
Orientations futures
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Octobre 2004    Volume 49    Numéro 3
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cellules souche adultes. Les scientifiques 
pensaient que la rate ne contenait qu’un 
réservoir d’un type particulier de globule 
blanc, le lymphocyte. Toutefois, à l’heure 
actuelle, plusieurs laboratoires, dont le 
mien, qui travaillent sur des animaux 
modèles de diabète de type 1 et étudient 
le développement des îlots normaux 
chez les souris, ont découvert un rôle 
possible des cellules spléniques dans la 
formation des îlots de Langerhans. De 
plus, après avoir été injectées dans le flux 
sanguin, les cellules souche de la rate sont 
capables de trouver leur chemin vers le 
pancréas. Nous avons démontré que ces 
îlots de Langerhans nouvellement formés 
étaient durables et fonctionnels et qu’ils 
continuaient de secréter de l’insuline tout 
au long de l’âge adulte.3 Elles semblent 
donc remplir deux des critères mentionnés 
ci-dessus : la durabilité et la fonctionnalité. 
On ne sait pas encore si cette nouvelle 
population de cellules souche adultes 
existe chez les humains. On ignore 
également si elles jouent un rôle dans 
le renouvellement cellulaire normal des 
îlots dans le pancréas ou si leur rôle se 
limite uniquement à la régénération des 
îlots pendant ou après une maladie.
La recherche n’en est qu’à ses débuts. 
Personne n’affirme que les greffes de cellules 
spléniques sont prêtes pour des essais 
cliniques. Le problème clé est la prévention 
de l’attaque des îlots de Langerhans par le 
système immunitaire. Mais si nous parvenons 
à surmonter cet obstacle majeur, l’utilisation 
de cellules souche adultes extraites de la 
rate pour régénérer des îlots et produire 
de l’insuline deviendra une option réaliste.
Facteurs de croissance
La recherche, tant sur les animaux que 
sur les humains, soutient à présent une 
approche totalement différente de la 
régénération d’îlots de Langerhans, à 
savoir la purification des facteurs de 
croissance naturels et l’utilisation de ces 
derniers pour stimuler la régénération 
des îlots de Langerhans. Cette voie de 
recherche propose d’utiliser des facteurs 
de croissance comme médicaments 
pour cajoler les cellules souche résidant 
dans le pancréas malade ou ailleurs dans 
l’organisme afin qu’elles deviennent 
des îlots de Langerhans producteurs 
d’insuline. Au moins cinq facteurs de 
croissance différents sont candidats à la 
stimulation de la régénération d’îlots de 
Langerhans. L’utilisation de l’un de ces 
facteurs (l’exendin-4, voir l’article de 
El-Ouaghlidi et Nauck dans le numéro 
de juillet 2004 de Diabetes Voice) a atteint 
le stade des essais cliniques humains et 
beaucoup d’autres sont en train d’être 
identifiés à travers la recherche.
Les facteurs de croissance évitent la greffe 
de tissus et ne touchent que la croissance 
et la maturation des cellules. Toutefois, à 
long terme, ils pourraient provoquer des 
tumeurs ou épuiser l’approvisionnement 
de cellules souche dans le pancréas. Cela 
constitue un risque, en particulier dans le 
diabète de type 1, où l’attaque du système 
immunitaire semble être stimulée par un 
nouvel approvisionnement d’îlots cibles.
Régénération spontanée
Imaginez un traitement capable de 
régénérer des îlots dans l’organisme 
sans avoir recours à des médicaments 
ou des greffes. Les données scientifiques 
se multiplient indiquant que, dans le 
diabète de type 1, les îlots de Langerhans 
sont constamment réapprovisionnés, 
même à l’âge adulte, à la fois par des 
populations de cellules souche adultes 
(dans le pancréas ou peut-être la rate) et 
par la division cellulaire des cellules bêta 
existantes.4 Chez des animaux modèles, 
des chercheurs ont démontré que, lorsque 
la maladie auto-immune sous-jacente 
était éliminée, les îlots se renouvelaient 
très rapidement dans le pancréas puis 
produisaient et secrétaient activement de 
l’insuline. Cela ne se produit qu’à travers 
un contrôle strict des taux de glycémie.5
Imaginez un traitement 
capable de régénérer des 
îlots sans avoir recours 
à des médicaments 
et des greffes.
Dans le cadre du diabète, un contrôle strict 
de la glycémie est fondamental pour la 
prévention des complications ; les dernières 
découvertes suggèrent qu’un contrôle 
strict pourrait avoir un autre avantage : 
celui d’ouvrir la voie à la régénération. En 
effet, la recherche impliquant des personnes 
atteintes de diabète depuis de nombreuses 
années indique que les îlots de Langerhans 
restant dans le pancréas essaient de se 
régénérer ; ils se forment mais ils sont 
ensuite détruits par le système immunitaire. 
Toutefois, bien que la stimulation de la 
régénération spontanée offre de nombreux 
avantages, il est possible que l’évolution 
temporelle naturelle de la régénération 
soit trop longue ou pas assez robuste pour 
rétablir des taux de glycémie normaux.
Conclusions
Les thérapies à base de cellules souche 
et les autres thérapies basées sur la 
biologie ont un énorme potentiel pour la 
guérison du diabète de type 1, à condition 
de réussir à contrôler l’attaque auto-
immunitaire sous-jacente. Le domaine 
des thérapies cellulaires est prometteur, 
grâce aux années de progrès avec les 
cellules souche embryonnaires et un large