Droit Sang Droit Sol

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Droit su sang et Droit du sol. à Le Droit du sang part du principe que ce sont nos ascendants qui déterminent notre identité et nos appartenances : seuls appartiennent à une collectivité les gans "de souche". Pour être Français selon le Droit du sang, il vaut mieux avoir un patronyme bien français et avoir des ancêtres francophones. Selon de Droit du sang les Québécois, les Wallons de Belgique, les Romands de Suisse et les habitants de la vallée d’Aoste en Italie sont « plus français » que les citoyens français "de souche" immigrée, ou corse, ou même bretonnante, sans parler des juifs ou des gitans. Qui pense en termes de "Droit du sang" (fut­ce sans le savoir) ? Uniquement les nationalistes français ? Que non ! Les autonomistes et les indépendantistes de toute région, les communautaristes de toute origine, en France ou ailleurs dans le monde, qui préfèrent l’endogamie au mélange, sont tout aussi attachés au "Droit du sang". Tous sont xénophobes et mixophobes, et pour tous, les exogames sont des « traîtres », de mauvais membres de la communauté, dont les descendants seront des « bâtards ». Lorsque le Droit du sang préside à des constructions politiques, cela donne toujours des inégalités de droit entre les citoyens : ­ Dans les villes du moyen­Âge chrétien, musulman, mais aussi chinois ou hindou, on a eu des "ghettos" (littéralement : « séparation » en hébreu) : chaque communauté avait son quartier et les contacts inter­ communautaires, exclusivement commerciaux, étaient strictement réglementés. ­ Dans l’Empire 0ttoman (et par la suite à Chypre sous les Britanniques ou au Liban sous les Français) on a eu le "régime du Milliyet" (littéralement : "des communautés ethniques") consistant à séparer, sur tout le territoire de l’Empire (de l’île… du Liban…) les communautés (Turque sunnite, Turque halévie, Grecque orthodoxe, Arménienne, Juive, Alaouite, Druze, Zaïdite, Maronite, Catholique dont est issu Edouard Balladur…), avec pour chacune un « chef » (le plus souvent religieux) et des droits différents. ­ Si dans l’Empire, les Turcs sunnites monopolisaient le pouvoir politique (tandis que le commerce était surtout Grec et Arménien), à Chypre et au Liban il y eut partage de l’espace public et du pouvoir politique au prorata des communautés. 0n a tous vu les dangers de ce système… ­ En Afrique du Sud à l’époque du pouvoir blanc calviniste, on a eu une variante locale du "régime du Milliyet" appelée "apartheid" (littéralement : « développement séparé »), encore plus inégalitaire. ­ Dans les pays anglo­saxons d’outre­mer à majorité protestante (Canada, Etats­Unis, Australie, Nouvelle­Zélande) on a eu le "régime des Réserves" : les minorités étaient parquées dans des territoires clos, et leurs villes sont également marquées par une tendance à la "ghettoïsation". ­ En URSS et par la suite dans les autres états communistes, on a eu toute une hiérarchie de "républiques", "régions" et "arrondissements" officiellement "autonomes", avec là encore des droits différents selon les origines ethniques, les minorités étant défavorisées même au sein des entités "autonomes" dans lesquelles elles étaient localement majoritaires (en pratique, en URSS et en Chine, les Russes et les Chinois Han étaient et sont encore respectivement partout favorisés, et les entités "autonomes" étaient et sont encore traitées en colonies). 0n sait tous comment cela a fini… ­ En Allemagne, pendant longtemps, étaient et pouvaient devenir Allemands uniquement les "Heimatdeutsche" et les "Volksdeutsche", c’est à dire les Allemands "de souche" d’Allemagne ou de l’étranger. Encore avait­on des discriminations parmi ces derniers, selon que la famille était "Voll­ Volksdeutsche" ("intégralement de souche allemande", naturalisable classe A) ou bien "Mischung­ Volksdeutsche" ("de souche allemande mélangée", naturalisable classe B). Un système analogue est encore aujourd’hui appliqué en Israël aux Juifs candidats à l’Aliya. ­ Sur les passeports Turcs, Chypriotes, Libanais, Sud­Africains, Soviétiques, Yougoslaves ou Israéliens, sous la mention "citoyenneté" (forcément celle de l’état émetteur), on avait (on a) une mention "nationalité" précisant l’origine ethno­religieuse de la personne (un peu comme la mention "Juif" tamponnée sur les cartes d’identité françaises par le régime Pétain). ­ Même dans notre V ème république française actuelle, il y a dans la législation de nombreuses traces de Droit du sang héritées soit du passé lointain, soit du régime Pétain, soit de la xénophobie due aux suites et aux trauma de la perte de l’Empire colonial, soit encore à la politique ultra­libérale récente (qui préfère la libre­circulation des biens et des moyens de production, à celle des personnes). Il existe ainsi des discriminations entre d’une part, les Français "de souche" nés en France, et d’autre part, les naturalisés et les Français nés à l’étranger.
Par exemple à chaque démarche d’état­civil, les Français nés à l’étranger doivent constamment refournir les preuves de leur naturalisation ou de leur ascendance française, comme si la République n’avait pas confiance en ses propres officiers d’état­civil. De nombreuses lois, circulaires et décrets traitent les étrangers, les immigrés, les naturalisés et les Français nés à l’étranger comme des suspects par définition. La "France, terre d’accueil" n’est qu’un mythe : terre d’immigration (comme tous les pays développés de faible natalité) oui, mais "d’accueil"… seulement pour les étrangers riches ! à Le Droit du sol part du principe que c’est le fait de vivre, travailler, payer ses impôts, et participer aux devoirs communs des habitants d’un pays qui fonde l’identité et l’appartenance des habitants : tous appartiennent à la collectivité territoriale, quelles que soient leurs origines, leurs langues maternelles, leurs croyances et convictions, leur sexe, leurs préférences artistiques, musicales, gastronomiques ou sexuelles. Pour être Français selon le Droit du sol, il suffit de respecter les lois de ce pays, d’en parler la langue et de laisser tous les éléments cités ci­dessus « à la maison », dans le domaine de la vie privée. Qui pense en termes de "Droit du sol" ? Une minorité : les personnes qui en ont entendu parler, de manière suffisamment claire pour en percevoir les avantages, et celles qui, mues par des sentiments généreux, fraternels et universalistes, le pratiquent sans le savoir. Lorsque le Droit du sol préside à des constructions politiques, cela fait évoluer la législation dans un sens plus social et plus laïc, qui favorise la liberté de conscience, d’expression et de moeurs, donne davantage d’égalité de chances à tous les citoyens, et permet la mise en place de systèmes de solidarité institutionnels qui contribuent la paix sociale. Le Droit du sol « se marie bien » avec la laïcité et la social­démocratie. Dans les législations de la plupart des pays développés, il y a une dose importante de Droit du sol, qui a beaucoup progressé dans les trois dernières décennies du II ème millénaire, et régresse un peu depuis. Les Etats­Unis, l’Afrique du Sud, l’Allemagne, les pays de l’Union européenne et ceux qui y sont candidats évoluent tous du Droit du sang vers le Droit du sol. Mais les résistances sont fortes et nombreuses, et les excès économiques de la mondialisation provoquent des replis communautaristes favorisant plutôt le retour au Droit du sang. Qui portant facilite encore davantage la mondialisation économique, en fragmentant les représentations politiques élues face au pouvoir (bien plus lourd) des grands groupements d’intérêts économiques (le poins financier de l’industrie énergétique et automobile mondiale est très supérieur au poids financier de l’ONU et même au budget additionné des 192 états souverains, état fédéral américain inclus).
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