un isomorphisme
lim
(U; :UR)C=R
UR; d’o u lim
(U;:UR)C=R
aU X:
Il resulte de la Proposition 1.10 que Xest -accessible. On a donc une inclusion
T(E)Acc(E).
Soit Xun objet de E. On note Il’ensemble de ses sous-objets de taille 6, ordonne
par l’inclusion, et :IEle foncteur d’inclusion canonique. L’ensemble Iest un
ensemble ordonne -ltrant. Cela vient du fait que l’ensemble Jdes sous-prefaisceaux
Yde iX tels que |Fl C=Y |6, ordonne par l’inclusion, est -ltrant. En outre, la eche
canonique lim
Xest un isomorphisme. C’est en eet un monomorphisme, car c’est
un limite inductive ltrante de monomorphismes, et les limites inductives ltrantes
sont exactes dans E. Pour voir que c’est un epimorphisme, on montre aussitˆot que le
morphisme lim
i iX est dejaunepimorphisme, car pour tout objet Ude C, tout
morphisme UiX se factorise par son image. Si on suppose que Xest -accessible,
alors on a deux bijections canoniques
lim
HomE(X; )HomE(X; lim
)HomE(X; X ):
Cela montre qu’il existe un sous-objet Yde X, de taille 6, tel que l’inclusion
YXadmette une section, et donc tel que Y=X, ce qui acheve la demonstration.
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