MODIFICATION DE LA VIRULENCE D'UNE SOUCHE BACTERIENNE CULTIVEE DANS L'ESPACE
Avec le développement des programmes d’exploration spatiale de longue durée, impliquant une
vie extra-terrestre de plusieurs mois ou années pour les astronautes dans un futur proche, la
question de la sécurité des denrées alimentaires se pose. Les critères de sécurité
microbiologique sont bien définis dans des conditions normales de croissance bactérienne et de
conversation des aliments. Pour vérifier que ces données sont bien transposables dans le
cadre des missions spatiales, une étude a été menée lors du vol de la navette spatiale Atlantis
en 2006. Elle concernait une souche de salmonelle pathogène (Salmonella enteritidis) qui était
cultivée dans des conditions strictement identiques (monitorage informatisé) et synchrone au
sol et dans l’espace. Les données recueillies concernaient l’évolution génomique (ou plutôt
transcriptomique) de la souche embarquée et soumise à une atmosphère différente
(microgravité) ainsi que son pouvoir pathogène (sur la souris) par rapport à la souche terrestre.
Les résultats obtenus sont pour le moins étonnants. Ils montrent que les souches bactériennes
cultivées dans l’espace sont plus virulentes pour la souris. Les bactéries cultivées en
microgravité produisent également une quantité plus importante de biomolécules impliquées
dans la formation de biofilms.
Ces modifications phénotypiques sont associées à des boulversements profonds de
l’expression des gènes bactériens: 167 transcrits et 73 protéines voient leur expression
modifiée dans l’espace. La principale responsable de ce grand chambardement serait une
protéine bactérienne de liaison à l’ARN appelée Hfq. Les mécanismes qui relient l’activité de
cette protéine à la microgravité restent inconnus. Les chercheurs de la NASA tentent d’ores et
déjà de définir des stratégies qui permettraient de modifier l’activité de cette protéine de façon à
limiter la virulence des pathogènes alimentaires dans l’espace.
PNAS 10441 16299-16304 (2007)
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